Les Sabotiers

Les Sabotiers, opéra-comique en un acte, de Pigault-Lebrun, musique de Bruni. 5 messidor an 4 [23 juin 1796].

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens françois

Almanach des Muses 1797.

De deux sabotiers voisins, l'un a un fils nommé Valentin, l'autre une fille nommée Faustine. Ils s'aiment : mais le père du jeune homme est veuf ; il veut épouser la jeune fille. On enferme les deux enfans en attendant le notaire. Leur garde est confiée à un niais qui les laisse évader, et se laisse prendre lui-même à un piège de loup. Les parens changent d'avis. Valentin se marie avec Faustine.

« Un piège de loup », c'est un piège tendu pour attraper un loup.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an 4. 1796 :

Les sabotiers, comédie en un acte et en prose, mêlée de chant. Par le C. Pigault Lebrun, musique du Citoyen Bruni. Représentée à Paris sur le Théâtre de la rue Feydeau, le 3 Messidor, l'an 4.

L'édition du Théâtre de Pigault Lebrun, tome V (Paris, 1806), p. 168, donne comme date de création le 5 Messidor an 4.

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 287 (17 Messidor an 4, mardi 5 juillet 1796, vieux style), p. 1146 :

[Le compte rendu insiste surtout sur le manque d'audace des auteurs, tant pour le livret que pour la musique. On peut y lire une définition de ce qu'est l'opéra comique de l'« ancienne manière » : il ne faut « que de la gaîté, de l'esprit, du naturel ; qu'une intrigue simple, ornée de quelques tableaux, un dialogue piquant et vrai, une musique originale et vive, mais facile et sans recherche ». Faut-il y voir le regret d'un manque de caractère révolutionnaire ? En même temps, le « naturel » est la grande qualité qu'on reconnaît à l’œuvre (le mot apparaît dans les trois paragraphes...).]

Théâtre de la rue Feydeau.

Le petit opéra des Sabotiers, qui se joue avec succès sur ce théâtre, est fait dans l'ancienne manière de l'opéra comique, du tems où les auteurs des paroles, et même les musiciens, croyaient bonnement que ce genre ne comportait que de la gaîté, de l'esprit, du naturel ; qu'une intrigue simple, ornée de quelques tableaux, un dialogue piquant et vrai, une musique originale et vive, mais facile et sans recherche, suffisaient pour obtenir du succès ; et long-temps, nous devons l'avouer, il n'en a pas fallu davantage.

L'intrigue des Sabotiers est donc très-peu de chose en elle-même. Deux jeunes gens qui s'aiment sans que leurs parens le sachent, qui se querellent, se boudent tant que la journée dure, pour se raccommoder vingt fois le jour ; le pere du jeune homme qui desire épouser lui-même la jeune fille ; le pere de celle-ci qui l'accepte par intérêt ; les deux jeunes gens enfermés dans leur cabane, dont ils s'échappent par les toits, à la vue d'un surveillant incommode qui s'est laissé prendre dans le piège tendu pour un loup ; beaucoup de gaîté ; un style vif et serré, rempli de traits d'esprit, sans s'écarter du naturel ; une musique très-chantante, très-assortie aux personnages, pleine de grâce et d'originalité, mais dans laquelle on ne trouve pas un seul emploi nouveau d'instrumens, pas une seule transition en harmonique, pas un accord neuf : voilà toute cette pièce dont les auteurs sont les citoyens Pigault, Lebrun et Bruni.

Les citoyens Lesage, Juliette, Valliere montrent dans cette piece les talens auxquels ils ont accoutumé le public. La citoyenne Lesage, qu'on ne croyait propre qu'aux rôles nobles et pathétiques, est charmante en petit garçon mutin. La citoyenne Rolando, qui, chantant toujours comme on chante en Italie, avait pris l'habitude de rechercher dans ses rôles de l'esprit, une finesse continuelle, même de la maniere, met dans celui-ci simplement du naturel et de la naïveté.

D'après la base César, la pièce a été jouée dans de nombreux théâtres. Créée le 6 janvier 1796 à la Maison Egalité, jouée le 7 aux Variétés Amusantes, comiques et Lyriques, elle est jouée ensuite, principalement au Théâtre Feydeau et au Théâtre d’Émulation à compter du 23 juin (au total, 19 fois en 1796) ; elle est jouée 37 fois en 1797 (principalement au Théâtre d’Émulation, aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques, au Palais des Variétés), 11 fois en 1798 (essentiellement au Théâtre Molière) et 8 fois en 1799 (Théâtre de Montansier, Gaîté, Ombres chinoises).

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