Sans façon, ou le Vieux cousin

Sans façon, ou le Vieux cousin, comédie en 3 actes, en vers, de Léger. 22 Pluviôse an 6 [10 février 1798].

Théâtre de l’Odéon

Titre :

Sans façon, ou le Vieux cousin

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

22 pluviôse an 6 [10 février 1798]

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

Léger

Almanach des Muses 1799.

Deux époux sont séparés, et leur divorce va être prononcé. La femme s’est retirée dans sa terre ; un vieux cousin vient l’y trouver, s’y établit, agit, dispose, ordonne de tout comme s’il était chez lui. Cependant l’époux regrète sa femme, il vient la retrouver ; il est connu du vieux cousin, mais celui-ci n’a pas été instruit de son mariage. Hericé, c’est le nom de l’époux, est présenté à sa femme par le vieux cousin, qui prétend les unir, et qui se fâche un peu lorsqu’il apprend qu’ils sont déjà mariés. Mais cette entrevue amène des explications que suit un heureux rapprochement.

On a reproché à l’auteur quelques ressemblances avec des pièces connues. Son ouvrage n’en a pas moins réussi.

La pièce, intitulée Sans façon, ou le Vieux cousin dans plusieurs comptes rendus dans la presse, est aussi connue sous le titre de L'Homme sans façon, ou le Vieux cousin (c'est ainsi qu'elle est intitulée sur la page de la brochure publiée chez Barba, l'an VI, 1798).

Une autre brochure publiée la même année chez les Libraires, au Théâtre de l'Odéon et au Théâtre du Vaudeville, publiée la même année inverse titre et sous titre :

Le vieux Cousin, ou l'homme sans façon, comédie en trois actes et en vers, Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Odéon, par les Comédiens Français, le 22 Pluviôse, an 6, samedi 10 Février 1798 (v. st.) Par F. P. A. Léger.

Courrier des spectacles, n° 355 du 23 pluviôse an 6 [11 février 1798], p. 2-3 :

[La pièce a rencontré un grand succès, et l’auteur a été demandé et a paru. Elle raconte les démêlés d’un couple désireux de se séparer avec un vieux cousin de la jeune femme qui ignore qu’elle est mariée, et a fortiori qu’elle veut divorcer. Il s’est installé chez elle et est cause de multiples malentendus. Mais au théâtre tout s’arrange à la fin, et le vieux cousin, enfin informé, promet sa fortune au couple réconcilié, ce qui permettra sans doute au mari de dilapider cette nouvelle fortune après avoir dilapidé la sienne. La pièce a paru « infiniment agréable » au critique, qui y a reconnu « plusieurs situations comiques ». Elle a bien des qualités : style facile, vers heureux, « joli tableau du mariage ». Mais il trouve aussi qu’elle manque vraiment trop de vraisemblance. Et il dresse une liste d’éléments qu’il juge invraisemblables : pourquoi un mariage ignoré de tous ? Comment justifier une rupture fondée sur « la mauvaise conduite et la prodigalité [du] mari » ? Comment expliquer l’alternance de réconciliations et de ruptures « pour la plus légère cause »? Et pourquoi les valets divorcent-ils eux aussi ? L’article s’achève sur l’évaluation très positive de la qualité de l’interprétation : trois interprètes ont droit à un compliment, trois autres sont simplement nommés.]

Théâtre de l’Odéon.

Sans façon, ou le Vieux Cousin, comédie en trois actes et en vers, donnée hier pour la première fois à ce théâtre, y a eu un très-grand succès. L’auteur, a été demandé et a paru, c’est le cit. Léger, auteur et acteur du Vaudeville.

