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Le Sage étourdi

Le Sage étourdi, comédie en vers et en trois actes, de Boissy, 5 juillet 1745 (reprise, le 23 frimaire an 12 [15 décembre 1803]).

Théâtre-Français (Théâtre Louvois en 1803).

Titre :

Sage étourdi (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

5 juillet 1745 (reprise le 23 frimaire an 12 [15 décembre 1803])

Théâtre :

Théâtre Français (Théâtre Louvois en 1803)

Auteur(s) des paroles :

Boissy

Journal de Paris, n° 84, vendredi 24 frimaire an XII (16 décembre 1803), p. 519 :

[Partant d’un point de vue général sur la politique très active de Picard à la tête du théâtre de Louvois, le critique signale la reprise, le 23 frimaire [15 décembre], d’une pièce qui n’a pas (à ce qu’il dit, de façon tout à fait inexacte : il suffit de consulter la base César pour trouver qu'elle a été souvent reprise) été jouée depuis 1745, peu appréciée alors, mais on sait que le goût change avec le temps. C’est le titre de la pièce qui pose le principal problème de la pièce : elle aurait dû plutôt s’appeler les Mariages mal assortis, puisqu’elle oppose deux couples antagonistes (un actif vif-argent et un être placide). Faute de place, le critique ne peut que constater son faible effet sur le public, malgré des vers charmants. Les interprètes sont jugés assez sévèrement, faute d’avoir bien comprit « l’esprit de leurs rôles », et on s’attarde sur un nouvel acteur, trop provincial encore : « le séjour de Paris le corrigera » (sans commentaire).]

Théâtre de Louvois.

Reprise du Sage Etourdi, comédie en 3 actes de Boissy.

C’est un parti pris. Picard ne laissera point passer une semaine sans ajouter à son répertoire, soit une nouveauté bonne ou mauvaise, soit une vieille pièce, injustement dédaignée par les Comédiens Français. Le Sage Etourdi, qu’on joua hier pour la première fois au théâtre de Louvois, n’avoit pas été représenté depuis 1745, & les journaux du temps nous apprennent qu’à cette époque il n’avoit pas obtenu un grand succès. Mais les pièces qui tomboient il y a 50 ans, peuvent bien se relever dans un temps où les comédies de Molière sont sifflées (le Médecin malgré lui l’a été la semaine dernière) ; & il semble même que ce soit une conséquence toute naturelle de l’affront réservé à ce grand homme.

On a justement critiqué le titre du Sage Etourdi. En effet, qu’un jeune homme prefère la tante à la nièce, lorsque cette tante est encore jeune & belle, on ne voit là ni sagesse, ni étourderie. Toute l’intrigue roule sur l’amour d’une femme un peu froide pour un jeune homme très-vif, & d’un homme flegmatique pour une petite fille très-sémillante : ce qui est en quelque sorte un vice versà mis en action. Il y a bien là de la bizarrerie ; mais outre que cette bizarrerie n’est pas de l’étourderie, elle se rapporte à la conduite de quatre personnages, et n’appartient pas au caractère d’un seul exclusivement : d’où il est permis de conclure que l’ouvrage auroit dû porter un autre type. Celui des Mariages mal assortis, par exemple, lui conviendroit infiniment mieux, ne ce que tous les personnages de la pièce concourroient du moins à le motiver.

Le manque d’espace nous empêche d’examiner les autres imperfections de cette comédie. Tout ce que nous pouvons en dire quant à présent, c’est que malgré les charmans vers dont elle est remplie, elle n’a produit qu’un effet médiocre. Il est vrai que presque tous les acteurs se sont mépris sur l’esprit de leur rôle, & que M.lle Adeline, entr’autres, a joué continuellement à contre-sens.

Le C.en Durand, qui paroissoit pour la première fois sur ce théâtre, a rempli le rôle du Sage Etourdi. On l’avoit déjà vu à Paris, au Théâtre Français du faubourg Saint-Germain. Il a de l’aisance, beaucoup d’intelligence, & un physique agréable ; mais son jeu est souvent maniéré, & dans le goût des acteurs de province. Le séjour de Paris le corrigera.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome cinquième, pluviôse an XII [janvier 1804], p. 281 :

[Un compte rendu bienveillant, un fond médiocre étant compensé par « les détails du style ». Si la pièce est « restée au théâtre », c’est qu’elle a « un mérite intrinsèque » qui explique sa réussite, et le Théâtre Louvois est félicité pour son soin à garder son patrimoine.]

On a repris à ce même théâtre [le Théâtre Louvois] la pièce de Boissi, intitulée le Sage étourdi. Le fond de l'ouvrage n'est pas sans reproche du côté de la vraisemblance ; mais les détails du style élégant quoique maniéré, sont faits principalement pour le goût actuel. Cette pièce, restée au théâtre, n'a pu mériter de s'y conserver que par un mérite intrinsèque, et c'est sans doute ce qui l'a fait revoir avec plaisir dans la petite maison de Thalie : au surplus cette petite maison mérite de plus en plus la considération qu'elle s'est acquise, par le soin religieux et constant que prennent ceux à qui la surveillance en est confiée, d'y rassembler et d'y maintenir les richesses qui lui sont propres.

[Le Sage étourdi a été repris dans le Répertoire du Théâtre françois, tome XXI (Paris 1804). L’examen de la pièce s’achève sur ce paragraphe, p. 365 :

Cette piece n'eut aucun succès dans sa nouveauté ; elle a reparu depuis que le goût de la bonne comédie a dégénéré, et s'est maintenue au théâtre malgré tous ses défauts. Le style est vif et rapide ; et cette qualité, si nécessaire au théâtre, ferme les yeux du spectateur sur les négligences et les incorrections.]

[Dans la base Lagrange de la Comédie Française, la pièce de Louis de Boissy, comédie en trois actes, en vers, a été créée à la Comédie Française le 14 juillet 1745. Elle y a été jouée 71 fois de 1741 (date à laquelle elle est une comédie en 5 actes intitulée l’Homme indépendant) à 1809.]

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