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Tippoo-Saïb, ou la Prise de Seringapatam

Tippoo-Saïb, ou la Prise de Seringapatam, mélodrame historique en trois actes, de Gobert et Jean-Baptiste Dubois, musique d'Alexandre Piccini, ballets d’Aumer, 16 thermidor an 12 [4 août 1804].

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Titre :

Tippoo Saïb, ou la Prise de Seringapatam

Genre :

mélodrame historique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

oui

Date de création :

16 thermidor an 12 [4 août 1804]

Théâtre :

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Dubois et Gobert

Compositeur(s) :

Alexandre Piccini

Chorégraphe(s) :

Aumer

Almanach des Muses 1805

Courrier des spectacles, n° 2717 du 17 thermidor an 12 [5 août 1804], p. 2 :

[La première représentation a été houleuse, applaudissements et sifflets semblant s’équilibrer. Le critique se déclare même incapable de dire si la pièce a été achevée. Il annonce un nouvel article pour le lendemain.]

Théâtre de la Porte St-Martin.

Ire. Représentation de T[i]poo-Saïb, ou la Prise de Seringa-Patam.

Le succès de cet ouvrage a été très-contesté, les sifflets ont au moins égalé les applaudissemeris : les deux partis avoient raison, les applaudisseurs de manifester leur satisfaction pour les ballets, les combats, les costumes, les décorations, enfin pour tout ce charlatanisme mimique qu’exige le mélodrame, et les sifflelistes, de ne point accueillir un ouvrage sans intérêt, écrit avec peu de soin, et qui n’offroit aucune de ces scènes dramatiques, dont tous les auteurs de mélodrames savent s’emparer et tirer tant de parti pour faire réussir leurs productions. Je ne sais pas si la pièce a réellement été terminée, mais deux acteurs qui avoient sans doute encore quelque chose à se dire à la fin, n’ont pu se faire entendre, la toile, en tombant, leur a coupé la parole.

Demain je reviendrai sur cette représentation.

Courrier des spectacles, n° 2718 du 18 thermidor an 12 [6 août 1804], p. 3 :

[La pièce montrant un personnage historique, il faut bien commencer le compte rendu par des considérations historiques, avant de résumer une intrigue autour de la prise de la ville de Seringapatam, la capitale de l’empire du Mysore. On y assiste à la lutte entre les Anglais et Tippoo-Saïb, dont les enfants sont otages des Anglais. La pièce s’achève sur une scène pathétique  sur l’ordre du général anglais, les enfants de Tippoo Saïb recherchent parmi les morts de la bataille le cadavre de leur père, qui retrouve assez de forces « pour [...] embrasser [ses enfants] et pour maudire le peuple perfide à qui il doit toutes ses infortunes ». Tout n’a pas été bien accueilli dans cette pièce : certaines situations ont fait naître le rire, d’autres ont au contraire choqué. Les différents rôles ne sont pas tous bien tracés. « Le ballet du second acte est très bien dessiné. Monter cette pièce a sans doute coûté fort cher au théâtre, et avec un meilleur « poëme », elle aurait eu un long succès. Auteur et chorégraphe sont nommés, mais pas de compositeur.]

Théâtre de la Porte St-Martin.

Représentation de Tippoo-Saïb, ou la Prise de Seringa-Patam.

Ce nom rappelle de grandes infortunes et doit inspirer beaucoup d’intérêt, tant pour les qualités qui distinguoient Tippoo-Saib, que pour l’attachement inviolable que ce prince montra toujours à la France, et pour le généreux dévouement avec lequel il sacrifia son trône et sa vie pour résister à l’usurpation. Ce fut le 4 mai 1799 que l’armée anglaise, sous les ordres du général Harris, attaqua la capitale du Mysore, et l’emporta d’assaut, malgré la belle défense du Sultan, qui périt victime de son courage, et dont on trouva le cadavre au milieu d’une foule d’ennemis qu’il avoit tués de sa propre main. Tel est le précis historique de l’évènement mémorable que l’on a voulu avant-hier nous tracer dans le mélodrame de Tippoo-Saïb.

