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Le Prix ou l'Embarras du choix

Le Prix ou l'Embarras du choix, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par M. Radet, 27 février 1792.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Prix (le) ou l’Embarras du choix

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 février 1792

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Radet

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au Théâtre du Vaudeville, Prairial an III :

Le Prix, ou l'Embarras du choix, divertissement en un acte, en prose, Mêlé de Vaudevilles ; Par J. B. Radet. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 27 Février 1792. Nouvelle édition.

Mercure français, n° 11 du 17 mars 1792, p. 80-81 :

[Deuxième nouveauté à présenter dans l’abondante production du Théâtre du vaudeville, le Prix, dont le critique résume avec bienveillance l’intrigue. Il fait au sujet de la pièce un reproche indirect, celui de mettre sur scène des personnages public et des objets qui mériteraient plus de respect, mais comment bouder son plaisir ? Les couplets sont si jolis, on ne peut trouver dans un ouvrage « plus de grace, de délicatesse et de gaieté », ce qu’un couplet est censé montrer. Sinon, on nous donne le nom de l’auteur, et ses succès précédents.]

Nous nous garderons bien de retracer les scènes qui se sont passées au Théâtre du Vaudeville, & dont les Feuilles du jour ont rendu compte, ni de tirer de l’oubli les Pieces qui y ont donné lieu ; mais nous citerons deux Nouveautés sur-tout qui remplissent parfaitement l’idée qu’on doit avoir de ce Théâtre.

[C'est une pièce de François Léger, l’Auteur d’un moment, créée le 18 février 1792 sur le Théâtre du Vaudeville qui provoque des incidents graves. Accusée de se moquer de Marie-Joseph Chénier, elle suscite une bagarre générale dans le théâtre lors de sa cinquième représentation, au point qu'un musicien vient sur la scène avec un exemplaire de la pièce et il est lacéré et brûlé publiquement,.

La première de ces nouveautés, c’est la Revanche forcée.]

La seconde nouveauté a pour titre le Prix, ou l’Embarras du Choix. Il y a dans un village un Prix fondé pour la plus belle fille. Pauline & Justine partagent les suffrages ; les deux scrutins sont égaux. On convient de faire décider la question par un Officier qui passe dans le village. Il n’est pas moins embarrassé que les autres ; & pour mieux décider, il demande un tête à tête avec chacune. Il l’obtient avec assez de peine ; cependant on y consent. Seul avec Pauline, il lui propose le Prix, moyennant un baiser. Celle-ci le refuse. Son Amant, qui l’adore, lui en demande un depuis six mois & ne l’a pas encore, ce n’est pas pour le donner à un homme qu’elle voit pour la premiere fois. Justine, qui a tout entendu, paraît à son tour. Son caractere vif & agaçant produit une scène très-bien contrastée avec la précédente. Elle fait entendre qu’elle sera moins difficile que son amie, & elle finit par consentir au baiser ; mais elle ne reçoit le Prix que pour l’offrir à son amie. L’Officier enchanté donne un second Prix pour Justine ; c’est sa cocarde & 25 louis. Les jeunes filles détachent une partie de leurs parures pour lui former une autre cocarde aux trois couleurs.

Si l’on pouvait être difficile sur ce genre d’Ouvrage, on serait fâché peut-être que l’Auteur ait fait paraître en Scène, pour un sujet aussi frivole, les Officiers-Municipaux en écharpe ; rien ne doit altérer la gravité de ces objets, qu’il faut réserver à la vénération du Peuple. Mais on est peu disposé aux reproches, quand on entend les jolis Couplets semés en foule dans ce charmant Ouvrage. Il est impossible de rassembler plus de grace, de délicatesse et de gaieté ; on en jugera par le Couplet suivant, que nous avons retenu parmi beaucoup d’autres. C’est l’Officier qui chante :

En voyant ce couple charmant,
Qu’aisément la raison se trouble !
Et puis à parler franchement,
Moi, j’y vois mal quand je vois double.
Malgré moi je suis maîtrisé
Par je ne sais quoi d’invincible :
En choisir une est bien aisé ;
Mais laisser l’autre est impossible.

