Maître Adam, ou le Menuisier de Nevers

Maître Adam, ou le Menuisier de Nevers, comédie en un acte en prose mêlée de vaudevilles, de Christian-Le Prévost d’Iray et Philipon de La Madelaine, 29 prairial an 3 [17 juin 1795].

Théâtre du Vaudeville.

La Biographie universelle et portative des contemporains, tome 4, p. 925, fait de Le Prévost d'Iray le coauteur de Philippon-Lamadelaine pour Maître Adam ou le Menuisier de Nevers, comme pour quatre autres pièces (Carlin débutant à Bergame, les Deux Henriettes, Gentil Bernard, les Troubadours).

Almanach des Muses 1796.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez les Libraires au Théâtre du Vaudeville et au Théâtre rue Martin, an 4 :

Maître Adam, menuisier de Nevers, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles ; Par les CC. Christian-le-Prévot et Philipon ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 29 Prairial an 3e.

La Décade philosophique littéraire et politique, an 3, tome sixième, n° 45, p. 174-176 :

[Le critique souligne que la pièce vient s'inscrire dans la riche lignée des vaudevilles mettant en scène des écrivains célèbres. Elle met en valeur un écrivain original, un poète menuisier, auteur d'une célèbre chanson à boire, et dont l'article cite un autre haut fait, la demande d'une pension pour des vers peu convaincants. Le vaudeville montre maître Adam dans sa vie privée, recevant un galant qui souhaite épouser sa fille en même temps que le poète Maynard (ce qui permet de citer « quatre beaux vers » de ce poète). Le galant se vante beaucoup de ses relations parisiennes, mais il est confondu : il prétend connaître Maynard, qui partage avec lui le souper chez maître Adam sans qu'il le reconnaisse, puis cite des vers qu'il donne pour siens, mais qui sont du maître de maison. On chasse l'importun, et la fille de maître Adam va pouvoir épouser l'apprenti de son père qui la courtise.]

Maître Adam ou le Menuisier de Nevers.

Le Théâtre du Vaudeville met tour-à-tour sur la scène plusieurs des auteurs qui se sont fait un nom dans notre France. Nous y avons vu paraître successivement Piron, Collé, Favart, Molière, et tout nouvellement, Maître Adam, ce menuisier de Nevers, ce poëte en sabots, qui cultiva les muses, sans vouloir abandonner ses outils. Cette singularité l'a fait connaître beaucoup plus que ses vers, qui sont en général médiocres, et quelquefois un peu grossiers. La célèbre chanson bachique qui commence ainsi :

Aussi-tôt que la lumière
Vient redorer nos côteaux......

est de lui ; mais elle n'est point bonne, telle qu'il l'a faite, et ces deux premiers vers sont à-peu-près ce qu'elle a de mieux.

Maître Adam vint à Paris, et il y sollicita, en vers, une pension du cardinal de Richelieu. Sans doute il était honorable pour le cardinal de protéger le talent, mais n'était-il pas un peu ridicule pour lui de payer des vers comme ceux-ci ?

Toi-même dont l'esprit n'a rien de limité,
Qui passes le savoir que la divinité
A mis dans l'intellect des hommes et des anges,
Si tu prenais le soin de vouloir exprimer
L'honneur que l'univers doit rendre à tes louanges,
Tu manquerais de force à te bien estimer.

Le cardinal qui était un homme fin et habile, pouvait-il croire à la sincérité de ces flagorneries ? il le faut bien ; car la pension fut tout de suite accordée. Pauvre humanité !

Dans notre Vaudeville, Maître Adam est encore à Nevers. Il a une fille fort jolie à qui son apprenti fait les yeux doux. Mais ne voilà-t-il pas qu'un benêt, fraîchement arrivé de Paris, et fesant le bel esprit, présente ses hommages à la demoiselle, et à l'aide d'une tante dont il est protégé, obtient du père une espèce d'aveu. On invite à souper ce prétendu. Le poëte Maynard , que l'auteur a fait ami de Maître Adam, et qui passe à Nevers en allant aux eaux, se trouve à ce soupé ; l'auteur a adroitement mis dans sa bouche ces quatre beaux vers qu'on connaît, et qu'il fit graver dans le lieu de sa retraite.

Las d'espérer et de me plaindre
Des muses, des grands et du sort,
C'est ici que j'attends la mort,
Sans la désirer ni la craindre.

Le prétendu, pendant le repas, ne cesse de se vanter : il ne voyait, dit-il, à Paris que la meilleure compagnie, et fréquentait tous les beaux esprits ; il était intime avec le poëte Maynard...... ; et ne se doutant pas qu'il est à la même table que lui ; il parle beaucoup de ce poëte, de sa figure, de son âge, de ce qu'ils se disaient lorsqu'ils étaient ensemble. On le fait jaser, et bientôt on jouit de sa confusion, lorsque Maynard lui-même se nomme. Ce n'est pas tout : M. le prétendu se pique de faire très-bien les vers ; il en récite qu'il donne pour être de lui : ils sont de Maître Adam. Oh ! pour le coup, c'en est trop : on lui donne son congé ; et il est permis à la jeune personne d'épouser son amoureux. Tel est le fond de cette bagatelle, où l'on a su faire entrer plusieurs chevilles de Maitre Adam lui-même ; c'est ainsi qu'il appelait ses vers.                      S....

D'après la base César, les auteurs sont M. Louis Philipon de la Madeleine dit Philipon (octobre 1734-19 avril 1818) et le vicomte Chrétien le Prévost d'Iray (1768-1849). Elle a été jouée 30 fois en 1795, 20 fois en 1796, 6 fois en 1797, 9 fois en 1798, 13 fois en 1799. Et au-delà peut-être...

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