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Alphonse et Léonore, ou l'Heureux Procès
Alphonse et Léonore, ou l'Heureux Procès, opéra en un acte, de Le Prévost d'Iray, musique de Gresnich. 9 frimaire an 6 [29 novembre 1797].
Théâtre de la rue Feydeau.
Il ne faut pas confondre l'opéra-comique de Le Prévost d'Iray Alphonse et Léonore, ou l’Heureux procès avec la comédie anonyme, de 1789, intitulée simplement Alphonse et Léonore. C'est pourtant ce que fait la base César.
D'autre part, la pièce de Le Prévost d'Iray voit parfois son titre réduit à l'Heureux procès.
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Titre :
Alphonse et Léonore, ou l’Heureux procès
Genre
opéra-comique
Nombre d'actes :
1
Vers ou prose ,
en prose, avec des couplets en vers
Musique :
oui
Date de création :
9 frimaire an 6 [29 novembre 1797]
Théâtre :
Théâtre de la rue Feydeau
Auteur(s) des paroles :
Le Prévost d’Iray
Compositeur(s) :
Gresnich
Almanach des Muses 1799
Un jeune officier voyage sous le nom d'Alphonse ; il rencontre une jeune veuve qui voyage aussi sous le nom de Léonore. Il lui rend un service, et parvient à s'en faire aimer. Ils ont un procès à suivre et viennent à Paris pour en presser le jugement. Ils se confient mutuellement le but de leur voyage, parlent de leur procès, et font chacun un portrait peu ménagé de leur partie adverse. L'homme de loi, à qui tous deux s'adressent, découvre que, sans s'en douter, ils suivent la même affaire, qu'ils sont plus d'accord qu'ils ne pensent, et les éclaire sur leur situation. Le procès est bientôt terminé. Alphonse veut expier le mal qu'il a dit à Léonore de Léonore elle-même ; il va déchirer l'acte qui lui assurait le gain du procès. Léonore, touchée de sa générosité, pardonne au plaideur et s'unit à l'amant.
Sujet piquant dont l'auteur eût pu tirer une comédie agréable ; de la grace et du chant dans la musique. Succès mérité.
Courrier des spectacles, n° 282 du 10 frimaire an 6 (30 novembre 1797), p. 2 :
Théâtre Feydeau.
Deux parens plaident l’un contre l’autre pour leurs intérêts , sans se connoitre, sans s’être même jamais vus. Le hasard fait qu’ils partent pour Paris séparément, et qu’en voyage, la chaise de Léonor se brise. Son cousin lui prodigue tous ses soins ; et dès ce moment, l’amour en flamme ces deux jeunes gens, qui descendent dans le même hôtel à Paris. L’intérêt qu’ils se vouent les engage à se faire des confidences mutuelles. Alphonse fait à Léonor un portrait odieux de la parente contre laquelle il plaide ; Léonor dépeint de même à Alphonse son adverse partie ; ils ne se connoissent point encore. Cependant chacun d’eux a écrit au même homme d’affaire, qui se présente, explique le mystère, et au lieu d’une grosse de procès, fait signer aux deux parens un contrat de mariage qui unit leurs cœurs et leurs intérêts. Voilà le fonds d’Alphonse et Léonor, ou l’Heureux Procès, opéra en un acte, joué hier sur ce theâtre sans un succès décidé , et dont la fin sur-tout a excité quelques murmures. D'abord le dénouement de cet ouvrage est prévu dès la première scène, et il faut bien de l’esprit, bien des détails heureux pour remplir un cadre qui ne peut offrir d’intérêt. Ensuite, le peu d’action qui s’y trouve est tourmentée, délayée jusqu’à la fin dans des scènes longues, froides et inutiles. Tout va bien, jusqu’à l’arrivée de l’homme de loi, mais au ieu d’arranger les affaires, il les embrouille et les prolonge sans nécessité. Le public a pensé que ce rôle étoit absolument inutile à la pièce ; il n’étoit pas rendu d’ailleurs d’une manière très-saillante par un artiste dont on estime la voix et les moyens, mais qui a besoin de travailler la comédie avant de se charger d’un rôle un peu important. En un mot, ce ne sont point des coupures, mais des changemens importans qu’il faut faire à cette pièce, qui présente le fait de l’Amant bourru, sans en offrir l’action ni l’intérêt. Cet ouvrage est d’un jeune homme connu par des succès estimables à un autre théâtre, mais qui est assez modeste pour écouter les avis et pour en profiler. La musique, (J’en nommerai l’auteur, parce qu’elle est propre à lui faire honneur) la musique est du citoyen Gresnick, connu par d’autres productions, et qui, auteur de la musique de la Tourterelle à ce théâtre, prouve qu’il n’y est pas très-heureux en poèmes. Celle d’Alphonse et Leonor est remplie de traits charmans, tant dans l’orchestre qu’à la scène. Peut-être peut-on lui reprocher une couleur un peu uniforme et un ton généralement un peu sérieux ; mais elle n’en porte pas moins le cachet d’un homme profond dans son art. Cet ouvrage qui réparoîtra sans doute avec des changemens, est très-bien joué par les citoyens Lesage, Lebrun, et par les citoyennes Lesage et Augustine-Lesage.
