La Saint-Jean, ou les Plaisans

La Saint-Jean, ou les Plaisans, comédie en trois actes et en prose, de Picard, 4 frimaire an 11[(25 novembre 1802].

Théâtre Louvois.

Titre :

Saint-Jean (la), ou les Plaisans

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

4 frimaire an 11 [25 novembre 1802]

Théâtre :

Théâtre Louvois

Auteur(s) des paroles :

M. Picard

Courrier des spectacles, n° 2090 du 5 frimaire an 11 [26 novembre 1802], p. 2 :

[Encore une pièce qui subit une belle chute, avec sifflets et cris qui empêchent de comprendre le dénouement (quoiqu’on voie mal comment il pourrait finir autrement que par le mariage des deux amants). Alors que le nom de l’auteur avait attiré beaucoup de monde (mais on n’aurait pas dû le connaître), très vite les sifflets ont retenti, au point même de surpasser le bruit de l’orage du deuxième acte : « dès ce moment la pièce n’a point été écoutée », rendant impossible une vraie analyse, dont on peut d’ailleurs penser qu’elle ne pouvait de toute façon pas être faite. L’intrigue ? Une histoire de mariage : une jeune fille que ses oncle et tante veulent marier à quelqu'un qu’ils ne connaissent pas, ce qui permet à leur neveu de présenter l’amant de la jeune fille en ses lieu et place, le véritable fiancé pressenti étant ridiculisé : on le fait passer pour un comique venu égayer la fête que les époux se donnent mutuellement. Une fois de plus un jeune amant peut prendre la place du fiancé officiel du fait de la négligence des parents. Le « fonds » de la pièce n’est pas suffisant pour trois actes, chaque acte se réduisant à un épisode peu consistant. Picard (l’auteur et acteur) n’a pas pu faire entendre raison au public qui exigeait qu’on baisse la toile, et finalement le critique confesse qu’il ne sait pas ce qu’est vraiment le dénouement.]

Théâtre Louvois.

La St-Jean, ou les Plaisans. Ce titre ne promettoit rien de bon ; le nom de l’auteur qui circuloit depuis quelques jours dans les sociétés avoit pu seul attirer une assemblée aussi nombreuse que celle qui se porta hier à ce théâtre dont toutes les loges étoient retenues. Des succès aussi nombreux que rapides sembloient promettre un nouveau triomphe à Picard ; ils auroient peut-être dû le garantir d’une chûte aussi forte ; celle qu’il vient d’éprouver a été des plus complettes. Déjà les sifflets s’étoient annoncés au premier acte, le second représentoit un orage ; mais on peut dire qu’il a été plus violent dans la salle que sur le théâtre. Le tonnerre imité sur ce dernier faisoit moins de bruit que la foudre lancée du parterre et des loges. Dès ce moment la pièce n’a point été écoutée ; il seroit donc difficile d’en donner une analyse bien exacte; nous doutons même qu’elle en soit susceptible.

Jean Dalinville et Jeanne Dalinville son épouse veulent donner l’un à l’autre une fête à l’improviste ; Dorlis leur neveu est le confident de leurs projets ; il a aussi le sien, c’est de profiter de la circonstance pour faire obtenir à son ami Florval la main de Sophie sa cousine. Il a promis à chacun de ses oncle et tante d’inviter un plaisant, c’est la dénomination que l’auteur donne à un personnage dont le métier est d'être mistificateur. Celui annoncé à Monsieur doit mistifier Madame, et celui annoncé à Madame doit mistifier Monsieur. Ces bons époux qui feignent de s’aimer, s’accordent cependant fort rarement ; un seul point les réunit, c’est le mariage de cette même Sophie leur nièce qu’ils veulent donner à M. Satinot, membre de l'Athénée d’Avalon qu’ils ne connoissent pas. Dorlis apprenant ce dessein, forme celui de présenter son ami pour Satinot. Ce dernier arrive, on refuse de le croire, on le fait passer pour un des deux Plaisans. La jeune personne est unie à son amant, à la sollicitation de ceux qui sont venus à la fête.

