Le Séjour militaire, opéra-comique en un acte, paroles de Bouilly et Dupaty, musique d'Aubert, 27 février 1813.
Théâtre de l'Opéra-Comique.
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Titre :
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Séjour militaire (le)
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose, avec couplets en vers
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Musique :
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couplets
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Date de création
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27 février 1813
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Théâtre :
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Théâtre de l'Opéra-Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Bouilly et Dupaty
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Compositeur(s) :
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Aubert (Daniel-François-Esprit)
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Almanach des Muses 1814.
Folie de carnaval, un peu trop longue peut-être ; musique facile et spirituelle ; du succès.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome II, p. 205-207 :
[Le compte rendu se contente de faire l’analyse de l'intrigue de cette « folie de carnaval », riche en clichés (une auberge, des militaires, une femme qui se déguise en homme pour voir son mari, toute une famille qui se déguise pour jouer leur rôle dans une pièce, un trompeur trompé, etc.). Tout le monde joue un rôle, mais, à la fin, « tout le monde se reconnoît ». Facile de juger ce genre de pièce : elle a fait rire, et sa musique, due à un débutant, « est simple, chantante et fort agréable ».]
Le Séjour militaire, opéra comique en un acte , joué le 27 février.
Doricour, capitaine de dragons, est en séjour avec ses camarades dans une auberge de Saverne. Ils y attendent M. de Saint-Eugène, leur nouveau colonel, qu'ils ne connoissent pas. Doricour a laissé à Strasbourg sa jeune épouse qu'il brûle de voir ; mais les femmes, dit-on, n'entrent pas dans la place ; Madame Doricour se présente déguisée en jokey ; et, sous ce déguisement, mystifie la première les amis de son mari.
On apprend alors qu'un petit-maître, un bel esprit de Landau, qui s'est avisé de chansonner Madame Doricour, est sur le point d'arriver dans l'auberge, pour y avoir une entrevue avec sa future et ses parens, qui doivent s'y rendre de leur côté. — Vengeons-nous du fat, dit Doricour ; jouons les rôles de la future et de ses parens. Ces rôles sont distribués, mais la répétition de la comédie est entendue en cachette par le colonel Saint-Eugène, qui est arrivé dans un moment où aucun des militaires n'a pu l'apercevoir. Ce colonel court se déguiser, et se présente ainsi devant la fausse famille. On cherche à l'irriter, la future lui dit qu'elle sera coquette, impérieuse et dépensière ; le fat supposé tranche du philosophe, et se dit préparé à tout ; enfin Doricour, qui joue le rôle d'un grave professeur, lui demande une explication à part ; il lui reproche ses mœurs irrégulières, et les couplets injurieux qu'il a faits contre une honnête femme de Strasbourg. Saint-Eugène part d'un éclat de rire, et confie au professeur que cette honnête femme est sa maîtresse, qu'il est venu à Saverne avec elle, et qu'instruit par ses rapports du tour que son mari vouloit jouer au fat de Landau, il s'est amusé à le représenter pour avoir le plaisir d'être plus longtemps avec elle. Doricour va demander une explication à sa femme ; arrive un autre capitaine qui, sous prétexte d'être le rival du futur, vient le forcer à tirer l'épée ; Saint-Eugène le désarme ; le capitaine, étonné, veut qu'on se déshabille, le combat recommence : tous les camarades, rétablis en dragons, accourent au bruit ; un laquais nomme M. de Saint-Eugène, et tout le monde se reconnoît.
Cette folie de Carnaval a été vue avec indulgence. Elle a fait rire, et c'est le principal. Elle est de M. Bouilly. La musique est le premier ouvrage dramatique de M. Aubert. Elle est simple, chantante et fort agréable.
L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome III, mars 1813, p. 283-288 :
[L’article s’ouvre sur des regrets nés de la retraite de « l’acteur favori ». Le ton grandiloquent de cette annonce pourrait bien en souligner l’ironie, la pièce nouvelle n’ayant pas attiré la foule. Suit l’analyse de la pièce, rendue apparemment nécessaire par suite de cette désertion du public. Elle entre dans les détails multiples d’une intrigue touffue, aux déguisements aussi nombreux que les incidents, tout finissant bien sûr par s’arranger. Le jugement qui suit parle de « deux excès contraires : il se développe avec lenteur, et se dénoue ensuite trop brusquement, ce qui, en termes de coulisses, s'appelle tourner trop court ». Mais la pièce n’a d’autre ambition que de faire rire. C’est réussi. La musique, d’un débutant au théâtre, est moins brillante que son concerto pour violon joué il y a deux ans, « si original et si brillant ». elle manque de chaleur et de hardiesse. « Il est fâcheux que ce joli ouvrage n'offre que des couplets, et pas un air de goût ou de caractère. »]
THÉATRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.
