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Madame Jordonne ou l'Intrigue lente

Madame Jordonne ou l'Intrigue lente​, parodie de l’Intrigante, de M. Dartois, 27 mars 1813.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Madame Jordonne ou l'Intrigue lente

Genre

parodie

Nombre d'actes :

 

Vers / prose

prose, couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 mars 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Dartois

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome II, p. 452 :

[Dans une critique en rafale des nouveautés, on voit surtout la rapidité du renouvellement des pièces jouées au Théâtre du Vaudeville.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Quatre nouveautés ont paru à la file, la dernière seule vivra quelques jours, et mourra avec la
circonstance qui l'a fait naître.

Madame Jordonne, parodie de l'Intrigante, a été jouée trois fois. Les représentations en faisoient beaucoup rire.

Pour voir la critique des quatre nouveautés, voir à la page consacrée au Mari par hasard.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome V (mai 1813), p. 287-290 :

[Deux parodies pour une seule pièce, quel honneur ! L’une au Vaudeville, l’autre aux Variétés. Mais celle du Vaudeville, où l’on attend des épigrammes, des traits fins et spirituels, a déçu : elle « a plus de méchanceté que de malice ». Elle reprend complètement le déroulement de l’Intrigante transposé dans le monde du petit commerce. Les traits lancés contre la pièce ne sont pas toujours bien adaptés, pas toujours convenables ni plaisants. Les acteurs sont malmenés dans la pièce, parfois de façon injuste. Le critique n’aime pas les costumes des interprètes. Pour se racheter, la parodie s’achève sur l’éloge de l’auteur de l’Intrigante. L’article, enfin, pose finalement des questions bien mystérieuse : Dartois, seul auteur ? Les mêmes auteurs pour els deux parodies, « il ne m'appartient point de pénétrer un si grand mystère ».]

Madame J'Ordonne, ou l’Intrigue Lente, et Madame L'embarras, parodies de l’Intrigante.

Deux parodies de la même pièce, le même jour ! Il y avait là de quoi embarrasser les curieux et les journalistes. Les véritables amateurs devaient donner la préférence au Vaudeville, qui dans la hiérarchie théâtrale a le pas sur les Variétés.

Le Vaudeville a succédé de droit au Théâtre-Italien pour les parodies, et pendant long-temps il s'est montré digne de cet héritage. On s'attendait donc à trouver des traces de l'ancienne méthode ; on comptait sur un déluge d'épigrammes, sur des traits fins et spirituels. Cette attente n'a pas été tout à fait remplie. Mme. J'Ordonne a plus de méchanceté que de malice, et les auteurs qui avaient promis de la gaîté, dans un couplet d'annonce, ne se sont pas piqués de tenir parole.

Ils ont suivi pas à pas la marche de l’Intrigante. Pendant que M. L'Effilé, marchand mercier, est à la foire de Guibray, Mme. J'Ordonne, sa belle-sœur, s'établit chez lui, fait repeindre sa boutique, renouvelle le comptoir, etc. Elle voudrait avoir un débit de tabac, et pour mettre dans ses intérêts M. Blaffard, commis à la direction des Droits-Réunis, qui peut la servir dans cette affaire, elle a le projet de lui faire épouser Lili, fille de M. L'Effilé ; mais Lili aime Criquet, et Blaffard ne peut se déclarer que lorsqu'il aura été autorisé par ses supérieurs. Mme. J'Ordonne peint à sa nièce le bonheur dont elle jouira lorsqu'elle sera la femme de Blaffard : Je ne vous entends pas, répond la petite ; je veux vivre comme mon père et ma mère, qui n'ont jamais quitté leur boutique. Je ne vous comprend pas, dit à son tour Mme. J'Ordonne. « C'est répond Lili, que nous n'avons pas plus d'esprit l'une que l'autre ». Ce trait porte à faux ; car cette scène, dans l'Intrigante, très-bien dialoguée, est conduite avec beaucoup d'art. M. L'Effilé revient ; il ne veut pas marier sa fille à Blaffard. Mme. J'Ordonne, pour se venger, le dénonce, comme ayant apporté des marchandises prohibées. Les commis des douanes arrivent. M. L'Effilé se cache dans une pendule, etc. Son innocence finit par être reconnue, et l'on conseille à Mme. J'Ordonne de sortir de la maison, et d'aller se corriger de ses défauts.

Quelques-uns des traits répandus dans cette prétendue parodie, passent un peu les bornes permises, et, ce qu'il y a de pis, ne sont pas plaisans. En voici un exemple. Après avoir communiqué son projet à M. L'Effilé, Mme. J'Ordonne ajoute : « Comment ! Vous ne m'applaudissez pas? » — « Non vraiment ! Répond M. L'Effilé, je ne suis pas payé pour cela ».

Voici une plaisanterie qui est de meilleur goût, et qui a le mérite de l'à-propos : on dit à Mme. J'Ordonne que son médecin est venu pendant son absence : « Je ne veux; plus le voir, dit-elle, il m'aurait tuée si je l'avais laissé faire ; depuis quinze jours que je l'ai congédié, je me porte beaucoup mieux ». On sait que le rôle du médecin a été supprimé, dans l’Intrigante, dés la seconde représentation.....

Les acteurs du Théâtre Français ne sont pas ménagés dans la parodie. On veut tourner Michelot en ridicule sur sa petite taille, comme on avait plaisanté Baptiste sur sa haute stature, dans le Cimetière du Parnasse, en le représentant monté sur des échâsses. Pourquoi traiter ainsi Michelot, qui déploie beaucoup de talent dans le rôle de Sainville ? Cet acteur, après avoir long-temps lutté avec le public, a su enfin le forcer à lui rendre justice.

Au défaut de comique, l'auteur de la parodie a imaginé de donner à ses personnages des costumes bizarres : Mlle. Rivière, cbargêe du rôle de Mme. J'Ordonne, était presque méconnaissable avec sa longue taille et ses chaussures gothiques. Mme. SaintAulaire, vêtue comme elle, s'est fort bien tirée du petit rôle de M. L'Effilé. Fonteuay a parfaitement saisi l'importance et les airs de Damas. Laporte était chargé de Michot, le moins parodiable de tous les acteurs.

En forme de réparation; on a fait l'éloge de l'auteur de l’Intrigante, dans un des couplets du vaudeville qui termine la pièce, et le public a saisi avec empressement cette occasion de rendre justice à ses talens.

Quel est l'auteur de cette parodie ? On est venu nommer M. Dartois. On prétend qu'il y a plusieurs coupables ; on prétend que la pièce des Variétés a été faite par les mêmes auteurs que celle du Vaudeville. Il ne m'appartient point de pénétrer un si grand mystère.

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