Le Sergent polonais, mélodrame en trois actes, à spectacle, de Rigaud jeune, musique d'Alexandre Piccinni, 24 janvier 1815.
Théâtre de la Porte Saint-Martin.
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Titre :
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Sergent polonais (le)
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Genre
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mélodrame à spectacle
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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24 janvier 1815
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Théâtre :
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Théâtre de la Porte Saint-Martin
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Auteur(s) des paroles :
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Rigaud jeune
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Compositeur(s) : |
Alexandre Piccinni |
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1815 :
Le Sergent polonais, mélodrame en trois actes, à spectacle, Par M. Rigaud jeune ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 24 Janvier 1815.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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ACTEURS
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Jean SOBIESKI, Roi de Pologne.
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M. Angelier.
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Alexina LEWINSKI, Comtesse.
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Mme Laroche.
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DOMBROUSKI, Major des Gardes du Roi.
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M. Bel.
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La Baronne POLASKI, cousine de la Comtesse Lewinski.
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Mme Dorsan.
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Le Comte KOSINSKI, Colonel du régiment des Gardes.
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M. Auxaignieau.
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AUGUSTE LOBLOWITZ, premier Page du Roi.
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M. Perrier.
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KINSKI, Valet, au service du Colonel.
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M. Emile.
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MUNSTER, ex-Sergent du régiment du Roi.
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M. Bourdais.
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PAULINA, sa fille.
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Mlle Gorinflot.
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STRINASKI, Officier-Rapporteur.
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M. Armand.
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KELINSKO, Officier.
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M. Aubert.
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Officiers, Pages et Gardes du Roi.
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La scène se passe en 1676, au château de Lewinski, à un quart de mille de Varsovie.
Nota. Cette pièce a été faite, dans le principe, comme drame, et peut être représentée sans musique.
Acte 1 :
Le théâtre représente un salon très beau et bien meublé. Le fond représente la perspective d'un parc agréable et bien dessiné.
Acte 2 :
Le théâtre représente une chaumière à demi-ruinée.
Acte 3 :
Le théâtre représente une des salles du palais du roi.
Gallica met en ligne une gravure représentant Pierson et Mlle. Aline, dans le sergent Polonais. Dessin de Clément, gravure de Boullay. Elle a pour titre, en bas, Pas Cosaque. Pierson en costume militaire (chapeau noir, veste bleue avec parements rouges et épaulettes jaunes, culotte bouffante rouge) en train de danser un « pas cosaque » occupe le premier plan, et au fond, on voit Mlle Aline en robe blanche et chapeau, sur une sorte de tertre herbeux. L'image appartient à une série dans laquelle elle porte le n° 439 (angle en haut à droite). Au-dessus de l'image de Pierson, rappel du lieu de la création de la pièce, le Théâtre de la Porte Saint-Martin, et de la paternité de la pièce, « Mélodrame de Rigau [sic], musie de Piccini ».
Au cours du premier semestre de 1815, le Sergent Polonais est abondamment joué au Théâtre de la Porte Saint-Martin (plus de trente représentations) à partir du 24 janvier 1815 (d'après le Journal de Paris).
Dans Le théâtre à Nantes, depuis ses origines jusqu'à nos jours, 1430?-1893, p. 103, Etienne Destranges signale deux représentations du Sergent Polonais au théâtre de Nantes à partir du 25 novembre 1817. Le succès n'a pas été an rendez-vous.
A partir de 1815, les gros mélodrames de l'époque commencèrent à tomber en défaveur. Les journaux menaient contre cux une vive campagne. Le 25 novembre, Le Sergent Polonais, après avoir excité un rire continuel pendant trois actes, finit au milieu des sifflements de la salle entière. La seconde représentation ne put être achevée. Le public criant qu'il en avait assez, on fut obligé de baisser le rideau et de jouer l'opéra du Tonnelier.
