Roger ou le Page

Roger ou le Page, opéra en 3 actes, de Favières et Marsollier, musique de Dalayrac, 10 mars 1799.

Théâtre de l'Opéra Comique national, rue Favart.

Nouvelle adaptation du roman de Morel de Vindé, Primerose. Elle fait appel à un nouvau librettiste, Marsollier, qui « remplace » Morel de Vindé.

Courrier des spectacles, n° 746 du 19 ventôse an 7 [9 mars 1799], p. 2 :

[L'opéra nouveau ne l'est pas : c'est une reprise du Primerose donné l'année précédente. La comparaison entre la nouvelle pièce et celle qu'elle « remplace » occupe une place importante dans le compte rendu. La transformation porte essentiellement sur l'acte 3, qui avait été mal reçu en 1798. Son dénouement avait provoqué des remous. Cette fois, certains personnages ont disparu, la confrontation finale qui permet de confondre Léon d'Albi qui finit par ne plus vouloir épouser Primerose, laquelle peut épouser Florestan. L'intrigue ne devient pas beaucoup plus claire ni plus vraisemblable, mais elle devient acceptable aux yeux du public. Le critique souligne toutefois que le ton prêté aux personnages reste trivial, mais la qualité des interprètes le rend supportable. Visiblement, le critique n'adhère pas vraiment à la transformation de la pièce. De l'échec d e1798, on passe à une représentation qui obtient « quelque succès ». C'est un progrès, mais modéré.]

Théâtre Favart.

La première représentation de la reprise de Primerose, opéra donné hier â ce théâtre, avec des changemens, sous le titre de Roger, ou le Page. a eu quelque succès. Les deux premiers actes sont à-peu-près les mêmes. C’est donc principalement sur le troisième mal accueilli du public l'année passée que frappent les changemens que l'auteur a cru devoir y faire. Gérard ne paroît plus. Roger, après avoir changé d’habits avec Primerose, n'échappe plus aux soldats qui ont ordre d'emmener la fille de Raoul ;: il se laisse conduire chez Léon d’Albi ; et passant devant lui pour la fille de son ami, il cherche et réussît à l’en dégoûter en jouant un personnage beaucoup plus convenable à un page libertin qu’à une fille bien élevée. Léon refuse une pareille épouse : Raoul s’en offense ; un guerrier, la visière baissée, se présente pour venger l'affront fait â Primerose : c’est Florestan lui-même qui demeure inconnu et est prêt à combattre Léon, lorsque Primerose arrive, après avoir obtenu de Gérard une rénonciation aux prétentions qui avoient allumé la guerre. Raoul redevient l’ami de Gérard. Florestan se fait connoître et épouse Primerose. Les nombreuses trivialités de ce troisième acte n’ont été supportées qu’en faveur du jeu de la charmante Carline, dont le rôle, le plus joli de l’ouvrage, se trouve fort augmenté. La citoyenne Philippe jeune a remplacé la citoyenne St.-Aubin dans le rôle de Primerose, et y a soutenu l’idée avantageuse qu’elle a donnée d’elle dans d’autres pièces.

La nouvelle forme de l'intrigue de Primerose devenue Roger ou le Page ne connaît pas plus de succès que la première : 8 représentations d'après Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972 de Nicole Wild et David Charlton, p. 391.

Arthur Pougin, l'Opéra-Comique pendant la Révolution de 1788 à 1801: d'après des documents inédits, p. 233 :

[Pougin parle à peine dans son livre de Primerose, pourtant joué en 1798, au Théâtre de l'Opéra-Comique et signale simplement le relatif échec des deux versions de l'intrigue tirée du roman de Morel de Vindé.]

Le 10 mars, on donnait au théâtre Favart Roger ou le Page, ouvrage qui n'était qu'une seconde édition, revue et corrigée, de celui qui avait paru sans succès, un an auparavant, sous le titre de Primerose. L'auteur des paroles, Favières, avait appelé à son aide Marsollier, tous deux avaient considérablement modifié la marche primitive de la pièce, fait un troisième acte entièrement nouveau, et c'est sous le bénéfice de ces remaniements importants, dont d'Alayrac, comme on le pense, avait dû prendre sa part, que Primerose, devenu Roger, était offert pour la seconde fois aux regards du public. Il ne fut pas beaucoup plus heureux que précédemment, et ne put se maintenir au répertoire.

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