Le Siège de Lille, fait historique en un acte, mêlé de musique, de Bertin d'Antilly, musique de Kreutzer, 14 novembre 1792.
La pièce comporte une marche militaire de Hyacinthe Jadin.
Théâtre de la rue Feydeau.
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Titre :
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Siège de Lille (le)
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Genre
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fait historique mêlé de musique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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14 novembre 1792
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Théâtre :
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Théâtre de la rue Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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Bertin d'Antilly
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Compositeur(s) :
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Kreutzer
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Mercure Français, n° 48 du 8 décembre1792, p. 55-56 :
[Le siège de Lille est visiblement vécu comme un moment clef de la guerre que la France mène contre les puissances européennes, et les auteurs de théâtre y ont vu un sujet patriotique devant susciter l’enthousiasme du public. Le critique a donc deux pièces à présenter, l’une du Théâtre de la rue Feydeau, l’autre au Théâtre Italien (Cécile et Julien, ou le Siège de Lille). La pièce du Théâtre de la rue Feydeau est un acte sans « aucune prétention dramatique » : l’auteur a seulement voulu montrer ce qu’était la vie de la ville assiégée, non sans jouer des éléments de spectacle que la situation permet. Il a seulement ajouté une intrigue amoureuse qui assure le lien entre les scènes. Les personnages se répartissent sans ambiguïté entre patriotes et lâches. La musique est « d’un très-grand mérite », en particulier un chœur plein de patriotisme. Elle confirme tout le bien qu’on pensait du compositeur, nommé tout comme l’auteur des paroles.]
Le Siége de Lille fera une époque mémorable dans nos Annales. La résistance inouie de ses habitans, opposée à la faiblesse de ceux de Verdun & de Longwi ; l'époque remarquable où elle a eu lieu ; l'utilité dont elle a été à la France pour l'établissement de la République ; la mélange d’horreurs, d'infortunes, d'atrocités & de patriotisme dont ce Siége a été l’occasion, fourniront des pages bien intéressantes à notre Histoire. En attendant qu'elle s'en saisisse, la Scène Française a dû consacrer un si beau sujet. Deux Auteurs à la fois, sur deux Théâtres différens, viennent de le tenter, & tous deux avec beaucoup de succès : il était immanquable. Un tableau pareil ne pouvait exciter que l'enthousiasme, & en écartant des Spectateurs tout esprit de critique, ne laisser dans leur ame que des sentimens de bienveillance, d'admiration & d'attendrissement. Jetons un coup d'œi| sur ces deux Ouvrages, dont l'un s'exécute au Théâtre de la rue Feydeau, l'autre sur le Théâtre Italien.
Le premier n'est qu'en un Acte, & n'a aucune prétention dramatique. L’Auteur n'a voulu offrir que le spectacle attachant d'une ville assiégée. Il a cru que les détails de Pantomime, les marches, les évolutions militaires, le jeu cruel des bombes, les incendies, &c. amuseraient assez les yeux ; & que le malheur des habitans, leurs affreux dangers en contraste avec leur joyeux patriotisme, suffiraient pour intéresser le cœur. Il a cependant ajouté une espece d'intrigue amoureuse qui ne lui sert qu'à lier ses scènes. Un Aubergiste, aussi bon homme que bon Patriote, a une fille qu'il destine à un jeune Canonnier, aussi brave..... qu'ils le sont tous. Un M. de Verdun, qui a quitté son pays à l'approche de l'ennemi pour se retirer à Lille, a formé aussi le projet d'épouser la fille de l'Aubergiste, fort riche jusqu'à ce moment. Quand on s'appelle de Verdun, & qu'on arrive de cette ville, on ne donne pas une grande idée de son courage ni de son civisme ; aussi ce Monsieur est il le plus lâche des Aristocrates. On juge qu'il se meurt de frayeur parmi les apprêts du siége ; & au lieu de s'armer & de marcher à l'ennemi, comme il en avait l'ordre , on le trouve en robe de chambre & en bonnet de nuit dans les décombres de la maison de l'Aubergiste, incendiée par un boulet rouge. Ce personnage, conçu & joué d'une maniere três-comique par Lesage, répand beaucoup de gaieté dans cette petite Piece. La musique en est d'un très-grand mérite ; plusieurs morceaux y sont applaudis avec transport, notamment le Chœur où les Lillois jurent en présence de l'Officier qui apporte la sommation de l'ennemi, de vivre ou mourir libres, & de se défendre jusqu’au dernier soupir. Ce morceau est du plus grand effet. Les paroles de cette Piece sont de Dantilly ; la musique est de Kreutzer, qui justifie de jour en jour les espérances que ses premiers Ouvrages ont données.
[L'article se poursuit par le compte rendu de la création de Cécile et Julien, ou le Siège de Lille. Le dernier paragraphe est une invitation lancée aux théâtres de sdépartements : c'est ce genre d epièces qu'il faut jouer, pour stimuler l'enthousiasme patriotique du public.]