Ses deux fils sont prisonniers dans le camp des Anglais. Il y envoie un de ses officiers avec des présens considérables pour payer leur rançon ; le Général anglais Selmours garde les trésors et ne veut point rendre les enfans. Mais une Anglaise et une Française, prisonnières, parviennent à les arracher à la captivité, et les reconduisent au Sultan. Cependant l’armée anglaise s’approche de la ville. Selmours vient sommer Tippoo-Saïb de se rendre ; le Sultan veut en vain l’adoucir ; Selmours retourne à son camp, et l’attaque commence. Les Anglais, d’abord vaincus, retournent à la charge, et emportent enfin d’assaut la ville de Séringa-Patam. Tippoo combattoit encore sous les habits d’un simple soldat. Atteint d’un coup mortel, il se traine au milieu des mourans. Deux Anglais se préparent à lui arracher la vie, il les étend morts à ses pieds.

Selmours vainqueur arrive suivi des captifs , parmi lesquels sont les deux enfans de Tippoo-Saïb. On ne sait ce que le Sultan est devenu ; on ne l’a point trouvé parmi les morts. Selmours reconnoissant en ce lieu un nouveau champ de carnage, ordonne aux deux enfans d’y chercher le corps de leur père. Celui-ci recueille encore assez de forces pour les embrasser et pour maudire le peuple perfide à qui il doit toutes ses infortunes.

Plusieurs situations de ce mélodrame ont excité tour-à-tour les ris et les murmures. Nous: ne citerons que celle des deux palanquins qui offrent une scène plus comique qu’attendrissante dans un moment où l’intérêt doit seul dominer, et celle où Selmours donne aux enfans l’ordre atroce de chercher leur père parmi les cadavres.

Le seul rôle assez bien tracé dans cette pièce est celui d’Abdul, officier et ami du Sultan ; il est assez bien rendu par M. Adenet, ainsi que celui de Tippoo par M. Dugrand. Le ballet du secoud acte est très bien dessiné et parfaitement exécuté par MM. Morand, Rhenon, et Mes Queriau et Santiquet.

En général cet ouvrage est bien monté ; il a dû coûter beaucoup à l’Administration. Si le poème eût été meilleur, on eût pu lui garantir un long succès.

Les auteurs sont, M. Dubois pour les paroles , et M. Aumer pour les ballets.

La Biographie universelle, ancienne et moderne, tome quarante-sixième, p. 119, fait le point sur la carrière au théâtre de « Tippou-Sulthan Behadour, dernier nabab de Maïssour (ou Mysore, suivant ‘orthographe anglaise) » (l’article qui lui est consacré dans la Biographie universelle occupe les pages 112 à 119) :

Tippoo-Saib ou la prise de Seringapatam est le sujet d'un mélodrame de M. Dubois, joué au théâtre de la Porte-Saint-Martin, au mois d'août 18o4, et qui donna lieu à deux parodies représentées sur deux théâtres des boulevards, l'une intitulée : PetitPot ; l'autre : Ne seringuez pas tant. M. Jouy,de l'académie française, a fait représenter sur le Théâtre Français, en 1812, une tragédie de Tippoo-Saëb, imprimée la même année, et précédée d'une Notice et du portrait de ce prince. M. Henri de Brevannes a donné vers le même temps Tippoo-Saib, tragédie en trois actes, 1813, in-8°., non représentée.

La pièce d’Henri de Brévannes (de son nom complet Henri Lepileur de Brévannes) s’intitule Tippoo Saïb, ou la Destruction de Mysore, tragédie en trois actes et en vers et a été publiée à Paris, chez Delaunay, en 1813, le même mois que celle de M. de Jouy (Joseph Marie Quérard, les Supercheries littéraires, tome I (Paris, 1869), p. 579).

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