Le Séducteur en voyage, ou les Voitures versées, comédie en deux actes, mêlée de vaudevilles, de Dupaty, 4 décembre 1806.
Théâtre du Vaudeville.
Devient rapidement les Voitures versées, opéra -comique en 2 actes avec une musique de Boieldieu. - Livret d'après la comédie de Dupaty le Séducteur en voyage (1806). - Première représentation (création) : Saint-Pétersbourg, Théâtre de l'Ermitage, 26 avril 1808 ? – Première représentation parisienne, à l'Opéra-Comique (version révisée) : 29 avril 1820
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Titre :
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Séducteur en voyage (le), ou les Voitures versées
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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4 décembre 1807
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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M. Dupaty
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La pièce, au titre réduit de les Voitures versées, est devenue, dès 1808, un opéra-comique, avec la musique de Boieldieu, joué à Saint-Pétersbourg et a été jouée sous cette forme en 1820 sur le théâtre de l’Opéra-Comique.
Sur la page de titre de la brochure; à Paris, chez Barba, 1807 :
Le Séducteur en voyage, ou les Voitures versées, vaudevilles ; Par M. Emmanuel Dupaty. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 4 décembre 1806.
Courrier des spectacles, n° 3587 du 5 décembre 1806, p. 4 :
[Premier article sur la pièce, se limitant au résumé de l'intrigue, après l'énumération d'une série de défauts, compensée par l'esprit de l'auteur dont le nom est donné à la fin. C'est qu'il vaut mieux une pièce qui plaît aux spectateurs qu'une pièce respectant les règles de l'art.]
Théâtre du Vaudeville.
Le Séducteur en voyage, ou la Voiture versée.
Le plus grand séducteur de cette pièce est l’auteur qui l’a composé. Avec un plan sans vraisemblance, des caractères très légèrement dessinés, des scènes qui ne tiennent point à l’action, il est parvenu à séduire si complettement son auditoire, que la piece a eu un succès assez brillant. Tel est l’avantage de l’esprit ; des details agréables, des mots heureux, quelques couplets piquans et spirituels, voilà un talisman pour charmer des spectateurs qui ne viennent chercher qu’un aimable délassement. Une critique sévère seroit ici supperflue [sic] ; on a toujours raison quand on plaît, et j’aime mieux un médecin qui me guérit, en violant les aphorismes d’Hypocrate, que celui qui me tue suivant les règles de l’art et les recipe du codex.
Un homme riche, propriétaire d’une belle terre en Anjou, a trois nièces ; il veut marier l’aînée ; mais ce propriétaire est une espèce de fou, qui ne veut pour sa nièce qu’un mari élégant, formé à tous les beaux usages de Paris, digne de faire les honneurs de sa terre. Pour réussir dans son plan, il fait détériorer la route qui avoisine son château, afin d’y faire verser les diligences. Les voyageurs seront obligés de descendre chez lui, et il choisira l’homme le plus propre à remplir ses intentions. Il s’en trouve, un jeune, léger, inconsidéré, amoureux de toutes les femmes. C’est celui qu’il choisit ; mais une jeune femme de Paris apprend la sottise qu’il est sur le point de faire ; elle arrive, démasque le séducteur, et la jeune nièce épouse un jeune Angevin, timide, modeste et plein d'honnêteté. Tel est le plan de cet ouvrage, sur lequel nous reviendrons; il est de M. Dupaly.
L'article promis ne semble pas avoir paru... Le journal du 6 décembre est consacré à des questions politiques
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier 1807, p. 288-290 :
[La pièce pose un problème qu’on ne prend pas à la légère en 1806 : on ne sait trop dans quelle catégorie il faut la placer, puisqu’elle est à la fois comédie « d'intrigue, de caractère, et épisodique ». Et ce n’est pas un compliment ! Les personnages sont tous traités de façon sévère, entre ceux qui ne sont que des caricatures et ceux qui ne servent à rien. Le critique ne voit de positif que « des traits d'esprit et des couplets gracieux qui caractérisent la manière ordinaire de M. Dupati », tout en dénonçant « des taches de mauvais goût et plusieurs longueurs » qui ont valu à la pièce « quelques petites contradictions ».]