Ducray-Duminil.
[L’Amant bourru est une pièce de Jacques Monvel, jouée en 1777.]
Censeur dramatique, ou Journal des principaux théâtres..., tome second (M. DCC. XCVII.), n° 11 (20 Frimaire an 6), p. 95-101 :
Opéra.
Pièce nouvelle.
Le 9 frimaire on a donné la première Représentation d'Alphonse et Léonore, ou 1'Heureux procès, Opéra en un Acte, par M. Christian le Prévost d'Yrai, Musique de M. Gresnick.
M. de Clairville, sous le nom d'Alphonse, arrive à Paris pour suivre un procès contre une parente qu'il ne connoît pas. Dans la route, il a occasion de secourir une jeune Veuve, dont la voiture avoit versé ; et ce service a formé entre eux une assez grande liaison, pour qu'ils descendent dans le même hôtel. C'est là que se passe la scène. Cette Dame a aussi changé de nom, et l'Auteur apprend ces changemens plutôt qu'il ne les explique. Elle a une Suivante, et l'Officier un Valet, qui, à l'exemple des Maîtres, paroissent aussi fort liés.
Alphonse charge ce Valet, qui est fort niais, d'une lettre pour son Avocat ; Léonore, de son côté, en a remis une à la Soubrette pour son Conseil, et il se trouve que les deux lettres sont adressées à la même personne. Il est donc clair que Léonore est cette parente contre laquelle Alphonse vient plaider, et qu'Alphonse est son adversaire ; mais comme ils ne se connoissent point sous leur véritable nom, ils se font confidence tous deux du portrait qu'ils se sont faits de leur partie adverse, et ni l'un ni l'autre ne s'y reconnoît. M. Ariste, l'Avocat, mandé par l'un et l'autre, a successivement, avec tous deux, une conférence qui n'apprend que ce qu'on sait déjà. Mais lorsqu'Alphonse découvre que Léonore est cette parente processive, l'amour succède à la haine, et il déchire le contrat qui devoit lui faire gagner sa cause. L'Avocat, de son côté, a rédigé une transaction qui n'est autre qu'un contrat de mariage, et les deux Amans s'épousent, quoiqu'ils ne se connoissent que depuis huit jours.
On voit que ce fond est extrêmement léger, mais qu'il offroit une espèce d'imbroglio, dont l'idée sans doute a séduit l'Auteur. Mais le Public étant, dès les premières scènes, dans la confidence, il n'y a plus d'intérêt de curiosité ; ensuite le manque absolu d'action et d'incidens, achève de refroidir le Spectateur. La Pièce ne pourroit donc plaire que par ses détails et ses caractères ; c'est aussi sous ces deux rapports seuls que quelques parties de cet Opéra ont réussi.
Quoique l'Amoureux soit à-peu-près sans couleur, il a une sorte de franchise, de-grâce et de générosité qui ne déplaît pas. L'Amoureuse a quelques lueurs de sensibilité, et le Valet des reparties assez plaisantes. Pour M. Ariste, son rôle est lourd et froid, et il a paru généralement déplaire.
La Pièce est semée de details assez bien écrits, surtout dans le commencement ; mais à mesure que l'intrigue foiblit, le style baisse : cependant on peut dire qu'elle est généralement exempte de mauvais goût.
