La Nouvelle télégraphique

La Nouvelle télégraphique, divertissement en un acte mêlé de vaudevilles, de Barré, Radet et Desfontaines, 21 mars 1811.

Théâtre du Vaudeville.

Almanach des Muses 1812.

Titre :

Nouvelle télégraphique (la)

Genre

divertissement

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

21 mars 1811

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Barré, Radet, Desfontaines

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1811 :

La Nouvelle Télégraphique, vaudeville en un acte, De MM. Barré, Radet et Desfontaines, Représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 21 mars 1811. Précédé de couplets chantés à la représentation de la veille.

Les couplets évoqués célèbrent le fait du moment, la naissance du roi de Rome.

Air : Du ballet des Pierrots.

Dès l'point du jour, avec ivresse,
Nous entendions le gros bourdon :
Mais à cette douce allégresse
Il manquait le bruit du canon.
Vingt coups auraient pu nous suffire,
Ça nous aurait égayés tous ;
Et v'là qu'pour nous mettre en délire
La canon a fait les cents [sic] coups.

Ces cent coups là, dans tout l'empire,
En mêm' tems vont se répéter.
On écoute, à peine on respire ;
On se tait pour les bien compter.
Combien ce bruit-là dans la France
Va faire de plaisir à tous !
Et déjà, je l'prédis d'avance,
L'Anglais va craindre les cent coups.

Je déjeûnions avec ma femme
Quand j'avons entendu c'bruit là ;
J'ons dit : qu'est-c'que c'est qu'on proclame ?
Puis en comptant, j'ons dit : c'est ça ;
C'est la naissanc' du roi de Rome,
Allons, fem' réjouissons nous :
T'as raison, qu'all' m'a dit, not-homme,
Faut aujourd'hui fair' les cent coups.

Au bruit de c'te grande nouvelle,
Qui de tout' part va circuler,
A l'allégresse universelle
Comm' nos guerriers vont se mêler !
Comme ils vont trinquerà plein verre,
En célébrant un jour si doux !
Pour le fils, le père et la mère,
Nos braves boiront les cent coups.

( Au public. )

Tout en préparant la bluette
Que nous vous donnerons demain,
Cette chansonnette s'est faite
Pendant les cent coups du matin.
L'enfant que le ciel nous envoie
Fait ici le bonheur de tous :
Vous, qui partagez notre joie,
De vos mains faites les cent coups.

Journal du soir, n° 4625, an VII de l'Empire, samedi 23 mars 1811, p. 3-4 :

[On ne peut guère envisager qu’une pièce produite en de telles circonstances (la naissance du futur Roi de Rome) fasse l’objet d’un compte rendu négatif. C’est d’ailleurs le mot « occasion » qui ouvre l’article, qui lui-même donne très vite le ton : « enthousiasme », « ardeur ». Ce qui renforce encore cet enthousiasme, c’est la rapidité de la transmission de l’information, grâce au télégraphe : moins d’une heure entre la naissance, et les canons retentissent déjà pour célébrer celui dont on attend le bonheur, donnant le signal à la réjouissance de tous. Les théâtres sont évidemment prêts à cette célébration, et c’est le Vaudeville qui se montre un des plus rapides. Un couplet d’annonce pour faire allégeance au pouvoir. Puis le résumé d’une intrigue sur laquelle le critique ne porte aucun jugement, et que compensent heureusement « un dialogue vrai, simple et naïf, des couplets délicats et de l’esprit bien approprié au sujet ». Il ne reste plus qu’à nommer les auteurs et à féliciter les interprètes.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation de la Nouvelle Télégraphique, vaudeville en un acte.

Si jamais occasion ne fut plus belle pour inspirer le génie de nos poètes, il faut convenir que jamais ils ne se sont livrés à leur enthousiasme avec plus d'ardeur que dans celle-ci, l'esprit a peine à concevoir, à suivre les élans de leur imagination ; à neuf heures du matin le ciel donne au monde l'enfant-roi dont il attend la suite de son bonheur, quarante minutes sont à peine écoulées, et l'écho de nos rivages a retenti cent fois sous les coups du salpêtre embrasé ; à la vingt-unième explosion, tout un peuple, suspendu dans sa marche, élève ses mains vers ce Dieu qui l'exauce au même instant ; l'airain se fait entendre, et avec lui cent mille cris de joie portent jusqu'aux cieux les premières actions de grâce de ces rivaux de reconnaissance et d'amour ; jalouse des clartés qu'elle remplace, pressée de prendre part à la fête de l'univers, la nuit sème son voile des plus brillantes étoiles, mais leur éclat pâlit à l'aspect de ces millions de feux dont l'art a paré nos demeures, le soleil semble être tombé en pluie sur notre capitale, et tandis des flots de sujets guidés par ces torrens de lumières, se pressent spontanément vers le royal asile qui renferme le triple objet de tant de vœux, les chants de l'allégresse se mêlent aux prières de la grande famille, l'encens brûle dans les temples, les joyeux refreins résonnent aux spectacles : pendant que le Théâtre Fiançais célèbre, dans des couplets improvisés, la naissance du successeur des Césars, celui des Variétés cueille à l'improviste un joli bouquet de pensées, par-tout on redit un événement dont la réalité parait encore le plus heureux des songes, et chaque Français craint de se réveiller.

