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Le Vicende amorose (les Vicissitudes amoureuses)

Le Vicende amorose (les Vicissitudes amoureuses), opéra-bouffon italien del Signor Tritta, 26 janvier 1789.

Théâtre de Monsieur.

Tritta, ou Tritto, c'est selon...

Titre :

Vicende amorose (le), les Vicissitudes amoureuses

Genre

opéra-bouffon

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

26 janvier 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Tritta (ou Tritto)

On trouve aussi le nom de l’auteur sous la forme Tritto (mais le Mercure de France n° 8 du 21 février 1789, p. 141 condamne cette forme, en même temps que d’autres erreurs sur les noms de musiciens italiens. Ce qui n’empêche pas qu’on la retrouve dans de nombreux ouvrages, anciens comme modernes).

Mercure de France, n° du 14 février 1789, p. 84-89 :

[Compte rendu très intéressant d’un opéra comique italien (un opera buffa). On retrouve dans cette critique tous les traits répétitifs de la critique de ce genre de pièce : sujet peu propre au théâtre, du moins selon le goût français ; abus du pastiche (la partition perd toute couleur propre, pour permettre aux chanteurs de se montrer dans des morceaux qu’ils apprécient), ce qui produit à la fois un style disparate et « détruit la variété que l’auteur avoit mise entre ses morceaux ». Le résumé de l’intrigue est fait non pour son intérêt, mais pour ceux qui n’ont pas envie de lire la traduction du livret. Une intrigue compliquée et peu vraisemblable, dont le critique paraît avoir hâte de se débarrasser. Autre élément indispensable, où cet opéra a-t-il été créé ? On ne sait pas. Puis liste des ‘morceaux remarquables, avant d-attaquer le morceau de bravoure, le jugement sur les chanteurs. Chacun a droit à son appréciation, plutôt favorable (les chanteurs et chanteuses ont généralement de belles voix, et certains sont même de bons acteurs (ce n’est pas, de loin, le cas de tous à l’époque !). Une des chanteuses se voit tout de même invitée à mieux articuler. Et un autre sur-joue un peu, en bon acteur italien : il est invité à plus de mesure (et aussi à ne pas noircir ses sourcils...). Bon orchestre. l’article s’achève par l’annonce de ce qui va être joué.]

Nos avons promis des détails sur les Pièces représentées à ce Théatre, & sur les Acteurs qui composent les trois Troupes ; nous commencerons par la Troupe Italienne.

L'Opéra par lequel on a ouvert ce Spectacle, Le Vicende Amorose, est del Signor Tritta, Compositeur avantageusement connu en Italie depuis quelques années. Malheureusement on ne peut pas trop juger de ses talens par cet Ouvrage, parce que le sujet est trop peu théatral pour nous, & que la plupart des morceaux qu'on nous a fait entendre ne sont pas de lui. On en a substitué aux siens un assez grand nombre de divers Compositeurs, & c'est peut être une faute de l'Administration, que de l'avoir permis. Tous les sujets, pour mieux briller, veulent chanter des morceaux qui leur sont propres ; mais il en résulte une disparate de style choquante pour les oreilles délicates, & qui détruit en même temps la variété que l'Auteur avoit mise entre ses morceaux. Ces deux vices, tout contraires qu'ils paroiſſent être l'un à l'autre, se font sentir dans cette Pièce. Quoique la plupart des morceaux appartiennent à des Auteurs différens, on y remarque une uniformité de mouvemens qui les fait paroître tous de la même couleur. Un autre inconvénient, c'est que ces airs ainsi transportés, sont tirés d'autres Ouvrages où nous ne pourrons plus les revoir, quoiqu'ils y soient mieux placés. Par exemple , le duo entre le Buffo & la seconda donna, Il dubbio ch'io tingo, eſt de la Villanella rapita, del signor Blanchi, qu'on nous donnera peut-être quelque jour.

L’intrrigue de cet Opéra est fort peu de chose. Nous n'en parlons qu'en faveur de ceux qui, ne se souciant pas d'en lire la traduction, veulent pourtant en avoir une idée.

