Une matinée d’autrefois, ou le Quiproquo, comédie-vaudeville en un acte, de Merle et *** (Dumersan), 2 décembre 1811.
Théâtre des Variétés.
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Titre :
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Une matinée d’autrefois, ou le Quiproquo
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Genre
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comédie-vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec coulets en evrs
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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2 décembre 1811
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés
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Auteur(s) des paroles :
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Dumersan et Merle
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez M.me Masson, 1811 :
Une Matinée d’autrefois, ou le Quiproquo, comédie en un acte mêlée de couplets, par MM. Du Mersan et Merle ; Représentée, pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 2 décembre 1811.
Journal de Paris, du 3 décembre 1811, p. 4 :
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Première représentation d’une Matinée d’autrefois, ou le Quiproquo.
Le sujet de cette pièce est une anecdote connue et déjà mise en scène sous le titre de l'Abbé coquet. Nous en donnerons demain l’analyse. Elle a été accueillie froidement, nmis non pas avec une défaveur assez marquée pour que l’auteur ne puisse, à la rigueur, compter un succès de plus. Pourquoi le théâtre des Variétés n'aurait-il pas aussi ses succès d’estime ! L’ouvrage est de M. Merle, plus avantageusement connu par le Petit Fifre et Quinze ans d’absenses [sic].
A.
Journal de Paris, du 4 décembre 1811, p. 3 :
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Nous sommes forcés par le défaut d’espace de remettre encore à demain l’analyse de la pièce intitulée une Matinée d’autrefois, dont la seconde représentation a offert un ensemble plus satisfaisant et obtenu un succès plus prononcé que la première.
Journal de Paris, du 5 décembre 1811, p. 2-3 :
[Après bien des reports, l’article sur la pièce accorde une large place à l’anecdote, présentée comme historique, sur laquelle elle s’appuie. Le critique la juge moins gaie que ce dont elle s’inspire, tout en félicitant l’auteur (dont le nom est donné) d’avoir renoncé aux « grossières épices » que sont calembours et quolibets. Peut-être le Théâtre des variétés va-t-il changer de répertoire. La fin de l’article parle des interprètes. L’une est charmante malgré un costume démodé, reflet d’une époque lointaine. Si l'interprétation est bonne, il faut en excepter un acteur qui a joué son rôle sans en comprendre « toutes les intentions ». Et Brunet, la vedette de ce théâtre ? Il a su montrer une fois de plus qu’il est capable de jouer bien des rôles, dont le critique ébauche un catalogue, qui s’étend même aux rôles féminins (il fait beaucoup rire travesti en femme). Mais son meilleur rôle reste Jocrisse... (compliment ou perfidie ?).]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Deuxième représentation d’Une Matinée d'autrefois ou le Quiproquo.
A l'époque où M. de Sartines était lieutenant général de police, il parut un pamphlet scandaleux intitulé L’Abbé Coquet. Des personnages puissans s’y crurent outragés, et à leur sollicitation, le magistrat chargea un inspecteur de police de saisir l’Abbé Coquet, avec ordre ; dès qu’il s’en serait emparé, de le transporter à son hôtel. Semblable au singe du Pyrée, l’inspecteur prit le titre d'un livre pour un nom d’homme, et après avoir longtemps couru pour remplir sa mission, il s'avisa d'aller au bureau des voitures publiques. Le hasard voulut que celle de Grenoble amenât le même jour à Paris un bon ecclésiastique nommé Coquet- Il est arrêté, conduit à l'hôtem de M. de Sartines, qui était alors à table. — Monseigneur, je tiens l’Abbé Coquet, vient lui dire à l’oreille le triomphant inspecteur — C’est bon. — Qu’ordonnez vous qu’on en fasse ? — Qu’on le mette dans mon cabinet, je l'examinerai ce soir. L’ordre est ponctuellement exécuté, et le pauvre abbé tremblant de peur et mourant de faim ' est enfermé dans le cabinet On se figure aisément quel vaste champ s’ouvrit à ses réflexions. La nuit vient, et le prisonnier ne voit arriver ni interrogateur ni souper. Un ordre imprévu avait appelé M. de Sartines à Versailles..... La faim qui donne du courage aux plus poltrons et qui souvent l’ôte aux plus braves, la faim inspire à l’abbé l’audace de frapper rudement aux portes, aux fenêtres, il fait un vacarme épouvantable ; toute la maison est sur pied, mais personne n’ose entrer dans le cabinet d’où partait ce bruit effrayant...... Enfin, on se détermine à éveiller Madame de Sartines. Un colloque s’engage à travers la porte, l’Abbé Coquet raconte sa mésaventure, et aux cris de surprise et de terreur, succèdent de longs éclats de rire. Bref, l’abbé soupe et dort. Monseigneur arrise le lendemain, voit son hôte, rit comme les autres, et lui promet de chercher les moyens de ne lui laisser qu’un souvenir agréable de ce quiproquo. Cette circonstance aurait pu faire la fortune d’un homme d’esprit. Mais le bon abbé était d’une nullité à décourager les bienfaiteurs les plus zélés.
