La Vengeance du bailli, opéra-comique en deux actes, de MM. Favart père et fils, musique de M. Jadin, 30 avril 1791.
Théâtre de Monsieur.
On trouve cette pièce citée sous le titre de la Vieillesse d’Annette et Lubin (mais dans ce cas, il faut la distinguer de la pièce de d’Antilly et Chapelle qui porte ce titre), ou celui de la Vieillesse d’Annette et Lubin, ou la Vengeance du bailli, voire comme la Vengeance du bailli, suite d’Annette et Lubin.
Le catalogue de Brenner, 1947, n° 6338, affirme que la pièce a été publiée dans le Théâtre choisi de Favart, t. I. Cependant, cette édition ne fait que mentionner la pièce dans la liste des œuvres de Favart, en précisant qu'elle n'a pas été imprimée
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Titre :
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La Vengeance du bailli, ou la Suite d’Annette et Lubin
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Genre
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opéra comique (ou comédie mêlée d’ariettes)
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose :
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prose, avec couplets en evrs
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Musique :
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ariettes
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Date de création :
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30 avril 1791
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Théâtre :
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Théâtre de Monsieur
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Auteur des paroles :
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MM. Favart père et fils
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Compositeur(s) :
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Louis Emmanuel Jadin
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Réimpression de l'Ancien Moniteur, tome huitième (1861), Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 123, mardi 3 mai 1791, p. 284 :
Théâtre de Monsieur.
On a donné samedi dernier sur ce théâtre la Vieillesse d’Annette et Lubin, ou la Vengeance du Bailli, opéra-comique, faisant suite à celui d'Annette et Lubin, si célèbre sur un de nos théâtres lyriques.
L'intrigue de celui-ci est un peu embarrassée, et la diversité des intérêts nuit à l'intérêt général. Annette et Lubin s'aiment toujours et haïssent toujours le bailli ; mais Rose, petite-fille de ce dernier, ne partage point cette inimitié. Amante aimée de Julien, fils de Lubin, son grand-père n'a pas voulu le lui donner pour époux, et le jeune homme s‘est engagé. On attend aujourd’hui son retour. Lubin est d'autant plus joyeux que ses champs présentent la plus belle apparence et qu'il compte sur une bonne récolte pour payer les loyers de ses terres. Un orage affreux vient renverser son espoir. Le bailli rencontre Annette et lui fait des offres de service dans son malheur ; comme elle les attribue à des sentiments malhonnêtes, elle les rejette avec dédain. Lubin, qui arrive, aigrit encore le bailli par les injures dont il l‘accable. Pendant ce temps on vient dire que Julien a déserté ; toute la famille est consternée. Julien parait, et on n'est pas encore rassuré. On voit arriver des recors, et un huissier à leur-tète. On croit qu'ils cherchent Julien, on le cache ; il viennent seulement signifier à Lubin une sentence. Celui-ci, à force de prières, obtient un délai d'un jour. Il veut en profiter pour s'enfuir avec Annette ; mais il ne veut pas laisser subsister sa cabane : il est. prêt à l‘abattre ; le bailli paraît avec Rose, et c‘est là l‘instant de sa vengeance. Il fait remise à Lubin de ce qu'il doit ; il a acheté le congé absolu de Julien, et lui donne Rose en mariage. Cette générosité inattendue fait tomber tout le monde à ses pieds.
On a excusé dans cette pièce quelques inconvenances en faveur d’un style agréable, dans lequel on a reconnu la manière toujours précieuse et fraîche de M. Favart père, qui en est l'auteur. Plusieurs morceaux de musique ont été applaudis, et particulièrement l'orage ; mais on a trouvé qu'en général elle n'était pas assortie aux paroles. L'élégante simplicité de celles-ci fait un contraste sensible avec les recherches d'harmonie du compositeur, qui, sans cesse occupé de faire moduler son orchestre, néglige trop la partie la plus intéressante, celle du chant. On a demandé les auteurs; on a nommé M. Favart, et M. Jadin, auteur de la musique.