Les premières scènes ont été écoutées avec beaucoup de bienveillance, et les dernières avec une sorte d'humeur. Lorsqu'on a vu l'extrême maigreur du sujet, et les éternelles répétitions qui tiennent lieu d'incidens, le Public a murmuré, et nous avons vu le moment prêt à devenir critique pour l'Auteur. Le dernier Couplet, adressé au Parterre, a relevé la Pièce, et renvoyé le Public assez satisfait.
Telle est l'Analyse que nous avions fait de cet Ouvrage, à l'issue de la première Représentation. L'Auteur s'est empressé de faire de nombreuses coupures ; il a élagué tout ce qui faisoit longueur ; il n'a conservé que deux scènes au rôle d'Avocat, qui avoit généralement déplu, et qui n'a plus ni sa morgue, ni même son habit noir ; il a resserré quelques détails, et donné à l'intrigue une marche plus rapide, &c. &c.
C'est dans cet état, et sous le double titre de l'Heureux Procès, que la Pièce a reparu le 1er frimaire ; et, dégagée de tout ce qui avoit indisposé le Public, elle a obtenu un succès, qu'une troisième représentation, donnée le 5, a encore confirmé. C'est moins un Opéra-Comique qu'une petite Comédie, mêlée d'ariettes; mais, sous ce rapport, on devoit la juger avec plus de sévérité. Cependant, dans son état actuel, elle peut occuper sa place dans le Répertoire du Théâtre de Feydeau, et y reparoître quelquefois avec avantage.
Cet Opéra est joué par MM. le Brun, le Sage, Primo, Mme le Sage et Mlle August. le Sagé.
Le premier, dans le rôle d'Alphonse, a mis de la chaleur, et une sorte d'aisance dont nous lui savons d'autant plus de gré, qu'en rendant compte de l'Heureuse Nouvelle, nous lui avions fait le reproche contraire. On voit qu'il dit avec beaucoup d'intelligence et d'ame. Ces qualités l'eussent sans doute servi davantage, s'il l'avoit mieux été par sa mémoire. Ce reproche, au reste, il le partage avec les autres Acteurs. La Pièce étoit en général peu sue, ce qui achevoit encore de la refroidir. Aux représentations suivantes, ils ne le méritoient plus, et la Pièce a marché avec beaucoup d'ensemble.
M. le Sage a été comique et naturel dans le rôle de Comtois. Il y a fait rire sans charge, et ce n'est pas un mince sujet d'éloge.
M. Primo a beaucoup mieux chanté que joué le rôle d'Ariste ; il y a mis une sorte d'affectation, qui ne nous a point paru être dans le caractère du rôle. Nous avons vu avec plaisir que dans les deux scènes de ce rôle conservées aux Représentations suivantes, il avoit pris un ton beaucoup plus naturel.
Mlle Augustine le Sage a été noble et décente dans le rôle de Léonore, qu'elle a fort bien détaillé. Nous croyons cependant que les rôles passionnés conviennent mieux encore à la nature de son talent ; mais elle a prouvé, par l'aplomb, la finesse et le bon ton qu'elle a mis dans celui-ci, qu'elle étoit vraiment appelée à jouer la Comédie. C'est un Sujet en tout bien précieux pour ce Théâtre, et dont les progrès rapides attestent le zèle et le travail.
Il nous reste à parler de la Musique ; et très peu versés dans la théorie de cet Art, nous n'en jugeons guère que par les effets. L'ouverture, qui doit donner une idée du genre de la Pièce, ne nous y a point paru fort analogue. Il nous semble que des tymballes, des clarinettes, &c. conviennent mieux à l'ouverture d'un grand Ouvrage, qu'à celle d'une Pièce aussi simple ; mais c'est la mode, et les Compositeurs s'y soumettent. Celle ci, au reste, nous a paru agréable & très bien exécutée.
Les Airs n'ont rien de bien saillant, mais ils ont un genre de mérite dont nous faisons grand cas, c'est que l'accompagnement ne couvre point trop les paroles. Plusieurs ont paru faire plaisir, et surtout le duo, dans lequel les deux Amans font le portrait de leur Partie adverse. La même Musique est répétée, quelques scènes plus loin, sur d'autres paroles, parce que, lorsqu'ils se connoissent respectivement, ils changent de langage,. &c. &c. Cette répétition fait un fort bon effet.
