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Les Deux sous-lieutenants ou le Concert interrompu

Les Deux sous-lieutenants ou le Concert interrompu, opéra-comique en un acte de Marsollier et Favières, musique de Henri-Montan. Berton, 11 prairial an 10 [31 mai 1802 vieux style].

Théâtre Feydeau

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Made. Massion, an 10 [1802] :

Le Concert interrompu, opéra comique en un acte ; Paroles de Marsollier et Favièrtes, Musique de H. Berton, Membre du Conservatoire de France. Représenté pour la première fois sur le Théâtre Faydeau, le lundi 11 prairial an 10.

Le titre de la pièce est sujet à variations  l'ordre titre/sous-titre peut être inversé, et les sous-lieutenants deviennent des lieutenants sur la brochure ou dans l'article du Courrier des spectacles.

Courrier des spectacles, n° 1913 du 12 prairial an 10 [1er juin 1802], p. 2 :

[Ce n'est pas une nouveauté, mais une reprise, celle des Deux sous-lieutenants, mais les spectateurs ont montré le même enthousiasme que pour une excellente nouveauté. Le sujet n'est pas neuf (le critique fait quelques rapprochements), mais la pièce allie gaîté, excellent dialogue et interprétation remarquable. La musique est elle aussi de qualité, même si l'accompagnement de la mélodie est inégale. Les acteurs ont de plus joué de divers instruments, Chenard étant même capable de se comporter en acteur tout en jouant du violoncelle.]

Théâtre de l'Opéra-Comique-National, rue Feydeau.

La reprise de l’opéra, les Deux Lieutenans, ou le Concert interrompu, a été très-favorablement accueillie. Il est vrai qu’une pièce, quelqu’imparfaite qu’elle soit, plaira toujours si .les défauts en sont rachetés par beaucoup de gaîté. Il ne faut chercher dans cet ouvrage ni intrigue, ni vraisemblance, sur-tout dans le dénouement. Tout roule sur la folie de deux jeunes gens dissipateurs, dont les caractères sembleroient avoir servi de modèles pour ceux du Trente et Quarante, de la Maison à vendre, etc, ; mais un dialogue animé, toujours plaisant, et sur-tout le jeu parfait du citoyen Chenard dans un rôle de père, espèce de mélomane, Ellevîou et Martin, dans les rôles de lieutenans, ont donné à cette pièce le mérite de la nouveauté, au point que les auteurs ont été demandés comme après une première représentation. Ce sont les citoyens Marsolier et Favières pour les paroles et le cit. Lebreton pour la musique. Celle-ci a de très-bonnes choses, sur-tout dans le chant. On remarque principalement un duo d’une mélodie charmante : l’accompagnement est écrit avec beaucoup de goût. Cette dernière partie n’est pas toujours traitée aussi heureusement dans les autres morceaux, où, à force d’avoir voulu la rendre imitative, on lui a donné plus de singularité que de naturel.

Au surplus, les acteurs ici sont des virtuoses : le citoyen Martin joue du violon, Mlle Pingenet tient le forte, et le citoyen Chenard accompagne sur le violoncelle. Cet acteur a laissé percer un véritable talent à travers la carricature dont il couvroit son jeu , et il a été fort applaudi.

B * * *          

 

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 252 (mardi 12 prairial an 10), p. 1044 :

[L’article parle du Concert interrompu comme de la reprise des Deux Sous-Lieutenants, avec un sous-titre, le Final interrompu. On retient qu’il y a un mystère concernant l’interruption des représentations, que la pièce est « faite pour amener une scene d'un effet agréable » (une scène où les acteurs jouent de la musique et chantent), que, sinon, la pièce ne vaut pas grand chose (« l'invraisemblance du sujet, la faiblesse de l'intrigue, la nullité des premieres scenes »). Les interprètes sont félicités de savoir jouer d’un instrument...]

