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Les Vierges du soleil,

Les Vierges du soleil, pantomime héroïque en trois actes, mêlée de dialogue, danse et musique, de Ribié, 9 thermidor an 9 [28 juillet 1801].

Théâtre de la Cité.

On peut consulter dans Gallica la brochure de la pièce de Ribié :

Les Vierges du Soleil, pantomime héroïque en trois actes, mêlée de dialogue, danse, marches et musique. Représentée, pour la première fois, à Paris sur le théâtre de la Cité, le 9 thermidor an IX. Du C. Ribié. Musique du C.

Le nom du compositeur n'est pas indiqué.

PERSONNAGES.

ACTEURS.

ATALIBA , fils de Zulma, et roi de Quito,

Defrêne.

ALONZO, espagnol, allié et ami d'Ataliba,

Périn.

HUASCARD, fils d'Accello , roi de Cusco,

Pompée.

LE GRAND PRÊTRE,

Genest.

LE PÈRE DE CORA, habitant de Quito,

Verseuil.

CORA, prêtresse du soleil,

Mad. Ribié.

UN OFFICIER d'Huascard,

Marky.

PERSONNAGES MUETS.

OFFICIERS à la suite d'Huascard.

GARDES d'Ataliba et d'Huascard.

QUATRE NÈGRES.

LA MÈRE, LES FRÈRES ET SŒURS de Cora.

PRÊTRES ET PRÊTRESSES DU SOLEIL.

TROUPE DE DANSEURS ET DANSEUSES.

La scène se passe au Pérou.

Les décors :

Acte premier :

Le théâtre représente des jardins délicieux ; la nature et l'art se sont disputés pour les embellir ; les productions communes en Amérique, les cocos, le palmier, les orangers, jètent de l'ombrage et de la fraîcheur dans ce climat brûlant ; ils avoisinent le palais d'Ataliba, et font partie des jardins sacrés des prêtresses du soleil.

Acte second :

Le théâtre représente l'intérieur du temple des filles du soleil. Elles entrent toutes, rendent hommage à leur dieu, et sortent, excepté Cora.

Acte troisième :

Le théâtre représente le camp d'Huascard.

La brochure fournit d'abondantes informations sur le déroulement de la pièce :

page 6 (acte 1, scène 3) :

(Musique.) (Marche des:prêtres, prêtresses et peuple. On dresse un trône de fleurs ; les troupes d'Ataliba garnissent les deux côtés du théâtre. Ataliba et Alonzo se placent sur la gauche des spectateurs ; le peuple remplit le fond. Marches des prêtres et prêtresses, de jeunes filles et jeunes garçons portant des vases, des fleurs, des offrandes et des présens consacrés au soleil. Les prêtres se réunissent au cintre, et environnent l'autel sur lequel le feu brûle. Hommage rendu au soleil par ses enfans. De jeunes enfans sont chargés de présenter l'encens au dieu du jour ; leurs mains pures sont seules dignes de s'élever vers l'être qui anime et vivifie la nature. Cérémonies péruviennes ; mysteres et imitation du culte du soleil.)

page 7 (dans la même scène) :

(Musique.) (Un jeune enfant se prosterne devant le grand prêtre du soleil ; il lui présente une couronne blanche. Le grand prêtre la reçoit des mains de l'innocence, et va la placer sur la tête de la vertu. Cora en fait hommage à Ataliba, qui la reçoit avec un respect religieux ; en la lui présentant, ses yeux se tournent vers Alonzo : l'amour s'empare de ses sens : elle reste immobile, et les yeux attachés sur son vainqueur qui, de son côté, éprouve les mêmes sentimens.)

page 8 (même scène, fin de l'acte) :

(Musique.) (Cérémonies des mariages péruviens. Plusieurs jeunes gens présentent les compagnes de leur bonheur ; ils sont unis sous la protection du soleil, et en présence de ses enfans.)

(Les jeux, danses et cérémonies terminent le premier acte.)

page 10 (acte 2, scène 1) :

(Musique annonçant l'arrivée des prêtresses qui viennent chercher Cora.)

(Le théâtre change et représente une riche campagne et l'extérieur du temple des prêtresses du soleil. Alonzo pa rait triste et livré à la plus profonde douleur.)

page 11 (fin de la même scène) :

(Musique qui annonce l'arrivée des prêtres du soleil qui vont travailler à la terre.)

[...]

