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Le Secret

Le Secret, comédie en un acte, en prose, d'Hoffman, musique de Solié. 1er floréal an 4 [20 avril 1796].

Opéra-Comique national, ci-devant Théâtre Italien

Almanach des Muses 1797.

Un officier s'est battu, et croit avoir tué son adversaire. Il se réfugie chez son ami Dupuis, qui lui procure une retraite inconnue à l'aide d'un secret pratiqué dans une cloison derrière une glace.

Jalousie de madame Dupuis, excitée par l'assurance qu'on lui donne que son mari a caché quelqu'un dans sa maison. La maîtresse de l'officier vient le voir, et remet un paquet à son adresse ; ce jeune homme fond sur lui à l'improviste, et enlève le paquet. Quelques autres scènes plaisantes. A la fin on apprend que l'affaire de l'officier est arrangée. Il n'a plus besoin de se cacher.

Sujet ressemblant à celui de quelques autres pièces connues. De jolis couplets, des traits satyriques contre les femmes.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Vente, an IV (1796, vieux style) :

Le Secret, comédie en un acte et en prose, mêlée de musique ; Représentée sur le Théâtre de l'Opéra-Comique, ci-devant Théâtre-Italien, le premier Floréal, l'an IV, (20 Avril 1796, vieux style.) Paroles du Citoyen Hoffman. Musique du Citoyen Solié.

Dans les Œuvres d'Hoffman, Théâtre, tome 2 (Paris, 1829), le texte de la pièce est précédé d’un avertissement dont l’auteur n’est pas précisé (p. 107-108) :

Un amant qui se cache, une femme jalouse et un valet poltron, n'étaient pas des élémens très neufs à la scène ; mais l'adresse avec laquelle l'auteur sut combiner la marche de son intrigue et la force comique qu'il parvint à tirer des divers incidens, procurèrent à son ouvrage le succès le plus vif et le plus soutenu. Toutefois, il faut bien le dire, ce succès ne fut pas exempt d'orage le premier jour ; le public fit la guerre aux mots, et ce qui mérite d'être remarqué, c'est que les traits improuvés sont précisément ceux qui ont maintenu, depuis, la pièce au répertoire et lui ont valu un nombre prodigieux de représentations tant à Paris que dans les départemens. Cette susceptibilité des spectateurs est un des caractères distinctifs de l'époque. Sortant à peine de la licence révolutionnaire, les Parisiens s'étaient jetés dans un excès contraire ; les incroyables avaient succédé aux jacobins ; les mots les plus énergiques de la langue venaient d'être mis à l'index, et l'alphabet avait subi sa réforme comme le calendrier : la lettre R surtout ne pouvait plus passer par la bouche d'un élégant : « Z'ai monté un ceval supèbe, disait l'un d'eux, z’ai écasé une femme gosse ; elle a fait une guimace de cien ; puis z'ai été au bois de Bou-ogne où ze me suis amusé comme un... oi. » On sent que de pareils spectateurs ne pouvaient applaudir à un dialogue franchement comique, eux qui plaçaient Demoustier bien au-dessus de Molière. Néanmoins, dès la seconde représentation l'ouvrage réussit complètement. .

Solié n'était pas seulement chanteur habile et comédien intelligent, il était encore compositeur plein de grâce et de mélodie ; sa partition du Secret est une des plus agréables du répertoire de l'Opéra-Comique. Certes, il n'y a dans sa musique ni science d'accompagnement, ni luxe de notes ; mais ses chants simples et gracieux ont fait le tour de la France et ont même pénétré jusque chez l'étranger. En 1807, je me trouvais à Varsovie, lorsque passant près d'un établissement public, j'entendis l'orchestre exécuter l'air : Femmes, voulez-vous éprouver. Cet air charmant reporta toutes mes pensées vers la France et produisit en moi un sentiment difficile à décrire ; je doute beaucoup qu’un thême musical plus savamment travaillé, m'eût causé le même plaisir.

Martin dut une partie de sa renommée lyrique à la romance : Je te perds, fugitive espérance, et madame Dugazon obtenait toujours une triple salve d'applaudissemens dans les couplets : Qu'on soit jaloux dans sa jeunesse, etc. Dozainville était d'un comique parfait dans le personnage de Thomas, espèce de niais de Sologne, qui met tout son esprit à bien faire la bête.

Depuis que l'Opéra-Comique national a cessé d'exister et que ses débris ont servi à construire une propriété particulière, le Secret a disparu du répertoire, comme la plupart des pièces de Grétry, de Méhul, de Dalayrac, de Nicolo et de beaucoup d'autres compositeurs. Ne pouvant plus voir représenter le Secret, nous sommes persuadés qu'on aura quelque plaisir à lire cette jolie comédie.

D'après la base César, Le Secret a été joué 36 fois en 1796 à compter du 20 avril, au Théâtre Italien salle Favart ; 32 fois en 1797, essentiellement au même Théâtre Italien ; 29 fois en 1798 et 21 fois en 1799 au Théâtre Italien ; en 1799, 2 représentation au Théâtre de la rue Martin. Soit 120 représentations.

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