En tout, nous croyons que si le fond de cet Opéra avoit été moins léger, la Musique eût fait plus de plaisir encore. Quoi qu'il en soit, elle ne peut qu'ajouter à la Réputation que M. Gresnick doit déjà à d'autres Compositions agréables.
M. Christian-le-Prevot-d'Yrai, Auteur des paroles de cet Opéra, est connu par de jolies Pièces qu'on joue souvent au Théâtre du Vaudeville, et principalement par Maître-Adam, Menuisier de Nevers et les Troubadours. Nous ne connoissons pas ce dernier Ouvrage qui a eu un très brillant succès ; mais le Menuisier de Nevers nous a fait le plus grand plaisir, et donné une idée très avantageuse du talent de son Auteur, qui a su conserver le caractère historique du célèbre Maître-Adam, et le faire ressortir en l'entourant d'une jolie petite intrigue. Les Gens de Lettres ont intérêt à faire aimer ces Pièces anecdotiques, petits monumens élevés à la gloire de leurs devanciers ; c'est un genre nouveau que le Public paroît voir s'élever avec plaisir. On peut relire ce que nous en disons page 74 de ce volume.
Si nous avons traité M. le Prévot avec sévérité, en rendant compte de son Opéra, c'est que, par une suite de l'estime que nous avons pour son talent, nous le jugeons très capable de faire mieux. On nous assure qu'il est encore fort jeune, seconde raison pour lui parler le langage de la plus entière franchise. La docilité avec laquelle il a fait le sacrifice d'une partie de sa Pièce, pour en assurer le succès, prouve en faveur de sa modestie. Nous l'engageons, sans abandonner le Vaudeville, à travailler encore pour le Théâtre de la rue Feydeau ; il en est peu dont l'Administration s'occupe plus essentiellement des plaisirs du Public, et de la gloire des Auteurs. Les Gens-de Lettres doivent donc s'y porter avec empressement ; ils trouveront, dans l'homme aimable et éclairé qui le dirige, tous les encouragemens que l'amour de l'Art, le zèle et le goût éclairé peuvent offrir aux vrais talens.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1797, tome IV, p. 538-539 :
L'heureux procès, Opéra joué dernièrement au théâtre Feydeau, n'a eu, à sa première représentation, qu'un succès équivoque ; il a mieux réussi à la seconde. Voici le plan et l’intrigue de cette pièce :
Un jeune officier et une jeune veuve ont hérité d'un procès., et se rendent à Parjs pour le jugement, sous les. noms supposés d'Alphonse et de Léonore. Ils logent dans la même maison garnie, ont pris tous deux le même avocat, et ignorent que c'est l'un contre l'autre qu'ils sont en procès.
Les circonstances qui les rapprochent, font qu'ils prennent l'un pour l'autre un attachement qui devient de l'amour.
Ils se font chacun, de leur adversaire, un portrait dicté par la prévention, et apprennent enfin par leur avocat qu'ils sont adversaires l'un de l’autre. Le jeune homme se rappelle le portrait qu'il a fait de la veuve, et craint de ne pouvoir en obtenir le pardon ; il n'en prend pas moins le parti de déchirer l'acte qui lui assuroit le gain du procès ; Lêonore, touchée de ce procédé, lui accorde sa main, et ils terminent le procès en s’unissant ensemble. Les principaux rôles sont parfaitement rendus par le citoyen Lebrun et la citoyenne Lesage. L'auteur est le citoyen
Prevôt d’Irai, et l'auteur de la musique le citoyen Gresnick.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1798 (vingt-septième année), tome I (janvier 1798, nivôse, an VI), p. 187-190 :
[Un échec à la première représentation peut être rattrapé « par de simples coupures » qui assureront plus de vivacité à l'action : le critique l’avait bien senti, et il le fait savoir. Il enchaîne ensuite avec le traditionnel résumé de l’intrigue, avant-scène compris, avec beaucoup de précision, jusqu’au dénouement, qui comporte le mariage que tout le monde attendait. Reste à juger la pièce. Si elle est « écrite du meilleur style & dans le meilleur ton », elle développe une intrigue qui manque de richesse (les « circonstances » permettant d’expliquer que l’erreur se dissipe si lentement). Mais c’est une bonne comédie, dont les deux rôles principaux sont très bien joués et chantés. C'est l’actrice-chanteuse qui est le plus mise en valeur : le critique lui promet le plus bel avenir. Quant aux auteurs, ils sont nommés. Pour les paroles, un auteur qui a des références, pour la musique, un débutant plein d’avenir.]
