Le valet rival et confident, opéra français en trois actes, paroles de M. Hippolyte parodié sur la musique de Paisiello, 27 octobre 1789.
Théâtre de Monsieur.
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Titre :
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Valet rival et confident (le)
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Genre
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opéra français
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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Musique :
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oui
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Date de création :
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27 octobre 1789
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Théâtre :
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Théâtre de Monsieur
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Auteur(s) des paroles :
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M. Hippolyte
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Compositeur(s) :
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Giovanni Paisiello
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Mercure de France, tome CXXXVII, n° 45 du samedi 7 novembre 1789, p. 20-22 :
[Le compte rendu s’ouvre sur le résumé d’une intrigue plutôt convenue. C’est par sa minceur que le critique explique l’échec de la pièce. Mais il souhaite qu’on applique à ces opéras parodiés la même indulgence que pour les opéras italiens, dont les « poëmes » ne valent pas mieux que celui-ci. C’est la musique qui fait la valeur de ces opéras, et celle de Paisiello est de qualité.]
THÉATRE DE MONSIEUR.
Trois Nouveautés avoient été annoncées dans la même semaine ; l'indisposition subite d'un Acteur n'a permis d'en donner que deux.
La première est un Opéra françois, intitulé le Valet Rival & Confident. Une jeune fille, nommée Camille, a été élevée dans la maison de M. Géronte. Devenue grande, le vieillard se prend si bien d'amour pour elle, que sa femme s'en apperçoit, & met Camille à la porte. Le Valet, amant aimé de Camille, la cherche par ordre de son Maître, & parvient à la trouver dans une maison seule, où elle s'est retirée. Les deux jeunes gens, d'accord avec Madame Géronte, cherchent tous les moyens de se soustraire aux poursuites de son mari. Basile, son Valet, à qui il a tout confié, joue successivement divers personnages ; mais enfin il est découvert. Cependant Géronte leur pardonne, pour ne pas irriter sa femme, & pour ne pas perdre la considération dont il a joui jusqu'à ce moment.
Ce fonds, beaucoup trop léger pour soutenir trois Actes dans une situation qui ne peut guère varier, a inspiré peu d'intérêt. Une situation qui termine le second Acte, où Géronte est sur une échelle menacé par Camille & par Basile, a paru d'abord assez gaie, mais beaucoup trop prolongée par la musique, elle a fini par déplaire & impatienter le Spectateur. En général l'intrigue a paru froide, & le dialogue trop dépourvu de traits saillans.
On a donc fait justice aux paroles; mais l'a-t-on faite à la musique ? Quoique l intrigue italienne soit beaucoup plus mauvaise que l'intrigue françoise, & qu'elle soit sur-tout de très-mauvaises mœurs, la musique a fait un plaisir extrême en Italie ; elle en a fait très-peu à Paris, où beaucoup de gens paroissoient douter qu'elle fût de ce célèbre Maître. Si elle eût été exécutée par la Troupe Italienne, elle eut [sic] sans doute paru excellente. N'y a-t-il pas un peu de prévention contre les Acteurs François ? Il est douteux que personne eût mieux chanté que Madame Ponteuil. La beauté de sa voix & de son exécution sont rares, même en Italie. On devoit savoir peut-être plus de gré à M. Martin de ses efforts, & sur-tout de ses progrès. On lui reproche d'imiter M. Mandini dans son chant, ce devroit être plutôt un sujet d éloges : la Troupe Italienne doit être regardée sur-tout comme une école pour la France, & les talens de ceux qui la composent nous sont d'autant plus précieux, qu'ils doivent servir à former ceux de nos Chanteurs. N'est-il donc pas permis d'imiter, quand on choisit si bien ses modèles ? M. Fleuri, qui a su donner à son rôle un caractère très-piquant & très-comique, qui l'a rendu avec toute la chaleur & toute l'intelligence qui lui sont ordinaires, ne devoit-il pas être traité plus favorablement ? Si le Public oublie la première indulgence qu'il a eue pour ce genre ; s'il exige trop tôt de la part des François une exécution égale à celle des Italiens ; s'il n'a pas pour les Poëmes traduits ou parodiés un peu de cette tolérance qu'il accorde aux Poëmes italiens, & s'il ne leur pardonne rien en faveur de la musique, il hâtera lui même la chute d un genre qui C’est la musique qui pourroit devenir très-agréable, & se privera de grands plaisirs.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome XII (décembre 1789), p. 343-344 :
[La pièce a échoué, parce que le fonds est trop léger : intrigue froide, « mauvaises mœurs », dialogue manquant de « traits saillans », et « le spectateur » (notons le singulier !) s’est impatienté. Ce qui a nui à la musique, qui méritait un meilleur sort.]
THÉATRE DE MONSIEUR.
Le mardi 27 Octobre, on a donné la premiere représentation du Valet rival & confident, opéra françois, parodié sur fa mufique del fignor Paisiello.
Une jeune fille, nommée Camille, a été élevée dans la maison de M. Geronte. Devenue grande, le vieillard se prend si bien d'amour pour elle, que sa femme s'en apperçoit, & met Camille à la porte. Le valet, amant aimé de Camille, la cherche par ordre de son maître, & parvient à la trouver dans une maison seule, où elle s'est retirée. Les deux jeunes gens, d'accord avec madame Geronte, cherchent tous les moyens de se soustraire aux poursuites de son mari. Baside, son valet, à qui il a tout confié, joue successivement divers personnages ; mais enfin il est découvert. Cependant Géronte leur pardonne, pour ne pas irriter sa femme, & pour ne pas perdre la considération dont il a joui jusqu'à ce moment.
Ce fonds, beaucoup trop léger pour soutenir trois actes dans une situation qui ne peut guere varier, a inspiré peu d'intérêt. Une situation qui termine le second acte, où Géronte est sur une échelle menacé par Camille & par Basile, a paru d'abord assez gaie; mais beaucoup trop prolongée par la musique, elle a fini par déplaire & impatienter le spectateur. En général l'intrigue a paru froide, de mauvaises mœurs, & le dialogue trop dépourvu de traits saillans. On a donc fait justice aux paroles: mais on n'en a peut-être pas rendu assez aux beautés de la musique, dans laquelle il étoit aisé de reconnoître la touche brillante, légere & intéressante de Paisiello.
Témoin de la seconde vie de l'œuvre, le Mercure de France, n° 8 du samedi 20 février 1790, p. 114-116, évoque la première représentation du Valet rival, qui reprend la musique du Valet rival et confident avec un « nouveau poëme », mais en conservant les paroles des différents airs, ce que le Mercure de France considère comme une sorte d’exploit...
D’après la base César, la pièce a été jouée une seule fois le 27 octobre 1789 sur le Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau. Mais il a été ensuite repris sur le même théâtre sous le titre du Valet rival à partir du 6 février 1790, pour une série de 18 représentations allant jusqu’au 24 août, puis pour deux représentations, les 8 et 10 mars 1791.
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