(Musique ) (Entrée des grands prêtres.)

page 13-14 (acte 2, scène 3) :

(Le théâtre change et représente l'extérieur des jardins consacrés aux filles du soleil. Les jeunes époux et le peuple à leur suite, après la cérémonie qui vient de les unir, se livrent aux plaisirs et aux fêtes. Ballet. Le ciel s' obscurcit ; les simples habitans de Quito se sauvent effrayés. Alonzo, occupé de son amour et de ses grands intérêts, cherche à s'approcher de celle qu'il aime. L'orage et le tonnerre enflamment le cratère d'un volcan voisin du temple qui s'écroule, et paraît ensevelir sous ses ruines les victimes de la superstition. Alonzo vole au milieu des débris : il enlève Cora, l'arrache à une mort certaine et souille ainsi sans le vouloir l'enceinte sacrée. La nature reprend sa fraîcheur et sa beauté. Le théâtre change et représente des jardins du temple que l'orage a épargnés. Alonzo y dépose doucement sa tremblante compagne.)

page 15 (acte 2, scène 3) :

(Musique) (Expression de toute sa passion.)

[Il s'agit de l'amour d'Alonzo pour Cora.]

page 16 (fin de l'acte 2) :

(Sortie et adieux d'Alonzo et de Cora.)

p. 22 (fin de la scène 1 de l'acte 3) :

(Musique.) (La marche défile. Huascard sort accompagné d'Alonzo et de toute sa suite. Le théâtre change et représente l'extérieur des jardins du palais de Quito.)

p. 23 (acte 3, scène 3) :

(Musique.) (Arrivée d'Huascard.)

p. 24 (acte 3, fin de la scène 4) :

(Musique.) (Tous sortent, excepté le père de Cora qui retient Alonzo.)

p. 26 (acte 3, scène 5) :

(Le théâtre change, et représente le lieu du supplice. Cora arrive au milieu des guerriers ; on lui ôte ses marques distinctives de prêtresse du soleil ; toute sa famille l'environne et gémit du sort qui lui est réservé, Cora montre son courage, et, au milieu des tourmens qui vont l'accabler, elle semble chercher son amant et son défenseur, pour qui seul elle regrette le jour. )

p. 30 (acte 3, fin de la scène 6) :

Ballet général qui termine la pièce.

Le Courrier des spectacles n ° 1611 du 9 thermidor an 9 [28 juillet 1801 annonce la création de « la Vierge du soleil, pant. à grand spectacle, retardée par les préparatifs indispensables à la pompe de cet ouvrage ». Le lendemain, il annonce « la première représ. des Vierges du soleil, mélodrame en 3 actes, et à grand spectacle ».

Courrier des spectacles, n° 1613 du 11 thermidor an 9 [30 juillet 1801], p. 2 :

[Le critique commence par s'amuser de la prolifération, dans les théâtres spécialisés dans les pantomimes et autres pièces à machines, des pièces dont le titre contient le mot soleil, les Enfans, les Chevaliers, et maintenant les Filles du Soleil (ce qui n'est d'ailleurs pas le titre de la pièce de Ribié...). Il note qu'il reste bon nombre de liens de parenté qui pourrait servir de titre à ce genre de pièce. La pièce nouvelle présente une particularité dans sa construction, une scène intercalée entre acte 2 et acte 3, comme une sorte d'intermède : voilà donc une pièce en trois actes et une scène. Ribié, l'auteur dont le nom est donné en passant, a choisi de suite de près l'intrigue des Enfants du Soleil, qui suit pas à pas le développement des Incas de Marmontel. Il peut de ce fait se contenter du résumé plutôt succinct, l'histoire d'une « jeune vierge destinée au service du Soleil » qu'un jeune Espagnol tente de séduire, mais qui lui échappe. Comme elle a été aperçue hors du temple, elle est condamnée au supplice, mais elle est sauvée par le retour de son séducteur, qui plaide avec succès pour l'abolition de la loin forçant des jeunes filles « à se consacrer au Soleil ». La première représentation n'a pas été un franc succès, et il faudrait la jouer avec « plus d'ensemble dans l'exécution » : elle vaut actuellement surtout par les éléments extérieurs, décorations, costumes, ballets. Et elle vaut aussi par le style de Marmontel (et donc pas par celui de Ribié...).]

[La base César signale une pièce attribuée à Ribié, les Enfants du soleil ou les Vestales du nouveau monde, jouée sur le Théâtre des Grands danseurs du Roi à partir de 1788.]

Théâtre de la Cité-Variétés.

Depuis quelque tems, parmi nos théâtres destinés spécialement à la pantomime et aux pièces à machines, décorations, etc., il existe une rivalité qui ne nuit pas à la recette. C’est à qui ornera la pièce nouvelle du titre le plus brillant. Jadis les Enfants du Soleil, et dernièrement les Chevaliers du Soleil, au théâtre de la Gaîté, ont piqué par leur titre seul la curiosité des amateurs de pantomimes.

