Vincent de Paule, ou l’Illustre galérien, mélodrame en trois actes, d’Henri Le Maire, musique de Leblanc, ballets de Hullin, 7 octobre 1815.
Théâtre de la Gaîté.
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Titre
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Vincent de Paule, ou l’Illustre galérien
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Genre
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mélodrame historique à spectacle
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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prose
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Musique :
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oui
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Date de création :
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7 octobre 1815
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Théâtre :
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Théâtre de la Gaieté
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Auteur(s) des paroles :
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M. Henri Le Maire
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Compositeur(s) :
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M. Leblanc
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Chorégraphe(s) :
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M. Hullin
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Pièce à ne pas confondre avec la comédie de Dumolard, simplement intitulée Vincent de Paule, créée le 15 floréal an 12 (5 mai 1805) au Théâtre de Louvois.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1815 :
Vincent de Paule, ou l’illustre galérien, mélodrame historique en trois actes, en prose et à spectacle, de M. Henri Le Maire. Musique de M. Leblanc ; Ballet de M. Hullin. Représenté pour la première fois, à paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 7 Octobre 1815.
Journal de Paris, n° 281 du 8 octobre 1815, p. 2 :
[Après un petit règlement de compte ironique avec le journal qui a bien mal reproduit ses propos, le critique peut aborder le sujet du jour, une nouvelle pièce montrant Vincent de Paul. Et pour cela, il lui faut présenter assez longuement qui il fut. Cette présentation ne peut se faire sans une attaque qui me semble viser le pauvre Geoffroy, qui a cessé d’être critique théâtral depuis la chute de l’Empire et dont on peut se moquer impunément (j’espère ne pas me tromper !). Après avoir énuméré toutes vicissitudes de la vie du saint, le critique arrive au dernier de ses malheur, « être un héros de mélodrame » (au moins, saint Polyeucte eut la chance d’être mis au théâtre par Corneille...). Il existe bien un drame consacré à un saint Vincent, de 1618, mais il n’en reste que deux vers, le mélodrame de la veille risquant de laisser encore moins de traces. Mais il faut tout de même parler de la pièce : « voici de quelle manière l’auteur a envisagé son sujet ». Et le critique résume une intrigue en effet tout à fait mélodramatique : on a bien une jeune fille malheureuse, son père, condamné aux galères alors qu’il est innocent et un scélérat. On aura même le plaisir d'assister à une tentative manquée d'empoisonnement. La jeune fille est aimée par le neveu du scélérat, qui ignore de qui elle est la fille, et dès qu’il l’apprend, il décide de faire éclater la vérité. Et Vincent de Paule là-dedans ? Il se contente de ramer à la place de l’innocent persécuté, puis de jouer son propre rôle dans une pantomime que ses camarades de chiourme, qui ne l’ont pas reconnu, veulent jouer quand Vincent sera là. Bien sûr, tout finit bien : l’innocent est réhabilité, le scélérat se convertit (c’est sa punition ?), le neveu épouse la fille de l’innocent qu’il a fait libérer, et Vincent est content. Plus content en tout cas que le critique, bien obligé de constater qu’il a supporté une pièce sifflée à diverses reprises, mais dont les auteurs ont été nommés grâce au vacarme des amis de l’auteur (de toute façon, « un mélodrame ne peut tomber »). Est-il utile de préciser que le critique n’aime pas les mélodrames qu’il trouve pleins d’invraisemblances ?]
Théatre de la Gaieté.
Première représentation de Vincent de Paule,
ou l'Illustre Galerien, mélodrame en trois actes.
Dans une des compositions de ce journal, les deux premières colonnes de notre article ont été étrangement défigurées. Dieu sait si une main libérale nous a donné des pronoms et des particules auxquels nous n'avions pas même pensé ! Nous ignorons en quoi nous aurions pu offenser l'homme de lettres chargé de la révision des épreuves pour nous avoir mutilé de la sorte. Il ne sait donc pas, le traitre, qu'un rédacteur a déjà bien assez de ses fautes personnelles, sans qu'on vienne encore mettre sur son compte celles qu'il n'a pas faites.... Mais imitons le héros chrétien dont vous devions entretenir nos lecteurs; supportons avec résignation un affront si cruel pour notre amour-propre ; Vincent de Paule, qui prit la place d'un galérien, par esprit de charité, se serait peut-être fait prote.