Mercure de France, tome CXXXIX, n° 22 du samedi 28 mai 1791, p. 147 :
[Il est difficile d’accumuler plus de réticences en si peu d’espace que dans ce bref compte rendu, qui exécute le livret, auquel on ne concède le la grâce, mais auquel on reproche des longueurs, et ce fameux intérêt, « trop divisé » (on ne sait pas sur qui faire porter son intérêt), puis fait la fine bouche sur la musique : ce n’est pas une musique d’opéra comique, trop recherchée, trop savante, sans doute trop complexe, trop harmonieuse. Il y a derrière cette appréciation un grand débat sur la musique au théâtre !
Annette et Lubin dont cette pièce est censée être la suite est une des nombreuses versions de cette intrigue, sans doute celle de 1762 (voir dans la base César).]
On a vu au Théatre de Monsieur, une petite Piece de M. Favart pere, intitulée la Vengeance du Bailli ; c'est la suite d'Annette & Lubin. Elle a paru écrite avec grace, mais on y a trouvé des longueurs, & l'intérêt trop divisé. La musique a aussi essuyé des critiques, comme celle de n'être pas au ton des personnages, & d'être plus recherchée que le genre ne l'exigeait. On y aurait voulu plus de mélodie & de simplicité.
Almanach général des spectacles de Paris et de la province Pour l’année 1792, Seconde Année, (à Paris, chez Froullé, 1792), p. 79 :
La Vieillesse d'Annette et Lubin , Comédie en prose et en deux actes, mêlée d'ariettes ; paroles de MM. Favart, père et fils , musique de M. Jadin. On ne retrouve malheureusement dans cette pièce ni le génie du père, ni l'esprit du fils. Le style nous en a semblé lâche et diffus, les situations, forcées, et l'action, presque dénuée d'intérêt. Il y a pourtant d'excellentes choses, et un nom moins célèbre que celui des Favart pourrait s'en faire honneur. La musique qui est de M. Jadin, jeune compositeur de la plus haute espérance, est trop relevée pour un sujet champêtre. M. Jadin sacrifie trop à son art ; il perd quelquefois de vue l’intérêt dramatique pour des répétitions et des ritournelles trop multipliées. M. Valliere et Madame Verteuil sont remarquables par leur vérité et leur naturel. L'orage, l'incendie, l'inondation et la grêle sont parfaitement imités.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 6, p. 337-338 :
[La pièce n’a pas réussi, et la première raison, bien sûr, ce sont les longueurs dont elle est remplie. Le critique formule toutefois d’autres reproches : si la pièce est « d'un style plein de fraîcheur, de grâces », « des incidens obscurcissent la marche de la piece & nuisent à sa simplicité ». Et si la musique « offre des beautés », elle est plus une musique d’orchestre qu’une musique de théâtre, ce qui est un sérieux défaut.]
Le samedi 30 avril, on a donné la première représentation de la vengeance du bailli, ou la suite d'Annette & Lubin, comédie en deux actes en prose, mêlée d'ariettes ; paroles de M. Favart pere, musique de M. Jadin.
Cette piece a eu peu de succès, & il ne faut l'attribuer, sans doute, qu'aux longueurs dont l'ouvrage est rempli.
Annette & Lubin ont un fils soldat & qu'on accuse d'avoir déserté : leurs champs viennent d'être ravagés par un orage affreux. On les poursuit pour la taille & pour une autre dette. Ils s'imaginent toujours que la haine du bailli leur suscite tous ces maux ; mais celui-ci, parvenu à une extrême vieillesse, s'est repenti apparemment de la persécution qu'il leur avoit fait éprouver, et il se venge d'eux, en leur remettant leurs dettes, le congé de leurs fils, & en mariant ce jeune homme à Rose, sa fille, qui l'aime & de qui il est aimé.
Les paroles ont paru d'un style plein de fraîcheur, de grâces, & dignes de la jeunesse de M. Favart, mais des incidens obscurcissent la marche de la piece & nuisent à sa simplicité. La musique offre des beautés, mais c'est toujours le même cercle d'idées : à l'exception de l'orage, d'un duo entre Annette & Lubin, & d'un quatuor, les autres morceaux sont plus faits pour l'orchestre que pour le théâtre.
D’après la base César, La Vengeance du bailli, ou la suite d’Annette et Lubin a été jouée 7 fois au Théâtre Feydeau, du 30 avril au 19 mai 1791.
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