Ce fonds infiniment trop foible pour trois actes offre dans le premier la mistification de M. Satinot, dans le second la célébration de la fête troublée par un orage, et dans le troisième la querelle de Mad. Jeanne et de son époux qui se reprochent les dépenses qu’ils ont faites pour se fêter réciproquement.

Au milieu des sifflets et des cris : A bas la toile ! Picard a voulu plusieurs-fois parler au public, vraisemblablement pour lui demander ses intentions, on ne l’a point laissé parler, et la toile a été baissée avant la fin de la pièce, dont nous ne faisons que présumer le-dénouemeut.

Journal des arts, de littérature et de commerce, n° 242 (10 frimaire an 11), p. 355-357 :

[L’auteur de ce compte rendu règle deux problèmes : celui de la pièce, qui ne vaut pas grand chose à ses yeux, et celui de Picard, qui est victime de sa trop bonne réputation. Il en profite pour nous dire tout ce qui manque dans ses pièces, qui ne sont que « des ébauches, souvent triviales, sans plan, sans moyens, sans vraisemblance, sans caractères tracés et soutenus, sans liaisons dans leurs parties, et sans style », à partir de quoi on peut bien sûr voir les critères de ce qui fait une bonne pièce : il suffirait de remplacer les « sans » par des « avec »...]

LA SAINT-JEAN ou LES PLAIS ANS.

Il faut que je vous fasse bien rire : telle est la phrase préliminaire de certains conteurs ennuyeux quand ils veulent vous régaler de quelque sotte histoire. Vous écoutez de toutes vos oreilles, et vous ne riez pas. Comment se fait-il,que Picart, qui va galoppant sans cesse de petite en grande, et de grande en petite ville, pour atteindre des ridicules, n'ait pas senti que c'en est un des mieux conditionnés de s'annoncer comme plaisant avant de s'être bien convaincu si l'on est en effet plaisant. Ne savait-il pas qu'il suffit de s'arroger cette qualification pour que les autres s'obstinent à nous la refuser. Mais revenons à la Saint-Jean, qui a fait de Picart un véritable Jean, et qui cependant n'est pas un jour de fête pour lui.

Ces hommes qui se ravalent au rôle de bouffons des gens riches, et dont les fonctions consistent à feindre dans, un dîner l'imbécillité, la surdité, l'ivrognerie et autres gentillesses, qui leur ont valu de la sottise le titre de mistificateurs ; ces hommes, dis-je, qui n'ont pas même le mérite nécessaire pour faire des souliers, et qui remplacent les beaux, esprits, parasites que les Grands admettaient à leur table, pour s'amuser de leurs saillies, ont fourni à l'auteur l'idée de sa pièce. Mais le grand amour qu'il a pour les lieux où respirent les Gaulard, les Bavardin, les Nina-Vernon, l'ont porté à chercher ses mistificateurs dans Pontoise, sans songer qu'un tel emploi ne peut faire vivre celui qui l'exerce, que dans une grande cité. Mais au fait, Journaliste.

M. Darminyille fut nommé Jean à son baptême, et M.dme Darminville, Jeanne. Le jour de leur fêle est arrivé, et quoiqu'ils passent leur vie à se quereller, ils s'aiment comme deux tourtereaux. Chacun veut donner à l'autre une fête, et tous deux chargent secrètement de l'exécution Dorlis, leur neveu. Ce dernier se promet de profiler de l'occasion de cette fête, pour faire réussir le mariage de sa sœur avec un jeune peintre de ses amis, nomme Florval, qui l'a déjà vainement demandée à M. Darminville.. Afin d'introduire son ami, il appelle des plaisans ou mistificateurs, pour égayer la compagnie, et le fait passer pour l'un d'entre eux. Mais un incident est prêt à renverser ses calculs. M. et M.dme Darminville ont promis la main de leur nièce à M. Sotinot, directeur de l'Athéenée.d'Avalon, qu'ils n'ont-jamais vu. Il arrive : Dorlis sort d'embarras en persuadant à son oncle et à sa tante que M. Sotinot n'est pas Sotinot, mais encore un mistificateur et que c'est Florval qui est le. vrai Sotinot. Les bonnes gens de s'amuser beaucoup, en voyant un homme d'esprit taire si bien le niais. Sotinot à ce sujet reçoit force complimens, même de ceux qui le prennent pour un confrère ; il ne comprend rien à tout cela ; enfin il se fâche d'être pris pour un autre, et crie à s'égosiller que c'est bien lui qui est Sotinot. Alors on le croit; mais tant pis pour lui ; quand on le prenait pour un mistificateur on lui croyait de l'esprit, à présent on ne voit, plus en. lui qu’un niais : or, comme Florval est aimable, on présume qu'il obtient la nièce.

