Créer un site internet

Les Salpétriers républicains

Les Salpétriers républicains, opéra-vaudeville, en un acte, de Tissot, 8 Messidor an 2 [26 juin 1794].

Théâtre de la Cité-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez la citoyenne Toubon, 1794 :

Les Salpêtriers républicains, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles et d'airs nouveaux. Par Charles-Louis Tissot, Citoyen de Dôle, Département du Jura. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de la Cité Variétés, le octodi 8 messidor, l'an 2 de la République Française.

Le texte de la pièce est précédé d'une dédicace :

AUX MEMBRES
Composant le Comité de Salut public.

CITOYENS REPRESENTANS,

Je ne vous fais point un hommage en vous dédiantce faible Ouvrage : c'est une dette que j'acquitte. Les Salpêtriers Républicains ne peuvent paraître sous de plus heureux auspices que sous ceux des Sauveurs de la Patrie qui ont indiqué au Peuple Français les moyens de fabriquer du salpêtre, ce foudre de guerre qui doit l'aider à exterminer tous les tyrans coalisés, et à assurer à jamais l'unité et l'indivisibilité de la République. Aussi, Citoyens Représentans, à la lecture de vos sages Instructions, tous les Français sont devenus Salpêtriers ; c'est alors que je me suis hasardé de faire paraître sur la scène un tableau touchant de la gaîté qui anime tous nos braves Concitoyens dans leurs travaux civiques, tableau où ils se sont reconnus, et croyoient voir l'attelier où les conduit tous les jours l'amour de la Patrie.

Salut et fraternité.

TISSOT fils, Chef du Bureau des envois au Comité de Salut public, Section des Armes Poudres et Salpêtre.

Liste des personnages :

PERSONNAGES,

ACTEURS.

THOMAS, Laboureur.

Le Citoyen DUFORÊT.

JUSTINE, Fille de Thomas.

La Citoyenne Cazal.

MATHURIN.

Le Citoyen LAMARCHE.

PAULIN, Fils de Mathurin.

Le Citoyen RAFILE.

CASCARET.

Le Citoyen FRÉDÉRICK.

JULIEN, Ouvrier.

Le Citoyen ROSEVILLE.

PLUSIEURS OUVRIERS.

 

FILLES et GARÇONS.

 

Le dispositif scénique est expliqué juste avant la scène première :

Le Théâtre représente une espèce de hangar ; plusieurs tonneaux sont disposés çà et là ; deux cuviers sont de chaque côté de la Scène ; plusieurs Ouvriers sont occupés à la fabrication du salpêtre ; les uns piochent la terre, les autres traînent la brouette, et d'autres mettent la terre dans les cuviers. Au lever du rideau, tout doit être en activité et faire tableau : au fond du Théâtre, il y aura un fourneau avec la chaudière, ainsi que la bassine où est l'eau de salpêtre pour se cristalliser, et qui se trouve former un pain à la fin de la pièce,

Almanach des Muses 1795.

Tableau de la gaîté des républicains, dans leurs travaux civiques.

Dans la France de 1793, en guerre contre une bonne partie de l'Europe, la collecte du salpêtre destiné à fabriquer de la poudre (avant la Révolution provenait en bonne part de pays étrangers) est une absolue nécessité, et les autorités prennent maintes mesures pour organiser la récolte des terres contenant du salpêtre au pied des murs humides. A la fin de l'année, ce travail de récolte devient une cause nationale, qui est aussi l'occasion de débordements provoqués par le zèle des chercheurs de salpêtre (plus d'une maison s'est écroulée à cause des fouilles à la recherche du salpêtre).

Henri Welschinger, le Théâtre de la Révolution, 1789-1799, Paris, 1881, p. 241-242 :

Dans les Salpétriers républicains du citoyen Louis Tissot, chef du bureau des Poudres, comédie représentée le 8 messidor an II (26 juin 1794), Justine, fille de Thomas, préfère au fainéant Cascaret le jeune Paulin, salpêtrier intrépide. Cascaret se dédommage de ce refus en choisissant une autre jolie villageoise. L'intrigue est nulle, mais il se trouve dans la pièce un ou deux couplets qu'il faut citer.

Pauline donne à sa façon la définition de la République :

Amis, c'est l'portrait véritable
De c'qu'on appell' le firmanent.
L'homme n'y voit que son semblable
Comme ça s'fait là-haut soi-disant.
Car dans c'te demeure angélique
Saint Crépin est autant q'saint Denis,
Or, je conclus q'la République
Est l'emblême d Paradis !...

Thomas et Mathurin (à leurs enfants) :

« Nous allons vous unir et ce pain de salpêtre servira d'autel.

(Ils chantent.)

Approchez-vous, mes chers enfants,
En vous j'allons nous voir renaître.
Jurez sur ce pain de salpêtre
D'être fidèl' à vos sermens.
Si par le nœud qui vous lie
Vous êt' pères à vot' tour,
A vos enfans chaque jour
Inspirez bien l'amour
      De la patrie ! »

D'après la base César, la pièce a été jouée 10 fois au Palais des Variétés, du 26 juin au 1er septembre 1794.

Ajouter un commentaire

Anti-spam