Les Filles du Soleil doivent avoir au moins le même avantage. Si l’on continue de mettre ainsi à contribution la famille du Soleil, on n’en finira pas, et l’on ne lira plus sur les affiches de spectacles que la nomenclature de tous les membres de cette grande famille ; les fils, les petits fils, les neveux ; ne pourroit-on pas y lire aussi le père ou l'oncle du Soleil ? Que sait-on ? on ne doit désespérer de rien. Nous ne prétendons pas borner l'imagination des auteurs : le champ est ouvert. En attendant, donnons une idée des Filles du Soleil, mélodrame en trois actes et une scène , représenté hier pour la première fois à ce théâtre. Nous disons en trois actes et une scène, parce qu’effectivement, entre le deuxième et le troisième actes, il y a pour ainsi dire un intermède d’une scène, à laquelle nous ne pouvons donner le nom d'acte. Voici de quelle manière le citoyen Ribié a traité ce sujet. Il ne s’est point écarté de la marche suivie dans les Enfants du Soleil, pièce ancienne, calquée entièrement sur le poëme des Incas de Marmontel.

Alonzo, jeune espagnol, s’est réfugié à la cour d’Ataliba, roi de Quito, qui est en guerre avec Huascar, son frère, roi de Cusco. Il y voit la belle Cora, vierge destinée au service du Soleil, et soudain l’amour le dévore. Il l’enleve du temple durant un orage, et l’engage à le suivre dans la solitude. Cora résiste et retourne au temple. Elle a été apperçue, on l’accuse, on l’arrête, tout se prépare pour son supplice.

Pendant ce tems, Alonxo qui ignoroît ces suites terribles de sa fuite, étoit allé trouver Huascar, et l’avoit engagé à déposer les armes et à venir se réconcilier avec son frère.

A son retour, le père de Cora veut, mais envain, l’engager à fuir, en lui annonçant le sort funeste de son amante. L’espagnol se présente au lieu du supplice : la, il défend avec assurance l’innocente Cora, et parvient à faire révoquer la loi barbare qui forçoit des jeunes filles à se consacrer au Soleil.

Cette première représentation n’a pas eu tout le succès qu’on pouvoit desirer. A la seconde, on mettra sans doute plus d’ensemble dans l’exécution. Bref, dans cet ouvrage, ce qu'il y a de beau, ce sont les décorations ; de brillant, les costumes ; de soigné, les ballets ; de bon, c’est le style de Marmontel.

F. J. B. P. G***.          

 

L.-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris, le Théâtre de la Cité 1792-1807 (Paris, 1910), p. 235-236 :

[Louis-Henry Lecomte a une lecture plutôt historique de la pièce, la diplomatie jouant un grand rôle dans l'intrigue. Il y voit aussi un moment de libération des indigènes des lois qui les oppriment. Il fait ainsi l'éloge d'une colonisation libératrice.]

9 thermidor (28 juillet) : Les Vierges du soleil, pantomime héroïque en 3 actes, par Ribié.

Ataliba

CC.

Defresne.

Alonzo

Périn.

Huascard

Pompée.

Le Grand-Frêtrc

Genest.

Le Père de Cora .

Verseuil.

Un officier d'Huascard

Marty.

Cora

Cne

Ribié.


 

L'empire des Incas a été partagé en deux royaumes. Ataliba règne sur Quito et Huascard, son frère utérin, sur Cusco. Ce dernier veut qu'Ataliba se soumette à lui ; l'autre, qui n'y peut consentir, envoie à son frère, comme ambassadeur, l'espagnol Alonzo. L'envoyé s'éprend, à Cusco, de Cora, prêtresse du Soleil, qui ne reste pas insensible à ses soins galants. L'éruption d'un volcan permet à Alonzo de sauver les jours de la prêtresse, mais il l'a pour cela emportée hors du temple où elle devait vivre cachée et Cora est par suite vouée à la mort, ainsi que ses parents gardés en otage comme garants de son éternelle fidélité. Par bonheur l'ambassade d'Alonzo a un plein succès, et les deux frères qu'il réconcilie s'interposent, à sa demande, entre Cora et le Grand-Prêtre. La loi cruelle est abolie ; Cora, relevée de ses serments, conclura avec Alonzo « une union aussi pure que l'astre bienfaisant qui donne la lumière ».

Fable attachante, bien conduite et luxueusement présentée : succès.

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