Le Sansonnet, ou la Petite Honorine

Le Sansonnet, ou la Petite Honorine, vaudeville en un acte, par M. Auguste [Daniel], 30 août 1813.

Théâtre du Vaudeville.

L'identité de l'auteur est fournie par le Catalogue général de la BNF.

Titre :

Sansonnet (le), ou la petite Honorine

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

30 août 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Auguste [Daniel]

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1813 :

Le Sansonnet, ou la petite Honorine, comédie-vaudeville en un acte, Par M. Auguste. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le Lundi 30 Août 1813.

Journal des arts, des sciences et de littérature, n° 245 (cinquième année), 5 septembre 1813, p. 314-315 :

[Le critique attribue une double efficacité au couplet d’annonce de la pièce : bien disposer le public, et tenir lieu d’analyse de la pièce, traitée d'œuvre d’écolier et pourvue de couplets faibles (ce n’est évidemment pas flatteur, même si cette fausse modestie est assez fréquente). L’intrigue, résumée ensuite, est traitée de « tissu de niaiserie, moitié sentimental moitié enfantin » qui n’a pas réussi pourtant à lasser le public, qui a même applaudi quelques traits fort peu neufs. C’est le « dénouement aussi ridicule que larmoyant » qui a provoqué des sifflets, sans empêcher que l’auteur ne soit nommé. L’acteur principal est bon, l’actrice principale n’a pas l’air de ce qu’elle est censée représenter (elle ne ressemble pas à une jeune fille sortant du pensionnat).]

Théâtre du Vaudeville.

Le Sansonnet, ou la petite Honorine, vaudeville en un acte de M. Auguste.

La modestie du couplet d'annonce avait favorablement disposé le parterre. « Messieurs, a dit Arlequin aux spectateurs,le sujet de la pièce nouvelle est tiré des contes de M. Bouilly. »

Air : Vaudeville de l'Avare.

Un jeune auteur encor timide,
Craignant pour ses faibles couplets,
A vos yeux s'offre sous l'égide
D'un auteur sûr de ses succès.
Quand notre pièce va paraître,
Un instant daignez oublier
Que le tableau de l'écolier
Ne vaut pas l'esquisse du maître.

Ce couplet pourrait, au besoin, servir d'analyse à l'ouvrage. Jamais, en effet, œuvre d'écolier ne fut accompagnée de couplets aussi faibles. En deux mots voici le sujet de ce vaudeville.

Mlle. Florine, élevée dans un pensionnat, est revenue à la maison paternelle avec un assez mauvais caractère : elle brusque sa femme de chambre, elle reçoit fort mal sa nourrice, qui est venue lui apporter une galette, comme la nourrice de Fanfan et Colas ; enfin, elle reçoit encore plus mal l'amant que son père lui destine pour époux. Heureusement le père a fait choix d'un excellent précepteur pour réformer le caractère de sa fille : c'est le savetier Jacques, qui travaille et chante toute la journée vis-à-vis de l'hôtel, et qui, de plus, apprend à parler à un sansonnet dont Mlle. Florine aurait grande envie. Pour première leçon, le savetier vient dire à la demoiselle qu'elle est un démon ; elle en reçoit une seconde, lorsqu'elle l'entend qui instruit l'oiseau à répéter : Florine est méchante. Par une subite conversion, ce petit démon devient un ange ; elle demande pardon à son père, à sa femme de chainbre, à sa nourrice, à tout le monde. L'amant revient au bon moment, et le père de Florine, pour la récompenser de ce changement, lui donne à la fois un mari et le sansonnet.

Ce tissu de niaiseries, moitié sentimental moitié enfantin, a été écouté jusqu'à la fin avec une incroyable patience par un public qu'on aurait pu croire composé d'écoliers en vacances. On a même applaudi avec enthousiasme quelques traits aussi neufs que les suivans :

. . . . Le cœur donne des aîles,
Quand on va voir ses enfans.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Une nourrice n'est-elle pas
Une seconde mère ?

Cependant un dénouement aussi ridicule que larmoyant a fini par provoquer un bon nombre de sifflets ; ce qui n'a pas empêché le jeune auteur, devenu apparemment moins timide pendant la représentation, de faire proclamer le nom d'Auguste, trop peu connu pour imposer aux mécontens.

Hyppolite a joué son petit rôle de savetier avec rondeur et gaité. Mlle. Desmares, la petite Honorine, a fait tout ce qu'elle a pu pour paraître bien méchante ; il est fâcheux seulement qu'elle n'ait pas du tout l'air de sortir d'une pension de jeunes demoiselles.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome V, p. 219 :

[Après l'analyse de la pièce qui montre la transformation d’une jeune effrontée en personne bien sage, un jugement sur l'œuvre, due à un jeune débutant, et qui « a de l'esprit, quelques jolis mots ; mais pas la moindre entente de la scène ».]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Sansonnet, ou la Petite Honorine, vaudeville en un acte, joué le 30 août.

Mademoiselle Florine a reçu son éducation dans un pensionnat, où il paroît qu'on s'est peu appliqué à former son caractère. C'est un petit démon qui fait enrager, et qui bat même tout le monde.

La jolie capricieuse veut à tout prix avoir le sansonnet du savetier Jacques ; elle mourra, si elle ne voit en sa possession cet oiseau babillard qui fait la nique à toutes les commères du quartier.

