Le Sérail, ou la Fête du grand-Mogol, pantomime en 3 actes, à grand spectacle de Dabaytua et Hapdé, musique de Laurent, 1er brumaire an 8 [23 octobre 1799].
Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale.
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Titre :
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Sérail (le), ou la Fête du grand Mogol
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Genre
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pantomime / mélodrame, à grand spectacle
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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chants, danse, musique nouvelle
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Date de création :
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1er brumaire an 8 [23 octobre 1799]
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Théâtre :
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Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale
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Auteur(s) des paroles :
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Dabaytua, Hapdé
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Compositeur(s)/chorégraphe(s) :
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Laurent
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Almanach des Muses 1801 (qui donne comme lieu de création le Théâtre Montansier-Variétés).
D'après le Catalogue général de la Librairie Française au XIXe siècle de Paul Chéron, Volume 3, p. 1840, la pièce, qualifiée de mélodrame, est de Joachim-Emmanuel Dabaytua et de Hapdé. Elle a été publiée chez Barba en l'an 8 (1801).
Dans la Gazette nationale ou le Moniteur universel, la première représentation est annoncée au théâtre de la Cité pour le 25 vendémiaire an 8, puis pour le 27. C'est le journal du 27 vendémiaire qui donne la date effective du 1er brumaire an 8 et explique le retard par « la blessure du citoyen Clozel ». La pièce est présentée comme une « pièce en trois actes à grand spectacle, mêlée de chants, danse, ballets et costumes nouveaux ». Dans le numéro du 1er brumaire, la description de la pièce est encore plus précise : « pièce en trois actes à grand spectacle, mêlée de chants, danse, combats, musique nouvelle, costumes et décors nouveaux, les ballets, le pas grec qui n'a jamais paru ; les airs de danse sont de la composiiton du cit. Laurent, artiste, ci-devant attaché à l'opéra ».
Courrier des spectacles, n° 975 du 2 brumaire an 8 [24 octobre 1799], p. 2 :
[Le spectacle a rencontré le succès, que le critique attribue aux ballets, à la représentation et aux costumes et décors, et sans doute moins à la pièce elle-même, où on « a remarqué dans le dialogue des traits assez saillans et des réparties vives qui ont été justement applaudis », et sans doute rien d’autre. Les auteurs ont été nommés. Et le résumé de l'intrigue est une longue série de clichés sur un orient de pacotille, un sérail en Inde, avec eunuques et belles favorites. On y trouve aussi deux jeunes Français, autres clichés assez caricaturaux, dont l’un se déguise en Circassienne. Ils donnent une collation dans le jardin du grand Mogol, s’enfuient en ballon avec deux amantes, sont sauvés par le roi de Golconde qui est là de façon fort opportune. Le dénouement est assez confus. Une telle pièce comporte pour le critique des invraisemblances, dont la plus criante est que les deux Français, à peine arrivés dans le sérail, sont capables de faire disparaître d’un geste le mur qui sépare le sérail du jardin. Les ballets sont « fort gais, fort bien dessinés », mais ils sont trop longs. Deux ballets dans les deux actes, cela fait visiblement beaucoup pour le critique, d’autant que c’est un spectacle monotone, « presque étranger à la pièce ». On a compris que la pièce n’enthousiasme pas le critique.]
Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale.
La première représentation du Sérail, ou la Fête du grand Mogol, donnée hier à ce théâtre, a reçu du public un accueil flatteur. Il ne faut pas se dissimuler que ce succès est dû en partie aux ballets de la composition du citoyen Laurent, à l’ensemble de la représentation et à la richesse des costumes et décorations. Néanmoins on a remarqué dans le dialogue des traits assez saillans et des réparties vives qui ont été justement applaudis.
Les auteurs de cet ouvrage sont les citoyens Hapdé et Dabaytua. En voici l’analyse :
Deux jeunes artistes français, Adolphe et Paul, après maints voyages, se sont fixés près de Dehli, capitale du Mogol. Ils sont parvenus à connoître Zulmire et Zora, jeunes favorites du prince Sigiskan, qui soupirent après la liberté qu’ils leur ont promise. Azem , jeune Eunuque qui les surveille conjointement avec le vieux Caleb, favorise l’entrée dans le Sérail, de Paul, comme Esclave, et d’Adolphe comme Circassienne destinée à être présentée à Sigiskan. Mais Caleb, encore amoureux, veut enlever celle-ci à son maître, et il l’engage à accepter une légère collation où il porte du vin. Le grand Mogol, de retour, veut choisir parmi les Circassiennes la plus digne de ses soins. Adolphe lui paroit la plus jolie, mais d’après le conseil de Caleb, la prétendue Circassienne feint d'être muette, et Sigiskan la renvoie sous la garde du vieil Eunuque.
Ce dernier, vers la nuit, conduit Adolphe au jardin, et là lui offre une agréable collation. Azem est de la partie : la crainte d’être découvert y a fait consentir Caleb malgré lui. Le vin échauffe bientôt la tête du vieil Eunuque, et à l’aide de ses clefs, Adolphe ouvre la porte et va rejoindre Paul, qui doit se présenter le lendemain à l’empereur pour lui offrir ses talens. Les deux amis imaginent alors un moyen hardi. La Fête Commence, puis on les présente tous deux à Sigiskan ; Paul propose à ce prince de répéter devant lui une pantomine; deux femmes prisonnières en font le sujet ; il invite Zulmire et Zora à jouer les rôles de femmes. Les deux prisonnières sont enlevées pur leurs amans ; le mur du fond disparoît et laisse voir le jardin au milieu duquel s’élèvent deux ballons qui enlèvent réellement nos deux odalisques. Sigiskan furieux, rassemble ses soldats et suit la direction des ballons.
Il arrive bientôt à un désert où il apperçoit les voyjgeurs aëriens qui sont descendus. Il fond sur eux et enlève Zora et Zulmire. Il les condamne, elles et leurs amans à être précipités dans le torrent voisin. Mais tout-à-coup le roi de Golconde, qu’il a réduit à fuir dans ces déserts, arrive, guidé par Azem, et délivre les quatre victimes. Sigiskan s’échappe : mais le pont sur lequel il passe s’enfonce, et il est englouti sous les flots.
Une chose a paru bien peu vraisemblable : c’est la facilité avec laquelle un pan de muraille du palais du grand Mogol disparoit au signal de Paul, pour laisser voir le jardin. Comment peut-il se faire que mandés de la veille, ils aient eu le tems de préparer tous les matériaux nécessaires pour ce changement de décorations ; et cela au sein du sérail même où ils n'ont dû pénétrer qu'à l’heure ordonnée ?
Il y a encore quelques autres invraisemblances, qui cependant tiennent plutôt à l’exécution ; quant aux ballets, ils sont fort gais, fort bien dessinés; le pas grec y est exécuté avec toute la précision désirable ; mais c’est trop long; c’est trop long, encore une fois.
Dans les deux premiers actes, il y a deux ballets, et le spectateur, tout en applaudissant aux pas brillans des artistes, est fatigué par la monotonie d’un spectacle qui est presque étranger à la pièce.
G.
D'après la base César, la pièce, qui est donnée comme une pantomime, est du seul Hapdé. Elle a été jouée 11 fois au Théâtre de la Cité du 15 octobre au 9 novembre 1799.
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