Rien, ou Peu de chose

Rien, ou Peu de chose, arlequinade-folie, vaudevilles, travestissement, parodie d'Adrien, à grand spectacle, de Chateauvieux et Compagnie, 13 Messidor an 7 [1er juillet 1799].

Théâtre de la Gaîté.

Qui se cache sous le mot « Compagnie » ?

Almanach des Muses 1800

Courrier des Spectacles, n° 861 du 14 messidor an 7 [2 juillet 1799], p. 2 :

Théâtre de la Gaité.

La piece donnée hier à ce théâtre sous le titre de Rien ou peu de chose, imitation burlesque de l'opéra d’Adrien, a obtenu beaucoup de succès. Nous en donnerons demain l’analyse.

Courrier des Spectacles, n° 862 du 15 messidor an 7 [3 juillet 1799], p. 2 :

[Parodie ? Imitation burlesque ? La question posée en ouverture est résolue par l’analyse de la pièce nouvelle  « une imitation burlesque, scène par scène », « l’imitation servile d’Adrien », l’opéra de Hoffmann. Il suffit donc de comparer l’analyse des deux pièces pour voir qu’il s’agit bien d’un simple détournement de l’intrigue. Mais elle est gaie, parfois un peu licencieuse « dans les expressions », quelques couplets « ne manquent pas de sel », et le rire des spectateurs suffit à désarmer la critique. Les auteurs sont cités : « Châteauvieux et Compagnie ». Reste à savoir qui se cache sous l’appellation « Compagnie ».

Théâtre de la Gaîté.

Les auteurs de la pièce intitulée : Rien, ou Peu de Chose, ont-ils fait une véritable parodie d’Adrien ?Non, sans doute : ce n’est qu’une imitation burlesque, scène par scène, où l’on critique à peine un ou deux passages du poème du cit. Hoffmann.

Bénin, empereur romain, est victorieux des Parthes. Il a fait prisonnière Reinette, fille de Sotroès, leur roi, et promise en mariage au prince Pharmace. Il arrive, et une marche burlesque précède et annonce son triomphe. Sotroès et Pharmace se présentent à Bénin : ils réclament Reinette, et essuient un refus du Bénin empereur, qui est épris des charmes de sa captive. Envain Minimus, son sevère ami, veut le rappeller à des sentimens plus dignes de lui ; il résiste à toutes les sollicitations.

Cependant Pharmace a rassemblé des troupes, Sotroès arrive avec lui sur le pont de l’Euphrate : le pont s’enfonce ; Pharmace, qui est déjà sur l’autre rive, est fait prisonnier et amené à Bénin. Celui-ci bientôt lui rend la liberté à la priere de Reinette, qu’il presse encore de couronner ses feux.

Tout-à-coup on annonce l’arrivée au camp de Grassine, Romaine, promise en mariage à Bénin. Elle s’emporte contre lui, contre sa prétendue rivale, qui la détrompe bientôt en lui faisant connoitre son amant, qui est libre, et qui n’a pu s’éloigner du camp sans la revoir. Grassine veut les faire évader, lorsque Sotroès attaque de nouveau Bénin, et croit l’immoler plus sûrement en prenant les dépouilles des Romains. Mais Bénin est victorieux. Pharmace est arrêté comme auteur de l’attentat formé contre les jours de Bénin. On va l’immoler : Reinette implore sa grâce et découvre le coupable. C’est Sotroès, c’est son père lui-même qui est arrêté dans la grotte. Le supplice de l’un et de l’autre est ordonné : mais Bénin fait comparoitre devant lui le vieux roi des Parthes, et il le somme de lui donner la fille ou de recevoir la mort. Sotroès préfere la mort : soudain Pharmace accourt et offre, pour sauver les jours de son beau-pere, de céder Reinette à Bénin. La nature l’emporte. L’empereur va épouser sa captive, lorsque Grassine vient faire ses adieux à Bénin. Minimus lui même l’abandonne. Que faire ? Par un généreux effort sur lui-même il rend à Sotroès la liberté, et à Pharmace son épouse, et lui-même épouse Grassine.

L’on voit que c’est mot pour mot l’imitation servile d’Adrien. Il y a de la gaité,quelquefois même un peu de licence dans les expressions. Mais on a ri et la critique a été désarmée, sur-tout par quelques couplets qui ne manquent pas de sel. Ce petit ouvrage est des citoyens Chàteauvieux et Compagnie.

Nom de l'auteur (des auteurs?) : « Agricol Hippolyte Lapierre de Châteauneuf, and others », d'après Mary Elisabeth Caroline Bartlet, Etienne-Nicolas Méhul and opera, Musik-Edition Galland, 1999, p. 905. Mais il devient Châteauvieux dans le livre d'Arthur Pougin, Méhul, sa vie, son génie, son caractère (1893), p. 172. Dans le Courrier des spectacles, c’est bien à « Châteauvieux et Compagnie » que la pièce est attribuée, sans qu’il soi t précisé qui est « Compagnie ».

La base César ne permet pas de trancher : l’œuvre y est présentée comme d'auteur(s) inconnu(s),alors qu’il ne fait pas de doute qu’elle est de Chateauvieux ; elle a été jouée 7 fois au Théâtre de la Gaîté, du 1er au 13 juillet 1799.

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