Le Petit page

Le Petit page, ou la Prison d’Etat, opéra en un acte (comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes), de Guilbert de Pixerécourt, musique de Kreutzer et Nicolo Isouard, 25 pluviôse an 8 [14 février 1800].

Théâtre Feydeau

Almanach des Muses 1801

Frédéric a ordonné au jeune baron de Felsheim, l'un de ses pages, de garder les arrêts dans un château fort, parce qu'il a perdu au jeu une somme assez considérable. Agatines, fille du gouverneur de la prison, est parvenue à voir le jeune page et adoucit sa captivité. Brandtz, officier prussien, s'intéresse vivement au prisonnier ; il a voulu le défendre auprès du roi, qui lui a imposé silence, et lui a enjoint de se rendre au château fort avec une lettre pour le gouverneur. Brandtz est bien convaincu qu'il est porteur d'une lettre de cachet pour sa propre personne ; mais le papier contient sa nomination à la place de concierge. Le sort de Felsheim n'en devient pas plus doux, parce que le devoir enchaine la bienveillance de Brandtz. Le page et sa maîtresse songent donc à s'évader ; ils sont surpris dans leur projet, avouent leur faute au gouverneur qui paraît leur pardonner, et les unit.

De la sagesse dans la conduite de l'ouvrage, du comique dans le rôle de Brandtz et dans celui de la gouvernante d'Agatines ; des morceaux agréables dans la musique. Du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez André, an huitième :

Le Petit Page, ou la Prison d'Etat, comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes ; par R. C. Guilbert Pixérécourt ; Musique de Kreutzer. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre Feydeau, le 25 pluviose an VIII.

Il manque un compositeur, dans cette page de titre, Nicolo Isouard.

Courrier des spectacles, n° 1078 du 26 pluviôse an 8 [15 février 1800], p. 2 :

[La pièce a connu le succès, malgré l’accident dont la citoyenne Rolandeau a été victime, ce qui ne l’a pas empêché d’aller jusqu’au bout de la pièce. L’intrigue se déroule en Prusse, sous le règne de Frédéric II et mêle histoire d’amour et affaire politique (encore un jeune homme enfermé dans uen forteresse, et qui trouve l'amour auprès d’une belle geôlière). Comme c’est une comédie, tout finit heureusement. Le jugement sur l’ensemble de la pièce est positif, seule le caractère du gouverneur du fort étant jugé négativement. Les interprètes sont bons. La représentation a manqué toutefois de rythme, mais c’est peut-être à la suite de l’accident de la citoyenne Rolandeua. Les auteurs ont été nommés. La musique de Kreutzer est jugée « douce, délicate et pure », mais le critique lui reproche de manquer d’originalité « dans la facture des accompagnemens en général ». Deux excellents duos. Par contre celui pendant lequel le prisonnier enlève un barreau de sa cellule est bien long. Enfin, hommage à la cout=rageuse citoyenne Rolandeau « pour la manière pure et facile dont elle chante un rondeau agréablement composé ».]

Théâtre Feydeau.

La nouvelle pièce donnée hier à ce théâtre sous le titre du Petit Page, a eu un succès assez flatteur. Un accident survenu à la citoyenne Rolandeau a fait craindre un moment que ce spectacle ne fût interrompu. Elle jouoit le rôle de petit Page, et en s’élançant des marches d’une terrasse elle est tombée jusqu’à la moitié du corps dans une trappe mal fermée. L’effroi du public ne peut se comparer qu’à l’intérêt qu’il prend à cette actrice, douée du double et rare avantage de jouer et de chanter avec un égal talent. Quoique meurtrie d’une chute aussi grave, elle a voulu continuer son rôle, pendant lequel elle a reçu de très-vifs applaudissemens.

Le jeune baron de Phelsem, page du roi de Prusse, ayant perdu au jeu une somme assez forte, Frédérick l’a envoyé aux arrêts dans un château fort. Agatino [sic], fille du gouverneur, malgré la vigilance de Susanne, sa gouvernante, parvient à voir de tems en tems le jeune Page, à travers les barreaux de sa prison, et à adoucir sa captivité. Brandz, officier prussien, ami dévoué du Baron, a pris chaudement sa défense auprès du Roi, qui lui a imposé silence et lui a ordonné de se rendre au château fort avec une lettre pour le gouverneur. Brandz croit que c'est un ordre pour le retenir en prison, et tout en murmurant contre Frédérick, il se rend au fort, ou bientôt il apprend qu’il en est nommé concierge par cette même lettre dont il étoit porteur. Nos jeunes amans n’en sont point plus heureux ; Brandz, fidèle â son devoir, se refuse aux désirs de son jeune ami, qui pendant la nuit détache un barreau de sa fenêtre et est près de s’enfuir, lorsqu’il est apperçu par une sentinelle qui donne l’allerte. Le Gouverneur arrive avec sa suite ; le Page avoue sa faute, elle lui est pardonnée, et il obtient la main d’Agatine.

Cet ouvrage repose sur un plan simple et bien conduit ; il est peu de situations qui ne soient motivées ; les caractères y sont adroitement observés ; si l’on en excepte celui du Gouverneur, auquel l’auteur auroit pu donner plus de gravité, plus d’intérêt. Le hussard Brandz, qui est ici le mobile de l’intrigue est un personnage du meilleur comique ; le cit. Juliet joue ce rôle avec une grande intelligence. Un caractère non moins original est celui de Susanne, que le jeu de la cit. Auvray rend tout-à-fait plaisant.

