Les Fêtes d’Eleusis, ou Tous les jeux de la Grèce

Les Fêtes d’Éleusis, ou Tous les jeux de la Grèce, tableaux historiques à grand spectacle, dans le genre de Servandoni, d’Augustin [Hapdé], musique de Darondeau, 1er janvier 1800.

Salle des Jeux gymniques, Porte Saint-Martin.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1810 :

Les Fêtes d’Eleusis, ou Tous les jeux de la Grèce, tableaux historiques à grand spectacle, dans le genre de Servandoni ; Représentés, pour la première fois, à Paris, pour l’ouverture de la Salle des Jeux gymniques, Porte Saint-Martin, le lundi 1er janvier 1800. Par M. Augustin ***. Musique de M. Darondeau,

M. Augustin, c’est bien sûr l’inépuisable Augustin Hapdé.

Giovanni Niccolò Servandoni (Jean -Nicolas,1695-1766) est un peintre, décorateur de théâtre et architecte resté célèbre pour ses créations de décors et d’architectures éphémères.

Il s'agissait de l'ouverture de la Salle des Jeux Gymniques. Au programme, le Soleil et les Glaces et les Fêtes d'Eleusis, précédées d'un prologue, Un an de Périclès, dont le compte rendu du Journal de l'Empire ci-dessous ne parle pas.

Journal de l’Empire du 4 janvier 1810, p. 3-4 :

[Le critique choisit de commencer par des propos acides sur la mode de l’hellénisme qui, selon lui, envahit les théâtres, à une époque où on sait si peu le grec, et sur l’appellation de jeux gymniques donnée à la salle, où on ne donnera jamais de spectacles dont les acteurs seront nus (un peu de décence, tout de même). La première pièce fait office de prologue, et montre une allégorie : le bateau prisonnier des glaces et que l’intervention de l’Espérance permet de délivrer grâce aux rayons du soleil, c’est ce théâtre auquel on interdit l’usage de la parole. La deuxième pièce, les Fêtes d’Eleusis, sont une démonstration des divers jeux de la Grèce, après des cérémonies religieuses. Mais il faut de l’imagination pour apprécier sur le petit espace du théâtre ce qui avait lieu dans « une vaste plaine de l’Elide ». Et ces scènes ne sont pas neuves, on les retrouve sur d’autres théâtres. Quel avenir pour cette nouvelle salle ? l dépendra de ce que l’entrepreneur choisira de montrer et des moyens qu’il y mettra. Les allégories présentées ont été bien accueillies, de même que les scènes parlées : dans les deux cas, le public a su y reconnaître les allusions.]

Ouverture de la salle des Jeux gymniques.

Le Soleil et les Glaces, les Fêtes d’Eleusis.

On voit aujourd'hui régner partout une grande ambition d’hellénisme, quoiqu’on ait fort peu d'amour pour la langue grecque. On n’a jamais moins étudié, moins su le grec et l'on donne des noms grecs à tout. Les jeux gymniques sont des jeux où les athlètes combattoient tous [sic] nus. Pourquoi donner ce nom de gymniques à des jeux où les athlètes sont habillés ? Pourquoi rappeler par cette expression, gymniques, l'ancienne indécence des exercices que nous prétendons imiter ? D'ailleurs, l'imitation des jeux de la Grèce ne sera pas le seul objet qu'offrira au public ce nouveau spectacle. Mais qu'importe le nom, l'essentiel est que le spectacle soit intéressant et digne d’attention.

L'objet du prologue est de solliciter l'indulgence du public en lui rappelant les entraves auxquelles ce spectacle est assujéti. On lui ôte la parole ; il n'a que la liberté d'expliquer le sujet des pantomimes : c'est ce que designe l'emblème d'un vaisseau arrêté par les glaces. La déesse de l'Espérance ranime l'équipage, et lui conseille d'implorer le secours du Soleil. Sensible à la prière de ces malheureux, le Soleil se montre, et fond les glaces qui arrêtaient le vaisseau : tel est le sujet de la première pièce intitulée le Soleil et les Glaces.

Les Fêtes d'Eleusis offrent le tableau des différens jeux de la Grèce : la lutte, la course des chars, le disque, l’escrimen etc. Ces jeux sont précédés de cérémonies religieuses. Tous ces objets, très-grands par eux-mêmes et que l'imagination agrandit encore sont nécessairement rapetissés par une exécution sur un théâtre toujours fort étroit en comparaison d'une vaste plaine de l'Elide. Ce qui peut faire encore plus de tort à ce genre d’imitation, c'est que la plupart de ces exercices tels que les marches les processions et les divers combats, se retrouvent sur d'autres théâtres.

Cette représentation avoit attiré une foule prodigieuse. On ne peut rien dire encore de l'effet du spectacle : il faut attendre, il faut voir dans ce qu'on nous présente aujourd'hui ce que les efforts et l'industrie de l'entrepreneur pourront nous présenter par la suite. Ce qu'on a remarqué de plus satisfaisant, ce sont des allégories ingénieuses et brillantes dont les spectateurs ont fait aisément l'application. Dans les scènes où l'on parle, on a vivement applaudi des traits fort éloquens et des mots très-heureux.

Louis Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris: les Jeux gymniques, 1810-1812, le Panorama dramatique, 1821-1823 (Paris, 1908),p. 5-6 :

[Dans le livre de Lecomte, l'article consacré aux Fêtes d'Éleusis suit immédiatement ce qui est dit du Soleil et les glaces, jouées le même jour (le 1er janvier 1810) au même théâtre

Les Fêtes d'Eleusis, ou Tous les jeux de la Grèce, tableaux historiques, par Augustin *** (Hapdé), musique de Darondeau, précédés d'Un an de Périclès, prologue en vers, par Joseph Aude.

Le Grand-Prêtre

MM.

Klein.

L'Archonte

 

Chevalier.

Socrate

 

Michaut.

Eschyle

 

Neuville.

Sophocle

 

Dominique.

Ménandre

 

Creuseton.

Chef de lutteurs

 

Rhénon, Louis.

Chefs de gladiateurs

 

Révol, Dumouchel.

La Grande-Prêtresse

Mlle

Gabrielle.

Rentrés vainqueurs dans Athènes, les soldats de Périclès y sont harangués par un capitaine. L'ambassadeur de Sparte, venu pour faire la paix, admire les beautés de la ville grecque et les progrès réalisés depuis un an que Périclès dirige l'Etat. On l'invite alors à se rendre sous les murs d'Athènes et, après un sacrifice offert par Socrate, des jeux dédiés à Eleusis s'y célèbrent. La lutte, la course de flambeaux, le jet du disque, les courses de chars, le couronnement des plus célèbres écrivains et un combat de gladiateurs sont tour à tour exécutés sous les regards du peuple et couronnés par des marches guerrières.

Plusieurs passages du prologue, confondant Périclès avec Napoléon, furent chaudement applaudis, mais, malgré la pompe dont ils étaient environnés, les jeux grecs ne séduisirent point la foule. La soirée d'ouverture fut houleuse, attristée même par des sifflets ; aussi, rompant avec l'antiquité, les administrateurs s'empressèrent-ils de mettre en scène des événements plus susceptibles d'intéresser leur clientèle populaire.

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