La Serva padrona, intermède en deux actes,texte de Gennaro Federico, musique de Giovanni Paisiello, 12 mars 1789.
Théâtre de Monsieur.
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Titre :
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Serva padrona (la)
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Genre
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intermède
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose ?
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Musique :
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oui
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Date de création :
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12 mars 1789
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Théâtre :
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Théâtre de Monsieur
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Auteur(s) des paroles :
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Gennaro Federico
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Compositeur(s) :
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Giovanni Paisiello
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Mercure de France, n° 13 (28 mars 1789), p. 192-196 :
[L’Intermède a été créé le même jour qu’une comédie, le Fabuliste. L’essentiel du compte rendu de l’intermède lyrique consiste dans la comparaison entre les musiques de Pergolèse et de Paisiello, à partir d'exemples. La tâche de Paisiello était difficile, du fait de l’attachement du public à la musique de Pergolèse. Mais l’auteur du compte rendu pense que la modernité de Paisiello, et en particulier sa capacité à tirer parti de l’orchestre de son temps, assurent sa supériorité. On relève avec intérêt l'allusion à un conflit qu'on connaît bien pendant tout le siècle entre partisans des anciens et modernes, entre simplicité et grandiose.
Pierre Baurans (1710-1764), cité à plusieurs reprises, est le traducteur de la Servante maîtresse.]
Le Jeudi suivant, on a donné sur ce même Théatre, la première représentation du Fabuliste, suivie de la première représentation de la Serva Padrona, Intermède remis en Musique par le célèbre Paisiello. Toutes deux ont beaucoup réussi, & nous avons enfin le plaisir d'annoncer un succès complet sur ce Théatre, dans le genre de la Comédie. [...]
Parlons de la Serva Padrona. Si c'étoit une entreprise hardie que de remettre en Musique ce petit Intermède, traité autrefois par Pergolèse avec tant d'esprit & de naturel ; s'il ne falloit pas, pour y réussir, un talent moins distingué que celui du signor Paisiello, il n'étoit pas moins hasardeux de faire entendre cet Ouvrage à des François, qui, depuis trente ans, font leurs délices de l'original. Plus sensibles aux beautés dramatiques qu'aux beautés purement musicales , & moins inconstans à cet égard que les autres Nations, ils ont regardé ce petit Ouvrage comme un chef-d'œuvre inimitable, loin de croire qu'on puisse le surpasser. La Musique de la Serva Padrona s'est tellement liée dans leur esprit avec les paroles (très connues par l'imitation assez exacte qu'en a faite Baurans), qu'ils regardoient comme impossible non seulement de les rendre mieux, mais même de les rendre autrement. Ajoutons que beaucoup d' Amateurs sont persuadés qu'il y a en Musique une vérité unique & absolue, & que l'accent de la Nature une fois saisi, il n'est plus permis de s'en écarter.
Ce n'est pas ici le lieu de combattre ces préjugés. Nous renvoyons ceux qui y tiennent encore, à l'excellent Ouvrage de M. de Chabanon, intitulé : De la Musique considérée en elle-même. Nous observerons seulement qu'il faut que ce préjugé ne soit pas universel, puisque la Musique de Paisiello, comparée à celle de Pergolèse, a fait cependant le plus grand plaisir. Il faut avouer que le Compositeur moderne avoit sur l'ancien l'avantage de pouvoir disposer de toutes les puissances de l’Orchestre, & qu'il les a employées avec beaucoup d'art. Mais pourvu que le Public y trouve son compte, que lui importe de quels moyens on s'eſt ſervi ?
Qu'on nous permette de comparer ensemble quelques morceaux. Pour preuve d'impartialité, nous commencerons par préférer au premier air de Paisiello celui de Pergolèse, sur les paroles Italiennes, Aspettare è non venire, (nous ne parlons pas de la traduction de Baurans, qui en détruit tout le caractère) : certainement le mouvement que Pergolèse a choisi, exprime l'impatience avec plus d'énergie & de vérité. La tournure musicale de celui de Paisiello est plus agréable, mais c'est d’expression seulement qu'il s'agit ici.
