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La Revanche forcée

La Revanche forcée, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, de Deschamps, 10 février 1792.

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Revanche forcée (la)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose

Musique :

vaudevilles

Date de création :

10 février 1792

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Deschamps

Almanach des Muses 1793

Anecdote connue.

Un officier force un jeune abbé par ses ironies et ses menaces à chanter des couplets : l'abbé médite sa vengeance, et prie l'officier de l'attendre un moment. Il revient muni d'une épée et d'un pistolet : Monsieur m'a fait chanter tout à l'heure, lui dit-il, je veux à présent que Monsieur danse. L'officier résiste : mais c'est le pistolet sur la gorge que l'abbé le force à son tour de danser, en enrageant, le menuet d'exaudet1.

Pièce très gaie et qui a beaucoup réussi.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au Théâtre, 1792 :

La Revanche forcée, comédie en un acte, en prose mêlée de vaudevilles. Par M. Deschamps. Représentée pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 10 Février 1792.

On trouve sur Internet une édition de 1798, « nouvelle édition, avec les Airs notés ».

Réimpression de l'ancien Moniteur, tome onzième, Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 56 du samedi 25 février 1792, p. 468 :

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Ce théâtre est très suivi ; le Français aime la chanson, s'amuser était à Paris une grande affaire, et pour bien des gens c'en sera une long-temps encore.

Dans les pièces nouvelles jouées sur ce théâtre, il faut distinguer la Revanche forcée, très jolie bagatelle. Le sujet en est gai.

Un officier, qui a été plusieurs fois traversé dans ses amours par des abbés, a juré à tout petit collet une guerre qui n'est pas mortelle, car il ne veut que les tourmenter et rire à leurs dépens ; il rencontre tout à point un jeune séminariste faisant des couplets amoureux pour Marton, sa cousine, et il trouve plaisant de le forcer à les lui chanter. L'abbé a du courage, mais il est sans armes ; il se soumet malgré lui, et revient bientôt après, muni d'une épée et d'un pistolet ; il prend alors sa revanche, en faisant danser l'officier, et offre ensuite de se battre loyalement et à armes égales. Le militaire reconnaît son étourderie, fait des excuses à l'abbé, et se charge de le placer au service, qui lui convient mieux que le séminaire, et de lui faire épouser Marton.

Cette plaisanterie a fourni plusieurs scènes très agréablement faites ; on y trouve beaucoup d'esprit et jamais d'affectation ; les couplets sont bien tournés, plusieurs respirent l'amour de la liberté, de la vertu, et les goûts simples de la nature. On sait que l'auteur (M. Deschamps) les a puisés dans son ame, et que cet ame est honnête. Aussi ses couplets sont-ils patriotiques et dans le sens de la constitution, c'est-à-dire, dans le sens commun. Il est fâcheux que telle autre pièce donnée a ce spectacle, les Mille et un Théâtres, par exemple, s'écarte fort de ce sens-là.

Mercure français, n° 11 du 17 mars 1792, p. 80-81 :

[Après avoir évoqué avec un certain mystère l’activité du Théâtre du Vaudeville (que sont « les scènes qui se sont passées au Théâtre du Vaudeville » ?), l’essentiel du compte rendu est consacré au résumé de l’intrigue, bien conventionnelle, le critique se limite à des jugements assez généraux, couplets pleins d’esprit, dialogue charmant, scènes bien filées. Comment faut-il comprendre : « l’Auteur a tiré tout le parti possible de ses situations » ? Un peu de réticences ?]

Nous nous garderons bien de retracer les scènes qui se sont passées au Théâtre du Vaudeville, & dont les Feuilles du jour ont rendu compte, ni de tirer de l’oubli les Pieces qui y ont donné lieu ; mais nous citerons deux Nouveautés sur-tout qui remplissent parfaitement l’idée qu’on doit avoir de ce Théâtre.

La premiere est intitulée la Revanche forcée. C’est un Officier qui, dans sa vie, a eu si souvent à se plaindre des Abbés, qu’il les a tous pris en haine, & n’en peut voir un sans avoir envie, au moins, de le persiffler. Il arrive chez une jeune personne qu’il aime, & à laquelle il n’a pu être uni, encore par les conseils d’un Abbé. Il trouve justement dans l’avenue du Château, un jeune Abbé, cousin & amoureux de la Suivante Marton, brave & peu fait pour l'état Ecclésiastique, mais que son peu de fortune oblige d’y rester. Il compose une Chanson pour sa belle cousine, lorsque l’Officier le surprend, & l’oblige assez brutalement de la lui chanter. Le jeune Abbé, sans armes, est obligé de se soumettre ; il annonce d’autres Chansons, & obtient la permission de les aller chercher ; mais il revient avec une épée & un pistolet. Cette derniere arme lui sert à prendre sa revanche ; il oblige l’Officier de danser, précisément avec les mêmes menaces qui l’ont contraint à chanter. L’Officier cede à son tour par cette réflexion naturelle, qu’un coup est si-tôt lâch » ! Quand la vengeance de l’Abbé est complette, il offre à l’Officier un autre genre de satisfaction, & se présente à lui l’épée à la main. Mais l’Officier l'embrasse, & profite de la leçon que sa légéreté a reçue ; il lui promet de l’avancer dans l’état militaire, & lui fait épouser Marton, qui lui apprend que la mere de sa Maîtresse est fléchie, & tout le monde est heureux.

Cette petite Piece est de M. Deschamps, auquel on doit aussi une Traduction d’un Roman Anglais, intitulé Simple Histoire, qui réussit beaucoup. On trouve dans l’Opéra-Comique un grand nombre de Couplets remplis d’esprit, & en général un dialogue charmant. les Scènes y sont bien filées, & l’Auteur a tiré tout le parti possible de ses situations.

[La seconde nouveauté, c’est le Prix, ou l’Embarras du choix.]

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-unième année (1792), tome VI (juin 1792), p. 376-347 :

La revanche forcée, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par M. Deschamps.

Une anecdote véritable a fourni le sujet de cette charmante comédie, donnée avec le plus grand succès.

Un militaire rencontre un abbé, & l'oblige à chanter. Ce dernier, se voyant le moins fort, obéit : mais indigné de la maniere leste avec laquelle l'officier le traîtoit, il le quitte, sous prétexte d'aller chercher d'autres couplets, revient un moment après avec un pistolet, & force à son tour le militaire à danser. Celui-ci est contraint de céder. Ensuite l'abbé lui propose l'épée. Mais le militaire, à qui cette leçon vient d'ouvrir les yeux, le refuse, admire son courage, & le conjure d'agréer ses services & son amitié.

L'auteur a su lier adroitement une légere intrigue à cette anecdote. D'un bout à l'autre, cette piece, ne respire que la gaîté, & offre des situations plaisantes & des scenes parfaitement filées; le choix des airs est heureux, & les couplets sont charmans.

D'après la base César, la pièce œuvre de Jacques-Marie Deschamps, a été jouée 11 fois au Théâtre des Beaujolais (du 12 juillet au 4 octobre 1790), puis, à compter du 10 février 1792, 134 fois au Théâtre du Vaudeville (51 fois en 1792, 28 fois en 1793, 15 fois en 1794, 18 fois en 1795, 2 fois en 1796, 9 fois en 1797, 11 fois en 1798, 6 fois en 1799).

1André-Joseph Exaudet (1710-1762) est un violoniste et compositeur français, auteur en 1751 d'un menuet qui l'a rendu célèbre, et sur lequel on a écrit de nombreuses chansons de tous styles.

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