On présume, avons-nous dit, c’est le mot ; car on ne peut pas assurer positivement un fait qui s'est passé au milieu du tumulte, quand les sifflets, les trépignemens, les cris des spectateurs empêchaient d'entendre un mot. Alors on ne peut que conjecturer le dénouement ; chacun même est libre de le faire à sa guise. Ainsi Picart qui avait arrangé de si ingénieuses mistifications, n'avait pas prévu que la plus poignante de toutes lui était réservée ; d'abord quand on a vu, au deuxième acte, que pour réunir les deux amans il n'avait trouvé d'autre moyen que de faire descendre du ciel un orage qui dispersât tous les témoins ; ensuite lors de la rentrée de Sotinot au troisième acte jusqu'à la fin. Cependant les siffleurs ayant repris haleine quelques instans pendant ce troisième acte, on a entendu, vaille que vaille, deux scènes : celle où l'un des mistificateurs vient comme architecte, présenter à M. Darminville les mémoires des deux fêtes, et celle où les deux époux se disputent et se menacent du divorce.... A ce mot, les poumons conjurés ont repris leur première énergie ; la tempête a éclaté de nouveau, et malgré l'intrépidité avec laquelle Picard a soutenu l'assaut, malgré les encouragemens que lui prodiguait madame Molé, pour qu'il continuât bravement ; malgré ses promenades sur l'avant-scène, pour consulter le public, il a fallu baisser la toile et rendre les derniers devoirs à la pièce.

Tout cela n'était pas plaisant, j'en conviens ; ce qui l'est moins encore, c'est que nous avons remarqué dans le public une disposition très-peu favorable pour l'auteur-directeur ; on paraissait content de lui donner une leçon ; et les murmures, les sarcasmes, que l'on entendait de toute part, n'annonçaient que trop qu'il-avait travaillé lui-même à renverser son
piédestal.

Mais, n'est-ce pas nous autres Journalistes, qui avons préparé à ce pauvre jeune homme le calice amer dans lequel il est peut-être condamné à .s'abreuver long-tems ?. Nous l'avons tant flagorné sur sa malheureuse fécondité ! Nous ayons gâté son bon naturel; mais il nous demandait si instamment que nous l'encourageassions, que pour le contenter nous avons eu la bonhomie de le nommer le Molière du siècle..... Hélas ! il nous a cru sur parole ; je suis le Molière du siècle, s'est il dit, et la tête lui a tourné, et il s'est imaginé que ne pouvant plus enfanter que des chefs-d'œuvres, il était au-dessous de lui d'examiner s'il faisait bien, pourvu qu'il fît beaucoup et souvent ! et il n'a plus présenté au public que des ébauches, souvent triviales, sans plan, sans moyens, sans vraisemblance, sans caractères tracés et soutenus, sans liaisons dans leurs parties, et sans style ; et nous autres Journalistes, nous avons encore crié bravo le Molière du siècle ! et le petit Molière s'est oru par là autorisé à nous forcer d'avaler sa Grande Ville et tous les Gaulard ; et nous avons commencé à nous apercevoir que nos bravo ne lui faisaient faire que des sottises.... Et Geoffroi a maltraité le Mari ambitieux, et nous, compatissant encore au sort de ce benêt de mari, nous ayons dit que c'était décourager le Molière du siècle, que de trouver mauvais ce qui était mauvais ; et nous avons proclamé ce mauvais excellent, digne de l'immortalité ! et, gonflé de présomption et de suffisance, le Molière du siècle a broché la Saint-Jean; il y a introduit les personnages de ses autres chefs-d'œuvres ; les caractères, les scènes et les plaisanteries du Collatéral, de la Grande et de la petite. Ville et du Voyage interrompu ; il y a présenté, comme dans ces autres pièces, un amoureux de province mistifié, et il a amené à Pontoise la société de Montargis. II a métamorphosé le bourgeois du Marais, de la Grande Ville, en Darminville ; et Lamortilière en Sotinot ; et comment encore !.... C'en est trop pour le coup : on n'abuse pas jusqu'à ce point de la bonne volonté du public ; il faut travailler, vingt fois sur le métier remettre son ouvrage, si l'on veut enfin la mériter. Quand les encouragemens tuent le génie, la sévérité reprend son empire ; et l'on sert encore l'auteur qui a le germe du talent, mais que la présomption étouffe, en le jugeant alors sans ménagement.

