Le Vieux chasseur, comédie en 3 actes mêlée de vaudevilles, de Francis, Tournay et Marc-Antoine Désaugiers, 3 mars 1806.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Vieux chasseur (le)
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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prose avec couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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3 mars 1806
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Francis, Tournay et Marc-Antoine Désaugiers
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Almanach des Muses 1807.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1806 :
Le vieux Chasseur, comédie en trois actes, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Francis, Tournay et Désaugiers.
Courrier des spectacles, n° 3517 du 4 mars 1806, p. 2 :
Le Vieux Chasseur, joué hier pour la première fois au théâtre du Vaudeville, y a obtenu beaucoup de succès ; c’est un très-joli opéra-comique, où l’on a applaudi beaucoup de détails aimables et spirituels Les auteurs, qui ont été demandés, sont MM. Desaugiers, Tournay et Francis.
Courrier des spectacles, n° 3518 du 5 mars 1806, p. 2 :
[Le compte rendu s’ouvre de façon curieuse sur la remise en cause du sujet : selon le critique, il n’existe plus de ces « gentilshommes campagnards » obsédés par la chasse, et leur droit de chasse. C’est la carrière des armes qui occupe ces seigneurs, et le gentilhomme chasseur de lièvre n’est qu’un souvenir bon seulement à fournir un sujet hors du temps. Pour faire l’analyse de la pièce, il faut d’abord en présenter longuement l’avant-scène : la querelle entre un châtelain et son voisin pour une affaire très mince de lièvre tué, et qui s’est soldé par un duel où l’un des deux hommes a cru tuer l’autre. Il n’a plus qu’à fuir en confiant sa fille à des personnes de confiance. Il ne revient que vingt ans après, et c’est pour constater que sa fille est amoureuse de celui qu’il croit avoir tué en duel. Mais il constate aussi que son adversaire qui a survécu au duel veut racheter sa terre pour la lui conserver, et il se réconcilie avec lui : sa fille va pouvoir épouser la fille de celui qui devient par là son bienfaiteur. Le sujet traité là n’est pas celui d’un vaudeville, mais est une sorte d’opéra-comique dont « le principal mérite » n’est pas des couplets soignés, mais dans « des situations intéressantes, des scenes bien conduites, de la fraîcheur et de la gaité » (c’est bien mieux).Et l’interprétation est jugée remarquable. Rien sur le succès de la représentation : il a été indiqué dans le court article de la veille, avec le nom des auteurs.]
Théâtre du Vaudeville.
Le Vieux Chasseur
Ce caractère est un peu usé, ou plutôt il n’est plus guères assorti à nos mœurs actuelles. Combien autrefois de gentilshommes campagnards dont toute l’occupation étoit de courre le lievre ! et de tourmenter leurs pauvres vassaux, s'ils s’avisoient de trouver mauvais qu’on désolât leur petit héritage !
Les lièvres aujourd’hui sont devenus presque aussi rares que les Seigneurs ; et la carrière des armes présente trop de chances glorieuses pour que l’on veuille borner ses exploits à faire la guerre à des lapins ; mais on se souvient encore de ces tems où tuer un lièvre pouvait être un crime capital ; où toute la science d’un gentilhomme pouvoit se réduire à l’art de la vénerie ; et ces souvenirs ont suffi pour fournir un sujet aux auteurs de la pièce nouvelle.
Le propriétaire du château de la Roche, bon, mais un peu bourru, et chasseur aussi déterminé que maladroit, a eu, dans sa jeunesse, avec le seigneur du château de Marsilly une querelle dont un lièvre étoit l’objet, et pour laquelle il s’est battu. Le seigneur de la Roche n’a pas été plus heureux sur le pré qu'il ne l'est à la chasse, et percé d’un grand coup d’épée, a été laissé pour mort sur le champ de bataille. M. de Marsilly, poursuivi par la famille de son adversaire, qu’il croit avoir tué, s’est vu forcé de s’expatrier et de laisser sa fille Hortense entre les mains du vicaire du lieu, qui, en mourant, a confié cette jeune personne à la fermière du château. Hortense, qui se croit sans autre appui que la bonne Mathuriue, sa mère adoptive, devient sensible au mérite du jeune la Roche, fils de l’ancien ennemi de son père. De son côté, ce jeune homme a conçu pour elle l’amour le plus vif et le plus respectueux. Après vingt ans d’absence, M. de Marsilly apprend que son château va être vendu à la requête de ses créanciers, et qu’un M. de la Roche, qu’il croit parent de son ancien ennemi, veut s’en rendre adjudicataire. Pour éviter ce malheur, il revient dans le pays, sous le déguisement d'un joueur d’orgue organisée. Le jeune la Roche, dont le Vieux Chasseur épie la conduite, charge le prétendu joueur d’instrument de porter une lettre à Hortense. M. de Marsilly s’apperçoit qu’il s’agit de sa fille ; il accepte le message, et profite de cette occasion pour s’assurer qu’Hortense n’a conçu qu’un amour qu’elle est prête a sacrifier au devoir.
