Relâche pour la Répétition générale de Fernand Cortez, ou le Grand Opéra de Province

Relâche pour la Répétition générale de Fernand Cortez, ou le Grand Opéra de Province, parodie en un acte, mêlée de vaudevilles, par MM. Moreau, Rougemont et Jules [Merle], 21 décembre 1809.

Théâtre du Vaudeville.

Légère variation dans le titre : le plus souvent, il s'agit du Grand Opéra de Province, mais l'Esprit des journaux parle du Grand Opéra en Province.

Titre :

Relâche pour la Répétition générale de Fernand Cortez, ou le Grand Opéra de Province

Genre

parodie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

21 décembre 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Moreau, Rougemont et Jules [Merle]

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1810 :

Relâche pour la Répétition générale de Fernand Cortez, ou le Grand Opéra de Province, parodie en un acte, mêlée de vaudevilles, par MM. Moreau, Rougemont et Jules. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le jeudi 21 décembre 1809.

Cette parodie est la concurrente de les Chevaux vengés, ou Parodie de la parodie de Fernand Cortez.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome II (février 1810), p. 293-296 :

[Long compte rendu d’une parodie dont le critique souligne la nouveauté : au lieu d‘une simple reproduction moqueuse des principaux éléments de l'opéra, elle essaie de créer un spectacle qui ridiculise l’opéra en jouant sa mise en scène. La critique porte tout autant sur les conditions du théâtre en province que sur l’opéra. Le critique trouve que l’attaque contre Fernand Cortez est moins juste sur le poème tel que le conçoit le régisseur, reprenant une tragédie de Piron, que pour la musique, où on retrouve des réminiscences, mais qui sont peut-être inévitables désormais (le critique semble dire que tout a été fait déjà...), et qui ne doivent pas masquer ce que la musique de Spontini a d’original. Il y a beaucoup de choses amusantes dans cette première partie de la pièce, consacrée à la mise en place de la pièce. Puis les parodistes retrouvent la voie ordinaire des parodies : la répétition commence, sous la conduite d’un jeune homme qui a vu la pièce et peut donc en parler savamment. Cette répétition est assez confuse, puisqu’elle mêle les débats entre les acteurs de la pièce de province et les piques contre la pièce. C’est ce que l’article appelle « duplicité d’intention ». Certaines critiques paraissent injustes, certaines plaisanteries un peu lestes (le public est censé ne pas apprécier). Pourtant la pièce a réussi « grace au piquant des critiques générales, à la gaîté, à la variété du spectacle, et au mérite de plusieurs couplets », les couplets les plus appréciés n’étant d’ailleurs pas très critiques. Les auteurs ont été demandés et nommés, signe de la satisfaction du public.]

Relâche pour la répétition générale de Fernand Cortez , ou le Grand Opéra en province.

Les formes ordinaires de la parodie étant passablement usées, on ne doit point s'étonner que les parodistes, qui voulaient nous égayer aux dépens de Fernand Cortez, aient essayé de les rajeunir. Le plan qu'ils ont suivi est, en effet, assez neuf et assez piquant. Nos lecteurs jugeront s'il a été bien exécuté, si l'idée principale était assez féconde.

La scène est dans la salle de spectacle de Saulieu, petite ville de Bourgogne, au département de la Côte-d'Or. On vient de jouer le Maréchal, et l'on nous fait encore entendre le dernier couplet du vaudeville de cette pièce. Le régisseur salue ensuite le public, et annonce relâche pendant trois jours pour les répétitions de Fernand Cortez, opéra qui vient d'avoir le plus grand succès dans la capitale ; on prévient les dames qui n'aiment pas l'odeur de la poudre, que le bombardement de Mexico sera exécuté à l'arme blanche ; puis il est censé que le public de Saulieu s'écoule, et le régisseur, M. Télescope, retient sa troupe pour procéder à sa répétition devant le public de Paris.