Tel est le sujet dont M. Merle a fait une pièce, qui nous a paru moins gaie que 1’anecdote...... Des contes fort plaisans perdent souvent tout leur mérite à la scène ; on voit portant lui savoir gré de n'avoir assaisonné son ouvrage ni de calembougs ni de quolibets, ni d’aucunes de ces grossières épices dont les habitués de ce théâtre ont paru si friands. Serait-ce l’annonce d’une réforme dans le répertoire des Variétés ? Nous en féliciterions bien sincèrement les administrateurs et les auteurs qui l’auraient entreprise.
Mademoiselle Pauline est charmante dans le rôle de la toute jeune femme d’un vieux procureur...... Elle a une coiffure et une robe qui datent de cinquante ans au moins ; mais elle prouve que sous le costume qui nous paraît si ridicule aujourd’hui, nos grand-mères pouvaient être jolies........ quand elles étaient jolies.
En général la pièce a été bien jouée. J’en excepterai le rôle du procureur ; l’acteur qui en est chargé en a laissé échapper toutes les intentions.
Brunet, qui remplit le personnage de l’Abbé coquet, semble depuis long-temps s’attacher à repousser l’injuste reproche qu’on lui a souvent adressé, d’être à peu près le même dans tous les rôles. Il nous a présenté tour-à-tour les portraits du Vautour, de Pépin. Il a été sémillant sous le brillant costume du Marquis de Moncade, et non content de changer de forme, il a changé de sexe : on l’a vu Paladine, Cendrillon et Belle-Belle. Aujourd’hui endossant le manteau court d’un abbé petit maître, il essaye de retracer uen copie d’originaux qui n’existent plus depuis long-temps.
Cependant quelque nombreuse que soit la garde-robe comique de Brunet, nous pensons que la veste de Jocrisse est encore le costume qui lui sied le mieux.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome VI, p. 408-409 :
[Un vrai compliment pour cette pièce et ses auteurs : elle « a le mérite d'être gaie sans trivialités ».]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Une Matinée d'Autrefois, ou le Quiproquo, comédie-vaudeville en un acte.
A l'époque où M. de Sartines étoit lieutenant-général de police, il parut un pamphlet intitulé l’Abbé Coquet, Des personnages puissans s'y crurent. outragés, et, à leur sollicitation, le magistrat chargea un inspecteur de police de saisir l’Abbé Coquet, avec ordre, dès qu'il s'en seroit emparé, de le transporter à son hôtel. L'inspecteur prit le titre d'un livre pour un nom d'homme; et, après avoir longtemps couru pour remplir sa. mission, il s'avisa d'aller au bureau des voitures publiques. Le hasard voulut que celle de Grenoble amenât le même jour à Paris un bon ecclésiastique nommé Coquet. Il est arrêté, conduit à l'hôtel de M. de Sartines, qui étoit alors à table. — Monseigneur, je tiens l'Abbé Coquet, vient lui dire à l'oreille l'inspecteur.— C'est bon. — Qu'ordonnez-vous qu'on en fasse ? — Qu'on le mette dans mon cabinet, je l'examinerai ce soir. L'ordre est ponctuellement exécuté, et le pauvre Abbé, tremblant de peur et mourant de faim, est enfermé dans le cabinet. La nuit vient, et le prisonnier ne voit arriver ni interrogateur ni souper. Un ordre imprévu avoit appelé M. de Sartines à Versailles. L'Abbé désolé, crie, frappe de toutes ses forces ; on vient, il s'explique, on rit du quiproquo, et on lui rend la liberté.
Cette anecdote a fourni l'idée de la pièce nouvelle : la scène se passe chez un Procureur chargé de trouver le pamphlet, où l'un de ses cliens est outragé. Ce Procureur jaloux, et qui ne laisse parler sa femme à personne, permet qu'on lui prête l'Abbé Coquet pour la distraire. Son petit Clerc, qui arrête un véritable Abbé, le conduit à Madame avec qui il déjeûne. Il préside ensuite à sa toilette. Quand le Procureur rentre, il est furieux, et il est le seul qui ne rie pas du quiproquo.
Brunet en Abbé Coquet, Mademoiselle Pauline, qui est charmante sous le costume de 1770, ont assuré le succès de cette petite pièce qui d'ailleurs a le mérite d'être gaie sans trivialités. Elle est de MM. Merle et ***.
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