Les Suites d'un duel

Les Suites d'un duel, comédie en trois actes, de René Périn, 11 avril 1807.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Titre :

Suites d’un duel (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3 actes (brochure), 2 selon l’Almanach des Muses

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

11 avril 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Ambigu-Comique

Auteur(s) des paroles :

René-Perin

Almanach des Muses 1808.

L'auteur : René-Perin.

Sur la page de titre de la brochure, chez Hénée et Dumas, chez Martinet, chez barba, avril 188 :

Les Suites d’un duel, comédie en trois actes, en prose, Par M. René-Perin;Représentée pour la prmeière fois à Paris, sur le Théâtre de l’Ambigu-Comique, le 11 avril 1807.

La justice est la vertu des rois ; la clémence, le plus bel apanage du trône. »

(Acte III, scène iv)

A ne pas confondre avec Storb et Verner, ou les suites d'un duel (pièce de Bonel et Boirie, de l'an xiii-1805).

Courrier des spectacles, n° 3714 du 13 avril 1807, p. 2-3 :

[Avant de parler de la pièce, quelques points généraux. D’abord la question du genre auquel la pièce important, question manifestement importante. Ce qu’on présente comme une comédie est pour le critique un drame, caractérisé par le pathétique de « presque toutes les scènes ». On y trouve seulement, comme élément comique, l’indispensable niais qu’on trouve dans toutes les pièces du Boulevard. Nécessaire concession, selon lui, au goût du peuple : il faut « pour lui faire goûter des choses raisonnables, lui en donner de tems en tems de ridicules ». Autre question importante : la question du duel. Elle « pourroit-être un sujet de drame très-touchant », en condamnant une pratique barbare « au milieu de la civilisation ». Hélas, l’auteur de la pièce nouvelle « n’a pas sçu tirer de son sujet un parti assez avantageux » : il a préféré des « aventures romanesques » à « des considérations utiles à la raison et à la morale » : on retrouve le vieux précepte de la nécessaire utilité sociale du théâtre. Commence alors le résumé d’une intrigue tout à fait romanesque, d’un duel entre deux amis, le vainqueur se réfugiant curieusement chez le père de celui contre qui il s’est battu (mais c'est une simple coïncidence). Reçu avec bonté par le père de son adversaire, il finit par être rattrapé par son acte. Bien que son adversaire ne soit finalement pas mort, il risque fort de subir les foudres d’une loi impitoyable. Mais il obtient le pardon au nom de l'amitié, et il peut épouser la sœur de celui qu’il a bien failli tuer. On note en passant que le niais promis dans les premiers paragraphes n’est pas clairement désigné dans ce résumé  il s’agit d’un jardinier, auquel l’auteur donne le langage habituel des niais, une imitation du langage populaire, et une pensée simpliste (il est dépositaire des secrets de l’intendant qui se sert de lui pour éviter d’informer le père de la victime du duel, et il faut lui dicter son comportement avec précision pour éviter d’éventer le secret de ce duel)..Reste à porter un jugement sur la pièce. Deux points : le style, qui « auroit pu être plus chatié », mais « a de la force et ne manque pas de chaleur » (un reproche compensé par un compliment !), et l’interprétation, trois acteurs cités de façon positive.]

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

Les Suites d'un duel.

On a donné à cette pièce le titre de comédie ; mais c’est un drame dans toute l’étendue de ce mot. Presque toutes les scènes sont du genre pathétique ; on y pleure beaucoup, et si l’auteur n’eût mêlé à la gravité de ses personnages la burlesque physionomie d’un niais, il n’y auroit pas eu un seul trait de comique dans toute sa pièce. Les niais sont aux Boulevards des personnages de première nécessité. On n’oseroit se flatter de fixer l’attention des auditeurs par le seul intérêt d’une intrigue conduite avec art. Il faut composer avec le peuple, et pour lui faire goûter des choses raisonnables, lui en donner de tems en tems de ridicules. C’est une sorte de compensation qui s’établit entre les auteurs et les auditeurs.

Le duel pourroit-être un sujet de drame très-touchant. On ne sauroit trop s’élever contre cette fureur sauvage qui nous porte à nous armer les uns contre les autres, et présente au milieu de la civilisation, le spectacle choquant d’hommes qui semblent vivre au sein de la férocité ; et ne connoître d’autre loi que le droit du plus fort.

L’auteur de la pièce nouvelle a eu à cet égard des intentions louables, mais il n’a pas sçu tirer de son sujet un parti assez avantageux. Il s’est jeté plutôt dans des aventures romanesques que dans des considérations utiles à la raison et à la morale. Il suppose que deux officiers, amis et parens, servent dans le même régiment ; l’un est Adolphe, fils d’un Duc très-puisssnt à la cour de Berlin ; l’autre est Léon son cousin, celui-ci n’est que lieutenant, mais Adolphe est major. Une dispute s'élève entr’eux ; Léon, insulté, provoqué, est obligé de repousser l’injure ; il se bat contre son ami et le renverse mourant ; il fuit ; mais la loi contre les duels est si sévère, qu’il ne peut point espérer de fléchir Frédéric. Que- faire ? Il arrive dans le voisinage d’un château où habite le père d’Adolphe ; il s’y fait recevoir comme le fils du négociant Reynold de Berlin ; il bâtit une fable et prétend n’avoir quitté la maison paternelle que pour éviter la colère de son père, qui veut le marier contre son inclination. Le Duc, qui n’a jamais vu Léon, quoique d’après le témoignage de son fils il lui destine la main de sa fille Napoline, l’accueille avec bienveillance, et l’invite à une fête qui doit se célébrer dans son château, pour le retour de son fils. Il fait plus, il le prend pour son secrétaire, et lui promet de le reconcilier avec son père.

Ces marques de bonté affligent d’autant plus le malheureux Léon, qu’il est persuadé qu’Adolphe est mort de ses blesssures, et qu’il sait qu’il est lui-même vivement poursuivi par la justice Le duc avoit jusqu’alors ignoré le malheur de son fils ; un vieux et |fidele serviteur avoit constamment arrêté toutes les lettres qui pouvoient lui apprendre cette fatale nouvelle. Enfin un billet qui tombe entre ses mains ne lui laisse plus douter de la vérité. Accablé de cette catastrophe, il charge Regnold d’achever la lecture de la lettre. La fin en est rassurante. Adolphe est sauvé ; mais le duc n’en jure pas moins de se venger de celui qui a frappé son fils. Bientôt Reynold est obligé de se dérober aux yeux des soldats qui sont envoyés pour l’arrêter. Il va perdre en un moment sa liberté, l’amitié du duc, le cœur de Napoline ; mais fort de sa conscience, il se résigne à son sort, lorsqu’on annonce l’arrivée d’Adolphe. Ce jeune seigneur est guéri, il vient voir son père, et ne peut voir, sans étonnement, un adversaire dans le château ; mais bientôt il ne se souvient plus que de la tendre amitié qui les a unis. Il embrasse Léon, lui annonce qu’il lui apporte sa grâce, et le présente à son père et à Napoline. Le duc s’appaise ; il est touché de la générosité de son fils, et consent à l’hymen de sa fille avec Léon.

Le style de cet ouvrage auroit pu être plus châtié ; mais en général, il a de la force et ne manque pas de chaleur. M. Vigneaux joue bien le rôle de Léon, M. Joigny celui du Duc, et M. Dumont celui de l'intendant Maurice.

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