L'étude de cet ouvrage, que l'on doit jouer dans quatre jours, n'est cependant pas très-avancée ; non-seulement les rôles ne sont pas distribués, mais le régisseur est forcé de convenir qu'il n'a encore reçu de Paris ni le poëme, ni la musique. Heureusement les journaux l'ont mis sur la voie pour vaincre cette petite difficulté : il fera lui-même le poëme en se servant de la tragédie de Piron ; il n'aura besoin pour cela que de transporter la révolte des soldats du quatrième acte au premier, et de supprimer le rôle de Montezume. Quant à la musique, son chef d'orchestre en viendra à bout tout aussi facilement ; il mettra à contribution les partitions de Chimene, d’OEdipe, d’Iphigénie en Tauride, etc., attendu que ce pillage méthodique est aujourd'hui la meilleure manière de composer un opéra.

On sent combien cette critique est mordante ; mais elle n'est pas moins injuste. A l'égard du poëme, elle porte entièrement à faux : elle peut être plus fondée à l'égard de la musique. On y a remarqué des réminiscences, et nous ne l'avons pas dissimulé. Mais il est bien difficile de les éviter aujourd'hui, et celles de Fernand Cortez sont trop peu nombreuses pour balancer le mérite des morceaux vraiment originaux qui embellissent cet opéra. Aussi le public n'a-t-il que faiblement applaudi cette censure, au moins exagérée, et dont un compositeur, à qui nous devons la Vestale, devait se croire à l'abri. Ce qui a égayé le parterre pendant ces premières scènes, c'est le tableau vraiment comique d'une petite troupe de comédiens où le même acteur joue les Crispins et les Orosmanes, où la même actrice représente tour-à-tour Cléopâtre et Nina Vernon ; c'est la discussion non moins plaisante qui s'élève entre le régisseur, le tailleur et le machiniste sur les moyens d'établir à neuf les costumes et les décorations du nouvel opéra, en se servant des vieux habits et des vieilles machines.

Il semble, au reste, que nos parodistes eux-mêmes aient éprouvé quelque remords de leur malignité, car au moment d'entrer en répétition, ils font arriver de Paris un jeune habitant de Saulieu nommé Dorval, qui paraît avoir les grandes et petites entrées au théâtre de son endroit. Son apparition déconcerte un peu le régisseur. Dorval a vu jouer Cortez, il ne sera pas la dupe du rhabillage que l'on veut faire de la tragédie de Piron ; il vaut donc mieux lui tout avouer et profiter de ses conseils. Dorval rit en effet de l'ingénieuse idée de M. Télescope ; mais lorsqu'on l'interroge sur le succès de Cortez, il rend justice à cet ouvrage ; et comme il a le poëme dans sa poche, il le présente au régisseur et consent à diriger la répétition. Elle commence aussi-tôt et fournit des scènes fort gaies, mais où la critique tombe plutôt sur l'opéra en général que sur Cortez en particulier ; elles ne sont en quelque sorte que le commentaire des vers si connus de Panard : J'ai vu le soleil et la lune , etc. ; si l'on eût continué sur ce plan, le public aurait fini par perdre Cortez de vue ; et c'est pour cela sans doute que les auteurs ont abandonné ici leur première idée pour rentrer dans le chemin battu des parodistes de tous les temps.

