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Séraphine et Mendoce

Séraphine et Mendoce, comédie en trois actes et en prose, de Pigault-Lebrun, 3e jour complémentaire an 7 [19 septembre 1799].

Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, réunis à la Cité.

Les Comédiens-Sociétaires de l'Odéon ont trouvé refuge au Théâtre de la Cité après l'incendie de leur propre théâtre.

Titre :

Séraphine et Mendoce

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

3e jour complémentaire an 7 [19 septembre 1799]

Théâtre :

Théâtre de la Cité (Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, réunis à la Cité)

Auteur(s) des paroles :

M. Pigault-Lebrun

Courrier des spectacles, n° 941 du 4e jour complémentaire an 7 [20 septembre 1799], p. 3 :

[Le critique est arrivé trop tard au théâtre, et il ne peut rendre compte de la pièce : il y reviendra après la deuxième représentation (qui a eu lieu le 5e jour complémentaire, 21 septembre). Il signale simplement le succès, donne le nom de l’auteur et vante le troisième acte, le seul qu’il a vu en entier, et les interprètes, dont Picard, à qui le public a appliqué un mot flatteur dans la pièce.]

Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, réunis à la Cité.

Nous ne donnerons qu’après la deuxième représentation l’analyse de Séraphine et Mendoce, jouée hier pour la première fois ; un mal-entendu nous ayant empêché de voir le premier acte. Nous nous bornerons aujourd’hui à dire que cette pièce est du citoyen Pigault-Lebrun, à qui elle a valu un nouveau succès. Le troisième acte, le seul que nous ayons vu entier, offre une pompe agréable : il représente la cour d’Amour. La jeune et jolie Beffroy en est la présidente. On conviendra qu’il étoit difficile de mieux choisir. Le citoyen Picard joue un rôle de valet dans cet ouvrage. « Tu n’es pas un sot », lui dit-on, dans un endroit assez intéressant : le public, oubliant le personnage et ne voyant plus que l’auteur de Médiocre et Rampant, de l’Entrée dans le Monde, et de tant d’autres jolis ouvrages, a applaudi à plusieurs reprises.

Le Pan.          

Courrier des spectacles, n° 949 du 6 vendémiaire an 8 [28 septembre 1799], p. 2-3 :

[Il a fallu attendre un peu, mais l’article attendu arrive enfin. Pour l’essentiel, il résume une intrigue plutôt compliquée, aux multiples rebondissements, avec souterrain et trahisons. Il s’agit d’une histoire de fille enfermée dans le château de son père, et qu’un beau jeune homme souhaite épouser après l’avoir aperçue au loin,dans son donjon. Après bien des aléas, c’est un tribunal de dames qui devrait décider du sort de l’époux potentiel, mais c’est finalement le père qui, assez arbitrairement décide de tout : il donne sa fille à celui qui tentait avec obstination de la conquérir. Si la pièce « se voit avec plaisir », son dénouement n’est pas jugé positivement. Après une phrase de jugement, quelques lignes suffisent pour évoquer la distribution, dont le critique fait ressortir deux acteurs. Notons que le mot « comique » n’apparaît qu’à la toute fin de l’article, bien qu’il s’agisse d’une comédie.]

Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, réunis à la Cité.

Voici l’analyse de la comédie intitulée : Séraphine et Mendoce, donnée pour la première fois au théâtre de la Cité le troisième jour complémentaire. Une indisposition a été cause du retard de cette analyse.

Mendoce, fils du seigneur Alvaro, s’est enfui de la maison paternelle, emportant une somme d’argent assez considérable, suivi d’un seul valet, nommé Trufaldin. Après maintes aventures, il s’arrête près d’un antique château, où la jeune Séraphine demeure avec son père, le seigneur Gonzalve. Mendoce, épris des charmes de Séraphine, qu’il n’a fait qu’entrevoir de loin dans un donjon, s’est fixé chez un bûcheron, dans la forêt voisine, en attendant l’occasion de déclarer son amour. Mais celle qui en est l’objet est surveillée par Théodora, femme dont le caractère brusque et acariâtre, contraste entièrement avec la douceur et la bonté de Gonzalve. Envain Trufaldin cherche-t-il à sonder le terrein, et à lui bâtir un roman. Mendoce, qui pendant ce tems pénètre dans l’intérieur du château, et qui en est éconduit par le père de Séraphine, a fait à Gonzalve un autre roman qui détruit le premier. Gonzalve est irrité des tentatives que fait ainsi un homme qui se dit chevalier, pour enlever sa fille, qu’il a promise en mariage au fils d’un de ses amis, qu’il attend de jour en jour.

Mendoce se retire en menaçant d’employer tout pour obtenir Séraphine. A l’entrée de la nuit, muni d’une pince et éclairé par une lanterne sourde, il pénètre dans les fossés du château, arrive à un soupirail, et à l’aide d’une corde, il descend avec son valet dans un vaste souterrain, où sont plusieurs issues fermées de grilles. La corde s’est cassée, grand embarras : comment sortir ? Théodora descend à la cave et ouvre une grille derrière laquelle sont des vins délicats. A peine y est-elle entrée, que Mendoce court à la grille, la referme; et voilà Théodora prisonnière. Un valet qui vient ensuite éprouve le même sort ; mais Mendoce lui ayant demandé l'escalier qui conduit à l’appartement de Séraphine, le valet lui indique d’ouvrir une grille qui se referme sur le maître et le valet. Mendoce et Trufaldin tremblent qu’on ne les découvre, lorsque Séraphine et une suivante descendent au caveau et sont toutes étonnées de voir Mendoce et son valet prisonniers. On les délivre ; mais elle exige d’eux qu’ils s’éloignent pour toujours.