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 1 (janvier 1793), p. 380-383 :
[Article reprenant celui du Journal encyclopédique ou universel,année 1792, tome IX, n° XXXV du vingt décembre 1792, p. 370-371 :
Le compte rendu entre complètement dans la perspective révolutionnaire et patriotique de la pièce. Il la présente comme une sorte de « pantomime dialoguée » qui vaut largement par son caractère spectaculaire. Le sujet amène des « évolutions militaires », une scène d’attaque de la ville avec des boulets de canon qui tombent sur la scène, une scène de sommation, à laquelle tous répondent par le mépris, des incendies. L’incendie de l’auberge de Valentin est longuement décrit, avec une large insistance sur les gens que l’on sauve des flammes. Cette œuvre « a produit le plus grand effet ». L’auteur du « Poëme » n’a pas voulu paraître, à la différence du musicien, qui reçoit sa large part de félicitations, même si son ouverture, « superbe », est jugée un peu longue (cette haine des longueurs semble obsessionnelle). L’interprétation est elle aussi pleine d etalent et surtout ‘ensemble : il semble que ce bel ensemble ne soit pas si courante ! Et le critique regrette finalement qu’on n’ait pas rendu hommage au machiniste, dont l’incendie était « d’un effet effrayant pour le public, quoique sûr pour les acteurs ».]
Le siege de Lille, fait historique en un acte, mêlé de musique ; par M. Dantilly.
La vigoureuse résistance des braves habitans de Lille sera à jamais une des époques les plus mémorables de notre histoire. Le siege de cette ville courageuse abonde de traits héroïques plus étonnans les uns que les autres, & sans doute c'étoit beaucoup entreprendre, que d'essayer d'en tracer un tableau fidele & de le mettre en scene. Cependant, l'Auteur du siege de Lille, donné avec succès mérité, en a tiré un très-grand parti : son ouvrage ne peut être examiné sous un point de vue dramatique, mais comme une pantomime dialoguée, faite pour amener des évolutions militaires, du spectacle en un mot ; &, sous ce point de vue, il a réussi. Valentin, tenant l'auberge de la république à Lille, sur la place d'armes, a une fille très-aimable. Un M. de Verdun, homme lâche & sot, s'est sauvé de Verdun pour ne point se trouver au siege de cette ville : il s'est réfugié à Lille, pour y être tranquille ; mais il ne peut échapper au bruit des armes : il entre dans cette ville précisément au moment de l'attaque des Autrichiens. On juge de sa frayeur ! M. de Verdun veut épouser Marine, fille de Valentin ; mais ce dernier l'a promise à Sans-regret, brave canonier de la garnison. Cependant un feu continuel se fait entendre : les Lillois attendent du renfort ; il arrive & défile au milieu des acclamations du peuple, & des cris : vive nos freres ! vive la république ! Un trompette de Saxe-Teschen vient sommer la place de se rendre ; le commandant & tout le monde lui répondent par le serment de vivre libres ou de mourir. L'action s'engage : les petits enfans ramassent les boulets à mesure qu'ils tombent ; les femmes elles-mêmes, qui n'ont pas voulu sortir de la ville, malgré l'ordre du commandant, se chargent d'échelles & volent au secours des malheureux habitans dont les maisons sont incendiées. Un boulet rouge tombe alors sur l'auberge de Valentin, qui devient bientôt la proie des flammes ; le feu se communique à tous les planchers : on voit, dans l'intérieur, des gens au milieu du feu : toutes les femmes se portent de ce côté : les unes montent par les fenêtres ; d'autres sauvent deux petits enfans ; d'autres enfin forment une chaîne de seaux : un mur entier s'écroule : les planchers, chargés de monde, s'abyment, & l'on retire de dessous les décombres M. de Verdun, qui , pendant le siege, s'étoit caché dans cette maison. On apprend alors que le siege est levé; Sans-regret épouse Marine, dont le pere, quoique ruiné, est bientôt consolé par les offres généreuses de ses concitoyens, & la piece se termine par l'hymne à la liberté.
On a demandé à grands cris les auteurs de cet ouvrage, qui a produit le plus grand effet : l'un, pour le Poëme, est M. Dantilly, connu par la vieillesse d'Annette & Lubin, l'école de l'adolescence & la communauté de Copenhague ; il n'a point paru : le musicien est M. Kreutzer, qui s'est présenté. Nous pouvons dire, avec vérité, que cet ouvrage est peut-être le meilleur de ce jeune compositeur. L'ouverture est superbe, quoiqu'un peu longue ; il y a un serment qui est un véritable chef-d'œuvre, digne de nos plus grands maîtres, & qui est parfaitement exécuté par les acteurs & par les chœurs de ce spectacle. Le public a aussi singuliérement goûté une marche militaire en harmonie, qui est d'un effet piquant & original : en un mot, c'est une musique riche de style, & qui doit faire le plus grand honneur à M. Kreutzer. M. Valliere joue avec beaucoup de feu & de talent le rôle du canonier Sans-regret ; M. Lesage rend très-plaisant le petit rôle de M. de Verdun, & Mad. Verteuil met beaucoup de jeu & de comique dans celui de la femme de Valentin. Du reste, MM. Juillet, Châteaufort, Georget, Belmont, &c. ont chacun un petit rôle, qu'ils rendent très-bien, & en général cet ouvrage est exécuté avec un ensemble qu'il est rare de trouver à une premiere représentation. Nous regrettons que le public n'ait pas demandé M. Boulet, machiniste de ce théâtre : cet artiste distingué mérite les plus grands éloges : sa maison incendiée est d'un effet effrayant pour le public, quoique sûr pour les acteurs : en un mot, le spectacle de cette piece, qui est parfaitement servi aussi par les canoniers volontaires de la section, est curieux, & doit attirer la foule à ce théâtre.
D’après la base César, les paroles sont d'Auguste-Louis Bertin d'Antilly, la musique de Rodolphe Kreutzer. La première a eu lieu le 14 novembre 1792. Il y a eu 22 représentations en 1792 (en un mois et demi), 20 en 1793, 3 en 1794.
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