Né en 1596, ce bienfaiteur de l'humanité vécut sous quatre règnes ; il avait treize ans lorsque Henri III fut assassiné à Saint-Cloud. Henri IV, Louis XIII et Louis XIV donnèrent à Vincent de Paule des missions importantes; et ce que des monarques riches et puissans n'auraient pu exécuter, un bonhomme issu de parens obscurs et sans fortune osa l'entreprendre. C'est à l’éloquence entraînante de cet homme, c'est au zèle d'une charité miraculeuse, que la France dut l'institution des sœurs de Saint-Vincent de Paule, destinées au service des pauvres malades. On sait aumônier-général des galères. On rapporte combien les hôpitaux civils et militaires surtout ont été l'objet de leurs généreux soins.
On doit encore à Vincent de Paule l'établissement des Enfans-Trouvés. Ces malheureuses créatures, dans le seizième siècle, étaient exposées à la porte des églises et des monastères, et les historiens rapportent qu’on les vendait même aux cultivateurs pour une modique somme d’argent. Les hospices de Bicêtre, de la Salpétrière et de la Charité doivent en partie leur accroissement à cet apôtre de l’humanité.
On conçoit que Vincent de Paule dut souvent être loué dans la chaire apostolique. Un des plus beaux panégyriques de cet illustre apôtre de la charité est celui que fit autrefois un abbé qui joua depuis la révolution un rôle si singulier sur le théâtre politique, et dont les mandemens ressemblaient toujours à un bulletin de la grande armée.
Peu de personnes sans doute connaissent l'épigramme que lui attira, du feu poète Lebrun, l’éloge de Vincent de Paule :
L'abbé M***, si candide et si pur,
Qui, pour Dieu seul employant sa faconde,
Fuit les trésors, vit en grand homme obscur,
Et quelquefois pieusement abonde
En saints romans qu'il débite à la ronde,
Hier prêchant, dit que, par charité,
Vincent rama neuf mois sur les galères.
Neuf mois ? le terme est un peu limité.
L'abbé M*** , par amour pour ses frères,
Eût fait bien mieux.... il y serait resté.
Rien n'est plus merveilleux que la vie de S. Vincent : esclave sous trois maitres différens, à Tunis, il parvint à s'échapper avec un renégat qu'il avait su ramener dans le sentier de la foi. En 1619, il fut nommé aumônier-général des galères. On rapporte qu'un jour , à Marseille, il vit un forçat inconsolable d'avoir laissé sa femme et ses enfans dans la plus extrême misère. Vincent s'offre pour se mettre à la place de ce malheureux ; on accepte l'échange, et le vertueux ecclésiastique fut enchainé à la chiourne des galériens. Il conserva même toute sa vie, aux pieds, la marque des fers honorables qu'il avait portés.
Après tous les maux dont Vincent de Paule fut accablé, il ne lui manquait plus que d'être un héros de mélodrame. Si du moins l'homme qui avait fait parler Saint-Polieucte, s'était chargé de nous donner une idée de l'éloquence mâle et persuasive de Vincent, nous cesserions de plaindre ce dernier. Un Jean de Boissin de Gallardon fit aussi, en 1618, un drame intitulé Saint-Vincent ; nous ne prétendons pas que ce soit le même saint. D'ailleurs il ne nous est resté de cet ouvrage que les deux ligues suivantes, adressées à Vincent :
Empoignez ce glouton,
Sorti, comme je crois, du pur sang de Pluton.
Heureux si dans deux siècles il en reste autant du mélodrame d'hier !
En attendant, voici de quelle manière l'auteur a envisagé son sujet, et avec quelle fidélité il a suivi l'histoire. Vincent de Paule, ruiné par ses nombreuses aumônes, a vendu sa bibliothèque pour soulager encore pauvres. Il est chargé par le Roi de l'inspection des galères. Vincent croit de son devoir de s'assurer par lui-même s'il ne s’y commet ni vexations ni injustices. Il ne voit, dit-il, dans les galériens que des enfans du Dieu de miséricorde qui expient leurs égaremens... (C'est bien consolant pour les bagnes de Brest et de Toulon.) Il arrive à Marseille sous un autre nom que le sien, et se garde bien de faire connaître le but de son voyage. Les prisonniers, informés que l'illustre Vincent de Paule doit venir les visiter , font éclater leur joie. S. Vincent, qui dissimule, les aborde, et remet à une des personnes de la société, c'est-à-dire à un galérien, le paquet qu'une jeune fille, nommée Annette, apporte pour son père. Son père est ce galérien, le malheureux Delande ou Delambre, qu'un scélérat, appelé Bertome, a fait condamner injustement, on ne sait comment, pour conserver un héritage qui vient, on ne sait d'où.