Mendoce obéit et va sortir, lorsque Gonzalve le surprend dans le même lieu que sa fille. Le chevalier est arrêté avec Trufaldin, et Séraphine a beaucoup de peine à justifier sa dé marche aux yeux de sou père, qui lui pardonne cette imprudence ; mais il faut empêcher la calomnie ; il faut que le chevalier se défende, et Gonzalve va faire revivre une noble et ancienne coutume.

Un chevalier accusé paroissoit devant un tribunal de dames. On lui faisoit des questions, il devoit y répondre, ou encouroit la dégradation.

Mendoce paroît donc devant le tribunal présidé par la jeune Séraphine. Celle-ci vient d’apprendre que le chevalier est le même que Gonzalve attend de Tolède, et Gonzalve, qui croit être le seul instruit du nom de Mendoce, le cache à sa fille ; mais Séraphine, pour punir son père de sa discrétion, combat les réponses que Mendoce fait aux questions proposées, et le tribunal va prononcer la dégradation, lorsque Gonzalve, qui ne sait à quoi attribuer cette sévérité de sa fille, puisqu’elle aime le chevalier, se lève, empêche de prononcer, et unit Séraphine à Mendoce, qu’il reconnoît pour le fils d’Alvaro, son ancien ami.

Cette pièce se voit avec plaisir, mais le dénouement ne satisfait pas généralement. Les principaux rôles sont remplis par les citoyens Devigny, Picard et Degligny, et par la citoyenne Beffroy. Le cit. Devigny représente bien Mendoce, jeune fier étourdi, et le citoyen Picard joue avec beaucoup de comique le rôle du timide Trufaldin.

G.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome III, p. 539-541 :

Théâtre du Marais.

Séraphine et Mendoce.

Mendoce a fui la maison de son père, le seigneur Alvaro, suivi seulement de Trufaldin, son valet. Après avoir essuyé beaucoup d'aventures, il se fixe chez un bucheron qui demeure près d'un antique château , habité par le seigneur Gonzalve, et sa jeune fille, Séraphine, que Mendoce a vu de loin dans une tour, et dont il est devenu amoureux. Théodora, femme brusque et acariâtre, qui surveille Séraphine, l'empêche continuellement de déclarer son amour à cette dernière. Il trouve, enfin, moyen de se glisser dans le château; mais il est éconduit par Gonzalve, qui s'irrite des tentatives d'un prétendu chevalier, pour enlever Séraphine qu'il a promise en mariage au fils d'un de ses amis, qui doit arriver incessament chez lui.

Mendoce, en se retirant, ne songe qu'aux moyens d'obtenir Séraphine. A la nuit tombante, il se glisse dans les fossés dont le château est entouré, et, au moyen d'une corde, il descend avec Trufaldin dans un souterrain qui a une ouverture du côté du fossé. Malheureusement la corde s'est cassée, et toutes les issues sont fermées par des grilles. Pendant qu'ils se trouvent dans cet embarras, Théodora descend à la cave, elle ouvre une des grilles qui conduit à-l'endroit où sont déposés les vins ; à peine y est-elle, que Mendoce ferme la grille derrière elle ; un valet qui paroît ensuite, éprouve le même sort : mais Mendoce et Trufaldin ne sont pas plus heureux, car ayant demandé au valet qu'il vient d'enfermer, le chemin de l'appartement de Séraphine, celui-ci lui avoit désigné une des grilles qui s'est refermée sur lui dès qu'il y a eu passé avec son domestique. Nos deux prisonniers craignent qu'on ne les découvre ; et, dans le même moment, Séraphine et une de ses suivantes descendent dans ce souterrain, et sont bien étonnées de trouver Mendoce à pareille heure dans cet endroit. Elle le délivre, ainsi que Trufaldin, en exigeant d'eux la promesse de s'éloigner pour toujours.

Malheureusement Gonzalve survient au moment que Mendoce veut sortir. Irrité de le trouver dans le même endroit avec sa fille, il le fait arrêter avec Trufaldin. Séraphine a beaucoup de peine à se disculper aux yeux de son père, qui lui pardonne enfin cette imprudence ; mais, pour empêcher la calomnie, Mendoce est cité devant une cour d'amour, qui est présidée par la fille de Gonzalve. Celle-ci a, pendant cet intervalle, appris que le chevalier cité devant son tribunal, est précisément celui que son père attend de Tolède, et auquelle [sic] sa main est destinée ; et Gonzalve, qui croit savoir seul le nom de Mendoce, le cache à sa fille. Séraphine se propose de punir un peu son père de cette trop grande discrétion, et combat les réponses que Mendoce fait aux questions que le tribunal lui a proposé. La cour d'amour est déja sur le point de condamner Mendoce à la dégradation, lorsque Gonzalve, qui ne peut pas concevoir la sévérité de sa fille à l'égard d'un chevalier qu'elle aime, se lève, empêche de prononcer le jugement, et donne la main de Séraphine à Mendoce qu'il reconnoît pour le fils d'Alvaro, son ancien ami.

Cette pièce a été assez favorablement accueillie par le public ; le dénouemept, seul, n'a point paru satisfaire généralement. Les principaux rôles sont remplis par les CC. Detigny, Picard et Degligny, et par la Ce Beffroy. L'auteur a été demandé ; c'est le C. Lebrun, connu par les Barons de Felsheim.

Les Barons de Felsheim, Histoire allemande qui n'est pas tirée de l'allemand est un roman de Pigault-Lebrun, paru en 1798.

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