Rose et Aurèle, comédie en un acte, mêlée de chants, de Picard musique de Devienne, 21 thermidor an 2 [8 août 1794].
Théâtre de la Rue Feydeau.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an 2 :
Rose et Aurèle, comédie en un acte mêlée de chants, Paroles du Citoyen Picard, Musique du Citoyen Devienne. Représentée pour la première fois, au Théâtre de la rue Feydeau, le 21 Thermidor.
Liste des personnages :
PERSONNAGES. ACTEURS.
AURELE. Le C. Juliet.
LORMEUIL. Le C. Gavaudan.
JULIEN. La C. Rosette Gavaudan.
ALIX. La C. Lesage.
ROSE. La C. Martin.
La Scène est dans une petite Commune.
Dans son Théâtre républicain posthume et inédit (publié en 1832 par Charles Lemesle), p. 285-287, la pièce est précédée d'une préface rédigée par Louis-Benoît Picard :
PRÉFACE.
Je ne me permettrai jamais de donner un démenti au public, surtout au public de cinquante représentations ; mais pourtant je ne compte pas le succès de cette pièce parmi ceux dont je doive le plus m'honorer : ce succès, commencé au théâtre et continué dans les journaux, appartient particulièrement aux opinions patriotiques que j'ai mises dans la bouche des personnages comme elles sont dans mon cœur.
A cette époque où la France marchait à la frontière, il fallait électriser les masses , et le théâtre rendit des services immenses: je me fais gloire d'avoir payé ma dette de citoyen. Alors les sentimens généreux avaient une voix éloquente : une allusion à nos victoires et aux défaites de l'ennemi faisait jaillir l'enthousiasme ; le parterre de la république ne rougissait pas d'applaudir ; le nôtre est devenu petit-maître : il faut beaucoup pour l'émouvoir ; Molière seul y réussirait y
Cette pièce tant vantée me semble fort médiocre : elle est bien conduite, mais l'intrigue est si légère qu'elle arrive au dénouement sans incidens ni péripétie. Le dialogue pourtant est vif et plein de saillies ; les couplets ne sont pas mal tournés, et plusieurs furent applaudis avec transport.
Mais ce qui était d'un effet sûr, c'est l'entrée d'Aurèle blessé : si Rose avait mal accueilli le pauvre invalide, on eût sifflé à outrance. Beaucoup de spectateurs avaient aux armées leurs frères, leurs maris, leurs amis ; tous se reportaient à des affections particulières : on pleurait.
On a trouvé Lormeuil, rival d'Aurèle, trop insolemment fat ; mais si je l’eusse fait plus digne d'être aimé et moins ridicule, on l'aurait plaint, et je voulais concentrer l'intérêt sur Aurèle. Le rôle du petit Julien, qui sert de soutien à son père adoptif, est une ingénieuse création.
Il y a telle de mes pièces qui m'a coûté une année de travail, et que je regarde comme excellente, sans préjudice des critiques : eh bien ! elle ne m'a pas rapporté autant de bravos et de réputation que Rose et Aurèle, qui est l'ouvrage de quelques jours, et qu'un médiocre vaudevilliste aurait pu faire aussi bien que moi.
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