Héricé et Caroline, jeune veuve, se sont mariés à l’insçu de leurs parens, mais bientôt, d’une part, l’humeur jalouse du mari, sa prodigalité et sa mauvaise conduite, qui ont entraîné la perte de sa fortune, de l’autre le manque d’indulgence de la femme les ont amenés au point de divorcer ; le jour est pris pour consommer cette séparation, et Héricé, absent depuis quelque tems, est attendu à cet effet chez Caroline dans une de ses terres. Florval, vieux cousin de cette dernière, et qui, ainsi que le reste de la famille, ignore le nœud qui l’unit à Héricé, quoiqu’il connoisse bien ce dernier, Florval, dis-je, homme sans façon, est venu la veille s’installer chez sa cousine, et s’y met tellement à son aise, qu’en attendant sa malle, il a endossé la robe de chambre du maître de la maison. Caroline ne sachant comment éloigner cet importun à qui elle voudrait cacher et sou mariage, et la rupture qu’elle est sur le point d’en faire, prétexte un voyage à Paris ; mais Florval, aussi peu accoutumé à gêner les autres, qu’à se gêner lui-même, engage sa cousine à en user librement ; et les quinze jours qu’elle passera à Paris, il les emploiera à embellir le parc, pour le lui rendre plus agréable à son retour. Caroline est fort embarassée, lorsque l’on apprend l’arrivée d’Héricé et de Dumont, son valet, avec lequel Rosette, sa femme, et suivante de Caroline, a eu aussi quelques démêlés. Rosette se charge de les recevoir, et se propose de les engager à s’absenter encore une vingtaine de jours avant de rien résoudre. Héricé ne peut consentir à s’éloigner sans voir sa femme ; tandis qu’il délibère, il voit arriver à lui le vieux cousin vêtu de sa propre robe de chambre. Cet air de familiarité rallume sa jalousie, et le dispose mal à une entrevue que Florval lui fait avoir avec Caroline, et dans laquelle ce vieux cousin qui croit toujours que sa parente est veuve, se propose de l’unir avec son jeune ami, et de leur assurer toute sa fortune. Nos époux, après avoir eu une explication tête-à-tête, sont sur le point de se reconcilier, lorsqu’une cause assez légère les rebrouille plus que jamais. Héricé ordonne à son valet de préparer les chevaux pour son départ, mais celui-ci qui a eu le bon esprit de se raccommoder sincèrement avec sa femme, ne desire rien moins que de s’en aller. Florval toujours sans gêne, a emmené les chevaux pour se promener. Il a fait la rencontre d’un certain Armand qu’il amène au château de sa cousine, et qui se trouve être un créancier d’Héricé. Armand explique le sujet de sa visite en présence de .Florval et de Caroline qui, apprenant que les créanciers de son mari le poursuivent, offre de payer ses dettes , et ne veut plus séparer son sort du sien. Dorval [sic pour Florval] est on ne peut plus étonné de ce qu’il apprend, et après avoir fait quelques reproches à sa cousine et à son ami de lui avoir laissé ignorer leur union, il leur assure sa fortune.

Cette pièce est infiniment agréable, et offre plusieurs situations comiques. Son style est facile. On y rencontre grand nombre de vers heureux. On y trouve un joli tableau du mariage ; mais on ne peut dissimuler que le fonds n’est pas très-vraisemblable. Quel motif a pu engager Caroline, riche veuve, et par conséquent indépendante, à cacher son mariage avec Héricé ? Comment a-t-elle pu le cacher assez long-tems à toute sa famille, pour se voir décidée à le rompre par la mauvaise conduite et la prodiga1ité de son mari ? Ils désirent se reconci1ier, ils se reconcilient en effet, et se brouillent de nouveau pour la plus légère cause. Le divorce des valets ne paraît pas mieux fondé.

Le cit. St-Fal a parfaitement rendu le rôle de Sans-façon, et la cit. Simon celui de Caroline. Le cit. Dupont a mis de la chaleur et de la sensibilité dans celui d’Héricé. Les autres sont remplis par les cit. Ducroissy, Devigny, et la cit. Molière.

Le Pan.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, troisième année (an VI, 1798), tome sixième, p. 120-121 :

[La pièce a eu beaucoup de succès, mais cela n’empêche pas le critique de faire des reproches : le sous-titre est trompeur (le vieux cousin n’est pas un personnage essentiel), la vraisemblance est malmenée (un mariage secret depuis si longtemps !), mais la pièce est gaie, pleine d’esprit (même un peu trop chez un valet, la versification est bonne, et la peinture « des mœurs actuelles » a été applaudie. Bons interprètes, dont un acteur dont on a vu qu’il pouvait jouer la comédie. L’auteur a été nommé (gage de succès).

Cet article a été repris dans le numéro d’avril 1798 de l’Esprit des journaux français et étrangers, p. 193-194.]

Sans Façon ou le vieux Cousin, comédie en trois actes et en vers, jouée sur le théâtre de l'Odéon, a eu beaucoup de succès ; cependant l'intrigue ne répond pas parfaitement au titre, le vieux cousin qui devroit faire naître les incidens, et y influer toujours d'une manière très-directe, n'est dans la pièce qu'un rôle accessoire, que les circonstances font valoir ; malgré ce défaut, et même malgré celui de peu de vraisemblance d'un mariage qui reste toujours secret, quoiqu'il ait assez duré pour donner au mari le temps d'excéder sa femme par les effets de sa jalousie, et de la ruiner par ses dépenses excessive ; cette pièce n'en est pas moins très-agréable sur la scène, elle est pleine de sel et de gaîté, l'esprit y brille même peut-être un peu trop dans le rôle du valet ; les vers y sont faciles et bien tournés, et différentes peintures de mœurs actuels ont été fort applaudies.

La pièce a été fort bien jouée, et le cit. St.-Fal, dans le rôle du vieux cousin, a prouvé qu'il pouvoit réussir dans la comédie, aussi bien qu'il l'avoit fait jusqu'à présent dans la tragédie.

L'auteur a été demandé, c'est le citoyen Leger, l'un des auteurs du Vaudeville, et acteur du même théâtre.

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