Après avoir reconnu dans M. de la Roche son ancien adversaire, et dans l’intention que ce dernier a eue d'acheter la terre de Marsilly le désir de la conserver à son premier propriétaire, M. de Marsilty obtient que l’amitié succède à leurs debats, et que l’hymen du jeune Laroche et d’Horteuse en devienne le premier lien.
Ce sujet sort du genre du vaudeville ; c’est un véritable opéra-comique dont les couplets, quoique soignés, ne forment pas le principal mérite, mais dans lequel on trouve des situations intéressantes, des scenes bien conduites, de la fraîcheur et de la gaité.
M. Chapelle a joué d’une maniere très-distinguée le rôle du Vieux Chasseur ; Mad. Belmont a mis beaucoup de grâces dans celui d’Hortense ; et MM Julien et Vertpre ont donné de nouvelles preuves de talent dans les rôles qui leur étoient confiés.
La Revue philosophique, littéraire et politique, an 1806, Ier trimestre, n° 8 (11 mars 1806), p. 507 :
[La pièce est plutôt bonne, « de la grâce dans l'esprit, de la finesse dans le dialogue, de la tournure dans les couplets », cela ferait presque passer les longueurs. Parce que la pièce est bien longue, avec ses trois actes : un vaudeville en trois actes, c’est bien ambitieux, malgré un contre-exemple. Le trio d’auteurs est le même qu’une pièce hélas exilée au Théâtre Montansier (parce que tous les théâtres ne se valent pas !), et dont le titre est cité de façon inexacte.]
Théâtre du Vaudeville.
Le Vieux Chasseur, en trois actes.
Trois actes paraissent toujours un peu longs pour le genre du vaudeville ; mais le succès de Fanchon la Vielleuse est un appât pour l'ambition des chansonniers. La pièce du Vieux Chasseur pouvait, je crois, être réduite sans scrupule. Quelques scènes de moins auraient épargné aux auteurs le juste reproche de plusieurs réminiscences trop prononcées ; mais avec de la grâce dans l'esprit, de la finesse dans le dialogue, de la tournure dans les couplets, les auteurs ont trouvé le secret de se faire pardonner quelques longueurs, et l'on n'en sera pas surpris quand on saura que l'ouvrage est de MM. Tournai, Francis et Désaugiers, les mêmes qui ont donné au théâtre Montansier un des plus jolis vaudevilles qui aient paru depuis long-tems et que je regrette toujours de voir dans un cadre un peu subalterne : je veux dire les Chevilles du Père Adam. L. C.
L’Opinion du parterre, troisième année (février 1806), p. 218-219 :
3 Mars.
Première représentation du Vieux Chasseur, vaudeville en trois actes de Désaugiers, Tournay et Francis. Succès. Le refrein du dernier couplet du vaudeville de cette pièce n'est pas modeste :
Pan, pan, pour chaque acteur ;
Pan, pan, pour chaque actrice ;
Pan, pan, pour chaque auteur.
Cela s'appelle donner sa leçon toute prête au bon public. Cet exemple ne sera probablement pas imité, quoique les latins l'aient donné dix-huit cent ans avant les auteurs du Vieux Chasseur : Vos valete et plaudite, dit Térence. Ce n'est pas en cela qu'il faut le suivre.
Archives littéraires de l’Europe, tome neuvième (1806), Gazette littéraire, mars 1806, p. lv-lvi :
[La Gazette littéraire rapproche le personnage du vieux chasseur d’un personnage du Tom Jones de Fielding (c’est une revue européenne !) et regrette même la discrétion de l’emprunt. Puis vient « un bref apperçu » de l’intrigue, une histoire d’intérêt et d’amour, qui se dénoue parfaitement comme on pouvait le prévoir : le disparu reparaît, il est le père de la jeune fille qu’aime le fils du vieux chasseur : les jeunes gens peuvent convoler. Le critique remarque qu’il y avait matière à un drame (« il y avoit matière pour trois ou quatre reconnoissances »), mais les auteurs, qui sont des experts en vaudeville ont su produire un vrai vaudeville : « de jolis tableaux, des situations bien amenées et pas trop approfondies, partout un intérêt doux et simple fondu avec une gaieté franche et spirituelle, des couplets moins brillans que bien placés, des airs bien choisis », toutes ces caractéristiques constituant un véritable programme pour les auteurs de ce genre de pièces (mais on peut aussi écrire des couplets brillants !).]
