Séthos à Memphis, ou l'Initiation Egyptienne dans les Pyramides

Séthos à Memphis, ou l'Initiation Egyptienne dans les Pyramides, drame muet en trois actes, avec apparitions, évocations et prestiges (pantomime), 3 prairial an 8 [23 mai 1800].

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale.

Pièce attribuée à Cammaille Saint-Aubin par Louis-Henry Lecomte.

Titre :

Séthos à Memphis, ou l'Initiation Égyptienne dans les Pyramides

Genre

pantomime (drame muet)

Nombre d'actes :

3

Musique :

oui ?

Date de création :

3 prairial an VIII (23 mai 1800)

Théâtre :

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale

Auteur(s) de la pantomime :

inconnu (Cammaille Saint-Aubin, d'après L.-H. Lecomte)

Compositeur(s) :

inconnu (à moins qu’il n’y ait pas eu de musique)

Almanach des Muses 1801

La Gazette nationale, ou Moniteur universel du 28 floréal an VIII annonce la première de Séthos à Memphis pour le lendemain 29 floréal. Mais le 29 floréal, la première est à nouveau annoncée pour le lendemain. Même annonce le 30 floréal, puis le 1er prairial. Le 3, elle est enfin annoncée pour le jour même. Et la deuxième représentation est annoncée pour le 4.

Courrier des spectacles, an viii de la République, n° 1174, 2 Prairial, p. 2.

Théâtre de la Cité-Variétés.

La plus grande activité apportée dans les travaux extraordinaires et aux réparations d'une machine qu'un accident a détruite, ne permet de donner définitivement Séthos à Memphis que demain, sans aucune remise.

La salle, nouvellement décorée dans le genre oriental, réunira l'élégance à l'éclat, et dédommagera les dames de quelques momens d'obscurité nécessaire aux apparitions et épreuves fantomatiques.

Courrier des spectacles, n° 1176, du 4 Prairial an 8 [24 mai 1800], p. 2.

[Encore une soirée agitée ! La pièce, qui a les couleurs de l'Égypte à la mode, ne plaît guère au critique, manifestement pas friand de pantomimes. Son article se réduit à raconter une intrigue muette de manière faussement neutre, avant de décrire l’émeute qui éclate à la fin de la pièce, que le public n’a vraiment pas aimée. Voilà qui éclaire sur les mœurs du public, en particulier du parterre. L’intervention des forces de l'ordre rétablit le calme, et la recette est affectée à la caisse de bienfaisance de la section.]

Théâtre de la Cité-Variétés.

Un drame muet, sombre, horrible, diabolique, fantomagique, en un mot l’encyclopédie de tous nos drames muets, autrement dits pantomimes, se présente aux spectateurs. D’abord une obscurité profonde, des prêtres et prêtresses qui paraissent et disparaissent. Séthos s’avance amoureux, puis furieux, tendre et passionné, puis repoussant sa maîtresse ; ensuite une belle procession de tous les prêtres, puis un serment que prête Séthos, on ne sait trop pourquoi, et qu’il viole en refusant d’immoler son amante ; enfin la fureur des prêtres contre ce prince, que l’on entraîne... vous allez voir où. Voilà pour le premier acte.

Au second vous appercevez le lieu des souffrances ; la couleur du feu vous dit assez que c’est l’Enfer. Mille Diables tous plus lutins les uns que les autres y entraînent notre héros. Celui-ci secoue une torche dont la lumière éblouissante le force de détourner les yeux, celui-là agite en vain la sienne, la mèche en est éteinte ; un autre se présente encore plus hideux sous un masque qui de la rue St-Honoré a passé à Memphis. Voilà pour le second acte.

Après les tourmens de l’Enfer, ou plutôt du Purgatoire, viennent les joies du Paradis. Notre héros est devant un beau palais, sur un banc de verdure. Il dort, et c’est sans doute dans la crainte de troubler son sommeil que certaine dame qui vient d’en haut descend très-lentement, de manière à impatienter le public. Cependant les sons d’une harpe céleste le réveillent : il se lève, se promène, voit disparaître le nuage, et découvre plus loin un beau palais, trouve sa maîtresse, et l’épouse sans opposition. Voilà pour le troisième acte.

Au second acte on attendoit quelque chose de curieux par l’apparition des spectres, fantômes, etc. : trois ou quatre figures sur un fond blanc ont paru et disparu.

Le public a, pendant presque toute la pièce, témoigné beaucoup de mécontentement ; et à la fin, au lieu de se retirer, le parterre entier a demandé le directeur du spectacle et l’auteur de la pièce. Comme ils ne paroissoient pas, un grand nombre de spectateurs escaladèrent le premier parquet, l’orchestre et le théâtre. En un instant, les chaises, tabourets et pupitres sautèrent de l’orchestre sur l’avant-scène ; quelques tabourets même pénétrèrent plus avant. Les rampes de premier parquet et d’orchestre furent abattues, et le désordre eut été sans doute porté plus loin, sans l’arrivée de la force armée et de l’officier de police, qui fut presque blessé par la chûte d’un banc des secondes loges. Il obtint enfin du silence, et déclara que, d’après l’intention du public, le produit de la recette serait versé dans la caisse de bienfaisance de la section. Ainsi finit Sethos à Memphis.

F. J. B. P G***

 

Journal général de la littérature en France, Prairial an VIII de la République française, p. 192 :

Analyse de Séthos à Memphis – Premier acte. Obscurité profonde, prêtres, prêtresses qui paraissent pour disparaître. Séthos, amoureux, tendre et furieux, s’avance et repousse sa maîtresse. Procession, serment sans motif, que le héros viole en refusant d’immoler son amante. Les prêtres enragent, il leur échappe. – Second acte. L’enfer, mille diables masqués tourmentent, tiraillent et enfument impitoyablement Séthos ; et trois ou quatre spectres se montrent et ‘évanouissent. Troisième et dernier acte. A l’enfer, qui se trouve n’avoir été qu’un diabolique purgatoire, succède un paradis dont les frais se bornent à un palais, à de beaux nuages, à une harpe, à un banc de gazon. Séthos sommeille, une dame descend du ciel très-lentement de peur de le réveiller, quoiqu’il n’arrive que pour lui parler. Il se lève au son de la harpe, se promène comme un autre; voit le palais, y retrouve sa maîtresse. Enchanté de l’avoir tuée, il l’épouse sans que personne s’y oppose, et les spectateurs impatientés sont aussi contens que lui de voir que cela finisse.

L.-Henry Lecomte, Histoire des Théâtre de Paris, Le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 203 :

Le 3 prairial (23 mai), on jouait encore, à la Cité, Séthos à Memphis, ou l'Initiation égyptienne dans les Pyramides, drame muet avec apparitions, évocations et prestiges. On y voyait Séthos, fasciné par les prêtres, jurant d'immoler sa maîtresse, puis violant ce serment et plongé par suite dans le Lieu de souffrances, c'est-à-dire dans l'enfer. Aux tourments qu'il y endurait, succédaient les joies du Paradis et Séthos, au son des harpes, épousait son amante. Etant l'auteur de cette fantomagie, Cammaille ne pouvait prétendre qu'on l'eût donnée à son insu ; mais, l'effet en ayant été piteux, il atténua ce désastre en prétendant qu'on ne devait qu'à la noirceur la plus atroce le désordre qui s'était produit. Des cordages coupés, des contrepoids arrêtés, des ouvriers intelligents remplacés par des gens ineptes, tout s'était coalisé contre une pièce dont 12 scènes sur 22 avaient seules été vues. 

 

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