La Ville et le village

La Ville et le Village, divertissement en un acte, mêlé de vaudevilles, de Raboteau, 9 brumaire an 10 [31 octobre 1801].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Ville et le village (la)

Genre

divertissement

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose

Musique :

vaudevilles

Date de création :

9 brumaire an 10 [31 octobre 1801]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Raboteau

Almanach des Muses 1803.

Courrier des spectacles, n° 1706 du 10 brumaire an 10 [1er novembre 1801], p. 2 :

[La pièce a eu du succès, grâce à « de jolis couplets, des détails agréables, des oppositions piquantes », et malgré un fonds jugé faible, et ressemblant à celui de l'Épreuve villageoise. L’intrigue ne brille en effet pas par l’originalité : deux jeunes de la campagne prêts à se marier, en proie aux moqueries de gens de la ville qui tentent de les séduire, mais en vain. Les deux élégants se rachètent en doublant la dot des deux fiancés. Deux couplets sont chargés de nous convaincre que la pièce offre bien « de jolis couplets ».]

Théâtre du Vaudeville.

La Ville et le Village, divertissement en un acte représenté hier sur ce théâtre eut beaucoup de succès De jolis couplets, des détails agréables, des oppositions piquantes, voilà la partie recommandable de l’ouvrage ; quand [sic] au fonds du sujet, c’est la partie foible ; il ressemble à celui de l’Epreuve villageoise.

Melcour, jeune homme du bon ton, et la coquette Cidalise, arrivent de Paris au château de M. de Bonneval où se prépare la nôce do Claudin et de Georgette ; la simplicité et la candeur de ces jeunes villageois sont tournées en ridicule par nos elégans qui forment le projet de s’assurer si réellement ils sont ce qu’ils paroissent. A cet effet, et avec la permission de M. de Bonneval, ils cherchent à séduire l’un Georgette, l’autre Claudin ; mais ils échouent tous deux dans leur projet, et ils doublent la dote [sic] des jeunes fiancés.

Parmi les couplets, nous citerons les deux suivans :

Cidalise.

Air : . . . .

L’Amour est le même partout,
Partout il ne songe qu’a rire ;
On a du penchant et du goût,
On se convient et l'on s’attire ;
Mais en fait de beaux sentimens,
De flamme, d’ardeur sans seconde,
On a tout mis dans les romans,
Il n’en reste plus dans le monde.

Melcour.

Air de Frosine.

Ne savons-nous pas que l’Amour
N’est qu'un enfant .... d’un certain âge ?
Quoiqu'en dise la vieille cour,
Changer est partout son usage.
On l’a vu par fois sans bandeau,
Et c’est ce que craignent nos belles ;
On l'a vu souvent sans flambeau,
      Mais l’a-t-on vu sans ailes ?

La Décade philosophique, littéraire et politique, an X, premier trimestre, n° 5 du 20 brumaire, p. 309-310 :

[L’article s’ouvre par l’analyse du sujet, réduite à une « indiscrette gageure », « semer le trouble » dans un jeune couple de la campagne, le jour de leur mariage. Les deux citadins malveillants en sont pour leurs frais. La pièce a des qualités : certes, le sujet n’est pas neuf (et le critique a beau jeu de citer une belle liste de pièces sur le sujet), mais c’est un vaudeville qui a la particularité de « rappeler le Vaudeville à cette simplicité de ton, à cette pureté de goût » d’autrefois, en éliminant les saillies satiriques et les calembours et les jeux de mots caractéristiques du « genre moderne », au profit de couplets bien écrits et en situation, d’un « dialogue […] naturel et franc ». La pièce a eu de succès, l’auteur a été demandé et nommé, et la pièce sera encore mieux appréciée quand les acteurs sauront leur rôle et que mademoiselle Desmares cessera de chanter en rendant les couplets incompréhensibles. Par contre, félicitations à madame Henri, pour son jeu et pour son chant.]

La Ville et le Village.

Deux jeunes villageois s'aiment avec candeur et sont prêts à s'unir : deux citadins qui font profession de ne pas croire que l'amour et le cœur soient plus constans et plus purs au village qu'à la ville, font l'indiscrette gageure de semer le trouble dans ce ménage, même la veille des noces ; mais la séduction du galant et le manége de la coquette, échouent contre la vertu naïve de Georgette et la franche droiture de Claudin. Il n'en résulte qu'une légère altercation, fondée sur une fausse apparence et sur une ruse du petit-maître, pour avoir un ruban donné le matin même à Georgette , par son amant.

Cette opposition est de bon goût : le fonds de l'action n'est pas neuf, si l'on veut ; Bastien et Bastienne, le Devin du village, Blaise et Babet, l'Epreuve villageoise, ont présenté des tableaux de genre analogues à celui-ci ; mais on doit savoir gré à l'auteur d'en avoir rajeuni le coloris, et de rappeler le Vaudeville à cette simplicité de ton, à cette pureté de goût dont Favart fut un si charmant modèle, et que l'auteur paraît avoir étudié avec fruit. Les couplets ont l'avantage d'être bien écrits et toujours en situation ; le dialogue est naturel et franc ; l'esprit s'y trouve sans affectation et sans placage, mérite d'autant plus réel qu'il est plus rare. Les amateurs du genre moderne, c'est-à-dire, des saillies satiriques et des calembourgs ou des jeux de mots, ont été surpris, mais pourtant flattés, quoique plus doucement ; les esprits délicats, les amis du bon genre, ont applaudi aux idées gracieuses et à la fraîcheur du coloris. La pièce a obtenu le succès qu'elle méritait, et l'auteur demandé, le C. Raboteau a été nommé tout seul ( ce qui depuis quelque tems est un phénomène.) Il a dû être satisfait : il peut même espérer que son ouvrage sera plus goûté encore quand les acteurs y mettront toute la sûreté de leur mémoire, quand mademoiselle Desmares voudra bien sacrifier un peu sa manière de chanter à la nécessité de faire entendre les couplets. On doit des éloges à madame Henri, qui gagne beaucoup depuis quelque tems, et par le chant et par le jeu. La réunion de ces deux jolies actrices ajoute du charme à l'ouvrage du C. Raboteau.

L. C.          

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, VIIe année (an IX – 1801), tome troisième, p. 548

La Ville et le Village.

Ce divertissement a été joué le 9 brumaire. Il n'est pas très-divertissant ; mais quelques tableaux assez jolis, quoiqu'ils n'aient pas le mérite de la nouveauté, ont été applaudis, et ont disposé à l'indulgence. L'intrigue est bien peu de chose. Deux jeunes paysans sont sur le point de se marier ; deux jeunes gens de la ville veulent les éprouver, et parient qu'ils ne resteront pas fidelles l'un à l'autre. Leur dot doit être doublée, s'ils résistent aux épreuves. On se doute bien que les jeunes amans se brouillent se racommodent , et s'unissent. Les détails valent mieux que le fonds de l'ouvrage. L'auteur est le C. RABOTEAU.

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