La Vengeance, tragédie en cinq actes, en vers, de Dumaniant, 26 novembre 1791.
Théâtre de la rue de Richelieu.
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Titre :
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Vengeance (la)
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Genre
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tragédie
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Nombre d'actes :
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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26 novembre 1791
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Théâtre :
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Théâtre de la rue de Richelieu
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Auteur(s) des paroles :
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Dumaniant
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, de l’Imprimerie de Cailleau, 1792 :
La Vengeance, tragédie en cinq actes et en vers ; Par M. Dumaniant. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Français de la rue de Richelieu, le 26 novembre 1791.
Journal de la cour et de la ville, tome VI, année 1791, n° 28 du lundi 28 novembre, p. 221-222 :
[Article mordant d’un journal hostile à la Révolution. Il ne laisse rien subsister de cette pièce.]
Théâtre des Variétés.
Si, comme l'a dit je ne sais quel philosophe ancien, l'ame d'un écrivain se réfléchit naturellement dans ses ouvrages, comme une image dans une glace fidèle, nous n'avons pu nous defendre de concevoir une opinion très-mesquine du caractère moral et des connoissances acquises de l'individu, auteur de la tragédie donnée, pour la première fois, sur le théâtre des Variétés samedi dernier. Elle est intitulée, la Vengeance. Dumaniant, Jacobin, et pitoyable acteur de ce théâtre, avoit déjà donné quelques échantillons d'une mauvaise prose dans différentes pièces plus ou moins assoupissantes ; après avoir ressemelé le brodequin de Thalie, il a voulu chausser le Cothurne de Melpomène, mais il paroît qu'il lui blesse un peu le pied. Il a donc conçu l'orgueilleux projet de faire des vers pour la première fois de sa vie ; en conséquence, armé de son Richelet, il s'est mis dans un cabaret à entasser consonnances sur consonnances, rimes sur rimes, adages sur adages, et voir même métaphores sur antithèses. De cette conjonction de matières homogènes, est résulté une tragédie à l'opium, enterrée avant-hier, pour la première fois, avec le calme du silence le plus religieux. Abstraction faite du mérite poétique qui est absolument nul, voyons comment mons Dumaniant a échafaudé l'intrigue de sa tragédie. La scène est à Barcelonne. Le souverain de la contrée nourrit dans ses foyers un prince Africain, prisonnier par droit de la guerre, et esclave en dépit des droits de l'homme ; malgré la rudesse du farouche caractère du prisonnier, le roi Espagnol, qui n'est pas difficile, en fait son confident en chef. L'esclave Africain qui est plus diable qu'il n'est noir, s'indigne des bienfaits de son maître, et prenant son texte dans nos nouvelles vertus (la lâcheté et l'ingratitude) il rumine des projets de vengeance. Crescendo, il abuse de la confiance donnée, pour supposer des lettres, faire de fausses confidences, et enfin descendre à toutes les gentillesses qui sont chez nous à l'ordre du jour. Mais nous rougissons d'entretenir nos lecteurs de pareilles absurdités. Pour abréger, la pièce se dénoue par un quadruple trépas. L'auteur, pour ne pas donner à ses héros mourans une teinte de monotonie, a savamment diversifié leur genre de mort. L'un finit par le suicide, l'autre par le poison, le troisième par un assassinat, et le quatrième enfin, par la corde. Une partie du parterre a vivement regretté que ce dernier supplice ne se fût point effectué sur la scène. Ce coup de théâtre auroit décidément assuré la fortune de cette pauvre tragédie. Nous ne dirons qu'un mot des acteurs, ils avoient monté leur jeu au diapason de la pièce, et jamais ils n'avoient été si bien dans leurs rôles.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 2 (février 1792), p.339-340 :
[La pièce est sévèrement jugée : reprenant le sujet d’Othello et de Zaïre, elle souffre beaucoup de la comparaison avec ces deux chefs-d'œuvre. Personnages peu intéressants, pas d’évolution de la position des personnages, pas de mouvement des sentiments, pas de mouvement théâtral. Une belle scène toutefois, au dénouement. La pièce est bien écrite, et l’interprétation est de qualité.]
THÉATRE DE LA RUE DE RICHELIEU.
On a donné, le samedi 29 novembre, à ce théatre, la premiere représentation de la Vengeance , tragédie, par M. du Maniant.
Zanga, prince maure, fait prisonnier par Alonzo, qui l'a privé d'un pere & du trône, & lui a fait essuyer l'affront le plus sanglant, médite la plus affreuse vengeance. Elle commence à se préparer. Alonzo est jaloux, & son ami dom Carlos, qu'on a cru mort, & pendant l'absence duquel Alonzo a épousé Rosanore, qui lui étoît destinée : dom Carlos, délivré en secret de sa captivité, par les soins de cette même Rosanore, & par l'entremise de Zanga, revient mettre le comble à ses fureurs jalouses. L'amitié, l'honneur, combattent quelque tems ; mais la perfide adresse de Zanga, ses cruelles insinuations, ses accusations positives égarent Alonzo. Il fait poignarder son ami, & empoisonne Rosanore. Lorsque ce double crime est consommé, Zanga vient jouir de la vengeance : il reproche à Alonzo sa crédulité, lui découvre l'horrible vérité, & le console du sort qui l'attend par I'état où il laisse celui qui l'a détrôné & avili. Alonzo s'immole à sa femme & à son ami.
Cette tragédie n'a eu qu'un foible succès. Il paroît difficile en effet de traiter ce sujet après Othello & Zaïre. Alonzo est peu intéressant ; Rosanore ne l'est gueres plus. II n'y a que Zanga dont le caractere a paru assez fiérement dessiné. La position des personnages ne varie pas, & par conséquent laisse les spectateurs à froid. Ces ondulations du cœur humain, ces alternatives, ces combats de fureur & de tendresse, si beaux, si touchans, dans Orosmane, ne sont ni marqués, ni gradués dans Alonzo. Aucun mouvement théatral n'émeut & n'enleve le spectateur. Il faut cependant convenir que la scene du cinquieme acte, où Zanga vient révéler à Alonzo que sa femme & son ami sont innocens, est d'un grand effet, quoique trop prolongée. II y a des vers assez naturels ; mais, en général, peu de saillans. M. Talma, dans le rôle d'Alonzo ; Mlle. Desgarcins, dans celui de Rosanore ; & M. Valois, dans le rôle de l'esclave africain, ont mérité & reçu des applaudissemens.
La base César est en désaccord sur la date de la première : la base propose le 26 novembre au lieu du 29 proposé par l’Esprit des journaux. La brochure donne comme date le 26 novembre. Trois représentations seulement, du 26 novembre au 2 décembre 1791.
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