Les Solitaires anglais ou le Triomphe des femmes, drame en cinq actes et en prose de J.-F. Boursault-Malherbe, 4 octobre 1791.
Théâtre Molière.
Pièce écrite par le directeur du Théâtre Molière dont il est le fondateur. Elle a aussi parfois comme sous-titre les Quakers.
Dans la base César, la pièce est décrite simplement par le mot « historique », d'auteur inconnu. Elle a connu quatre représentations, du 4 au 29 octobre 1791, toutes au théâtre Molière.
Michèle Sajous D’oria, « Le répertoire du Théâtre Molière. 11 juin 1791-31 octobre 1791, in La Révolution sur scène, sous la direction de Pierre Frantz, Paola Perazzolo, Franco Piva (Studi Francesi, n° 169 ((LVII, 2013) attribue la pièce au directeur du théâtre Molière, J.-F. Boursault-Malherbe. Elle aurait connu 5 représentations en 1791. Elle ajoute qu'elle s'inscrit dans une « liste de pièces sans succès ».
Mercure universel, n° 223, du 9 octobre 1791, p. 128 :
[Le critique ne craint pas d'éreinter la pièce, dont il regrette d'avoir annoncé qu'il en donnerait l'analyse : le voilà condamner à parler d'une pièce qui n'en vaut pas la peine. Le résumé de l'intrigue souligne lourdement combien la pièce est riche en clichés et en lieux communs. Le bilan est vite dressé : une pièce mal écrite, montrant des horreurs ou des banalités. Les actes de barbarie qu'elle accumule ne sont pas supportables. Et le public n'a pas daigné venir voir une telle pièce, dont le seul mérite est d'être bien jouée.]
Théatre de Moliere.
Si nous eussions assisté à la première représentation des Solitaires Anglois, ou le Triomphe des femmes, drame en 3 actes, nous nous fussions bien gardés d'en promettre l’extrait ; mais puisqu’enfin nous avons eu le malheur de l’annoncer, il faut remplir tristement cette pénible tâche.
Nous serons très-concis sur ce triomphe, qui n’en est pas un pour le théâtre de Molière.
Des Anglois mécontens des femmes, se sont retirés dans un désert ; un serment terrible les unit, celui de faire périr la première qui aborderoit dans leur affreux séjour. L’on se doute bien que le cas ne manque pas d'arriver : une belle éplorée vient en ces lieux, hélas, que vient-elle faire en cette galère ! elle est prise, interrogée : cachée d'abord sous des habits d'hommes, elle cherche à déguiser son sexe ; on la découvre à son trouble : un souterrain devient sa prison, mais un solitaire est plus sensible que les autres : c’est l’amant de la belle éplorée : tous deux sont con damnés à mourir ; eh quoi mourir ! c’est par trop tragique ; il faut lui donner un père, justement, nous avons le chef des solitaires ; c’est son père , elle est sa fille ; Richard l’aime, ils sont unis, la toile baisse.
Des scènes plus horribles qu’intéressantes, des pensées belles, mais rebattues, un style commun et incorrect, le vice, la vertu, l'amour, la nature, le crime, le parjure, la mort, le poison ; on trouve de tout cela dans ce cadavre dramatique, qui seroit peut-être admissible parmi des hommes féroces ; heureusement nous ne sommes pas assez barbares pour y goûter des monstruosités ; du moins tel est notre jugement ; nous désirerions donner celui du public, mais nous l’avons cherché vainement dans la salle.
La pièce est bien jouée par M. et madame Boursaut ; mais sur-tout par M. Villeneuve.
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