Le signal est donné, tous les théâtres sont prêts, et chacun d'eux va payer sa dette à nos rois ; léger dans sa course, le Vaudeville arrive un des premiers, que de raisons pour accueillir son présent ! à combien de titres il doit plaire !

Certain de ce résultat, Laporte a chanté deux fois ce couplet d'annonce, dont la vérité a été généralement sentie :

Air du vaudeville d'Arlequin afficheur.

Messieurs, j'aime la vérité,
Et je ne veux pas vous surprendre ;
Ricn de neuf dans la nouveauté
Que ce soir vous allez entendre,
Cent fois, hier, plus haut que nous,
Le canon a su vous instruire ;
Mais ce qui fait plaisir à tous
      Ne peut trop se redire.

Lajante, maître charron dans le village des Ilettes, sur la route télégraphique de Paris à Strasbourg, a un fils, et une fille ; Mme Wagner sa voisine, allemande, en a autant. Ils sont convenus de faire un mariage entre ces jeunes gens à la nouvelle de l'accouchement de l'Impératrice, et que l'autre couple attendra un second prince. Tourmentés par le doute et l'impatience, aidés d'ailleurs par un monsieur Létourneau, frère de Lajante, et employé au télégraphe, ces quatre amoureux se sont mariés clandestinement Létournean fait croire aux habitans du lieu qu'un fameux sorcier y est arrivé, et profitant de ses talens de machiniste, décorateur, etc, il joue le rôle de ce Mathieu Langsberg, malgré la jalousie du vieux berger Michel, dont il détruit la fortune et la réputation. C'est sous le costume de ce prétendu signor Bellastronomico qu'il prédit le sexe de l'enfant si désiré, parce qu'il l'a su par son télégraphe, dont il a compris les signes, et qu'il apprend aux parens les deux mariages des quatre étourdis. Le plaisir de la première nouvelle annulle la douleur de l'autre, le pardon suit la faute, et. pour completter la fete, Létourneau emploie ses talens à la représentation d'un berceau suspendu dans un bosquet et surmonté d'une étoile de la légion-d'honneur. Tous les habitans adressent leurs hommages à ces emblèmes et terminent la journée par des divertissemens.

Un dialogue vrai, simple et naïf, des couplets délicats et de l'esprit bien approprié au sujet ont favorisé les bonnes intentions du public, et après un succès général les auteurs demandés, ont été nommés par Séveste, qui a désigné MM. Barré, Radet et Defontaines.

Jo!y est plaisant et sur-tout très-naturel dans le rôle du vieux berger normand ; les autres acteurs ont concouru à l'agrément de cette pièce avec beaucoup d'ensemble.            M. D.

Journal de l’Empire, 26 mars 1811, p. 2-3 :

[La pièce est due au « triumvirat » Barré, Radet et Desfontaines, et c’est pour le critique gage de spectacle drôle, sans l’embarras d’une « musique étrangère » (Geoffroy pratique allègrement le nationalisme musical). L’intrigue rapidement racontée ne brille pourtant pas par l’originalité, mais les couplets compensent ce qui pourrait passer pour une faiblesse. Soyons clairs, les mauvais vers dont parle Geoffroy ne sont pas ceux des trois larrons ! Félicitations à l’interprète principal pour son masque et son jeu d’acteur.]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

La Nouvelle Télégraphique.