Arpalice, Chanteuse Italienne, a été aimée à Venise par le Marquis. Dublas, Seigneur Hollandois, ami de celui ci, l'a connue à Naples, où elle passoit pour une grande Dame. Délaissés tous deux, ils ont juré à tout le sexe une haine implacable. Arpalice , sous le nom de Laurette, s'est retirée dans le même village qu'eux. Ils se retrouvent. De là des reproches sanglans. Arpalice, toujours coquette, a enflammé le plus considérable Bourgeois du village, homme ridicule, qui fait des promesses de mariage à trois femmes à la fois. Après beaucoup de mouvement, sans chaleur & sans liaison, le Bourgeois D. Polibio retourne à sa première Maîtresse, & Arpalice épouse le Marquis.

Nous ignorons où cette Pièce a été donnée pour la première fois. Elle a été représentée l'Eté dernier à Rome avec succès (Voyez le Calendrier Muſical universel, page 181.). Les morceaux qu'on a distingués ici, sont, 1°. l'introduction , 2°. le duetto doit nous avons parlé ; 3°. la cavatina de la prima Donna, Che placer che bel diletto, qui est de M. Mengozzi ; 4". un terzetto, O che barbaro accidente ; 5°. un air de Dublas (Basso serio) Appena l'occhi miei, & le final du premier Acte. Dans le second, le terzetto Un suave gentil campanello & le final.

La prima donna est Mademoiselle Baletti, jeune Allemande, dont la voix juste, suave, est enchanteresse. Elle a une adresse infinie, qui donne l'air de la facilité à tout ce qu'elle exécute. Elle avoit assuré déjà son succès au Concert spiritual & dans une grande Société. Ceux qui prennent un intérêt réel à son talent, l'invitent à soigner davantage sa prononciation. C'est une erreur funeste de croire que les paroles italiennes ne doivent pas être articulées. Les Maîtres Italiens ont la plus grande attention à cet égard, & les célèbres Cantatrices que nous avons entendues en ont prouvé la facilité. Mademoiselle Baletti réunit trop d'avantages pour négliger celui-là , c'est peut-être le seul travail qui lui reste à faire.

La seconda donna, Madame Marianna Santoro Limperani, a une voix agréable & facile, avec une grande d’habitude [sic] du Théatre. Elle chante avec beaucoup de grace le duetto du premier Acte, & un air du même Acte, de la composition de M. Mengozzi. Elle a chanté, dans l'Automne de 1787, à Pise, à Saint-Pierre d'Aréna, & à Gênes, les rôles de première femme.

M. Carlo Rovedino , basse sérieuse, chante le rôle de Dublas, un Hollandois. Sa voix est superbe, & quoiquc très grave, & avec le caractère propre à son diapason, elle est légère, & capable d'exécuter des passages avec facilité. La méthode de M. Rovedino est excellente. Le succès prodigieux qu'il avoit déjà eu dans une Société nombreuse & brillante, a été confirmé par le Public Il a chanté, en 1787, à Milan, à Monza, à Rome, & étoit encore dans cette dernière ville au Printemps de 1788.

M. Filippo Scalzi est le tenore. Son chant a de la grace & de la facilité. Il a parcouru, de 1787 à 1788, les Théatres de Cento, de Ferrare, de Florence, de Livourne, de Lugo, & de Rovigo.

Le Buffo Caricato, genre de rôle qui répond à nos comiques, & dont la voix est une basse ou un tenore, mais plus ordinairement une basse, est chanté par M. Luigi Rafanelli. Sa voix n'est pas excellente, mais elle a bien le caractère de ses rôles ; il chante avec beaucoup d'adresse, de précision, & de la manière qui convient à une basse. Il joue en Acteur consommé, & fait voir beaucoup d'intentions comiques. Si dans les premières représentations il a un peu outre-passé la mesure que l'on accorde à la caricature en France, ce n'est pas à lui qu'il faut s'en prendre, mais au goût de son pays. Comme il paroît entendre très bien la scène, il suffit de l'avertir de ce que nous aimons & de ce que nous rejetons. Par exemple, nous croyons devoir lui dire qu'en noircissant ses sourcils, il se prive, par cette grimace factice, de beaucoup d'avantages naturels. Sa physionomie, très-mobile, se prêteroit assez d'elle même au comique. Elle y perd beaucoup de jeu & d'expression. Madame Raffanelli, son épouse, chante les troisièmes rôles. Elle paroît exercée au Théatre. On peut juger que sa voix a été bonne, mais elle en a perdu la plus grande partie.