Mercure de France, littéraire et politique, tome dixième, n° LXXV (13 frimaire an 11), p. 514 :

[Le critique a choisi de dire de façon détournée tout le mal qu'il faut penser de la pièce de Picard. Elle promettait d'être gaie, et elle ne l'était pas. Elle se proposait de dénoncer ces fameux « mystificateurs », mais de tels personnages « jamais […] ne seront tolérés sur le théâtre », ni pour se moquer d'eux, ni pour les utiliser pour se moquer d'autres. Elle a provoqué le discrédit de ces personnages.]

THÉATRE DE LOUVOIS.

La Saint-Jean ou les Plaisans, tel est le titre d'une comédie en trois actes et en prose, qui vient d'être jouée à ce théâtre pour la première et la dernière fois. On sait qu'un plaisant ennuie toutes les fois qu'il n'amuse pas, et que tout homme à qui l'on a droit de dire : faites-nous rire, est assommant, s'il ne réussit ; voilà pourquoi le dernier de tous les rôles qu'on puisse prendre dans le monde, est celui de plaisant. Au théâtre, c'est bien pis; comme on paie, on a droit de siffler ceux qui s'annoncent pour être gais, et oublient de l'être ; c’est ce qui est arrivé. On ne peut reprocher sérieusement à l'auteur que d'avoir pris un sujet ignoble, et d'avoir oublié que si des hommes qu'on appelle mystificateurs, c'est-à-dire qui sont plaisans, complaisans et insolens pour de l'argent, se trouvent admis dans quelques sociétés, jamais ils ne seront tolérés sur le théâtre, soit qu'on se moque d'eux, soit qu'on les appelle pour se moquer-des autres, puisqu'il suffit de les connaître pour les estimer à leur juste valeur : et cela est si vrai, qu'une pièce dans laquelle on a mis des mystificateurs, quoiqu'elle n'ait eu qu'une représentation, a tué les plus en. vogue à Paris ; l'opinion publique s'étant prononcée assez hautement pour qu'un maître de maison n'ose plus dorénavant en admettre chez lui. Ce n'était pas le but de M. Picard en travaillant à cette comédie ; mais le bien qu'il a fait, sans y songer, engagerait à le traiter avec indulgence, s'il n'avait pas d'ailleurs tant d’autres titres à la bienveillance du public : qu'il n’oublie plus qu'il a travaillé quinze ans sans que son nom fût mêlé à aucune querelle de littérature, de politique ou de fausse morale, et les hommes impartiaux trouveront du plaisir, à ajouter à ses succès, comme à le consoler dans les disgrâces inséparables des talens qu'il cultive.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 8e année, 1802, tome IV, p. 247 :

[Encore une chute, dont on ne connaîtra pas les causes.]

Théâtre Louvois.

La Saint -Jean} ou les Plaisans.

Cette comédie en trois actes et en prose, jouée pour la première fois le 4 frimaire an 11, est tombée tout-à-fait : elle n'a même pas été achevée, malgré les efforts de Picard, qui vouloit haranguer le public, et dont la voix a été étouffée par les sifflets.