Les chansonniers d’office sont là ; c’est sur cette scène que s’est réfugié le vaudeville, chassé de l’Opéra-Comique, son vrai domaine, par l'ambition d'une musique étrangère. Il ne nous arrive rien d'heureux que le Vaudeville et son triumvirat ne mêlent aux réjouissances publiques les sons de leur musette. Il y a du comique dans la Nouvelle Télégraphique. Un étourdi nommé M. Létourneau, chargé de la conduite du télégraphe dans son endroit, sait par cette voie que l’Impératrice est accouchée d'un garçon ; il lui prend fantaisie de faire le sorcier, et de confondre le berger du village. Avec un costume imposant et un langage emphatique, il éblouit les paysans. Dans une assemblée de village, il annonce du ton d'un prophète l'heureuse nouvelle de la naissance d'un Roi de Rome, qu’il vient .d'apprendre du télégraphe. Le berger du village annonçait une fille ; il est foudroyé par cet oracle, qui se confirme bientôt et qui reçoit la sanction du canon. Cette nouvelle, qui transporte de joie tout le monde, met dans l'embarras deux ménages clandestins, formés sons les auspices du sorcier Létourneau. Deux jeunes gens et deux jeunes filles, très-ennuyés d'attendre la délivrance de l’Impératrice, l'ont prévenue eu se mariant. Les père et mère ne vouloient faire qu'un mariage à l'occasion de cette naissance fortunée. Les jeunes gens, encouragés par leur oncle Létourneau, en ont fait deux de leur autorité privée. Ce qui est fait est fait ; et la naissance d’un Roi de Rome leur obtient le pardon de leur témérité comme elle sert d'excuse à tant de mauvais vers. Je ne mets pas de ce nombre couplets de ce vaudeville, qui sont jolis et spirituels. En voici un échantillon :

Dans mon souverain, moi je dis
Qu'on voit tous les genres de gloire,
Et que le ciel, de père en fils,
Doit en conserver la mémoire ;
Or c'est un garçon qu’on aura;
Et ce garçon que moi j’espère,
Songez ce qu'un jour il sera
Pour peu qu’il ressemble à son père.

De Mars l'enfant recevra
    Ardeur, force et vaillance ;
Apollon lui donnera
    Génie, esprit, science ;
Minerve le guidera
    Dans sa noble carrière ;
Mais son meilleur guide sera
    L'étoile de son père.

Joly se distingue dans la caricature du berger normand, dont la sorcellerie est déconcertée par l'arrivée d'un nouveau magicien : il a imaginé pour ce rôle un masque et un genre de comique très original.

Journal de l’Empire, 28 mars 1811, p. 3 :

[Deuxième article dans le même journal, à deux jours d’intervalle, cette fois pour comparer la Nouvelle télégraphique avec l’Heureuse gageure (toutes deux comportent un sorcier) et avec une pièce annoncée, les Deux fêtes (toutes deux reposent sur un pari). Dans le cas du pari, le critique soupçonne quelque plagiat, mais l’excuse. La fin de l’article est consacrée à la rentrée d’un acteur dont il y a lieu de se réjouir.]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

La Nouvelle télégraphique.

Il y a quelqu’affinité entre l'Heureuse Gageure et la Nouvelle télégraphique. Dans les deux pièces il y a un sorcier : dans la nouvelle télégraphique il y en a même deux, qui ne sont poètes ni l'un ni l'autre, et qui ne sont guère plus sorciers, quoiqu'ils se donnent pour tels. Une autre pièce qu'on va jouer au Vaudeville sous le titre des Deux Fêtes, offre aussi quelque ressemblance avec l'Heureuse Gageure du Théâtre Français : c'est aussi un pari qui en fait le fonds ; mais peut-être ce pari n'est-il pas appuyé sur deux songes : quoi qu'il en soit, l'auteur des Deux Fêtes prend acte d'avance de sa déclaration, pour écarter loin de lui tout soupçon d'avoir dérobé à M. Desaugier cette idée du pari, quoiqu'il y ait beaucoup à parier que cette idée a pu lui venir tout naturellement : s'il l'a pillée, le larcin n'est pas considérable, et peut être excusé d'après le code criminel du Parnasse, pourvu que le voleur en ait fait un;bon usage.

Une bonne nouvelle pour le Vaudeville c'est la rentrée de Julien ; il n'est pas besoin de consulter un sorcier pour savoir si cet acteur aimable, revenu dans sa patrie, lui rendra d'utiles services, et sera favorablement accueilli du public. De la légèreté, de la vivacité, de l'aisance, une manière piquante de chanter le couplet : telles sont les qualités que Julien rapporte dans sa maison paternelle du Vaudeville qu'il n'auroit jamais dû quitter ; il y sera reçu comme l'enfant prodigue, et à force de bons traitemens, on lui ôtera toute espèce de tentation de chercher encore les aventures.

