Scène première, ou la Pièce interrompue, vaudeville, d’Armand Gouffé, Chazet et Dossion, 5 brumaire an 9 [27 octobre 1800].
Théâtre du Vaudeville
Almanach des Muses 1802
Courrier des spectacles, n° 1333 du 6 brumaire an 9 [28 octobre 1800], p. 3 :
[La salle du Vaudeville ayant besoin de travaux va faire relâche le temps de sa rénovation. La pièce a pour objet d’annoncer ces travaux et la fermeture du théâtre, et elle le fait avec humour, en exploitant une « idée originale » : au cours d’une arlequinade où Arlequin se voit proposer de rejoindre un théâtre (mais lequel ? c’est l’occasion de régler quelques comptes avec les confrères), un spectateur intervient et fait naître un débat faussement houleux sur la salle, et sur la pièce. Comme dans toutes les arlequinades, Arlequin épouse évidemment Colombine (parce qu'il y a bien une intrigue d'arlequinade). Les auteurs ont été nommés. Parmi eux, le souffleur du théâtre, qui en a profité pour se mettre en avant.]
Théâtre du Vaudeville.
Annoncer au public que l’on va le quitter pour quelques jours, afin de réparer la salle, c’étoit assurément un sujet ingrat. Avec des couplets piquans et spirituels, avec des détails amusans, avec des scènes qui quoique peu neuves, ont excité les éclats de rire universels, trois auteurs ont annoncé cette séparation, qui se fera dans quelques jours, et avant qu’elle ne s’effectue, on ira encore applaudir en riant à leur idée ingénieuse.
Arlequin, rebuté par Cassandre, qui lui reproche de n’avoir pas d’état, se décide à le faire recevoir dans une troupe de Comédiens. Cassandre lui demande dans quel théâtre. (Ici revue de nos différens spectacles. Eloge des uns, épigrammes sanglantes contre les autres.) Arlequin nomme le Vaudeville. A ce moment, une voix part des loges ; on se plaint du mauvais état de la salle. Une voix du parterre s’écrie qu’on ne doit pas interrompre la pièce. La voix des loges demande le régisseur. Un Gascon propose un plan pour restaurer la salle et la placer sur la rivière. Dans le tumulte, l’auteur vient se plaindre de ce que l’on mutile sa pièce. C'est, lui dit-on, comme si elle étoit jouée. Et Arlequin finit par épouser Colombine.
Tel est le cadre de Scène première, ou la Pièce interrompue. Les auteurs vivement demandés ont été nommés : ce sont les cit. Armand-Gouffé, Chazet et Dossion. Ce dernier est souffleur du théâtre ; mettant la êète hors de son trou, il chanta au public ces quatre vers :
Lorsque je ne le souffle pas
Un acteur m’appelle marouffle :
Messieurs, ne me maltraitez pas,
Songez que je n'ai que le souffle,
F. J. B. P. G ***.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VI. année (an VIII.-1800), tome quatrième, p. 125-126 :
[C’est le 11 brumaire que le compliment de clôture a été récité, avant la fermeture de la salle pour travaux.]
La Scène première, ou la Pièce interrompue, et le Compliment de clôture.
Cette petite pièce, jouée le 5 brumaire, avoit pour but d'annoncer la clôture de la salle, et les réparations qu'on devoit y faire. Le sujet étoit ingrat ; de jolis couplets l'ont embelli, et la pièce a réussi.
Arlequin ne peut pas épouser Colombine ; Cassandre lui reproche qu'il n'a pas d'état. Arlequin lui dit qu'il va se faire comédien ; de là, on tire occasion de passer en revue tous nos théâtres. Cette scène est interrompue par des voix qui, de plusieurs parties de la salle, se plaignent de son mauvais état, d'autres crient contre l'importun qui interrompt le spectacle.
Un gascon propose un plan. L'auteur, qui entend du bruit, et qui croit qu'on le demande, vient se présenter au public. Des promesses de zèle et de desir de plaire terminent cette folie.
Les trois auteurs sont les CC. Chazet, Armand Gouffé et Dossion.
L'idée de faire parler diverses personnes dans la salle n'étoit pas neuve, et avoit déja été employée dans la Cacophonie. La scène du gascon étoit entièrement imitée de celle de Bizarini, homme à projets, dans l'Arbitre, pièce jouée à ce théâtre ; mais cet ouvrage étant celui du moment, ne doit pas être jugé avec trop de sévérité.
La cacophonie est une pièce de Beaunoir (Alexandre Robineau), créée sur le Théâtre des Grand Danseurs du roi le 31 juillet 1779, et qui a fait une belle carrière tout au long des années 1790.
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