Le régisseur a déjà pris soin de nous apprendre qu'il a une sœur charmante, Mlle. Devergondilly : cette sœur, qui était aussi sa première actrice, l'a tout d'un coup abandonné pour se jetter dans une troupe équestre qui imite, tant bien que mal, à Saulieu, les exercices de Franconi. Elle lui fait demander une entrevue, et l'on se doute bien qu'une scène entre Devergondilly et le régisseur Télescope sera la parodie de celle de l'opéra entre Amazilly et Télasco. On devinera moins aisément que cette scène semble supposer une jalousie que le Cirque olympique aurait inspirée à l'Opéra, et dont l'académie impériale de musique n'aurait trouvé moyen de se guérir qu'en faisant une alliance avec le manége. Quoi qu'il en soit, la parodie continue. Devergondilly ne cède pas plus à Télescope qu'Amazilly à Télasco ; elle le quitte ; mais elle avait amené avec elle trois acteurs de sa troupe, sous le costume de la Famille des Innocens. Le régisseur fait courir après ; on les rattrape, on les enchaîne, et comme on va reprendre la répétition interrompue, ils se trouvent là fort à propos pour représenter le frère de Cortez et les deux autres Espagnols de l'opéra. Au moment où ils vont chanter leur trio, Devergondilly arrive, comme Amazilly, pour se mettre à leur place. On veut aussi l'immoler comme Amazilly, et elle est délivrée comme elle, non par l'auteur qui joue le rôle de Cortez, mais par son amant, directeur de la troupe équestre, qui paraît en vainqueur monté sur un âne, et finit par se réconcilier avec Télescope et par épouser sa sœur.

On voit qu'il y a duplicité d'intention dans cette parodie, et que les deux Cortez qui paraissent au dénouement y mettent un peu de confusion. On a reconnu l'injustice de quelques critiques particulières. Les spectateurs délicats ont aussi blâmé quelques plaisanteries un peu lestes ; mais l'ouvrage n'en a pas moins réussi, grace au piquant des critiques générales, à la gaîté, à la variété du spectacle, et au mérite de plusieurs couplets. Ce que nous ne devons pas oublier, c'est que ceux qui ont le mieux réussi étaient en éloges, chose assez bizarre dans un genre d'ouvrage dont le principal attrait est la malignité. On a vivement applaudi trois couplets à la louange de Mlle. Saint-Aubin , de Mme. Branchu , de Mme. Gardel ; on a même redemandé les deux derniers, et l'on a fait le même honneur à un troisième qui contient un hommage à Gluck et à d'autres compositeurs.

Les auteurs demandés et nommés sont MM. Rougemont, Moreau et Merle.                        G.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts 14e année, 1809, tome VI, p. 397-398 :

[Le compte rendu donne une image plutôt positive de la parodie de l’opéra de de Jouy et Esménard, musique de Spontini, joué à la fin du mois de novembre. Le résumé de l’intrigue montre le désordre de la préparation d’un opéra en province. Le résultat : « on a beaucoup ri » d’un certain nombre de scènes. Madame Gardel a été louée. Les auteurs ont été nommés.

Relâche pour la Répétition générale de Fernand Cortez, ou le Grand-Opéra de Province, parodie jouée le 21 décembre.

M. Télescope, directeur d'une troupe de province, veut faire jouer Fernand Cortez, mais il n'a ni le poème ni la musique.

Il prend le Cortez de Piron, et s'apprête à l'habiller de vieilles partitions pour en faire un opéra nouveau. De l'embarras qu'il éprouve naissent des plaisanteries, et des critiques assez amusantes. Heureusement pour ce pauvre Directeur qu'un jeune homme de Paris arrive avec la pièce nouvelle et la partition. Il n'y a plus qu'à trouver des sujets et des chevaux ; car les chevaux sont aussi indispensables que les acteurs dans Fernand Cortez. Précisément, une troupe d'écuyers qui enlevoit une partie des spectateurs aux comédiens, et qui avoient débauché Mademoiselle Devergondilly, fille du Directeur, font la paix avec leurs ennemis et se réunissent à eux.

On a beaucoup ri de voir une charge de cavalerie exécutée par des ânes ; le tailleur de la troupe en grand-prêtre, et les trois prisonniers espagnols remplacés par les Trois Innocens. L'éloge de Madame Gardel, a fait grand plaisir, et le bis a été aussi flatteur pour elle que pour les auteurs.

Air : le Premier Pas.

Son premier pas captive le parterre,
De l'admirer on ne se lasse pas,
Et l'on devine à sa grâce légère
Que. Therpsicore autrefois lui fit faire
           Son premier pas.

Cette parodie est de MM. Rougemont, Moreau et Jules.

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