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Les Limites

Les Limites, vaudeville en un acte, de Barré, Radet et Desfontaines, 19 septembre 1812.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Limites (les)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

19 septembre 1812

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet et Desfontaines

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 17e année, 1812, tome V, p. 440 :

[Un résumé rapide de l’intrigue, puis un jugement rapide et cruel : « Les détails sont aussi foibles que le fonds ».]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Les Limites, vaudeville en un acte, joué le 19 septembre.

Un procès ridicule a brouillé deux familles, dont les héritages se touchent. Comment opérer la reconciliation ? En élevant, sur la limite des deux domaines, un poteau, auquel est attaché un écriteau, portant défense expresse d'outre-passer cette borne. Le moyen réussit ; des excursions on en vient au raccommodement, que cimente un double mariage.

Les détails sont aussi foibles que le fonds.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1812, tome XI (novembre 1812), p. 285-289 :

[Comme la pièce fait intervenir un lièvre dans son dénouement, le critique se permet d’ironiser sur cette nouvelle mode au théâtre d’introduire des animaux sur la scène, en envisageant qu’ils puissent un jour prendre la place des humains... Mais il rappelle aussi que le vrai sujet de la pièce, c’est « le goût que nous avons tous pour le fruit défendu », idée illustrée cette fois par une citation de Piron, légèrement misogyne, et un trait d’esprit d’une belle Italienne. L’intrigue est simple : une dispute autour des limites des propriétés, qui est résolue par la mort d’un lièvre, et le mariage des enfants des deux voisins. La pièce a paru froide (la responsabilité du lapsus d’une actrice serait engagée). Tout un paragraphe tourne autour de la question des auteurs, non nommés, mais si faciles à identifier. C’est l’occasion de découvrir comment on rémunère les auteurs au Vaudeville.

L'article fait allusion à des pièces de diverses époques :

  • les Deux chasseurs et la laitière est un opéra comique en un acte de Louis Anseaume, musique de Duni (23 juillet 1763) ;

  • la Princesse d'Élide est un opéra de Lully, sur un livret de Molière (8 mai 1664) ;

  • le cerf Coco est une des vedettes animales du cirque des frères Franconi, qui comprenait bien d'autres animaux, en particulier des chevaux, ou l'éléphant Baba.

La pièce de Barré, Radet et Desfontaines y ajoute un lièvre, déjà vu dans Richard Cœur-de-Lion.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Les Limites, ou les Deux Voisins.

Si l'on n'y prend garde, les bêtes (ceci n'est point un calembourg) vont envahir la scène. Tandis qu'une ourse et ses oursons punissent le crime et font triompher l'innocence, à l'Ambigu-Comique, qu'ils forment ainsi le dénouement d'un mélodrame ; un lièvre, invisible à la vérité, coopère puissamment à l'action d'un vaudeville au théâtre de la rue de Chartres. Ce n'est pas qu'il y ait là de véritable innovation ; depuis longtemps les animaux sont en possession de se montrer au théâtre, et sans parler de toutes les merveilles qu'ils opèrent au grand Opéra ; de l'ours des Chasseurs et la Laitière, qui fait briller la moralité de la pièce ; du lièvre de Richard Cœur-de-Lion, qui a causé la mort de deux hommes, et qui, par contre-coup, amène la délivrance du roi ; de l'ours de la Princesse d'Elide, qui fait faire de si plaisans lazzis à Moron ; faut-il un autre exemple que celui des chevaux de Franconi et du cerf Coco pour prouver que les hommes n'ont pas seuls l'avantage de jouer un rôle brillant sur la scène ? Cependant, il faut convenir que les animaux ne sont pas encore bien acclimatés sur nos théâtres, on ne les fait encore intervenir que rarement dans l'intrigue des pièces. Mais comme l'art fait chaque jour de nouveaux progrès, nous verrons bientôt sans doute des pièces où les hommes ne seront plus introduits que comme accessoires.