Journal de Paris politique, commercial et littéraire, n° 25 du 25 janvier 1815, p. 3-4 :
[Le critique commence son compte rendu par un résumé de l'intrigue, intrigue compliquée comme il se doit dans un mélodrame, qui contient les ingrédients indispensables (il manque juste les combats, ce que Martainville souligne ironiquement en conclusion) et qui s'achève comme il se doit, « les méchans sont confondus, et les deux amans sont unis ». Une fois son résumé terminé, le critique dresse un bilan sans ambiguïtés : une pièce hélas ni meilleure, ni pire que « beaucoup d'autres », caractéristique du déclin du genre qu'il faudrait « rajeunir par des choses originales ». Caractères et événements ont été vus partout. Le style même est dans le même entredeux, entre noblesse et chaleur, et enflure et galimatias. Les interprètes « ont été remplis d'une manière satisfaisante » à une exception près. Il y a aussi un ballet dont la brièveté fait le mérite (curieux éloge !), et dont on doit retenir un « pas cosaque », par le danseur Pierson, dont le critique souligne « la plaisante vérité de son costume et la bizarre difficulté de ses pas ». Et le spectacle ne s'est pas limité à la scène : le parterre y a apporté sa contribution, par un « pugilat » qui compense l'absence de combat dans la pièce.]
THÉATRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.
Première représentation du Sergent Polonais, mélodrame en trois actes.
Le comte Kosinski aime éperduement la comtesse Alexina Lewinski, jeune et jolie veuve ; mais il n'est point payé de retour ; la dame a donné son cœur a Auguste Loblowitz, premier page de Sobieski, roi de Pologne. De concert avec la baronne Paluski, cousine de la comtesse, le comte forme le projet d'attirer Alexina dans un piège, et de la forcer à signer un acte qui lui assure sa possession. La baronne, quoiqu'elle doive tout à sa cousine, seconde d'autant plus vivement ce complot, qu'elle a, par ses intrigues, obtenu de Sobieski l'agrément de marier sa fille avec Auguste ; mais le page est décidé à résister à l'ordre du roi. Le major Dombrouski a pour la comtesse la tendresse d'un père ; il a promis à son époux mourant de veiller sur elle et de la protéger ; il approuve l'amour d'Auguste, et voudrait voir se former ces aimables nœuds. Toutes les démarches de la baronne et du comte sont surveillées par le major et par Munster, ex-sergent au régiment du Roi, qui a sauvé la vie à Sobieski sous les murs de Vienne, dans un combat sanglant contre les turcs. Il a reçu de ce monarque un anneau, avec autorisation de le représenter après la bataille, et de demander tout ce qu'il desirera ; mais Munster n'a point fait usage de cette royale promesse.
Cependant la comtesse est attirée par sa cousine dans une maison isolée, au milieu d'un bois ; elle y est reçue par Kinski, valet dévoué à Kosinski ; celui-ci se présente à la comtesse, et ne pouvant obtenir sa signature, il lui fait les plus cruelles menaces. Auguste, averti par Munster, enfonce la porte, provoque en duel le comte, et le tue : Kinski fait dresser un procès-verbal et accuse Auguste d'avoir assassiné son maître. Le page est traduit devant un conseil de guerre présidé par le major, qui a la douleur de le condamner à mort. La sentence va être mise à exécution, lorsque Munster vient se jeter aux pieds du Roi, lui remet son anneau, et réclame l'effet de sa parole en demandant la grâce d'Auguste. Sobinski la lui accorde, et donne en outre à Munster une décoration et une pension avec le brevet de lieutenant, Les méchans sont confondus, et les deux amans sont unis.
Ce mélodrame n'est ni mieux ni plus mal que beaucoup d'autres, et c'est là son plus grand défaut. Le genre commence à s'user ; il faut le rajeunir par des choses originales ; mais n'en trouve pas qui veut.
Une comtesse froidement amoureuse, un seigneur vil comme un laquais, un laquais impudent comme plus d'un seigneur, un roi, que dis-je, un héros, le grand Sobieski passant tour-à-tour d'une sensibilité niaise à une rigueur brutale, voilà les principaux caractères de la pièce. Pour les évènemens.... on les a vus partout, et je gagerais bien qu'on les verra encore quelque part.
Quant au style, on y remarque quelquefois de la noblesse et de la chaleur, mais aussi souvent pour le moins de l'enflure et du galimathias.
Bourdais a joué avec nerf le rôle du vieux sergent. Les autres rôles ont été remplis d'une manière satisfaisante, à l'exception de celui de Sobieski ; on peut dire la vérité aux rois de théâtre et ne leur donner des éloges que quand ils les méritent.
Dans un ballet qui avait le mérite d'être fort court, on a beaucoup applaudi un pas cosaque, où Pierson s'est distingué par la plaisante vérité de son costume et la bizarre difficulté de ses pas. C'est un sujet très précieux pour ce théâtre.
Comme des amateurs se plaignaient qu'il n'y eut pas de combat dans ce mélodrame, c'est peut-etre pour les dédommager qu'on a donné dans le parterre la récréation d'un pugilat.
A. Martainville.
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