Sterne à Paris, ou le Voyageur sentimental, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, d'Auguste Forbin et Revoil, 2 pluviôse an 8 [22 janvier1800].
Théâtre du Vaudeville
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Titre :
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Sterne à Paris
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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2 pluviôse an 8 (22 janvier 1800)
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Revoil et Auguste Forbin
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Almanach des Muses 1801
Sterne est à Paris dans un temps où la France est en guerre avec l'Angleterre, et n'a d'autres papiers qu'un certificat de l'ambassadeur anglais à la Haye. Il l'a laissé chez son sellier et l'envoie chercher, mais on en a fait des papillottes pour la coiffure de madame. Sterne est assez embarrassé, il l'est davantage lorsqu'il se voit arrêté comme espion, et laissé sous la garde d'un garçon qui bientôt lui semble peu fait pour le rôle qu'il joue. Le philosophe apprend que la nécessité a forcé le jeune homme à accepter cet emploi. Un billet de banque était sa seule ressource, il l'a perdu. Lafleur, domestique de Sterne, a trouvé ce billet, le remet à son maître, qui le rend au jeune homme. Mais Sterne pour récompenser la probité de Lafleur, lui donne la valeur du billet, dote Rose, fille de l'auberge, dont il sait qu'il est amoureux, et facilite ainsi son mariage avec elle.
Quelques scènes qui rappellent le Voyage sentimental ; de la gaîté, le caractère de Sterne présenté avec assez d'originalité, des couplets écrits avec grace.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le Libraire au Théâtre du Vaudeville, an VIII;
Sterne à Paris, ou le Voyageur sentimental, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, par les citoyens Revoil et Auguste Forbin. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 2 pluviose, an 8.
Courrier des spectacles, n° 1055 du 3 pluviôse an 8 [23 janvier1800], p. 2 :
[Un anglais perdu à Paris, en pleine guerre franco-anglaise, sans son passeport qu’il a égaré...La pièce des deux débutants a réussi, mais le critique les met en garde : ils ont écrit une bluette au « cadre bien foible », pas une comédie. Mais « l’esprit supplée à l’intrigue », ils ont emprunté au Voyage sentimental à travers la France et l’Italie que Sterne a publié en 1768 quelques jours avant sa mort, et proposé « des couplets gracieux ». Sur une anecdote aussi mince, il a fallu greffer une intrigue sentimentale et multiplier les gestes généreux de Sterne. La pièce est bien jouée, les auteurs ont été nommés, et l'article s’achève sur un couplet qui serait parfait si toutes les rimes en étaient correctes.]
Théâtre du Vaudeville.
Encore une entrée heureuse dans la carrière du vaudeville ; deux débutans s'y sont présentés hier, et leurs premiers pas sont des succès. Qu’ils ne croyent cependant pas avoir fait une comédie ; c’est tout-au-plus un cadre bien foible, mais où l’esprit supplée à l’intrigue ; ce sont quelques scènes empruntées du Voyage sentimental, égayées par l’originalité de Sterne et par des couplets gracieux.
Nous ne répéterons pas ici que Sterne est appelé le Rabelais de l’Angleterre ; nous en avons déjà parlé dans un de nos précédens numéros.
Sterne est à Paris dans le tems de la guerre avec l’Angleterre, et il n’a point d’autres papiers qu’un certificat de l’Ambassadeur de sa nation à la Haye. Il l’envoie chercher chez son sellier, où il l’a oublié ; mais on en a fait des papillottes pour la coiffure de madame ; il se voit assez embarrassé ; on vient l’arrêter comme espion, et on le laisse chez lui sous la garde d’un jeune homme, qui bientôt lui paroît peu fait pour ce genre d’occupation. Il apprend qu’il n’a été forcé à prendre ce parti que par nécessité, ayant perdu un billet de banque, son unique ressource. Le domestique de Sterne, nommé Lafleur, qui a retrouvé ce billet, le remet à sou maître, qui le rend au jeune homme, et en donne la valeur à son domestique, avec la main de Rose, fille de l’hôte, qu’il dote avantageusement.
