Se fâchera-t-il ?

Se fâchera-t-il ? comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, de Barré, Radet, Desfontaines et Bourgueil, 15 nivose an 10 (5 janvier 1802).

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Se fâchera-t-il ?

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 nivôse an 10 (5 janvier 1802)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet, Desfontaines et Bourgueil

Almanach des Muses 1803

A ne pas confondre avec la pièce publiée à Paris, chez Hugelet, an XIV-1806, Se fâchera-t-il ? ou le Pari imprudent, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles ; par M. Louis Ponet, représentée, pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Jeunes Artistes, le 6 août 1806.

Courrier des spectacles, n° 1772 du 16 nivôse an 10 [6 janvier 1802], p. 2 :

[L’intrigue de la pièce nouvelle repose sur une mystification : on veut tester si un jeune homme est capable de maîtriser sa colère, condition pour qu’il épouse Alexandrine. Le dénouement est prévisible : une fois convaincus de la capacité de maîtrise de soi du jeune homme, les deux pères s’accordent : il épouse. Le critique a trouvé une scène amusante, celle de la négociation d’un valet avec son maître, pour savoir combien il recevra pour les coups qu’il redoute de recevoir. Mais c’est apparemment la seule : ouvrage froid. Une fois de plus le critique constate que «  les mistifications ne réussissoient pas sur la scène ». « Quelques couplets agréables » au début, mais la suite a semé l’ennui, et la pièce a eu bien du mal à finir, au point qu'on n'a pas demandé les auteurs.]

Théâtre du Vaudeville.

Se fâchera-t-il ? Tel est le titre d’un vaudeville représenté hier pour la première fois sur ce théâtre et dont voici un extrait :

Monsieur Mondoucet, homme très-doux, ne veut marier sa fille Alexandrine avec Eugène, fils de M. Dorville, que lorsqu’il se sera convaincu que ce jeune homme naturellement colère et emporté a changé de caractère. Dorvjlle pour y parvenir a depuis quelque tems emmené son fils, et feignant souvent de s’emporter, il le corrige peu à peu et le ramène dans la maison de M. Mondoucet.

Cependant celui-ci veut le mettre à une autre épreuve ; il fait déguiser un valet qui reçoit de lui les instructions nécessaires. Eugène à qui Alexandrine a refusé son portrait par ordre de son père, en voit un dans la main du valet déguisé qu’il prend pour un riva1, et sans se mettre en colère, il l’appelle en duel. Le valet n’ose risquer l'aventure, et c’est alors que Mondoucet et Dorville, témoins cachés de cette scène, surviennent et découvrent tout à Eugène qui épouse Alexandrine.

Il y a une idée assez plaisante, celle du valet stipulant avec son maître le- prix des soufflets ou coups de canne qu’il s’attend à recevoir d’Eugène, Mais en général cet ouvrage est froid ; d’ailleurs, l’expérience a presque toujours prouvé que les mistifications ne réussissoient pas sur la scène, et c’en est une d’un bout de la pièce à l’autre. Le commencement offroit quelques couplets agréables, cela ne s'est pas soutenu , l’ennui a gagné ; en voyant son voisin mécontent on se demandoit : Se fâchera-t-il ? le voisin s’est fâché, le mal a gagné et.... la pièce est arrivée avec peine jusqu’à la fin.

L'Esprit des journaux français et étrangers, trente-unième année, Germinal, an 10 (avril 1802), p. 210-211 :

[Après une première houleuse, « mais à tort », la pièce a rencontré le succès. Le public a « rendu justice aux détails plaisans semés dans un cadre moral ». L’intrigue consiste en une leçon donnée à un jeune homme irritable : c’est la « leçon de morale » de la pièce. Sinon, on peut reprocher à l’intrigue de reléguer à l’avant-scène un élément franchement comique, de soumettre le jeune homme à une épreuve que le critique ne trouve pas probante (il avait bien le droit de se fâcher puisqu’on s’en prenait à sa maîtresse !). On a bien ri de la déception du valet qui tente désespérément d’obtenir les soufflets qui le rémunéreraient... La pièce est des habitués du Théâtre du Vaudeville, Barré, Radet, Desfontaines et Bourgueil. Leur pièce est un peu décevante, mais ils ont déjà eu tant de succès !]

Se fâchera t il ? comédie.

Le public s'est fâché, mais à tort, le premier jour qu'on lui a soumis cet ouvrage ; il a depuis infirmé la sentence & rendu justice aux détails plaisans semés dans un cadre moral.

Un jeune homme naturellement emporté, pour prouver à sa prétendue & à son beau-père qu'il est corrigé, se laisse mettre à l'épreuve. On lui oppose un valet déguisé qui feint d'être son rival ; devenu maître de son sang-froid, il ne s'emporte point, propose froidement un cartel à ce rival qui fait tout ce qu'il peut pour le mettre en colère, attendu qu'il a fait marché pour chaque soufflet ou coup de bâton que lui donnerait le jeune homme.

Cette épreuve, dont celui-ci sort victorieux, suffit pour guérir les préventions qu'on a contre lui,.& il reçoit pour récompense la main de sa maîtresse.

Le cadre étoit heureux en ce qu'il offroit une leçon morale. Les auteurs ont relégué, je ne sais pourquoi, dans l'avant-scène, un ressort très comique ; c'est le caractère d'un père qui, pour corriger son fils d'être colère & emporté, fait lui-même semblant de l'être encore davantage & l'effraie ainsi sur son propre défaut.

L'épreuve à laquelle on le soumet n'est pas heureusement choisie ; on pourroit très-bien, sans mériter sa disgrace, s'emporter contre un rival qui se vante d'avoir enlevé votre maîtresse, & la jalousie, en pareil cas, excuseroit un peu d'emportement. Mais la scène où le valet qui compte recevoir quelques soufflets bien payés & qui n'obtient que de froides injures pour lesquelles il n'a pas songé à faire son marché, est d'un bon & franc comique.

La pièce est des auteurs de M. Guillaume. On peut leur pardonner des inégalités après tant de jolies productions.

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