La Piece est de M. Radet; déjà connu au Théâtre Italien par plusieurs Ouvrages charmans, la Soirée orageuse, Renaud d’Ast, la Négresse, &c.

[Renaud d’Ast et la Négresse sont deux comédies de Radet jouées en 1787.]

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-unième année (1792), tome VI (juin 1792), p. 352-354 :

Le Prix , ou l'Embarras du choix, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, par M. Radet.

C'est l'usage, dans un petit village, de couronner tous les ans la plus belle, de lui donner un ruban blanc & une dot de 6oo livres. La municipalité assemblée, dépouille les scrutins ; mais le maire , embarrassé, annonce qu'il y a égalité de suffrages entre Pauline & Justine. Que faire ? On consulte le registre, il annonce que, dans ce cas, on peut s'en rapporter à la décision d'un étranger. Il y a justement à la poste un officier qui relaye sa voiture : on fait venir cet officier, & le maire le prend pour juge de cette affaire. L'officier voit Pauline & Justine ; mais également charmé de leurs attraits, il dit qu'il choisiroit bien l'une & l'autre : on le presse ; il ajoute, sur l'air : On compteroit les diamans, &c.

En voyant ce couple charmant,
Qu'aisément la raison se trouble !
Et puis, à parler franchement,
Moi, j'y vois mal, quand j'y vois double,
Malgré moi je suis maîtrisé
Par je ne sais quoi d'invincible ;...
En choisir une est bien aisé,
Mais laisser l'autre est impossible.

Enfin, il demande qu'on le laisse en tête-à-tête avec chacune d'elles. Le maire le lui permet ; & malgré la jalousie des deux amans des bergeres, l'officier les entretient l'une après l'autre. L'officier est un jeune égrillard qui cherche à s’amuser. Il demande un baiser à Pauline, & ne veut lui accorder le prix qu'à ce titre. Pauline, modeste & sage, le lui refuse, & se retire, bien persuadée qu'elle n'aura pas le prix : l'officier fait la même demande à Justine , qui, forcée de céder pour avoir la préférence, donne le baiser, & obtient le ruban blanc : mais, en voyant la douleur de Pauline, son amie, elle le lui rend, en disant qu'elle ne l'a payé que pour le lui offrir. Ce trait de délicatesse charme l'officier : tout le monde revient, & apprend que Pauline a le prix de la beauté : alors l'officier, pour récompenser Justine, lui donne sa cocarde, qui, dit-il, vaut bien le plus joli ruban. Les deux bergeres couronnées en font ensuite, avec leurs rubans, une autre qu'elles donnent à l'officier, & la piece se termine par de charmans couplets, dont on a fait répéter celui-ci, adressé au public :

AIR : Cet arbre, apporté de Provence (de M. Chardini).

Messieurs, d'une esquisse légere,
Ne cherchez pas trop les défauts :
Gardez la critique sévere
Pour juger de plus grands tableaux !
Accueillez ce modeſte ouvrage :
Son sort dépend de votre avis ;
Et s'il obtient votre suffrage ;
Comme un autre il vaudra son prix.

On ne sera pas étonné de la grace & de tout l'esprit qui brillent dans cette jolie piece ; M. Radet, auteur de la Soirée orageuſe, eſt l'un de ceux qui font mieux le vaudeville. Les sujets de ce théatre méritent tous les jours de nouveaux encouragemens : M. Henri joue l'officier avec beaucoup de décence & d'à plomb. M. Bourgeois est très-plaisant dans le rôle du maire ; & Melles. Feraud & Blosville , qui jouent ceux de Justine & Pauline, laissent le public aussi embarrassé que l'officier, pour adjuger le prix de la grace & de la finesse.

D'après la base César, la pièce de Radet a été jouée au théâtre du Vaudeville, du 27 février 1792 au 14 juillet 1798 (49 fois en 1792, 28 fois en 1793, 11 fois en 1794, 7 fois en 1795, 10 fois en 1796, 5 fois en 1797, 2 fois en 1798, soit 113 représentations).

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