Les auteurs de cette bluette, donnée hier à ce théâtre sous le titre de Sterne à Paris, sont les cit. Auguste . . . . . et Rivoille. Elle est bien rendue par les cit. Vertpré et Carpentier, et la cit. Henry.
— Lafleur chante ce couplet final, qui, entr’autres, a été redemandé, quoiqu’une des rimes soit peu exacte :
Air : Pour appaiser Junon rebelle.
De Montreuil Lafleur sort à peine,
Qu’Amour le surprend en chemin :
Hymen survient, Hymen l'enchaîne
Pour l'empêcher d’aller plus loin.
Sa course est-elle donc finie ?
Non, non , grâce au nœud conjugal 0
Il va faire avec son amie
Un voyage sentimental.
G * * *
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 128, 8 pluviose an 8, p. 502 :
THEATRE DU VAUDEVILL E.
Philosophe, mais sans prétendre à le paraître, Sterne ne voulait voyager que pour observer, n'observer que pour sentir, et n'écrire que pour exprimer ce qu’il avait imaginé ou senti. Etudiant sans cesse la nature, il l’épiait dans les plus petits détails, comme pour la fixer de plus près : aussi, disait-il « qu'un bon voyageur sentimental devait savoir entrer dans un passage obscur. » N'y apprit-il pas, en effet, quelle est la puissance du flatteur ?
Ceux qui ont rempli les intentions de Sterne, en l’étudiant dans ses écrits, conviendront sans peine que cet intéressant voyageur, nommé le Rabelais de l'Angleterre , était un personnage peu susceptible de produire de l'effet au théâtre : on vient cependant de le faire paraître au Vaudeville.
Au tableau d'une matinée passée à Paris, par Sterne descendu à l'auberge de Modene, on s'est borné à lier une intrigue presque nulle, et une des anecdotes que le voyageur sentimental raconte plus plaisamment : c'est celle où, protégé par un amateur de Shakespeare et au moyen d'un anacronisme un peu fort, Sterne, sous le nom de bouffon d'un roi mort depuis plusieurs siecles, reçoit la permission de voyager en France, de s'amuser en l'observant, et de l'instruire par ses écrits.
On a semé dans l'ouvrage beaucoup d'idées et de notes puisées dans le Voyage sentimental : mais il semble qu'on a choisi principalement les traits échappés en petit nombre à Sterne, qui appartiennent plus à l'esprit qu'au sentiment, à la recherche qu'au naturel. Lafleur paraît près de son maître ; mais nous ne l'avons guere reconnu qu'à son talent pour le fifre et le tambour. Pourquoi lui faire quitter son maître, puisque Sterne dit qu'il ne le quitta jamais ? Quant à Sterne lui-même, est-il bien reconnaissable ? Dans l'ouvrage, Yorich ne parle qu'une fois d'Elisa.
L'ouvrage a cependant réussi ; les deux auteurs, les citoyens Forbin et Rivoile le doivent au soin qu'ils ont apporté à leurs couplets, à la fraîcheur de quelques idées, et à nombre de traits ingénieux très-agréablement versifiés.
Journal général de la littérature de France, troisième année (an VIII, 1800), p. 63:
THÉATRE DU VAUDEVILLE. Sterne à Paris, ou le Voyageur sentimental, un acte, par les citoyens Auguste *** et Rivoille. Arrivé à Paris en tems de guerre, Sterne a pour tout passe-port un certificat de l'ambassadeur anglais .Ce certificat, oublié chez le sellier, a servi de papillote à madame. Sterne est arrêté comme espion, et confié à la garde d'un militaire que la perte d'un billet de banque a réduit à l'état de soldat. Lafleur, valet de Sterne, trouve le billet, en reçoit la valeur, la donne à son maître qui la rend au soldat, et qui dote la fille de l'hôte que le soldat épouse.
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