Cette pièce, dont le débit n’a pas eu peut-être, par suite de l’accident arrivé à la cit. Rolandeau, toute la rapidité dont elle est susceptible, doit gagner encore aux représentations suivantes.

Les auteurs demandés ont été nommés ; ils sont, pour les paroles, le citoyen Guilbert-Pixérécourt, et pour la musique, le cit. Kreutzer, connu par l’excellente musique de Paul et Virginie , et de Lodoïska. La musique de cette nouvelle pièce a paru n’avoir d’autre défaut que celui d’un peu de conformité dans la facture des accompagnemcns en général ; mais tous les morceaux sont d’une composition douce, délicate et pure. On remarque sur-tout deux duos très-bien faits, celui de Brandz et Susanne, et le second duo des deux amans. Nous penchons à croire que la scène où Charles cherche à défaire un bareau de sa prison, rallentit beaucoup l’action qui gagneroit probablement à la suppression de ce premier duo. Nous ne terminerons pas sans avoir payé à la citoyenne Rolandeau notre tribut particulier d’admiration pour la manière pure et facile dont elle chante un rondeau agréablement composé.

B * * *

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, Ve année, tome sixième, an VIII, 1799, p. 251-252 :

[Le compte rendu s’ouvre sur un incident survenu à la première représentation, la chute d’une interprète dans une trappe de scène. Elle a courageusement continué à jouer. Sinon, résumé de l’intrigue, (des reproches (dénouement, froideur, peu d’intérêt), mais l’interprétation est excellente, les auteurs ont été demandés. Mention spéciale pour le compositeur, dont la musique est « douce et harmonieuse ».]

Un accident arrivé à M.lle Rolandeau, à la première représentation de cet opéra, joué le 25 pluviôse, a fait craindre un instant que le spectacle ne fût interrompu ; elle jouoit le rôle de petit page, et, en s’élançant des marches d’une terrasse, elle est tombée jusqu’à mi-corps dans une trappe mal fermée. Quoique fort incommodée d'une chûte aussi grave, elle a voulu continuer son rôle, pendant lequel elle a reçu les plus vifs applaudissemens.

Le jeune baron de Felsheim, page du roi de Prusse, ayant perdu au jeu une somme assez forte, Fréderic l’a envoyé aux arrêts dans un château-fort. Agatine, fille du gouverneur, malgré la sévérité de sa vieille gouvernante, parvient à voir de temps en temps le jeune page, qui devient amoureux d'elle. Brandz, officier prussien, a pris chaudement les intérêts du jeune page son ami; le roi lui a imposé silence et l’a envoyé au château-fort, avec une lettre pour le gouverneur. Brandz croit que c'est un ordre pour le retenir en prison ; il arrive, et par la lettre il apprend qu’il est nommé concierge du château. Le petit page lime pendant la nuit un barreau de sa fenêtre ; il est prêt à fuir, lorsqu’une sentinelle donne l’alerte : le gouverneur arrive, le petit page avoue sa faute, tout est pardonné ; il épouse Agatine. On voit que le dénouement n'est pas fort heureux ; cette pièce est froide, et n’a que bien peu d'intérêt ; elle a été supérieurement jouée. Les auteurs ont été demandés, ce sont les CC. Guilbert Pinerecourt [sic], et pour la musique, le C. Kreutzer , connu par Lodoiska, et Paul et Virginie. La musique de cette pièce est douce et harmonieuse ; on y a remarqué deux duos très-jolis.

Courrier des spectacles, n° 2644 du 4 prairial an 12 [24 mai 1804], p. 2 :

[Reprise de la pièce de Pixerécourt. C’est surtout l’interprétation, remarquable, qui est évoquée.]

Théâtre Montansier.

On vient de remettre à ce théâtre le Petit Page, opéra en un acte, qui a obtenu du succès dans sa nouveauté, et qui est encore vu avec plaisir. Mlle. Caroline joue le rôle du Page avec beaucoup d’aisance, et y fait admirer ce timbre pur qui lui a mérité, à juste titre, la réputation d’une des plus agréables cantatrices. Mlle. Laurenzetti chanta avec goût le rôle de la fille du Gouverneur, et chaque jour prouve son travail et son zèle. Mad. Barroyer, dans un personnage de duègne, et Bosquier-Gavaudan, chargé de celui d’un Hussard, y obtiennent aussi des applaudissemens, pour la manière dont ils soignent leurs rôles.

Félix Clément, Pierre Larousse, Dictionnaire lyrique ou Histoire des opéras, p. 527 :

[L’attribution de la musique à Gresnick est un peu mystérieuse. Le site Musicalics comporte bien une entrée « Le Petit page ou la Prison d’Etat » parmi les œuvres lyriques de Gresnick, mais il l’accompagne de l’adjectif « douteux ». Même expression de doute dans le site operone.de, où le Petit page est rangé dans la série des productions de Gresnick qualifiées de « zweifelhaft ».]

PETIT PAGE (LE) ou LA PRISON D’ÉTAT, opéra en un acte, musique de Gresnick, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1797.

Dans le tableau chronologique qu'il donne de ses pièces dans son Theatre choisi, tome I (Nancy, 1841), p. lv, Pixerécourt comptabilise 178 représentations pour son œuvre, la vingt-huitième de sa carrière féconde, 43 à Paris, 135 en province. Dans cette liste, la musique est attribuée à Kreutzer et à Nicolo.

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