M. Bianchi a chanté un rôle de remplissage , dans lequel on ne sçauroit le juger. Il a débuté une fois, l'année dernière, à Versailles. On a trouvé sa voix foible, mais agréable ; & beaucoup plus d'aisance dans son maintien, que les Acteurs de sa nation n'en ont ordinairement.

L'orchestre, composé des plus célèbres Artistes de Paris, mérite aussi les plus grands éloges par son ensemble & l'exacte observation des nuances du doux au fort. M. Mengozzi, déjà connu par ses talens pour le chant & pour la composition, tient le clavecin. M. Janeiwicks est le premier violon pour la Troupe italienne.

On prépare à ce Théatre il Re Teodore à Venezia, Ouvrage charmant du célèbre Paisiello, dont la réputation est déjà faite en France, & par lequel, peut-être, on auroit dû commencer.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome III (mars 1789), p. 351-353 :

[Critique plutôt positive, avec deux éléments contestés : d’abord l’abus des airs empruntés à d’autres compositeurs, pour satisfaire les fantaisies des chanteurs ; l’abus du récitatif. Par contre, les « morceaux d’ensemble » sont appréciés.]

Le vicende amorose, est del dignor Tritta, compositeur avantageusement connu en Italie depuis quelques années Malheureusement on ne peut pas trop juger de ses talens par cet ouvrage, parce que le sujet est trop peu théatral pour nous, & que la plupart des morceaux qu'on nous a fait entendre ne sont pas de lui. On en a substitué aux siens un assez grand nombre de divers compositeurs, & c'est peut-être une faute de l'administration, que de l'avoir permis. Tous les sujets, pour mieux briller, veulent chanter des morceaux qui leur sont propres ; mais il en résulte une disparate de style choquante pour les oreilles délicates, & qui détruit en même-tems la variété que l'auteur avoit mise entre ses morceaux. Ces deux vices, tout contraires qu'ils paroissent être l’un à l'autre, se font sentir dans cette piece. Quoique la plupart des morceaux appartiennent à des auteurs différens, on y remarque une uniformité de mouvemens qui les fait paroître tous de la même couleur. Un autre inconvénient, c'est que ces airs ainsi transportés, sont tirés d'autres ouvrages où nous ne pourrons plus les revoir, quoiqu'ils y soient mieux placés. Par exemple, le duo entre le buffo & la seconda donna, il dubbio ch'io tingo, est de la Villanella rapita, del signor Bianchi, qu'on nous donnera peut-être quelque jour.

L'intrigue de cet opéra est fort peu de chose. Nous n'en parlons qu'en faveur de ceux qui, ne se souciant pas d'en lire la traduction, veulent pourtant en avoir une idée.

Arpalice, chanteuse italienne, a été aimée à Venise par le marquis ; Dublas, seigneur hollandois, ami de celui-ci, l'a connue à Naples, où elle passoit pour une grande dame. Délaissés tous deux ils ont juré à tout le sexe une haine implacable. Arpalice , sous le nom de Laurette, s’est retirée dans le même village qu'eux. Ils se retrouvent. De-là des reproches sanglans. Arpalice, toujours coquette, a enflammé le plus considérable bourgeois du village, homme ridicule, qui ſait des promesses de mariage à trois femmes à la fois. Après beaucoup de mouvement, sans chaleur & sans liaison, le bourgeois D. Polibio retourne à sa premiere maîtresse, & Arpalice épouſe le marquis.

Les beautés musicales de cette piece ont été fort goûtées pendant le premier acte. On a sur-tout applaudi les morceaux d'ensemble, exécutés avec une préciſion rare & une union parfaite : mais la longueur du récitarif a excité l'impatience du public. Les deux finali sont du plus grand effet. Il est à présumer qu'au moyen de retranchemens adroitement faits, cet ouvrage obtiendra tout le succès qu'il mérite.

(Mercure de France ; Journal de Paris)

D’après la base César, cet opéra comique en 2 actes est l'œuvre de Giacomo Tritto (mais peut-être est-ce Tritta), et il a été joué 12 fois au Théâtre de Monsieur, du 26 janvier au 18 février 1789.

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