I Filosofi imaginari

I Filosofi imaginari, intermède à quatre voix, livret de Giovanni Bertati, version française de Dubuisson, musique de Paisiello, 24 mars 1789.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Filosofi imaginari (i)

Genre

intermède à quatre voix

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en vers

Musique :

oui

Date de création :

24 mars 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

Bertati (version italienne), Dubuisson (verson française)

Compositeur(s) :

Paisiello

D’après BNF Data, I Filosofi immaginari est le titre que porte l’opéra de Paisiello Gli Astropogi immaginari, créé à Saint-Pétersbourg le 14 février 1779. Le livret original était de Giovanni Bertati, et la version française est de M. Du Buisson.

Journal général de France, n° 40 (jeudi 2 avril 1789), p. 159 :

Théâtre De Monsieur.

On a donné, Mardi 24 du mois dernier, pour la première fois, i Filosofi imaginari, Intermède à 4 voix, musique de Païsiello, Cet Intermède a eu un succès complet. La musique est délicieuse & digne à tous égards de son célèbre Auteur.

Mercure de France, n° 14 du samedi 4 avril 1789, p. 38-41

[Le compte rendu s’ouvre sur le constat du succès de la nouvelle pièce, en raison des atouts qu’elle possède en étant joué au Théâtre de Monsieur (qualité des chanteurs et de l’orchestre, respect de la partition. Dans une version en français jouée sur un « petit Théatre », on avait fait des suppressions et un ajout, rien de tel dans cette version italienne en-dehors de deux retranchements, l’un jugé profitable, l’autre nuisible (mais c’était apparemment pour faciliter la prestation d’une jeune débutante, à la jolie voix, mais d’une totale inexpérience). Les autres chanteurs recueillent, eux, de beaux éloges de la part du critique. Quant au « Poëme », quelques arrangements mineurs le rendent « plus digne d’un Théatre François » en assurant « de la liaison aux scènes : on sait que les critiques ne se croient jamais assez sévères envers les livrets des opéras italiens, et on a là une exception. L’article signale à la fin qu’on peut acheter le livret au théâtre, avec une bonne traduction (aussi bonne que celle du Roi Théodore, qui semble une référence.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

ON a donné à ce Théatre, le 24 de ce mois , la première représentation d'un Opéra bouffon, intitulé : I Filosofi Imaginari, musique du célèbre Paisiello. Cet Ouvrage, dont on a donné depuis quelques mois une imitation en françois sur un petit Théatre, & qui y réussit fort bien, ne pouvoit manquer de plaire infiniment sur celui de Monsieur, où se trouvent réunis le mérite des Chanteurs, celui de l'orchestre, & la justesse des mouvemens indiqués par le Compositeur, dont on a conservé la véritable tradition. Il a eu en effet un très-grand succès.

On a eu la plus grande attention à n'y introduire aucun morceau étranger à la partition originale. Il est donné ici tel qu'il a été composé en Russie, & d’après une copie revue par M. Paisiello lui-même. Dans la Pièce Françoise, on a retranché quelques morceaux, & l'on a ajouté un Terzetto qui est fort agréable, mais qui est del Signor Sarti. Dans la Pièce Italienne on n'a rien voulu ajouter, on a seulement retranché du rôle de la première femme, une cavatine assez médiocre, qui faisoit languir l'action sans offrir aucun dédommagement ; & un air de la deuxième femme, au commencement du second Acte. Celui-là est regrettable ; non qu'il soit infiniment saillant , mais il étoit bien en situation, & sur-tout il coupoit deux duos qui se trouvent de suite; & il en résulte que le second, trop près du premier, fait beaucoup moins d'effet.

Cette faute ne peut être excusée que par la crainte que l'on a eue de trop charger la jeune Débutante à qui l'on a confié ce rôle. Déjà trop embarrassée par son inexpérience absolue & par son extrême timidité. un nouvel air lui auroit fait courir de nouveaux risques dont il étoit prudent de l'affranchir. Sa voix a paru intéressante, elle a même des cordes fort belles ; mais elle a besoin de travailler encore beaucoup pour s'assurer sur la mesure & sur l'intonation. Elle manque aussi de maintien, ce qui ne s'acquiert que par de l'habitude. On l'invite à ne se remontrer sur la Scène que lorsque l'étude lui anra permis de développer tous ses avantages naturels.

Les autres rôles ont été parfaitement remplis. On a entendu avec autant de plaisir que de surprise, Mademoiselle Baletti chanter tous les morceaux de la partition avec autant d'adresse & de charme qu'elle a coutume d'en mettre dans ceux qui sont faits exprès pour elle. Jusqu'à un duo tout à-fait bouffon & qu'elle chante avec beaucoup de chaleur & de gaîté; elle a mis par-tout la finesse & l’esprit que comportoit son rôle.

Jusqu'ici on ne connoissoit presque M. Rovedini que comme Chanteur sérieux ou au moins de demi-caractère. Il a, dans cet Ouvrage, un rôle extrêmement bouffon, & il en rend avec beaucoup de comique & de gaîté les trois différens personnages. Son air du premier Acte est un des plus jolis de la Pièce, & il le chante parfaitement, ainsi que plusieurs solos & duos dans les finals.

M. Rafanelli, si simple, si naturel dans Taddée, si chaud & si intéressant dans la Serva padrona, si comique, en un mot , & si vrai dans tous ses rôles, semble avoir dans celui-ci un mérite particulier. On n'a point d'idée de l'excellente bouffonnerie avec laquelle il chante, sur-tout son duo avec sa fille, morceau qui a été applaudi avec enthousiasme, & qu'on a fait répéter. Nous ne nous lasserions pas de faire son éloge, si le Public n'avoit pas déjà de lui une opinion supérieure encore à ce que nous en pourrions dire.

Le Poëme, écrit avec esprit & conçu avec gaîté, a été arrangé d'une manière plus raisonnable que ne le sont la plupart des Opéras Italiens ; en ajoutant ou retranchant quelques vers, on a trouvé le moyen de donner de la liaison aux Scènes, & de le rendre plus digne d'un Théatre François. C'est un service qu'il sera bon de rendre, autant qu'il sera possible, à tous les Ouvrages en ce genre.

On trouve ce Poëme, avec la traduction, au Théatre de Monsieur : prix, une livre quatre sols. Elle est faite sur les mêmes principes & par le même Traducteur que le Roi Théodore, dont l'édition a été épuisée en six représentations ; ce qui n'étoit encore arrivé à aucun Opéra Italien.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome VI (juin 1789), p. 304 :

Parmi les nouveautés essayées à ce théâtre, nous distinguerons les pieces suivantes :

[...]

I Filoſofi imaginari, musique du célebre Paifiello. Cet ouvrage, dont on a donné depuis quelques mois une imitation en françois sur un petit théatre, & qui y réussit fort bien, ne pouvoit manquer de plaire infiniment sur celui de Monsieur, où se trouvent réunis le mérite des chanteurs, celui de l'orcheſtre, & la justesse des mouvemens indiqués, par le compositeur, dont on a conservé la véritable tradition. ll a eu en effet un très-grand succès.

(Journal de Paris ; Mercure de France ; Journal général de France.)

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