Alphonse & Léonore, ou l'Heureux procès.
La première représentation de cette pièce n'a eu qu'un succès équivoque. Persuadés comme nous l'étions, qu'il étoit facile à l'auteur, par de simples coupures, de donner à la marche de l'intrigue plus de rapidité, & aux scènes plus de vivacité, nous nous sommes dispensés d'en parler. La seconde représentation a fait disparoître toutes les longueurs ; & le sujet, renfermé dans son vrai cadre, a paru ce qu'il est véritablement, ingénieux & comique.
Deux jeunes gens, l'un officier, l'autre veuve de 20 ans , ont hérité d'un procès. Tous deux sont appelés à Paris pour le jugement ; tous deux partent Tous deux intéressés à faire mystère de leur démarche, voyagent l'un sous le simple nom d'Alphonse, l'autre sous celui de Léonore. Ils se rencontrent sur la route. Le jeune officier est assez heureux pour être utile à la jeune veuve, dont il devient amoureux. La veuve flattée de ces mêmes services, & de la tournure & des propos galans de l'officier, prend plaisir à le voir. Le hasard les réunit tous deux à Paris dans la même maison garnie. Ils ont pris sans le savoir le même avocat. Ils se communiquent le sujet de leur voyage. Quelle est donc cette femme qui veut ainsi vous tourmenter, dit Léonore ? quelle espèce d'homme est donc celui qui peut ainsi manquer d'égards pour une femme aimable, dit Alphonse. L'un & l'autre font de leur adversaire un portrait dicté par la prévention & l'humeur, & supposé d'après les mauvais procédés qu'ils s'imputent mutuellement. Enfin, ils s'éclairent ; ils apprennent, par leur conseil commun, qu'ils sont adversaires l'un de l'autre.
Le jeune homme se rappelle le portrait hideux & injurieux qu'il a fait de la jeune veuve. Il se désespère & craint de ne pouvoir en obtenir le pardon ; il n'en prend pas moins le parti de déchirer l'acte qui lui assuroit le gain du procès. Léonore, de son côté, craint ; touchée du procédé dont on lui donne connoissance, elle cherche à se rapprocher, & dans une scène très-comique, ils rappellent les expressions mêmes dont ils se sont servis pour se peindre & se caractériser mutuellement, & terminent le procès en s'unissant ensemble.
Il ne manque à cette comédie, écrite du meilleur style & dans le meilleur ton, que des circonstances qui motivent assez la prolongation de l’erreur des deux jeunes gens Le cadre est ingénieux & du meilleur ton de comédie. Les deux rôles principaux sont parfaitement chantés & joués par le C. Lebrun & la citoyenne Lesage. Cette dernière fait tous les jours dans son art de nouveaux progrès marqués, & nous ne doutons pas qu'en continuant de travailler avec autant de soin , elle ne devienne bientôt dans plusieurs genres une actrice supérieure. Douée d'un bel organe, d'une figure intéressante & de la jeunesse, ayant acquis une belle méthode de chant, justement encouragée par les applaudissemens du public, elle aura bientôt assez de confiance pour acquérir l'aisance si nécessaire au théâtre, & varier les formes de son maintien suivant les circonstances.
Les deux auteurs ont été demandés. Les paroles sont du C. Prevost d'Irai, auteur de Maître-Adam & des Troubadours, au théâtre du Vaudeville ; & la musique du C. Gresnick. Cette composition, très-bien accueillie du public, fait honneur aux talens du compositeur ; nous croyons que c'est son premier ouvrage dramatique : son succès marqué doit l'encourager à suivre cette brillante carrière.
[César : pièce en un acte.
Annonce d'une première le 29 mai 1789. 16 représentations jusqu'au 2 décembre 1789. Mais c'est une confusion avec la comédie en un acte Alphonse et Léonore, d'auteur inconnu, et qui n’est pas l’opéra de Le Prévost d’Iray et de Gresnich.
Vraie première en 29 novembre 1797, au Théâtre Feydeau, pour 11 représentations (jusqu'au16 novembre 1798).]
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