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Richardini, ou les Aqueducs de Cosenza

Richardini, ou les Aqueducs de Cosenza, mélodrame en trois actes, de L. de Puisaye et Camel, musique de Quaisain et Leblanc, ballet de Millot, 9 juillet 1811.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Almanach des Muses 1812.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Barba, 1811 :

Richardini, ou les aqueducs de Cosenza, mélodrame en trois actes, par MM. L. de Puisaye et Camel. Musique de MM. Quaisain et Le Blanc, Ballet de M. Millot ; Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Ambigu, le 9 juillet 1811.

Journal de Paris, n° 190 du 11 juillet 1811, p. 1369 :

[Compte rendu qui cherche à garder la plus grande neutralité, pour parler de cette première représentation d’un mélodrame, marquée par une attente très forte du public, et un succès remarquable, dont le critique tient à souligner qu’il n’est pas le résultat d’une claque. La pièce a bien des qualités : action, spectacle, exposition, intérêt, tout est juste. Et les décors sont aussi de qualité, tout comme les costumes. Même efficacité pour le ballet, où dansent le chorégraphe, mais aussi une fillette de 5 ou 6 ans (le temps aime les danseuses prodiges). Par prudence, le critique prend soin de ne rien dire du genre du mélodrame : son compte rendu se limite à constater l’accueil favorable reçu par la pièce et la qualité de l’interprétation, saluée par le public.]

L'administration du théâtre de l’Ambigu-Comique a donné hier 9 juillet une première représentation d'un mélodrame nouveau intitulé : Richardini, ou les Aqueducs de Cosenza. Une foule nombreuse assigeoit dès 4 heures les avenues de la salle, et les flots des curieux augmentant à chaque instant, il étoit aisé de voir qu’une grande partie seroit obligée de s'en retourner sans pouvoir satisfaire sa curiosité.

Je ne sais si de favorables dispositions ont contribué au succès de la pièce, mais elle a été reçue avec la plus vive satisfaction. Ce n'est pas par des bravo et des applaudissemens de commande qu'elle a été soutenue, mais bien par une bienveillance universelle ; et il semble que cela devoit être ainsi. Il y a dans cette pièce beaucoup d'action et de spectacle ; l'exposition en est claire et simple, l'imbroglio n'est point forcé ; l'intérêt va toujours croissant jusqu'à la fin, et le dénouement est amené assez heureusement, L'administration n'a rien négligé pour monter cette pièce d'une manière convenable : la décoration du premier acte, qui représente une vue des aqueducs de Cosenza, est très pittoresque ; le paysage du second acte est d'une fraicheur charmante ; enfin l'architecture du palais au dernier acte est en harmonie parfaite avec les costumes du temps où l'action est censée se passer. Les auteurs de la pièce et de la musique se sont mis à quatre pour obtenir les suffrages du public, et ils ont réussi parfaitement. L'auteur des ballets n'est pas demeuré en reste ; il y danse lui-même un pas grotesque qui a été fort applaudi. Une jeune enfant de 5 à 6 ans y a exécuté un pas qui a fait le plus grand plaisir.

Ne voulant pas encourir l'anathême lancé par certain Aristarque contre les journalistes qui ont la hardiesse de parler avec éloge du mélodrame, nous nous abstiendrons de prononcer sur le genre, et nous nous contenterons de rapporter l'effet qu’a produit la première représentation des Aqueducs de Cosenza, et de remarquer que tous les acteurs principaux montrent la plus grande intelligence et le plus le grand soin dans leur manière de se costumer : aussi plusieurs ont-ils reçu des témoignages non équivoques de la satisfaction du public.

Les Tablettes de Polymnie, n° 28 1811 du 20 juillet 1811, p. 443 :

[Le thème des ruines est à la mode, ce dont témoigne la représentation au Théâtre Français des Ruines de Palmyre. Et les aqueducs sont aussi « des espères de Ruines ». Titre ronflant, bel aspect sur l’affiche, beau succès. Dans un décor remarquable s’engage une action mélodramatique, avec un traître, le premier ministre, qui veut épouser la fille du vice-roi pour prendre le pouvoir. Bien sûr, les manœuvres du traître échouent, grâce au comte Richardini, qui reçoit en récompense la main de la princesse. Le jugement porté par le critique est prudent : « beaucoup d’incidens intéressans », c’est peu dire, même s’il ne faut pas sous-estimer l’emploi de l’adjectif « intéressant ». Les auteurs et compositeurs sont cités sans éloge particulier, à la différence du chorégraphe, auteur d’un « joli ballet » et de l’auteur des décors, dont l’anonymat est regretté. La pièce se voit promettre un bel avenir.

François est un curieux personnage dont je ne sais pas grand chose, si ce n'est ce qu'en dit le traité de phrénologie d'Émile Debout, Esquisse de la phrénologie et de ses applications: exposées aux gens du monde, p. 54 : cordonnier et poète, autodidacte, il a pris goût à la littérature en lisant les classiques à l'étalage des bouquinistes et a écrit, entre autres poésies assez remarquables, une tragédie en cinq actes, les Ruines de Palmyre.]

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

RICHARDINI,

ou les Aqueducs de Cosenza.

Rien ne fait fortune comme les Ruines ; mais n’en a pas qui veut. On parle au Théâtre Français des Ruines de Palmire, tragédie de Mr. Francois, cordonnier par état, et poète par instinct. Aux boulevards, la disette en devient grande, et il faut se contenter de quelque chose d'approchant. De vieux Aqueducs sont aussi des espèces de Ruines, le titre en est d'ailleurs plus ronflant, et produit un très-beau coup-d'œil sur l'affiche ; le succès de ce mélodrame porte à croire que l'administration de l'Ambigu ne perdra pas au change.

La décoration du premier acte qui représente ces Aqueducs est très-pittoresqne. Ils servent de point de rendez-vous aux habitans de Cosenza qui y attendent le prince Strinaposa , gendre futur du vice-roi. Comme il est de règle, dans un mélodrame, d'avoir un personnage traître et cruel, ce personnage est Maskina, premier ministre, dont les projets ne sont rien moins que d'épouser la princesse Amorozine, et de détrôner son père. Deux ans auparavant, il avait fait assasiner [sic] le frère du vice-roi, et fait accuser de ce crime le comte Richardini, amant aimé d'Amorozine ; maintenant, il tente de faire périr le prince Strinaposa, et de faire réussir ses complots, avec le secours d'Omar, chef de pirates. Heureusement Richardini rentre en Calabre assez à temps pour épier et déjouer ces projets perfides, il prouve son innocence en confondant le ministre; son persécuteur, et épouse la princesse que Strinaposa a la générosité de lui céder.

Il y a beaucoup d'incidens intéressans dans ce mélodrame dont les paroles sont de MM. de Puisaye et Camel, et la musique de MM. Quaisain et Leblanc. Après avoir donné des éloges au joli ballet de M. Millot, je regretterai que l'auteur des décorations ait eu la modestie de garder l'anonyme. La réunion de talent de ces six auteurs doit donner une consistance solide au succès des Aqueducs de Cosenza.

A. G.          

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