Amélie, ou le Couvent

Amélie, ou le Couvent, comédie en deux actes, en prose, avec des chœurs, de Pujoulx, musique de Martini, 3 mars 1791.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Amélie, ou le Couvent

Genre

comédie avec des chœurs

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

prose avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

3 mars 1791

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

M. Pujoulx

Compositeur(s) :

M. Martini

La pièce est également intitulée parfois Amélie, ou le Convent, ou le Bienfait de la loi.

Mercure universel, tome 1, n° 4 du vendredi 4 mars 1791, p. 63-64 :

[Avant de résumer l'intrigue de la pièce nouvelle, le critique ironise sur la vogue présente des pièces qui transforment la scène en couvent et les actrices en religieuses : le théâtre de Monsieur ne fait que rejoindre le courant général. L'intrigue est très convenue : une belle-mère qui veut marier son fils avec l'amie de sa belle-fille, sa belle-fille ayant été mise au couvent pour l'écarter. Les amoureux des deux jeunes filles entrent dans le couvent pour voir celles qu'ils aiment, ce qui donne lieu à « des scènes très-piquantes » : tout le premier acte contient « de fort jolis tableaux, d’agréables surprises, des couplets en situation, des marches religieuses, des exhortations dévotement comiques ». Mais la suite est moins réussie : l'enlèvement d'Amélie échoue, et elle n'échappe à la cérémonie de ses vœux monastiques que par « un heureux hasard », l'arrivée de la loi qui interdit ces vœux extorqués. Ce deuxième acte est jugé sévèrement par le critique, et celui-ci donne le judicieux conseil de « retoucher son second acte », pour supprimer « des choses de mauvais goût, des défauts de convenance, et sur-tout des applications aux affaires présentes » mal amenées et devenues inconvenantes. Autre reproche : l'abus du romanesque. Là aussi l'auteur est invité à des coupures. Par contre, « le rôle d'Amélie est fort bien tracé » et fort bien joué par une actrice qui montre qu'elle a d'autres qualités qu'un physique agréable. Deux autres interprètes ont été applaudis.]

La première représentation du Couvent, ou le Bienfait de la loi a attiré hier au théâtre de Monsieur un grand concours d’amateurs. Chaque théâtre avoit son couvent ; il restoit à celui de Monsieur à transformer ses actrices en religieuses. Eh comment en effet ne seroit-il pas possible qu'elles en prissent, ne fusse que pour un instant, le sacré caractère !

Une belle-mère, veuve de son second époux, afin de favoriser son propre fils, sacrifie Amélie, sa belle-fille, et presse le moment de prononcer ses vœux. Son fils, amoureux de Cécile, compagne d’Amélie, s’introduit dans le couvent pour enlever l’objet de son amour ; d’un autre côté, Saint-Jules, amant aimé d’Amélie, se déguise en jardinier pour approcher sa maîtresse. L’on conçoit aisément que cette double intrigue amène des scènes très-piquantes. L’auteur les a ménagées avec infiniment d’art : aussi le premier acte offre-t-il de fort jolis tableaux, d’agréables surprises, des couplets en situation, des marches religieuses, des exhortations dévotement comiques. La cloche du couvent a sur-tout fait plaisir.

Le second acte n’est pas aussi heureux...... Amélie, qui a consenti à se laisser enlever par Saint-Jules, est ramenée sur la scène pour prononcer ses vœux, et ne doit sa liberté et le bonheur d’être unie à son amant qu’au Bienfait de la loi, qu’un heureux hasard fait parvenir juste à temps au directeur du couvent. Ce dénouement n’a point plu, et l’on regrette que le premier acte qui est rempli de traits, de saillies, de sensibilité, ne forme point avec le second un ensemble digne de rivaliser avantageusement les autres ouvrages de ce genre. Nous invitons l’auteur à retoucher son second acte et à éviter des choses de mauvais goût, des défauts de convenance, et sur-tout des applications aux affaires présentes, applications qui, n’étant point amenées, produisent un aussi mauvais effet, qu'elles sont vivement senties lors qu’elles naissent naturellement et sortent pour ainsi dire du sujet.