Hier, on a remis les Deux Sous-Lieutenans ou le Final Interrompu, opéra comique, qui mériterait tout autant qu'un autre le titre d'une Folie. Cet opéra, des citoyens Marsollier et Favieres pour les paroles, et Berton pour la musique, avait cessé d'être représenté il y a quelques années, par des motifs qu’il est inutile de rappeler ici. L'intrigue est visiblement tracée, et la piece faite pour amener une scene d'un effet agréable ; en voici l'idée : Une espece de mélomane faisant répéter le final d'un de ses opéra, distribue tellement les parties, qu'involontairement il place dans leur situation véritable sa fille, l'homme qui prétend à sa main, et celui qu'elle préfere. ll entend ainsi l'aveu de leurs sentimens, et finit par se rendre à leurs vœux.

Des détails agréables, sauvent l'invraisemblance du sujet, la faiblesse de l'intrigue, la nullité des premieres scenes. La derniere est la meilleure ; elle n'est en apparence qu'un concert, mais ce concert met les personnages dans une position comique, et donne aux acteurs un emploi dont il faut les féliciter de n'être pas embarrassés.

Mlle Pingenet tient le piano ; Martin joue du violon d'une maniere très-agréable ; Elleviou et Mlle Phillis chantent ; et Chenard, toujours dans son rôle, quand il doit exprimer la passion d'un mélomane, tout en faisant de vains efforts pour se donner quelque ridicule, en exécutant une partie de violoncelle très-difficile, réussit en effet à faire reconnaître le talent d’un amateur très-distingué.

La musique a été très-applaudie ; elle a néanmoins des parties faibles. L'air de Martin est dénué de chant et d''expression ; il vise inutilement à l'originalité : un air médiocrement chanté par Mlle Phillis sur des paroles italiennes , a produit très-peu d'effet ; mais celui confié à Elleviou, et un duo d'une mélodie charmante, dans lequel on a reconnu la grace et l'expression des accompagnemens italiens, ont paru dignes de beaucoup d'éloges.

Nous avons cité la scene qui a fait la fortune de l'ouvrage ; nous devons désigner celle qui l'eût sans doute fait tomber, si elle n'eût été la seule de ce genre, tant elle nous paraît choquer la morale publique et les bienséances théâtrales. C'est celle dans laquelle un juif vient apprendre à l'un des sous-lieutenans que son oncle est mort, et dans laquelle le jeune héritier feignant de cacher ses pleurs, doit un peu rougir de dissimuler aussi mal la joie qui l'étouffe, selon l'expression du Begears de Beaumarchais, dans une situation à peu près semblable.

A cette observation critique, sur une seule scene, il serait aisé de répondre en citant tout le Légataire mais à l'égard du Légataire, s'il ne suffisait pas de rappeller la surprise exprimée par J.-J. Rousseau, nous indiquerions les murmures qui se sont élevés dans le parterre contre la nouvelle scene, et là se bornerait notre réplique.                       S....

La Décade philosophique, littéraire et politique, n ° 26, 20 prairial an X, p. 498 :

Théâtre de l’Opéra-Comique, rue Faydeau.

Le Concert interrompu.

C'’est une ancienne pièce, mais que le chant de Martin, l'habit militaire d'Elleviou et surtout la musique de Berton ont rendue presque nouvelle. Elle a réussi complettement : les auteurs des paroles sont les CC. Marsollier et Favières.

L. C.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 8e année, 1802, tome I, p. 257-258 :

THÉATRE FEYDEAU.

Le Concert interrompu.

Cet opéra, donné comme une nouveauté, n'est qu'une pièce des CC. Favières et Marsollier, remise au théâtre. La musique est de Leberton. la plupart des acteurs y ont montré des talens qu'on ne leur connoissoit pas, et ont joué de divers instrumens avec beaucoup de perfection. Ils ont contribué au succès de la reprise de ce petit ouvrage.

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