Le papa, qui veut donner à sa fille une bonne leçon, lui choisit pour précepteur le savetier ; et, comme la morale est à sa place partout, même dans le bec d'un sansonnet, Jacques apprend à sou oiseau à répéter : Florine est méchante. « Oh ciel ! s'écrie « la Demoiselle, je vais être la fable de tout le u quartier. » — « Ne crains rien, lui répond son père, ta réputation est faite. »

Les leçons réunies du savetier et de l'oiseau opèrent un miracle. Florine devient bonne ; elle répare ses torts envers sa nourrice, à qui elle avoit fait l'accueil le plus froid et le plus humiliant : et, comme elle promet d'être bien sage, on lui donne un mari, qu'elle avoit choisi elle-même lorsqu'elle étoit encore dans son pensionnat.

La pièce est le premier ouvrage d'un jeune homme. Il y a de l'esprit, quelques jolis mots ; mais pas la moindre entente de la scène.

L'auteur est M. Auguste.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome 10 (octobre 1813), p. 293-296 :

[Compte rendu peu enthousiaste, mais qui reste modéré dans son jugement. La pièce est, pour le critique, une pièce de pensionnat pleine d’innocence, mais à un moment où on ne joue plus de théâtre dans les pensionnats de jeunes filles. Pour la rendre jouable sur un théâtre, l’auteur a cru bon d’y intercaler « quelques épigrammes contre les pensionnats ». L’analyse de la pièce donne une description peu flatteuse de l’héroïne et de ses caprices, comme de l’actrice qui l’incarne, et qui ne joue pas le rôle avec la grâce, « la mutinerie d’une très-jeune personne ». Le rôle du sansonnet, seul capable d’adoucir la jeune fille est bien montré : c’est lui qui provoque la « conversion » de la demoiselle, dont le critique ne se porte pas caution. Quelques sifflets. L’auteur a eu le tort de suivre pas à pas le conte dont il s’est inspiré, et qui n’a rien de théâtral.]

Sansonnet, ou la Petite Honorine.

Rien de plus moral que cette petite pièce, dont le sujet est tiré des Contes à ma Fille. M. Bouilly est bien le maître de faire à sa fille des contes comme il lui plaît ; mais c'était avoir trop bonne opinion des habitués du Vaudeville que de les croire disposés à goûter cette morale enfantine. Le Sansonnçt-Prérepteur a été assez mal accueilli ; cette pièce a l'air d'avoir été faite pour être jouée dans un pensionnat un jour de distribution de prix. Par malheur, on ne joue plus la comédie dans les pensions ; cette sage coutume aura sans doute été abolie par quelqu'ennemi des grâces et des plaisirs. Tous les gens sensés, toutes les mères de famille s'en félicitent; mais demandez aux jeunes demoiselles ce qu'elles en pensent ?

L'auteur, réduit à donner sa pièce au théâtre, s'est consolé en y intercalant quelques épigrammes contre les pensionnats ; mais il n'a pu détruire ce vernis d'innocence qui caractérise l'ouvrage.

A peine sortie de sa pension, Mlle. Florine a déjà des caprices comme une jolie femme mariée depuis deux ans. Elle est méchante, hautaine, colère, emportée, et qui pis est, bel esprit. Son langage ridiculement ampoulé donnerait fort mauvaise opinion de son maître de langue française. C'est Mlle. Desmares qui est chargée de remplir le personnage de Florine, et ses manières, quoique fort agréables , ont quelque chose de trop grave et de trop prononcé pour ce rôle de petite fille. D'ailleurs elle le joue avec trop de bonne foi ; sa mauvaise humeur est bien de la mauvaise humeur, et l'on ne trouve pas dans son jeu cette espèce de grâce qui se mêle toujours à la mutinerie d'une très-jeune personne, et qui s'attache à toutes ses actions sans qu'elle le sache elle-même.

Pour corriger sa fille, M. de Fierville s'associe un savetier dont l'échope est placée à la porte de l'hôtel, précisément sous les fenêtres de l'appartement de Florine. Le savetier possède un sansonnet merveilleux qui répète tout .ce qu'on dit, et Florine meurt d'envie de l'avoir. Malheureusement le savetier refuse de le vendre. Ce refus jette la. petite fille dans un accès de fureur ; elle dît des injures au savetier, et je pense qu'elle a toutes les envies du monde de le battre ; de son côté, Jacques, le savetier, ne la ménage point, et lui dit franchement toutes ses vérités. Cette scène très-vive est interrompue par l'arrivée du jeune Edouard, futur époux de Florine. Comme la dissimulation n'est point au nombre des défauts de la jeune fille, elle ne se contraint point devant Edouard, et commence à le quereller. Celui-ci ne se fâche de rien. La petite personne se calme enfin et devient douce comme un ange, car ses accès ne durent pas long-temps ; c'est dommage qu'ils recommencent souvent. Au moment où elle vante elle-même sa douceur devant son père et son amant, le perfide Sansonnet dit : Florine en impose ; mais lorsqu'il ajoute : Florine. a fait pleurer sa nourrice, ce qui n'était que trop vrai, l'attendrissement succède à la colère, et Florine se corrige tout-à-coup. Je ne voudrais pas, néanmoins, me rendre caution de cette-conversion subite.

La pièce a été un peu sifflée, quoique le rôle du savetier et celui de la nourrice y jettent de la gaîté. L'auteur, M. Auguste, a suivi le conte pas à pas ; il aurait pu choisir un sujet plus favorable à la scène : ce sera pour une autre fois.

Le Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1814, p. 142-143, reprend l’article du Magasin encyclopédique, en proposant simplement un dernier paragraphe différent assez méchant :

Cet ouvrage a réussi, puisque l’auteur a été nommé. Cependant quelques sifflets se sont fait entendre, mais c’étaient sans doute pour instruire le sansonnet.

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