L’on pourroit encore reprocher à l'auteur trop de romanesque dans son intrigue ; c’est ce qui embarrasse la marche de son dénouement ; cependant quelques coupures bien faites peuvent contribuer au succès de cet ouvrage.

Le rôle d’Amélie est fort bien tracé, mademoiselle Jossey l’a singulièrement fait valoir ; cette charmante actrice y déploie une sensibilité et un abandon qu’il n'appartient qu’au talent de bien saisir ; et la manière dont elle joue ce rôle dissipe la crainte que nous avions que pour être bonne comédiene [sic] elle ne fût trop jolie actrice. Le naturel de M. Pailliardelle et l’art de madame Verteuil leur ont mérité des applaudissemens.

Mercure universel, tome 1, n° 11 du vendredi 11 mars 1791, p. 175-176 :

[Amende honorable du critique : il a conseillé la modification de dénouement, et cette modification n'a pas un effet positif... Il s'agit du compte rendu de la troisième représentation d'Amélie, le 10 mars 1791, la deuxième ayant eu lieu le 8 mars.]

Lorsque nous avons rendu compte de la première représentation du Couvent, joué au théâtre de Monsieur, nous avons invité l’auteur a resserer [sic] son second acte pour en rendre l'action plus vive et plus naturelle, nous étions loin d’imaginer que les nouveaux changemens nuiroient au denouement au lieu de le simplifier. Comment l’auteur s’est-il privé volontairement de la publication du décret qui rend la liberté aux couvents ; publication qui imprimoit un caractère imposant au second acte.

La représentation se poursuivait avec les Portefeuilles.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 12 du samedi 19 mars 1791, p. 113 :

[L’auteur donne une pièce au théâtre dont il est l’administrateur : on ne devait rien pouvoir lui refuser ! Sujet banal, l’auteur pouvait mieux faire...]

Une autre Comédie intitulée Amélie ou le Couvent, par M. Pujoulx, l'un des Administrateurs de ce Théatre. On y apperçoit le talent dont il a donné déjà des preuves au Théatre Italien; cependant le sujet a paru un peu commun, & on a cru que l’Auteur en pouvait tirer plus de parti.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 4 (avril 1791), p. 355-356 :

[Le critique commence par montrer un certain agacement contre les pièces sur les couvents, qui se multiplient et finissent par lasser par « l'uniformité des habits, du langage, du spectacle & même de l'intrigue qu'ils doivent comporter ». Sa tirade contre les pièces à couvent s’achève par d’intéressantes considérations sur ce que doit être la comédie et sur la nature humaine (« l'homme fait pour goûter le vrai seul & le beau par excellence »). Puis il dit le bien qu’il pense de la pièce nouvelle, «  beaucoup d'intérêt, des tableaux & des situations attachantes », de l’esprit aussi. Seul le premier acte « a fait le plus grand plaisir », «  le second est plein de longueurs & le dénouement est un peu embrouillé ». D’où le traditionnel conseil à l’auteur : des coupures s’imposent... Rien sur la musique de Martini.

Le critique propose deux titres de pièces auxquelles Amélie ou le Couvent ressemble : l'École des mères de Marivaux (comédie en un acte et en prose, 1732) et les Rigueurs du cloître (Fiévée, musique de Henri-Montan Berton, 1790.]]

Le jeudi 3 mars, on a donné le Couvent ou le bienfait de la loi, comédie en deux actes, en prose, avec des chœurs.

