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Scène jouée à la Comédie Française à l’occasion du mariage de Napoléon Ier avec Marie-Louise d’Autriche

Scène jouée à la Comédie Française à l’occasion du mariage de Napoléon Ier avec Marie-Louise d’Autriche, de Bouilly et Pain, 3 avril 1810.

Théâtre Français.

Mercure de France, 7 avril 1810, pp. 375-376 (cité par Thibaut Julian, « Les “gratis” de Napoléon: gloire et spectacles à Paris en temps de fête », Studi Francesi, 191 (LXIV II), 2020, p. 278-293 :

[Il s’agit de la représentation du 1er avril 1810, la veille du mariage.]

Les grands théâtres et le Vaudeville s’étaient réservés pour la représentation gratuite qui a eu lieu le dimanche 1er avril. Aux Français, une scène nouvelle ajoutée à une pièce connue, par MM. Bouilly et Jos. Pain [sic], leur a fourni l’occasion de faire entendre en vers très agréables l’expression des sentiments de la nation. […] Pendant que ces couplets étaient applaudis au Théâtre-Français, par un peuple transporté de joie, on en chantait à l’Opéra-Comique qui n’étaient pas moins bien accueillis. L’auteur, M. Desaugiers, les avait insérés dans le Déserteur, pièce d’autant mieux choisie pour la circonstance que l’amnistie accordée aux déserteurs et aux conscrits réfractaires est un des bienfaits par lesquels S. M. I. et R. a daigné signaler les fêtes de son auguste hymen.

La pièce connue, c’est la Fausse Agnès ou le Poète campagnard de Destouches (1753). Eugène Laugier, Documents historiques sur la Comédie Française pendant le règne de S. M. L’Empereur Napoléon Ier (Paris, 1853), p. 134-135, ne parle pas de la scène de Bouilly et Pain pour la soirée du 1er avril, et il ne parle que de « couplets relatifs au mariage de l’Empereur, composés par Bouilly » pour la soirée du 3 avril..

Napoléon et Louise, ou: Le mariage du héros: lettres sur l'union de S. M. Napoléon-le-Grand, Empereur des Français, Roi d’Italie, et de S. A. I. et R. Marie-Louise, Archiduchesse d’Autriche, tome 2 (Paris chez Chaumerot, 1810), p. 77-80 :

[Le soir du 3 avril, les théâtres parisiens se sont associés à la grande fête en offrant des représentations gratuites. Celle de la Comédie Française comportait, avec le Cid et Monsieur de Crac une scène inédite de Bouilly et Pain.

Seule question, de quel Monsieur de Crac il s’agit : plutôt de Monsieur de Crac en son petit castel, ou les Gascons de Collin d’Harleville (1791) que de Monsieur de Crac à Paris de Charlemagne (1792 : la première est au répertoire de la Comédie Française, quand la première a été jouée au Théâtre des Variétés du palais.]

Le soir, tous, les théâtres ont donné des représentations gratuites. La Comédie Française a joué le Cid et M. de Crac. Une scène très-agréable, composée par MM. Bouilly et Joseph Pain, où l'expression du cœur s'allie à celle de l'esprit, avait été ajoutée à la seconde pièce. Le Bailli vient au château présenter les deux jeunes filles dotées qui épousent des militaires, et annoncer au Baron qu'on a choisi son château pour la cérémonie. Le Baron enchanté ordonne que l'on prépare un grand repas ; il veut que l'on boive, s'il le faut, sa dernière bouteille. Les deux filles dotées sont Marie et Louise ; Marie épouse un dragon, et Louise un hussard.

Ces deux noms, dit Saint-Fal :

                             A notre âme ravie
Offrent l'emblême heureux de toutes les vertus ;
Nous compterons en France une grâce de plus ;
De l'amour filial c'est le parfait modèle.
Le malheur consolé souffre moins auprès d'elle.

Marie et Louise sont filles d'un Allemand  ; ce brave homme s'écrie :

Tarteff ! je crains beaucoup d'être mort de plaisir,
C'est mes filles, mingott ! que l'on vient de choisir.
Je n'étais qu’Allemand, et par cette alliance,
Je me trouve à la fois et d'Autriche et de France.

On répète ensuite les couplets qui doivent être chantés après le repas. Parmi ces couplets, on distingue surtout ceux-ci:

      Air : J'ai vu partout dans mes voyages.

Mars dépose un moment ses armes,
Et le vainqueur du Niemen,
Aux cris de guerre, à nos alarmes,
Fait succéder des chants d'hymen.
L'amour sourit à l'alliance,
De fleurs couronne le guerrier,
Et maintenant le myrte en France
Va croître à l'ombre du laurier.

Quelquefois un hasard contraire
Trahit l'audace et la valeur :
Dans Vienne, prisonniers de guerre,
Du sort nous blâmions la rigueur....
Une déité protectrice,
LOUISE, prit soin des Français ;
C'était déjà l'Impératrice
Qui s'occupait de ses sujets.

Auprès d'une mère souffrante,
Louise oubliait le sommeil ;
Pour la servir, sa main tremblante
Attendait l'instant du réveil.
Soins touchants, bonté tutélaire,
Que vous présagez de bienfaits !
Qui sauva les jours d'une mère
Doit être celle des Français.

Paris, pressé de voir sa reine,
Accusait le moindre retard ;
Et Vienne voyait avec peine
S'avancer l'heure du départ.
Paris disait : ah ! qu'elle vienne !
Vienne l'arrêtait par ses cris.
Tout Paris voulait être à Vienne,
Vienne voudrait être à Paris.

Et la scène, et les couplets, tout a été applaudi avec un enthousiasme bien naturel et bien facile à expliquer.

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