Année théâtrale, Almanach pour l’an XII, p. 127-129 :

[Même l'auteur de la pièce n'est pas certain, d'après l'Année théâtrale  ! Comme dans le Mercure de France le sujet en est jugé impropre au théâtre, ces « mystificateurs » qui ridiculisent les gens qu'ils prennent pour victimes. Au-delà de ces tromperies, la pièce montre une intrigue bien plus convenue, « tromper un oncle et une tante […] afin de favoriser les amours de leur neveu avec sa cousine, et écarter un rival ». Rien d'original là-dedans. Et Picard n'a pas su créer des personnages assez forts, pour éviter la chute de sa pièce.]

Ce succès [Le Mari ambitieux] au reste est le seul que Picard obtint cette année ; mais ce fut la seule pièce qu'il fit représenter. Nous le croyons au moins, malgré les bruits qui lui en attribuèrent une autre que l'on trouva être entièrement dans son genre, et qui ne fut point achevée. Elle était intitulée : la Saint-Jean, ou les Plaisans. L'auteur, quel qu'il fut, s'était absolument trompé sur l'effet que pouvaient produire au théâtre ces hommes devenus de mode dans les sociétés, sous le nom de Mystificateurs. Rien de moins convenable à l'optique de la scène que le caractère particulier de leur plaisanterie, qui consiste à ne point sortir des bornes de la conversation ordinaire, mais à s'y présenter comme des êtres extraordinaires, et à persuader celui que l'on veut mystifier de leur existence convenue, pour le conduire à des propos ou à des actions qui paraissent ridicules à tous les autres prévenus de son erreur. Ce n'était point à ce rôle trop peu animé que les Plaisans de la Saint-Jean étaient bornés ; et il s'agissait pour eux de tromper un oncle et une tante pendant la double fête qu'ils se donnaient réciproquement, afin de favoriser les amours de leur neveu avec sa cousine, et d'écarter un rival qui arrivait du fond d'un département. Ceci rentrait alors dans les intrigues ordinaires de valets ; il n'y avait de nouveau que l'idée de faire passer le mystifié pour le mystificateur, et de le tourmenter par l'incrédulité des personmages, prévenus de l'art avec lequel on assurait qu'il savait garder son sérieux même au plus fort de la dispute. Cette scène avait encore plus d'un modèle, et cependant elle eut réussi à soutenir la pièce, si d'ailleurs les autres détails n'eussent été faux et outrés, si l'action n'eut manqué entièrement de vraisemblance, si les situations que l'auteur avait multipliées à chaque acte, pour imiter en cela le Collatéral, eussent été moins gauchement amenées. Il lui avait paru plaisant, par exemple, de faire tenir à deux amants une conversation sous un parapluie ; mais l'instrument ne s'étant point trouvé en place au moment où le besoin s'en fit sentir, leur position devint trop critique pour que les rieurs fussent de leur côté. Les caractères des personmages ou plutôt leurs ridicules étaient trop faiblement esquissés, pour que l'auteur eut pour lui les amateurs paisibles qui savent distinguer au milieu des fautes les plus nombreuses, ce qui peut indiquer le germe du talent. Aussi la réprobation fut générale ; et malgré les efforts de Picard qui, cédant aux instances de ses camarades, essaya plus d'une fois de prendre la parole, il fallut baisser la toile avant le dénouement.

Le Coup de fouet, ou Revue de tous les théâtres de Paris, troisième édition, an XI – 1803, p. 71-72 :

La Saint-Jean, ou les Plaisans, comédie en trois actes de Picard. Cette pièce a essuyé une chûte des plus bruyantes qu'on ait jamais vues au théâtre Louvois. L'auteur a voulu jouer ceux que dans nos sociétés , on nomme plaisans , ou mistificateurs, et il a été completement et justement mistifié lui-même.

O Picard ! Picard ! ce n'est point ainsi que travaillait Molière ; si tu veux arriver , comme lui, à la postérité, il faut peindre de grands tableaux, et non pas de petites esquisses.

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