Le Séducteur en voyage, ou les Voitures versées.
Un original d'Anjou, fort riche, enthousiaste des manières de Paris, et qui veut que chez lui tout se fasse comme à Paris, fonde néanmoins la société de son château sur un calcul bizarre. Le chemin qui passe devant son avenue est tellement rompu que toutes les voitures y versent, et les voyageurs victimes de l'accident sont bien reçus et bien accueillis chez lui. Ce cadre original pouvait et devait prêter à des scènes à tiroir assez originales mais l'auteur a voulu faire sur ce fond même une pièce à-la-fois des trois genres, d'intrigue, de caractère, et épisodique : il en est résulté un ensemble sans physionomie particulière.
Le caractère de son provincial est une espèce d'imbécille qui répète jusqu'au dégoût comme à Paris. Celui du séducteur est souvent effacé par les accessoires dont il est environné ; et même dans les scènes où l'auteur a voulu le faire briller, il ne montre qu'un fat subalterne sans adresse et sans moyens.
L'oncle du séducteur, que le hasard fait verser aussi, n'est qu'une mauvaise caricature qui n'a rien de saillant.
Enfin tous les caractères épisodiques ne servent à rien, et conséquemment ne produisent aucun effet. Le rôle principal, celui de Mme. Belmont, qui paraît avoir été le plus soigné, rappelle un peu trop souvent les rôles à-peu-près semblables de l'Ecole des Inconstans, et de quelques autres pièces. Mais on retrouve dans l'ouvrage des traits d'esprit et des couplets gracieux qui caractérisent la manière ordinaire de M. Dupati. La pièce a surmonté quelques petites contradictions que des taches de mauvais goût et plusieurs longueurs lui avaient suscitées. L. C.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome I, p. 176-177 :
Théâtre du Vaudeville.
Le Séducteur en Voyage, ou les Voitures versées.
M. Dormeuil, propriétaire en Anjou, a la manie de Paris. Rien n'est beau ou bon que ce qui vient de la capitale ; il en fait même venir l'heure, tous les jours, par un courrier. Pour se procurer de la société, il profite d'un endroit du chemin, au bout de son parc, que le Préfet a la complaisance de ne point faire racommoder, et où versent ordinairement les chaises et les diligences. Il reçoit chez lui les voyageurs, les fait dîner, et retient le plus long-temps qu'il peut ceux qui n'ont rien de mieux à faire. De ce nombre est un jeune homme nommé Florville, qu'il gardé depuis huit jours, et qui fait la cour aux trois nièces de Dormeuil. Ce jeune homme vient de Paris ; il est charmant, Dormeuil veut lui faire épouser Elise, afin de le fixer chez lui. Elise se laisse séduire, elle oublie Armand, qui l'aime véritablement ; mais Armand a une cousine, Madame de Melval, charmante parisienne, qui arrive, entreprend de séduire le séducteur, y réussit, obtient de lui une déclaration en forme, désabuse l'oncle, les trois nièces, racommode les amans, et reprend là poste pour Paris. Les scènes entre Florville et Madame de Melval sont très-jolies, entr'autres celle où Florville, voulant plaire, est continuellement dérouté, par la jeune femme, qui change de manières toutes les fois qu'il croit saisir sa façon de penser. Au dénouement, Madame de Melval, qui feint d'être séduite, lui propose de repartir avec elle pour Paris ; déjà la nuit paroît, la conversation s'engage ; mais Madame de Melval parle d'Elîse, il jure qu'il ne l'aime point ; quelle est sa surprise de l'entendre elle-même se récrier contre sa perfidie, elle avoit pris la place de Madame de Melval. Il veut rejoindre cette dernière, et saisit la main d'une vieille voyageuse qui le croit amoureux d'elle par un quiproquo du valet mal-adroit. On apporte des flambeaux, il voit son erreur ; enfin joué par tout le monde, il retourne à Paris pour jouer les autres.
De très-jolis détails, des scènes de comédie, ont valu à cette pièce beaucoup de succès. Les rôles principaux ont été joués, avec talent, par Julien, Verpré ; Mesdames Belmont et Desmares.
On a reconnu, au style, la plume aimable de M. Dupaty, qui a été nommé.
T. D.
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