 

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome V, mai 1811, p. 288-290 :

[Le compte rendu rend d’abord hommage à la facilité avec laquelle « nos troubadours » savent utiliser les circonstances et célèbrent « avec empressement un événement qui assure la gloire et le bonheur des Français ». Le rapprochement avec Pindare et l’héritier d’Anacréon ne manque sûrement pas d’ironie envers ces disciples d’Apollon qui forment « des chants dignes du ciel, ou soupire[nt] de tendres accens », qu’il convient toutefois de ne pas soumettre « à une critique bien sévère » : c’est l’intention qui y prime, et le souci d’être le premier. La pièce des « troubadours du Vaudeville » montre « que l'impromptu n'exclut ni l'esprit, ni la grace, ni le sentiment », eux qui avaient fait chanter au Vaudeville des « couplets joyeux » le jour même de la naissance. Le critique résume ensuite une intrigue mettant en scène deux jeunes couples que leurs parents ne veulent pas marier en même temps, mais qui réussissent par ruse à célébrer leurs noces. la pièce contient « deux personnages assez ridicules [qui] répandent de la gaieté dans cet ouvrage ». « De la gaîté, de la fraîcheur, des allusions piquantes, des louanges délicates répandent beaucoup d'intérêt sur cette bluette » qui a eu du succès.]

Théâtre du Vaudeville.

La Dépêche Télégraphique.

On connaît l'heureuse facilité de nos troubadours, et puisque la moindre circonstance ne manque pas ordinairement d'inspirer leurs muses, on devait s'attendre à les voir célébrer avec empressement un événement qui assure la gloire et le bonheur des Français. Cette espérance n'a pas été trompée ; et déjà depuis le successeur de Pindare jusqu'à l'héritier d'Anacréon, chacun se hâte d'accorder sa lyre, et mettant à profit les faveurs d'Apollon, forme des chants dignes du ciel, ou soupire de tendres accens. Ces productions rapides, enfantées par le besoin d'épancher les sentimens qui se pressent dans tous les cœurs, ne peuvent être soumises à une critique bien sévère ; l'intention en fait ordinairement tout le prix ; et l'on sait toujours bon gré au poète qui, dans un pareil moment, sacrifie la correction au désir de se faire entendre le premier, et de devancer ses rivaux dans la carrière. Cependant, lorsque le sujet est favorable, il est rare que l'auteur n'ait pas quelquefois d'heureuses inspirations, et les troubadours du Vaudeville viennent de prouver, comme ils l'ont fait tant de fois, que l'impromptu n'exclut ni l'esprit, ni la grace, ni le sentiment. Dès le jour même où le bruit du canon avait rempli de joie la capitale, des couplets joyeux chantés sur le théâtre du Vaudeville exprimaient l'allégresse, et, le lendemain, un jolie [sic] divertissement renouvellait les mêmes transports. Deux habitans d'un village éloigné de Paris attendent avec impatience les nouvelles que doit donner le télégraphe ; car la naissance d'un prince ou d'une princesse doit décider le mariage d'un de leurs enfans, et comme ils ont chacun un garçon et une fille, il est décidé qu'un des deux couples doit languir encore dans le célibat, tandis que l'autre formera les doux nœuds de l'hyménée. Mais, pour éviter cette fâcheuse destinée, les jeunes gens, qui sont pressés, trouvent le moyen de se passer du consentement de leurs parens ; et, sans attendre la Dépêche Télégraphique, ils ont pris le parti de se marier tous les quatre. Tout se découvre lorsqu'elle arrive, et les parens, gens sages, jugent alors à propos de renoncer à leurs premières idées, et de ratifier une double union qu'ils n'ont pas eu l'esprit d'empêcher. Deux personnages assez ridicules répandent de la gaîté dans cet ouvrage : l'un est un vieux berger normand qui veut se faire passer pour sorcier, et l'autre un commis au télégraphe, assez mauvais plaisant de son métier, qui préside aux mariages secrets, se déguise en sorcier, et sous ce travestissement, combat le vieux berger avec ses propres armes. De la gaîté, de la fraîcheur, des allusions piquantes, des louanges délicates répandent beaucoup d'intérêt sur cette bluette, et lui ont valu des applaudissemens unanimes. Les auteurs, accoutumés à de nombreux succès, sont MM. Barré, Radet et Desfontaines.

La pièce est citée dans le fameux Dictionnaire des girouettes, ou Nos contemporains peints d'après eux-mêmes de César de Proisy d'Eppe (Pris, 1815), p. 34, comme marquant une étape dans la carrière sinueuse de ses trois fameux auteurs, qui ont écrit beaucoup de pièces « sur les circonstances ». Il cite deux couplets de celle-ci :

Dans mon souverain, moi je dis
Qu'on voit tous les genres de gloire,
Et que le ciel, de père en fils,
Doit en consacrer la mémoire.
Or, c'est un garçon qu'on aura,
Et ce garçon, que moi j'espère,
Songez ce qu'un jour il sera,
Pour peu qu'il ressemble à son père.

    De Mars, l'enfant recevra
        Ardeur, force et vaillance ;
    Apollon lui donnera
        Génie, esprit, science ;
    Minerve le guidera
        Dans sa noble carrière ;
Mais son meilleur guide sera
    L'étoile de son père.

Ajouter un commentaire

Anti-spam