Le Séjour Militaire.
Les sociétaires du Théâtre Feydeau calculent, à ce qu'il paraît, comme tout le public a déjà pris la peine de calculer pour eux. Il faut de fortes diversions aux grandes douleurs, et, d'après ce principe, de fréquentes nouveautés pour tarir les larmes que fait verser la retraite de l'acteur favori. Il vient de nous faire ses adieux : quarante-huit heures après, le Séjour Militaire invitait les curieux à venir goûter quelques instans de distraction. Ils ne sont pas accourus en très-grand nombre, il est vrai : soit que beaucoup d'entre eux craignissent de revoir des lieux dont le seul aspect rouvrirait les plaies de leur cœur, soit qu'ils fussent sagement restés chez eux pour se refaire des fatigues de la journée à jamais mémorable du 25 Février. Il faut donc essayer de leur rendre compte de ce qui s'est passé pendant leur absence.
Le 9e. régiment de dragons, en marche sur Strasbourg, a ordre de faire halte à Saverne. Les officiers craignent de s'ennuyer durant leur séjour dans cette petite ville, et ils n'ont encore trouvé d'autre divertissement que de manger et de boire, lorsqu'ils apprennent qu'une grande noce va se faire dans l'auberge où ils sont descendus. Le futur est un M. des Ecarts, bel esprit alsacien, accusé d'avoir fait des couplets satiriques contre la femme d'un capitaine du régiment, pour se venger de ses rigueurs. Ce capitaine, M. Doricourt, qui n'est point connu du chansonnier, propose aussitôt et fait adopter, sans peine, le plan d'une mystification dont les jeunes espiègles espèrent tirer le parti le plus divertissant. On sait, par l'hôtesse, que M. des Ecarts n'a encore vu ni sa future, ni aucun des membres de la famille dans laquelle il doit entrer. D'après des renseignemens précis, on se distribue les rôles. Un jeune sous-lieutenant se charge de celui d'une espèce de père Cassandre, et un autre du personnage de la mère ; deux oncles et un cousin sont bientôt trouvés. Au milieu de cette mascarade générale, il y a un déguisement qui n'est encore connu que d'un seul officier. La tendre Constance, femme du capitaine Doricourt, s'est fait un plaisir de venir le surprendre à Saverne, sous le costume de jockey. Il est tout naturel de donner à ce joli enfant le rôle de la future. Toutes-les dispositions faites, on .n'attend plus que le ridicule provincial que l'on s'apprête à berner.
Le régiment vient de perdre son colonel : celui qui doit le remplacer n'est encore connu que de nom. C'est le baron de Saint-Eugène qui traverse également Saverne pour se rendre à Strasbourg. Sa voiture casse, et le force de s'arrêter. Il ne compte passer à l'auberge que le temps de faire les réparations nécessaires ; mais à la vue des uniformes, l'envie lui prend d'observer, à son aise, ses nouveaux frères d'armes. Enveloppé d'une grande pélisse de voyage, il lui sera très-aisé de garder un parfait incognito. D'un cabinet où il se cache, il entend former le complot de mystifications contre le pauvre des Ecarts ; et il lui vient aussitôt dans l'idée de se donner lui-même pour l'épouseur alsacien. Il s'affuble d'un costume ridicule, et se présente à la prétendue famille, déjà réunie également en habits de caractère. Après les saluts et les complimens les plus propres à confirmer les jeunes étourdis dans leur erreur, il demande modestement au beau-père la permission d'embrasser sa charmante future ; et il appuie deux bons baisers sur les joues de la belle Constance. C'est alors que les épreuves commencent : la petite personne s'avoue capricieuse, fantasque ; elle va jusqu'à déclarer qu'il lui serait impossible de se séparer d'un petit-cousin avec qui elle a été élevée, parce qu'elle tient beaucoup aux jeux de son enfance. Le petit-cousin est un grand garçon de cinq pieds six pouces : le futur lui offre un appartement, et se proclame d'avance le plus heureux des maris. Mais ce n'est pas assez de cette scène de comédie : il est convenu que M. des Ecarts sera chambré par chaque membre de la famille en particulier, et qu'on lui suscitera des affaires de tout genre. D'abord, c'est un des oncles, professeur du lycée , qui lui fait part de sa répugnance