La Vielleuse du boulevard, mélodrame en trois actes, d'Hector Chaussier, musique de Quaoiains, ballets de Richard, 9 thermidor an 11 [28 juillet 1803].
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh, an 11 – 1803 :
La Vielleuse du boulevard, mélodrame en trois actes, Par Hector Chaussier ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 9 Thermidor an 11.
Avant la liste des personnages, une courte dédicace à un homme important du théâtre parisien du temps, Crosse, directeur du Théâtre de l'Ambigu-Comique de 1800 à 1815 :
A M. CORSSE,
DIRECTEUR DE L'AMBIGU-COMIQUE.
C'est à vos soins et à votre talent que je dois le succès de la Vielleuse du Boulevard ; en vous la dédiant, j'acquitte une dette, et je me procure un plaisir. Mais permettez que je le double, en témoignant ma reconnoissance à l'aimable actrice dont les talens et les grâces ont embelli ma Fanchon.
HECTOR CHAUSSIER.
Courrier des spectacles, n° 2336 du 10 thermidor an 11 [29 juillet 1803], p.2 :
Fanchon la Vielleuse a suscité des vocations, et l'Ambigu-Comique a maintenant la sienne comme le Vaudeville. Mais la dernière arrivée n'est pas la meilleure, contrairement à ce qu'affirme l'adage latin. Nouveau quartier, nouvelles générosités, mais le public a ressenti une certaine monotonie devant ces assauts de bienfaisance. Le critique résume une intrigue faite de constant altruisme d'une Fanchon enrichie par tous les dons qu'elle reçoit. Une tentative d'enlèvement échoue, et la reconnaissance de ses largesses lui permet d'épouser le fils de celui qu'elle a sauvé de la ruine. Le public a montré sa défaveur à l'acte trois. Cette improbation a sa source dans le rôle d'un hussard au langage trop militaire d'un hussard joué avec originalité par Corsse. Les autres interprètes cités sont aussi jugés positivement. « Le ballet des batteliers et des charbonniers » a également l'agrément du critique/ Les auteurs sont cités : paroles, ballets, musique.]
Théâtre de l’Ambigu-Comique.
Première représentation de la Vieilleuse [sic] du Boulevard.
Chaque théâtre veut avoir sa Fauchon, mais jusqu’ici on n’a pas pu dire : Et erunt novissimi primi: car la Vieilleuse du Vaudeville conserve le premier rang. Celle de l’Ambigu est présentée sous un nouveau jour, dans un tout autre quartier ; et c’est presque une nouvelle débarquée qui paroît aux yeux des spectateurs avec toute l’innocence, toute la candeur d’une jeune Savoyarde qui n’a pas encore le beau langage du grand monde. Cependant elle a eu déjà le tems d’exercer sa générosité ; et tel est le défaut d’un pareil caractère à peindre et à mettre en scène, qu’on ne peut entretenir le public que de ses actes de bienfaisance. De là beaucoup de froid et de. Monotonie.
Voici l’intrigue de cette nouvelle production.
Fauchon, enrichie par les dons qu’elle reçoit chaque jour aux boulevards, fait secrètement passer des secours à un vieux colonel de hussards, M. de Macarty, dépouillé jadis de ses biens et séparé d’un fils dont l’éducation a été confiée à M. Melval à Paris. Ce jeune homme, qui pour demeurer inconnu a changé son nom d’Edouard contre celui d’Hyppolite, n’a pu voir la jolie Vieilleuse sans l'aimer ; et il est payé de retour.
Fanchon, invitée à se rendre chez un restaurateur, a beaucoup de peine à se défendre des poursuites du jeune Merinville, qui la trouvant peu disposée à répondre à ses sollicitations, parvient à l’attirer à la suite d’une nôce de bateliers au Moulin-Joli, d’où il la fait enlever. Mais un hussard attaché au colonel Macarty, ayant quelque soupçon du complot, s’est mêlé parmi les gens de la nôce, et secondé de quelques amis, il trompe le ravisseur en faisant monter dans la voiture une autre Vieilleuse, amie de Fanchon, à la place de Fanchon elle-même.
Cependant M. de Macarty a reçu avis que sa ferme en Bretagne n’étoit pas vendue, et que son fils Edouard étoit à Paris ; il fait faire des recherches qui ne sont pas infructueuses, et il embrasse son fils. Il apprend en même tems que celle à qui il doit les bienfaits qui l’ont soutenu, et le paiement de ses dettes n’est autre que Fauchon, il ne croit pouvoir mieux s’acquitter qu'en la nommant sa fille et en l’unissant à son fils en présence même de Merinville, qui obtient de la Vieilleuse le pardon de ses procédés violents.
Tel est en substance le fonds de cet ouvrage qui a éprouvé au troisième acte des marques non-équivoques de défaveur.
Le rôle du hussard la Valeur a paru trop sur chargé de termes militaires, dont quelques-uns sans doute pouvoient paroître plaisans, mais dont la multitude, et quelquefois le mauvais emploi ont indisposé le public. Ce rôle est d’ailleurs rendu avec originalité par M. Corse. Celui de Fanchon est joué avec décence et gaîté par Mlle Levêque ; et MM. Dumont, Dufresne, Rafille et Vigneaux ont déployé de l’intelligence dans ceux qui leur étoient confiés.
Le ballet des batteliers et des charbonniers au deuxieme acte, est un des plus soignés que l’on puisse voir à ce théâtre, dont l’administration n'a du reste rien négligé pour établir cet ouvrage.
L’auteur est M. Hector-Chaussier ; celui des ballets M. Richard, et celui de la musique M. Quaisain.
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