Théâtre du Vaudeville.
Le Vieux Chasseur, comédie en trois actes.
Tout le monde connoît un vieux chasseur, brusque, emporté, mais sensible et plein d'honneur, bon père„bon ami, mais fort peu civil et portant la franchise jusques à la rudesse, ne sachant ce qu'il aime le mieux de sa meute, de sa Sophie, de ses chevaux ou de ses amis ; les envoyant à tous les diables à la moindre contrariété et réparant ses torts avec une cordialité et une bonhommie qui arrachent à la fois le rire et les larmes. Ce bon Western enfin, si bien peint et si bien en scène dans l'admirable roman de Tom-Jones, est un personnage éminemment dramatique, et il étoit impossible que les auteurs du Vieux Chasseur n'empruntassent pas à Fielding une partie de ses couleurs. Mais il faut convenir qu'ils ont été très-réservés , trop réservés peut-être dans leur emprunt. Il faut convenir aussi que leur ouvrage est assez agréablement conçu pour qu'ils aient pu se passer des idées d'autrui. En voici un foible apperçu.
La Roche, vieux seigneur, avoit été blessé dangereusement il y a plus de vingt ans, à la suite d'un duel survenu pour une querelle de chasse avec M. de Marcilly, autre seigneur qui s'étoit expatrié. Cette disparition étoit une source de chagrin et de repentir pour la Roche. Voilà l'exposition : La Roche soupçonne son fils Adolphe d'aimer Louise, fille d'un fermier du voisinage. Le véritable objet des affections d'Adolphe est Hortense, jeune personne, réputée orpheline, élevée par les parens de Louise. De son côte Louise aime réellement un garde-chasse du canton. La Roche, trompé sur l'objet de la passion de son fils, croit lui jouer un tour cruel en pressant le mariage de Louise avec le garde-chasse. Adolphe paroît très-chagrin de ce qui comble ses vœux. Au milieu de ces petits intérêts de famille, la Roche songe à acquérir le domaine de Marcilly, dans l'intention de le rendre un jour à son propriétaire, s'il rentroit dans sa patrie. Un inconnu se présente et se fait adjuger ce domaine au grand regret de la Roche. On prévoit déjà que cet inconnu est le véritable Marcilly, qui se fait connoître aussi pour le père d'Hortense. Plus d'obstacle à l'amour d'Adolphe, les amis sont réconciliés et les jeunes gens s'épousent.
Il n'y avoit rien de si facile que de faire un drame avec ce fond un peu romanesque. On sait de quelle ressource sont ces inconnus dans les drames, et puis il y avoit matière pour trois ou quatre reconnoissances. Les auteurs, qui paroissent bien connoître le genre du vaudeville, ont usé avec la plus grande sobriété de la partie sentimentale. De jolis tableaux, des situations bien amenées et pas trop approfondies, partout un intérêt doux et simple fondu avec une gaieté franche et spirituelle, des couplets moins brillans que bien placés, des airs bien choisis, voilà ce qui distingue la pièce du Vieux Chasseur et ce qui lui a mérité un grand succès. Les auteurs sont MM. Tournay, Francis et Desaugiers.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome II, p. 413 :
[Sujet à la mode, issu d’un roman, trois actes, mais c’est « peut-être beaucoup », des scènes agréables, des airs bien choisis, « il n'en faut pas davantage pour obtenir un succès au Vaudeville ». Les auteurs sont de toute façon des spécialistes du genre.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Le vieux Chasseur, vaudeville en trois actes.
Cette pièce est à la mode , c'est le plus grand éloge qu'on puisse en faire. Quant au fond, il est puisé dans-le roman de M. Botte, par Pigaut-Lebrun. Trois actes sont peut-être beaucoup pour un sujet aussi léger : mais les scènes sont agréables, les airs bien choisis ; il n'en faut pas davantage pour obtenir un succès au Vaudeville. Les auteurs sont MM. Tournay, Desaugiers et Francis.
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