Ainsi que je viens de le dire, un lièvre amène le dénouement des Deux Voisins : mais le goût que nous avons tous pour le fruit défendu, en forme le véritable nœud. On sait combien il a d'attrait et combien il ajoute de prix aux moindres choses. Piron a dit quelque part :

Tel est le cœur humain, sur-tout celui des femmes,
Un ascendant mutin fait naître dans nos ames
Pour ce qu'on nous permet le dégoût le plus grand,
Et le goût le plus vif pour ce qu'on nous défend.

Le mot suivant vient bien à l'appui des vers de Piron ; aussi est-il d'une femme : Avec quel délice je mange cette glace ! et quel dommage que ce ne soit pas un péché ! disait une Italienne dans une de ces soirées brûlantes que nous ne connaissons point en France. Assurément voilà un souhait qui prouve plus de sensualité que de dévotion. Mais revenons à la pièce nouvelle.

Un procès a brouillé deux voisins ; leurs domaines se touchent ; mais pour mieux en marquer les limites, l'un d'eux fait élever un poteau sur lequel on écrit une défense d'aller plus loin : c'est précisément pour cela que la fille du voisin meurt d'envie de franchir cette limite. — Pourquoi a-t-on mis ce poteau ? Que lui importe cette défense ? Elle n'a pas la moindre envie d'entrer. Cependant elle approche. Aussi faible que cette jeune femme dont un ancien fablier a conservé l'histoire, et qui se plongea dans une vilaine mare d'eau bourbeuse qu'elle n'avait vu qu'avec dégoût jusqu'au moment où son mari lui eut défendu d'en approcher, Mlle. Cécile pénètre dans le parc du voisin. Ce n'est pas tout, son père aime beaucoup la chasse ; il voit partir un lièvre sur ses terres, mais ce lièvre ne respecte pas les limites, il s'élance sur celles du voisin ; le chasseur tire, le lièvre est tué, le père et la fille sont prisonniers. Heureusement un mariage et une restitution arrangent tout.

J'aurais dû dire que le poteau et son inscription n'étaient qu'un stratagême dont l'invention est dûe à la femme du maire de la commune, qui, sans doute, connaissait bien le cœur humain. Ce rôle est plein de vivacité, et par conséquent Mme. Hervey l'a très-bien joué. Par malheur, en s'applaudissant de son succès, et en se félicitant d'avoir réuni des gens qui se haïssaient d'abord, elle s'est un peu embrouillée : elle a substitué le mot haïr au mot aimer. Cet incident n'a fait aucun tort à Mme. Hervey. Sur ce petit défaut de mémoire, il serait injuste de la supposer étrangère à la conjugaison du verbe aimer ; mais il en a fait à la pièce, qui, à compter de ce moment, a paru encore plus froide qu'au commencement.

Quand on donne une pièce nouvelle, il est d'usage, au Vaudeville, de laisser à son auteur tous les honneurs et les profits de la journée. S'il a déjà quelques pièces au théâtre, elles font cortège à la nouvelle production. D'après ces signes indicateurs et des bruits sourds répandus dans la salle, on attribuait les Limites aux grands faiseurs : on s'attendait donc à un brillant succès , et sur-tout à beaucoup d'esprit, de traits et de jolis couplets ; mais rien de tout cela : et depuis le couplet d'annonce, inclusivement, jusqu'au vaudeville de la fin, rien n'a paru digne du triumvirat chantant, soupçonné, à coup-sûr, trop injustement. — La pièce est donc tombée ? — Non, on l'a écoutée sans plaisir, on l'a vue finir sans peine ; on n'a point sifflé, on n'a point applaudi, et par un excès de discrétion fort étrange, le public n'a pas montré le moindre désir d'éclaircir son doute sur l'auteur ou les auteurs de la pièce.

L’Annuaire nécrologique d’A. Mahul pour l’année 1825 (Paris, décembre 1826), p. 159 donne les auteurs de ce vaudeville : dans la nécrologie de Desfontaines, il établit la liste de ses œuvres, et les Limites portent le numéro LXXIV :

(Avec Radet et Barré). Les Limites, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, représentée pour la première fois; à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 19 septembre 1812. Paris, Mme Masson, 1812, in-8.

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