Charles, neveu de Bertome, retrouve dans Annette la jeune personne qu'il a connue et aimée à Bordeaux ; comme il ignore qu'elle est fille de Delambre, il lui fait confidence des projets pervers de son oncle le scélérat. Vincent, avec son éloquence et de l'argent, se fait ouvrir les portes et obtient du geolier que le père aura une entrevue avec la fille ; mais il manque pour la justification de ce brave et honnête galérien un papier important qu'il ne peut réclamer puisqu'il est dans les fers ; alors Vincent prend la place de Delambre.
Voilà Vincent assurément en assez mauvaise compagnie ; il est obligé, par ses camarades, d'écrire une lettre à Vincent lui-même, et de prendre un rôle dans une pantomime qu'on doit représenter à l'arrivée de l'aumônier (ce qui ferait croire qu'il y a aussi des auteurs aux galères). Comme Vincent fait précisément le personnage de Vincent, il suit de là qu'il est naturellement le héros de la pièce qu'on lui joue.... Les danses sont interrompues.... Ah ! ciel !..... Charles apprend qu'Annette est Mlle Delambre ; il jure d'arracher des mains de son coquin d'oncle le papier qui doit justifier un innocent persécuté. Le papier est pris, repris ; une scène empoisonnement met le comble à l'absurdité de ce drame. Delambre est justifié, Bertome se convertit, Charles épouse Annette, Vincent est content, et nous avons été obligés de supposer que nous l'étions aussi. Quelques sifflets se sont fait entendre au 2e acte, qui offre tout simplement un ballet de galériens et la scène d'une mère qui expose son enfant près d'une chapelle ; mais on sait qu'un mélodrame ne peut tomber, et il n'y a que le bourdon de Notre-Dame qui aurait pu étouffer les cris tumultueux des amis de l'auteur.
Vincent-Lafargue est venu dire : Messieurs, l'ouvrage que nous venons de vous présenter est de M. Lemaire pour le poëme, et de M. Leblanc pour la musique.
Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1816, Xe année, p. 196-197 :
VINCENT DE PAULE ou l'illustre galérien, mélodrame en trois actes, par M. Henri le Maire. (7 octobre.)
Vincent de Paule est chargé par le Roi de l'inspection des galères. Il croit de son devoir de s'assurer par lui-même s'il ne s'y commet ni vexations ni injustices. Il arrive à Marseille sous un autre nom que le sien, et se garde bien de faire connaître le but de son voyage. Les prisonniers, informés que l'illustre Vincent de Paule doit venir les visiter, font éclater leur joie. S. Vincent les aborde et remet à un galérien, le paquet qu'une jeune fille, nommée Annette, apporte pour son père. Son père est le malheureux Deslande, qu'un scélérat appelé Bertôme, a fait injustement condamner, pour conserver un héritage.
Charles, neveu de Bertôme, retrouve dans Annette une jeune personne qu'il a connue et aimée à Bordeaux ; comme il ignore qu'elle est fille de Deslande, il lui fait confidence des projets criminels de son oncle qui veut faire périr l'innocent galérien pour conserver la fortune qui lui a été enlevée. Vincent avec son éloquence et de l'argent, se fait ouvrir les portes et obtient du geolier que le père aura une entrevue avec la fille ; mais il manque pour la justification de ce brave et honnête galérien un papier important qu'il ne peut réclamer puisqu'il est dans les fers ; alors Vincent prend la place du père d'Annette.
Vincent est donc confondu parmi les misérables que renferme le bagne, ses camarades le surprennent à écrire et l'obligent à leur faire une lettre pour demander à Vincent de Paule d'adoucir leur sort. Ils exigent ensuite du nouveau venu, qu'il prenne un rôle dans une pantomime qu'on doit représenter à l'arrivée de l'aumônier. Comme Vincent fait précisément le personnage de Vincent ; il suit de là qu'il est naturellement le héros de la fête... Les danses sont interrompues... Charles apprend qu'Annette est mademoiselle Deslande ; il jure d'arracher des mains de son oncle le papier qui doit justifier un innocent. Le papier est pris, repris ; une scène d'empoisonnement amène la justification de Deslande. C'est Bertôme qui présente la coupe fatale à Vincent croyant l'offrir à Deslande ; mais le flacon a été changé, et an moment où le traître va s'empoisonner, Vincent l'arrête... lui reproche en secret son crime et ramène Bertôme à la vertu ; le domestique de Vincent trahit l'incognito de son maître, on se prosterne, Deslande obtient sa liberté et Charles épouse Annette.
Ce mélodrame a parfaitement réussi, Lafargue chargé du rôle de Vincent, a fait preuve de talent et a beaucoup contribué au succès de cet ouvrage.
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