Tout ce qui tient au merveilleux n'a jamais un très-long succès : tout ce qui sort de la nature, de l'usage ordinaire, des mœurs habituelles & des coutumes de la société, ne peut réussir long-tems. Une chose singuliere, extraordinaire, nous frappe d'abord & pique notre curiosité : peu-à-peu elle nous devient familiere & finit par nous ennuyer. Il en est ainsi de tous les Couvent qu'on a mis sur les différens théâtre de la capitale : les premiers ont été suivis avec une sorte enthousiasme ; maintenant ils font peu d'effet. L'uniformité des habits, du langage, du spectacle & même de l'intrigue qu'ils doivent comporter, est si loin de la variété, de l'intérêt & du vrai mérite de la bonne comédie, que l'homme fait pour goûter le vrai seul & le beau par excellence, ne peut se faire long-tems à un genre de pieces qui ne peuvent toujours rouler que sur le même sujet. Des guimpes, des soupirs, des vœux, des amans déguisés en jardiniers, un langage apprêté, mielleux, hypocrite ou mystique, voilà tout ce que peuvent nous présenter ces sortes d'ouvrages, & c'est dire le sujet du Couvent ou le bienfait de la loi. En voyant cette petite piece, on se rappelle, sans le vouloir, l'Ecole des meres , & les rigueurs du cloître.

Une mere barbare sacrifie Amélie à la fortune d'un frère doué d'un très-mauvais caractère. Amélie va faire ses vœux : déjà la victime est parée, lorsqu'elle reconnoît dans Julien, garçon jardinier du couvent, S. Albe qu'elle a tant aimé, S. Albe qui l'adore & qui est prêt à tout entreprendre pour l'arracher au sort qu'on lui prépare. En vain elle écoute les soupirs de ce fidèle amant ; la nuit vient, la cloche sonne, les meres vont au chœur, il faut qu'Amélie s'y rende ; sa mere, la supérieure, ses bonnes amies, tout le monde lui en fait une loi ; elle va se sacrifier, mais son frere, qui s'est introduit aussi dans le couvent, cherche à enlever une jeune pensionnaire, & c'est sa sœur qu'il ravit sans la reconnoître. Des cris se font entendre ; on amene Amélie évanouie ; le frere est saisi dans sa fuite, & un génovéfain apporte une lettre où l'on trouve le décret qui suspend l'émission des vœux. La mere d'Amélie reconnoît sa foibleffe pour son fils, & marie S. Albe à la jeune novice.

Cet ouvrage offre beaucoup d'intérêt, des tableaux & des situations attachantes : il est écrit avec esprit. Le premier acte a fait le plus grand plaisir ; mais le second est plein de longueurs & le dénouement est un peu embrouillé. Si l'auteur veut y faire des coupures & des changemens, nous ne doutons pas qu'il ne le rende très-agréable : il est de M. Pujoux, à qui l'on doit, au théâtre italien, la jolie comédie du souper de famille.

Dictionnaire historique des musiciens artistes et amateurs, morts ou vivans, d’Al. Choron et F. Fayolle,Volume 2 (Paris, 1811), p. 184 :

[Pujoulx] a fait représenter , au commencement de l’année 1791, à l’ancien théâtre de Monsieur, aujourd‘hui théâtre Feydeau, Amélie, ou le Couvent, comédie en deux actes, mêlée de chœurs, musique de M Martini : cet ouvrage a eu plus de quarante représentations. Les chœurs font le plus grand honneur à l'auteur du Droit du Seigneur, de Amoureux de quinze ans, etc. La première représentation de cet ouvrage offrit une particularité assez remarquable : non-seulement les principales actrices de l’opéra français parurent dans ces chœurs, mais encore plusieurs cantatrices de l’Opéra Buffa offrirent d'y chanter, et y chantèrent en effet, sans que MM. Pujoulx cl. Martini en eussent fait la demande. Cet exemple, très-rare de modestie de la part des grands talens. et d’excessive obligeance envers deux auteurs , est peut-être le seul de ce genre que l’on puisse citer en France.

Dans la base César, la seule pièce qu'on puisse mettre en relation avec notre Couvent, c'est Amélie, ou le Couvent, donnée comme d'auteur anonyme, jouée le 3 mars 1791. Elle a connu 29 représentations au Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau en 1791, et une représentation le 16 mars 1792.

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