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Tout par l'opium, ou Juliette et Purgono

Tout par l'opium, ou Juliette et Purgono, parodie en trois actes et en vaudevilles, de Souriguère de Saint Marc, 21 juillet 1792.

Théâtre de Mlle. Montansier.

Titre :

Tout par l'opium, ou Juliette & Purgono

Genre

parodie en vaudevilles de Tout pour l’amour, ou Roméo et Juliette

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

21 juillet 1792

Théâtre :

Théâtre de Mademoiselle Montansier

Auteur(s) des paroles :

Souriguère de Saint Marc

Mercure universel, tome 17, n° 512 du mercredi 25 juillet 1792, p. 399 :

[Avant de parler de la parodie, le critique rappelle l'article qu'il a consacré à la pièce parodiée dix jours auparavant. Cette parodie a réussi, mais elle le doit à des « plaisanteries plus libres que fines », sans souci de respecter les convenances donc. Il n'est pas nécessaire d'en faire l'analyse, puisqu'elle suit scène par scène la pièce originale, n'hésitant pas à insister sur ce qui pouvait « prêter le plus au sarcasme ». Les auteurs, qui sont nommés (ils sont deux, quand on n'en cite habituellement un, dont le nom, de plus, est déformé), sont invités par le critique, devenu censeur, à ne pas abuser des « expressions basses et triviales » qui font passer du burlesque au bouffon. Une belle maxime les invite à le pas « se traîner dans la fange ». Mais il faut porter à leur crédit l'hommage rendu à Monvel, l'auteur de la pièce parodiée, chaleureusement salué par le public. Un interprète est félicité pour sa prestation très réjouissante dans un rôle de bedeau.]

Théâtre de Mademoiselle Montansier.

Nos lecteurs se rappellent sans doute l'article du 11 de ce mois, ou [sic] nous rendons compte de tout pour l'Amour, ou Roméo et Juliette, drame lyrique en quatre actes, de M. Monvel, joué avec succès au Théâtre Italien.

Cet ouvrage vient d’être parodié sous le titre de tout par L’Opium, ou Juliette et Purgono. La première représentation donnée avant-hier a réussi, à la faveur de quelques plaisanteries plus libres que fines. Une parodie ne s’analyse jamais, surtout lorsque l'auteur a suivi scène par scène l’ouvrage qu’il livre à la critique. Dans tout par l’Opium on n’a pas fait grâce d’une situation, et même on a prolongé celle [sic] qui pouvoient prêter le plus au sarcasme. Le public a demandé les auteurs, ce sont MM. Lampsal et Souriques. Ils sont parvenus quelquefois à manier l’arme du ridicule, mais nous les invitons à distinguer davantage le burlesque et le bouffon des expressions basses et triviales. Un auteur peut exciter le rire sans se traîner dans la fange. Au reste, il n’est pas possible de parodier avec plus d’honnêteté que ne l'ont fait ces messieurs, car ils ont terminé leur production par des couplets où ils célèbrent les rares talens de M. Monvel, soit comme auteur, soit comme acteur. Le public par ses applaudissemens a voulu se mêler à un éloge aussi mérité.

M. Micalef a donné une caricature très plaisante à un rôle de bedeau, qui répand de la gaieté sur la pièce.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 10 (octobre 1792), p. 318-320 :

[Le compte rendu s'ouvre sur le constat d'un faible succès, parce que la parodie est trop gentille, ce qui lui enlève beaucoup de son intérêt. Les auteurs (le critique pense qu'ils sont deux) ont eu peur de froisser Monvel, l'auteur de l'œuvre parodiée. Leur pièce manque de ce fait de sel, et elle va jusqu'à écrire des couplets en son honneur. Il les invite à se proposer décrire « des ouvrages plus importants » en y consacrer «  tout le tems & tout l'esprit dont ils sont doués ». L'article s'achève sur un des couplets remarquables de la pièce.]

THÉATRE DE MLLE. MONTANSIER.

Cette piece n'a pas eu beaucoup de succès sur ce théatre. Elle n'offre pas toujours le vaudeville & ce persifflage malin & piquant, qui doit caractériser la parodie. Celle-ci n'est qu'une espece d'imitation de l'ouvrage original. Il paroît que les deux auteurs, par estime pour M. Monvel, s'étoient imposé la loi d'éviter toute satyre, toute critique (la parodie peut se permettre la satyre & la critique, sans perdre de vue la décence & l'honnêteté ; c'est une mesure dont il n'est pas aisé de saisir la juste nuance), & cette loi les a privés de répandre, dans leur ouvrage, tout le sel dont il étoit susceptible. Il est terminé par des couplets très-agréables & très-justes, en l'honneur de M. Monvel, ce qui prouve au moins la modestie des deux auteurs de cette parodie, qui, tous deux, ont d'ailleurs des talens très-estimables. Nous les engageons à créer des ouvrages plus importans, en y mettant tout le tems & tout l'esprit dont ils sont doués. Parmi plusieurs couplets ingénieux, nous avons distingué celui-ci que chante le bedeau :

AIR : Du menuet d'Exaudet.

      Mais, vraiment,
      C'est charmant :
      Quel dommage,
D'enterrer, dans un caveau,
Ces rubans, ce chapeau,
Et tout cet étalage !
      De sa mort,
      Quand le sort
      Est la cause,
Elle est morte de bon cœur,
   En mourant en couleur
        De rose.
Ah ! bon Dieu, quelle est charmante !
   Quelle fraîcheur éclatante !
      Tant d'attraits
      sont-ils faits
      Pour la biere !
Eh quoi, tout ce que je voi,
Iroit, dans ce convoi,
       Sous terre.
      En jupon
      De linon,
      Qu'elle est belle !
C'est pour la premiere fois,
   Moi, bedeau, que je vois
   Une morte en dentelle.
      J'avouerai,
      Oui, malgré
      Ma surprise,
Qu'on ne peut, aux sombres bords,
   Aller trouver les morts
      Mieux mise.

La base César nomme l’auteur, Souriguère de Saint Marc, et donne une liste de 13 représentations, du 21 juillet 1792 au 16 février 1793.

Le Lampsal que le critique du Mercure universel lui associe n'est connu ni de la base César, ni du Catalogue général de la BNF.

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