Le Duo suivant, Ma quando la finisci : Hé bien ! finiras-tu ? de Pergolèse, est d'un chant barbare & d'une intonation prodigieusement difficile. Celui de Paisiello n'est que foible, mais il est au moins agréable & facile à chanter. Pour l'air Sempre in contrasto, nous convenons que c'est un Chef-d'œuvre de vérité dans Pergolèse, & que Paisiello ne pouvant choisir un rhithme plus convenable, a employé le même. Mais quelle différence de facture ! quelle expression dans les accompagnemens ! Combien l'Orchestre du moderne Auteur renforce le sentiment des paroles ! combien sa mélodie est savante & naturelle à la fois ! C'est dans ce morceau sur tout qu'on peut juger des progrès qu'a faits la Musique depuis un demi-siècle.
L'air qui suit, Stizzoso mio stiggoso, eh mais ne fait-il pas la mine ? est un morceau de chant : c'est dire assez combien Paisiello l'emporte sur Pergolèse. Celui-ci n'a fait qu'une mélodie sèche & saccadée, où les paroles sont rendues seulement avec esprit, l'autre, avec autant d'esprit, y a mis bien plus de grace, & c'est l'avantage général qu'il a sur son prédécesseur. On a beau dire, la mélodie a infiniment gagné depuis trente années. Ceux qui connoissent l'Olympiade de Pergolèse, le seul Opéra sérieux qu'il ait écrit, savent qu'aujourd’hui on n'en pourroit pas supporter le chant. Hasse & Galappi sont peut-être les seuls Anciens dont la mélodie pourroit plaire encore.
Nous ne pousserons pas plus loin le parallèle ; mais nous distinguerons le dernier morceau du Vieillard : Sono imbrogliato già ; Quel est mon embarras ? pour prouver qu'on peut l'emporter sur Pergolèse, non seulement par la beauté du chant & des accompagnemens figurés, mais même par l'expression & la vérité. Nous invitons les Amateurs à comparer le morceau des deux Maîtres, en se dépouillant de toute prévention.
Les deux rôles de la Serva Padrona ont été parfaitement rendus, celui de Serpina, par Madame Limperani, qui a prouvé beaucoup d'habitude de la Scène, & celui d'Uberto (le même que Pandolphe), par M. Raffanelli, qui devra peut-être à son séjour à Paris, la réputation du premier Buffo de l’Europe, qui a soutenu dans cet Ouvrage celui qu'il s'est faite dans Théodore. Ces deux Acteurs ont eu le plaisir bien flatteur, & jusqu'ici assez rare, de faire beaucoup rire, & d'être extrêmement applaudis dans le récitatif.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome IV, p. 323-324 :
THÉATRE DE MONSIEUR.
On a donné à ce théâtre , plusieurs pieces qui n'ont eu aucun succès.
[...]
La Serva Padrona, remise en musique par Paisiello, a obtenu un plein succès; elle a été bien exécutée par le buffe & M. de Limperani. Quant à la musique, il n'est pas douteux que quelques personnes ne regrettent quelque chose de l'intéressante simplicité de Pergolese ; mais on ne peut qu'applaudir aux brillans effets qu'a su trouver le nouveau compositeur. Peut-être la nouvelle musique est-elle aussi plus dramatique que l'ancienne. Au reste, ceci peut servir à confirmer une observation qu'il seroit difficile de réfuter ; c'est que de tous les beaux-arts, la musique est celui qui est le plus dépendant des influences de la mode.
La base César, qui donne le nom des auteurs, fournit une date de création française dans les notes qui exploitent l’exemplaire de la brochure consultable à la Bibliothèque d’Harvard et sa fiche dans le catalogue. Y est également signalée une série de représentations à Saint-Pétersbourg, du 30 août au 10 septembre 1781.
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