à donner sa nièce à un chansonnier, coupable d'outrages envers des femmes respectables. Le provincial quitte tout-à-coup son air niais pour répondre du ton le plus noble qu'une telle lâcheté est indigne de lui ; qu'il n'est point M. des Ecarts, mais un officier de cavalerie ; que, loin d'en vouloir à Mme. Doricourt, il fait tous ses efforts pour charmer son veuvage pendant l'absence de son mari ; et qu'enfin cette femme adorable ayant cru qu'il était de la politesse de venir au-devant de ce triste époux jusqu'à Saverne, il avait eu le plaisir, en qualité de son fidèle écuyer, de l'y amener dans sa voiture. M. le professeur du lycée, qui n'est autre que le capitaine Doricourt lui-mème, fait des grimaces horribles pendant ces étranges confidences, et il se sauve furieux. Au même instant, entre le petit-cousin avec une énorme rapière au côté. Il déclare nettement à l'épouseur qu'il faudra lui percer le cœur avant de lui enlever sa tendre cousine. Le prétendu, qui a repris son air doucereux, gémit sur la cruelle nécessité à laquelle il est réduit ; il prend cependant l'épée qu'on lui présente, et, de la première parade, il désarme le ferrailleur. Celui ci attribue sa disgrace au hasard, et propose à son adversaire de mettre habit bas, pour que le duel se passe dans toute la rigidité des lois de l'honneur. Pendant que le dragon a le dos tourné, le colonel jette sa perruque et son spencer de velours, et fait voir une toute autre figure au petit cousin, qui paraît assez embarrassé de la sienne. Tout-à-coup la porte s'ouvre, et tous les parens mâles et femelles, redevenus dragons, annoncent à leur camarade qu'ils sont joués eux-mêmes; qu'ils n'ont eu affaire qu'à un faux des Ecarts ; ils entourent l'inconnu, et le pressent de déclarer son nom : il est prononcé à l'instant par un valet, qui vient avertir que la voiture de M. le baron de Saint-Eugène est prête. Les mystificateurs mystifiés se trouvent en présence de leur colonel. Loin d'abuser de la confusion de ses frères d'armes, il les félicite de leur gaîté, et rend le calme au capitaine Dorlcourt, auquel il donne un congé pour jouir librement du plaisir de se retrouver auprès de sa fidèle Constance.
On pourrait reprocher à ce petit acte deux excès contraires : il se développe avec lenteur, et se dénoue ensuite trop brusquement, ce qui, en termes de coulisses, s'appelle tourner trop court. Au reste, le but de M. Bouilly était de donner une pièce de saison, et il y a réussi, puisqu'il a fait rire. La scène des confidences du colonel au mari a été particulièrement applaudie, quoiqu'elle rappelle peut-être un peu trop celles d'Horace et d'Arnolphe dans l'Ecole des Femmes , et les diverses imitations qui en ont été faites.
La musique est d'un jeune homme dont elle est le coup d'essai, au théâtre, du moins. M. Auber, fils, est connu de tous les amateurs, moins comme amateur lui-même, quoiqu'il se borne modestement à ce titre que comme un véritable artiste. Une de ses productions aurait suffi pour faire concevoir l'opinion la plus avantageuse de son talent : quelle est la personne aimant un peu la musique, qui ne se rappelle ce concerto de violon si original et si brillant qui fut exécuté, il y a deux ans, au conservatoire ? Il pensa occasionner un événement tout-à-fait neuf dans l'histoire des concerto : une partie de l'auditoire fut sur le point de crier bis. Il semblerait que l'idée d'un début dans la carrière lyrique, ait quelquefois intimidé la verve de M. Auber. Son ouverture, le trio et le septuor se font remarquer par des idées gracieuses, et sur-tout par un style élégant, qu'il doit à l'étude des grands modèles des écoles italienne et allemande : mais on pourrait désirer, dans ces morceaux, un peu plus de chaleur et de hardiesse. Il est fâcheux que ce joli ouvrage n'offre que des couplets, et pas un air de goût ou de caractère. S.
Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 404 : le Séjour militaire, livret de Jean-Nicolas Bouilly et Emmanuel Dupaty, musique de Daniel-François-Esprit Aubert, a été créé le 27 février 1813. Il a été joué jusqu’en 1826.
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